Je regardais mon pied avec un brin de douleur. Il était déjà rouge à l’endroit où la conserve était tombée. Non ce n’était pas un mob qui avait été oubliée, juste ma stupidité, je crois qu’au fond de moi, j’aurais aimé qu’un mob me croque aussi, au moins je serais morte avant la fin de la journée, mais je ne pouvais pas souhaiter un truc comme ça parce qu’Elie ne s’en remettrait sans doute pas…

- Je suis con ! Mais genre si con !

Je regardais Ludwig faire et je ne comprenais plus rien, mais genre vraiment, comment j’avais fait mon coup comment je m’étais retrouvé avec une conserve sur le pied. J’étais ridicule, j’avais perdu le père de ma fille hier et aujourd’hui voilà que je me faisais mal de la façon la plus stupide que j’avais pu trouver. Je regardais Lud avec reconnaissance, il savait toujours comment agir tant qu’on lui ne demandait pas vraiment d’être dans le feu de l’action c’était celui qui soignait les maux et qui était intelligent, je l’aimais bien…

Doucement, j’avais une sensation étrange qui me parcourait le corps, j’avais bien l’impression que c’était lié à la pommade qu’il était en train de m’appliquer, l’odeur était sans doute étrange, mais ça n’avait pas vraiment d’importance. Je le regardais faire sans rien dire, j’aurais pu glisser un merci, mais je n’en avais pas la force, plus rien ne répondait dans ma tête…

Et comme pour m’aider à être aux abonnés absents c’est Kass qui déboulait dans la pièce comme une furie. Voilà, donc elle faisait une crise de jalousie, genre vraiment ? Je la regardais avec des yeux ronds et au final, ma seule réaction fut de rigoler. Mais pas le petit rire qu’on étouffe facilement, non… Le gros rire le bien lourd, celui qu’on ne peut pas empêcher ni retenir, celui qui nous couche par terre et nous fait nous tenir les côtes. Je riais aux éclats et la situation n’était même pas drôle, mais je riais parce que plus rien n’avait d’importance.

J’avais été bien trop malheureuse ses dernières heures et il était clair que j’étais en train de craquer psychologiquement. Entre Ludwig qui me parlait de soulager une douleur que je n’arrivais pas à ressentir parce que j’avais déjà beaucoup trop mal et Kassandra qui faisait une crise de jalousie, ma seule réponse avait été de rire. J’en avais les larmes aux yeux à présent, est ce que je pleurais actuellement de joie ou de tristesse, je ne savais pas, mais j’étais là à rire et je n’arrivais même pas à me calmer.

J’avais continué à rire un peu, mais au final la situation m’avait fait reprendre le contrôle. Je n’avais pas le choix. Je regardais les deux alors que mon visage se fermait. J’étais contente de voir que Ludwig était en train de se défendre, mais ce n’était pas ce que j’avais envie de voir pour autant. Nous avions des choses plus importe à faire que de nous tirer dans les pattes.

- Vous ne vous dites pas qu’il y a des choses plus importantes que de se prendre la tête !

Je regardais l’un puis l’autre. Ma voix gagnait progressivement en puissance. C’était le poids de la nuit et du chagrin qui me donnait la force de monter dans les volumes. S’ils voulaient jouer à qui crierais le plus fort, j’étais du genre pas mauvais à ce jeu-là.

- Ludwig m’a simplement soigné parce que je suis incapable de faire quoi que soit et toi tu en fais une crise !

Je tremblais de rage en me relevant. C’était Kass qui allait prendre, alors que ça aurait sans doute plutôt dû être le mob qui avait mordu Abel. Oui, j’étais de mauvais poil, oui c’était dur pour moi et sans doute que j’en oublier la détresse des autres, mais elle, elle pouvait toujours compter sur Dante, il était en vie et elle me le volait plus ou moins sans que je ne dise rien parce que je l’appréciais, mais ce n’était pas une raison pour s’en prendre à Ludwig alors qu’il était en train de m’aider.

- Oui, tu t’es inquiété pour moi, je ne dis pas le contraire, mais je ne suis pas d’humeur à cracher du venin sur les autres comme on faisait au stade. Tu sais pourquoi ? Parce que quand on était là-bas, on c’est foutu de la gueule d’un mec et de sa fille muette. Fille que j’ai appris à connaitre et à protéger et que ce mec là et bien j’ai fini par l’aimer et que maintenant il est mort !

Je m’étais levé et j’avais posé le pied par terre même si je n’avais pas remis ma chaussure et que j’étais un peu bancal ça n’avait pas d’importance, je ne voulais pas être une de ses veuves fragiles, j’étais une louve, il me l’avait répété et j’étais capable de mordre quand on menaçait les miens.