Ils toussent, s'effondrent, ont mal. Bien fait. Finalement quand ça fait effet, c'est encore mieux que prévu. Tout le monde est pas là pour en profiter, mais faut croire que même avec les derniers outrages, y'en a qui accepterait encore de se faire rouler dessus. C'est pas mon genre, j'refuse qu'on ait pu me mettre en danger, avec ma fille, mon mec, tout ça chez moi. C'est presque avec mépris que je regarde ceux avec qui je discute se plaindre de la douleur, convulser au passage. Le poison fera le taff, en attendant, y'en a un que j'enjambe pour aller voir ailleurs, portant ma main à mon couteau entre mes reins.

Mais une main se saisit de mon pied pour m'arrêter, y'a une pointe d'incompréhension dans le regard de mon ancien interlocuteur, suivi de près par une lueur furieuse. Fallait pas jouer si on avait pas envie de perdre, pas vrai ?

M'dis pas que tu sais pas pourquoi, que je lui souffle.

Il doit se douter qu'on est pas aussi pathétique qu'eux. J'essaie de le faire lâcher mais comme il veut pas, j'attraper sa chevelure et pousse un long soupir. En me baissant vers lui, la lame sous le cou, je prends une grande inspiration pour me donner du courage. En d'autres circonstances, j'aurais probablement plaidé leurs causes. Dis que la vie humaine est importante, ou un truc du genre. Mais là, c'est un massacre, et j'ai contribué à les empoisonner. J'enfonce la pointe sous son menton, le laissant se débattre un peu mais pas suffisamment pour échapper à son destin.

Je ferme les yeux un bref instant, je crois que le pire, c'est la sensation de chaud sur ma main. Quand le sang y coule, et le bruit. De ces chairs qui se percent, de l'étranglement dans sa gorge.

Spoiler:

« Il était un peu mieux organisé Walder Frey... »

La remarque, lâchée sur un ton absent, est semblable à un murmure au milieu de cette symphonie de cris. Zelda garde la main tendue en direction de Kassy. Elle ne sait plus vraiment si elle est actrice ou spectatrice de tout ceci. Quelque part elle aimerait que ce ne soit qu'un mauvais rêve. Envolée, son assurance. Disparu, ce petit sourire insolent. Il n'y a plus que cette violente réalité qui se dépeint partout où son regard se pose.

Et ses yeux s'ancrent maintenant sur Ela et la lame plantée dans sa cuisse. L'adolescente déglutit tandis que son corps semble trop lourd pour se mouvoir. Elle aimerait réagir mais se retrouve tétanisée. Ses pensées sont rongées par le doute et les possibilités. Doit-elle rester avec sa soeur ? Porter secours à sa mère ? L'hésitation s'accentue et se mue en bien mauvaise conseillère. Et l'un des skagits, animé par un bien compréhensible instinct de survie ou une rage légitime, la fauche de son élan.

L'australienne est emportée comme un fétu de paille, lâche son arme et un cri de douleur lorsque son épaule heurte avec violence ce sol qui malmène cette plaie qui prétendait à la cicatrisation. Une main se referme sur ses cheveux et un poing s'écrase sur sa figure. Elle tente de réagir mais un second coup la force à l'impuissance. Elle les voit bien, là, ces fameuses trente-six chandelles. Et puis elle remarque aussi l'éclat d'une lame qui se lève. Elle lève la main pour l'ériger en bouclier bien pathétique. Par réflexe plus que par conviction. L'acier perfore sa paume avec une aisance déconcertante. Puis un hurlement vient sublimer la souffrance qui se répand dans son organisme.

le p'tit résumé:

Le poison avait commencé à faire effet. Rapidement, certains s'étaient mis à convulser alors que leur groupe s'était occupé d'achever les autres petit à petit. Mais ça n'avait pas suffit. Certains n'avaient pas consommé de poisons, et alors que les autres étaient en prise avec leurs Skagit, le sien était venu se dresser face à elle avec une haine spécifique dans le regard. De celles qui laissaient entendre que le combat n'aurait pas d'issue joyeuses.

Elle avait esquivé son premier coup de couteau, venant plaquer son poignet contre sa jambe pour parer une éventuelle nouvelle attaque. Mais rapidement il était venu faucher ses jambes, tombant tous deux à même le sol sans lui laisser le temps de se relever. Leurs armes avaient volés à même le sol, alors que son énergie lui confirmait qu'il n'avait pas du ingérer une seule goutte de poison, et que déjà ses deux mains venaient enserrer son cou, lui coupant nette la respiration.

Instinctivement, ses mains étaient venues se bloquer à ses poignets en sachant qu'elle ne pourrait pas les défaire de leur prise, ses jambes venant s'enrouler autour de son cou en venant soulever ses reins pour allonger la distance entre eux dans le but de venir déboîter dans le même mouvement ses épaules. Et si elle avait cru y arriver l'espace d'une infime seconde, ce ne fut qu'en le voyant réussir à se relever de moitié qu'elle comprit que le combat prendrait fin. Ses mains quittant son cou alors qu'elle retrouvait enfin l'air mais qu'il venait soulever son corps dans le but de la faire chuter violemment sur le bitume. Elle n'avait eu que le temps de se mouvoir sur le côté pour protéger sa colonne vertébrale alors qu'il revenait à l'assaut, le choc du sol lui coupant le souffle alors qu'un désagréable craquement résonnait. Une côte qui n'avait pas dû apprécier le mauvais traitement infligé alors qu'elle serrait les dents, à la recherche d'un souffle qui se faisait la malle et que son regard se floutait sous la violence de la douleur. Incapable de se relever, ne pouvant que se recroqueviller sur elle même en priant pour qu'aucun organe interne n'ai été touché alors que déjà le Skagit revenait à l'assaut.

Spoiler:

Ela s’était à peine remise sur pied qu’elle s’interposait pour empêcher un autre ennemi de se jeter sur elle. Elle voulait aider l’israélienne mais dans la confusion de l’affrontement, impossible de tirer sans prendre le risque de la toucher. Heureusement son agresseur s’effondra juste après. Une quinte de toux ensanglantée, puis des spasmes et il s’écroula aux côtés de la trentenaire. Il n’était pas le seul dans ce camp : tous les bouchers qui n’avaient pas été assassinés s’étaient écroulés. Tous, sauf un.

Celui-ci était aux prises avec Indiana, d’une taille et d’une corpulence particulièrement imposante. La scène était figée dans une lueur glacée. Entre les cadavres crispés, convulsés, que certains commençaient à trépaner et les blessés, malheureux, de leur camp. L’ancienne téléopératrice fut violemment propulsée au sol et autour d’elle, personne n’était assez près pour réagir. Son agresseur se penchait sur elle pour l’achever et la rouquine n’eut d’autre choix que d’agir.

Troquant son arme à feu contre le long couteau militaire qui ne la quittait jamais, elle enjamba la distance qui la séparait du chasseur et lui enfonça dans le flanc. Erreur. Elle n’avait ni la force, ni l’expérience réelle nécessaire à ce geste, alors ça ne suffit pas. Le type lui envoya un coup de coude qui la cueillit en plein visage et elle bascula à la renverse. Il abandonna Indiana, inconsciente sur le sol, pour s’intéresser à elle. Le regard fou, les veines gonflées de rage sur son cou de taureau.

La cage thoracique en feu, un liquide chaud coulant sur son menton, l’avocate rampa à reculons, ses yeux écarquillés par la peur. L’homme se jeta en avant, pilonna son ventre d’une semelle bien sentie et s’agenouilla pour l’attraper à la gorge. June se débattit, résista, planta férocement ses crocs dans une main caleuse. Un poing dans les côtes lui fit lâcher prise et vida l’air de ses poumons. Elle n’entendait rien aux mots que lui crachait l’homme, probablement occupé à la maudire pour la mort sournoise de ses pairs.

Alors que la poigne épaisse se refermait sur son cou gracile, elle parvint à attraper le manche de son couteau, resté où elle l’avait laissé : à moitié dans le flanc de son agresseur. Elle l’arracha d’un coup sec et tailla dans un biceps pour faire le Skagit lâcher prise. Ensuite, elle fendit en avant une fois, deux fois, trois fois, perçant à travers les muscles de l’abdomen. L’homme perdit de ses forces, chancela, s’agrippant à son cou à nouveau. Faiblement, vainement. Une dernière fois, June usa de toute l’énergie de ses bras tremblant pour planter sa lame dans les entrailles du géant qui la dominait et rampa hors de sa portée. Lui, s’écroulait sur le ventre, une marée rouge s’élargissant peu à peu sous lui.

Spoiler:

Une p’tite pause, tout de même. L’adrénaline est une molécule passionnante, mais comme toute chose en ce bas monde, rien n’est éternel. Une descente d’adrénaline, et les douleurs reviennent. Je ressens mes côtes être douloureuses, oh oui. Toute cette débauche de mouvements, d’énergie, avait ravivé cette putain de blessure qui n’avait pas encore guérie.

Me tournant, je regardais les scènes qui s’offraient à moi. Une main sur le flanc, l’autre le couteau bien agrippé, je vois ça et là les Skagits être tués. J’entends les détonations, les os qui craquent, et les cris des blessures. Plusieurs d’entre nous, d’ailleurs, souffrent des blessures infligées par ces survivants habitués à la vie difficile. Les Skagits sont coriaces. Ou plutôt… Etaient.

Le calme revient petit à petit, et avec lui, un silence, à peine troublé par les gémissements, les sanglots et les râles de ceux d’entre nous qui sont blessés. Je vois Indiana, inconsciente. Je vois June, tuer le dernier Skagit, non sans avoir subie une grande raclée. Je vois Maddie, la poitrine blessée d’une blessure grave. Et je vois Lisa, là, devant moi, inconsciente, son arcade sourcilière toujours sanguinolente. Le danger était passé, ou du moins, presque passé.

Je suis dans un entre-deux mondes. Je suis comme happé par une spirale infernale, désireuse de terminer le boulot, et en même temps écrasé par le poids d’une culpabilité quand je vois Lisa là, étendue au sol.

Les morts ne vont pas tarder à se relever. Je dégaine alors mon pistolet et m’avance vers les corps des Skagits alentours. Le premier, celui que j’ai tué, a le crâne intact. Je pointe mon canon vers l’arrière de son crâne, et, presque à bout portant, appuie sur la détente. La détonation est immédiatement suivie du bruit typique de l’os fracassé et de la cervelle jaillissante. Je regarde à ma droite, et vois un autre Skagit, tué par le poison. Lui aussi prend une balle en plein crâne. Et puis un autre, et puis un autre. Et enfin, un dernier. Cinq balles, dans cinq crânes. Je m’arrête, non pas par manque de munitions, mais parce que la douleur se ravive de plus en plus…

Je m’agenouille alors aux côtés de Lisa, rangeant mon flingue, le mettant en sécurité. Doucement, ne sachant pas réellement comment faire, je la soulève légèrement de sorte que sa tête quitte le sol. J’installe son corps de manière à ce qu’elle se retrouve en position latérale de sécurité, son dos contre ma jambe droite, dos à la tablée, et sa tête, posée à moitié contre ma hanche gauche, et mon ventre. Et je caresse ses cheveux. Je ne sais pas trop quoi faire là…

Résumé: