L’arrivée de Christina me fit chaud au cœur du moins au début, enfin jusqu’à ce qu’elle commence à parler d’Edwin. Je n’avais qu’une envie, lui demander de se taire voilà ! Elle n’avait pas le droit de parler. Non ! Tant qu’elle ne dirait rien, il serait en vie du moins dans ma tête. J’échangeais un regard lourd de sens avec Christina, mais elle conclut et présenter ses excuses. C’était mauvais, vraiment. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre ce qu’allait faire Lilou et je ne pouvais pas lui en vouloir, j’aurais fait la même chose pour Abel. Mon cœur était tiraillé entre tout ça, mais mon choix était fait. Je me penchais vers Victoria pour lui dire ce qui s’est passé. « Je dois aller aider mon amie, elle a besoin de moi.» Je lui fis alors un bisou sur le front avant de regardais la femme, avant de me tourner vers Abel.

- Je dois m’occuper de Lilou. Désolé.

Je courais derrière elle, ce qui n’était pas vraiment compliqué étant donné qu’elle était en train d’appeler Edwin à travers les allées. Ses plaintes me fendaient le cœur à chaque fois que je l’entendais. Je pouvais qu’essayait de comprendre, j’aurais sans doute été dans le même état s’il m’était arrivé quelques choses de similaire. Quand j’arrivais sur place, j’aperçus Lilou qui tenait Edwin contre elle. Il était visiblement mort, comme on nous l’avait annoncé. Je n’avais pas vraiment voulu y croire non plus. Je voyais que Quinn était en train de tenter de la gérer sans pour autant y parvenir, je tentais donc à mon tour d’en faire de même. Je la pris dans mes bras avant de me faire repousser… Je ne lui en voulais pas.

- Lilou, Quinn à raison, nous devons retourner en sécurité. Il n’y a plus rien à faire, il a perdu trop de sang. C’est fini pour lui.

Je lui posais une main sur l’épaule alors que je voulais me faire le plus rassurante possible. Elle ne devait pas rester ici et moi non plus.

- On s’occupe de tout Lilou ne t’en fait pas.

Je fis signe à Richard de m’aider puisqu’il était arrivé sur les lieux également. Il fallait que quelqu’un s’occupe d’Edwin et visiblement cela devait être lui puisque moi, j’étais bien trop occupé avec mon amie, elle était couverte de sang, mais cela n’avait pas d’importance. Je l’entrainais vers l’endroit d’où nous venions. Ray nous rattrapa rapidement pour m’aider à encadrer Lilou. Visiblement, les gens restés en sécurité étaient contents de nous voir revenir saints et saufs. Nous asseyons dans un coin autour d’elle essayant de sécher ses larmes qui coulaient sans discontinuer.

Ne quittant pas Blake d’une semelle, John gardait le rayon de lumière de sa lampe torche braqué droit devant. Si les deux militaires de formation connaissaient exactement la manière à appliquer pour progresser, le sergent ne pouvait s’empêcher qu’une paire de bras en plus, et surtout la torche qui allaient avec, aurait été la bienvenue. Pourtant, comme c’était souvent le cas en zone de guerre, c’était l’urgence de la situation qui dictait les règles et les mariés devaient agir en conséquence. Et les coups de feu ayant résonné pas très loin de leur position venaient de leur dicter une nouvelle conduite : courir. L’empressement prenait l’ascendant sur l’avancée méthodique mise que les Callaghan avaient adopté jusqu’à présent. Accélérant son allure, John colla au talon de sa femme, le halo lumineux de sa torche s’agitant au même rythme que celui de ses pas. Après avoir bifurqué dans un autre rayon, il ne tarda pas à éclairer quelques visages connus. Blondie, son petit ami et le cadavre d’un illustre inconnu au sol. À voir la tête que Kassandra tirait, c’était son premier. Restait plus qu’à espérer qu’elle ne dégobille pas sur Blake qui s’était précipitée vers elle. Le sergent posa arme et lampe torche au sol pour calmer l’agitation de Khan et féliciter sa trouvaille  à l’aide de quelques flatteries et autres "Good boy" lancés d’un ton bas.

Alan arriva bientôt à son tour sur les lieux, bientôt suivi d’Arthur. Edwin était donc mort et, comme il était de garde, il ne fallait pas chercher bien loin pour comprendre que le coup de feu qui avait mis le groupe en branle était celui qui l’avait abattu. Le chevalier blanc annonça qu’il se lançait dans une nouvelle quête pour traquer les assaillants restants, s’il y en avait encore. À en croire les tirs qui s’étaient tus, John en doutait mais il restait la possibilité qu’ils attendent leur heure tapis dans l’ombre. Il n’aurait su dire si c’était grâce à l’intervention de Blake ou celle de Dante mais Kassandra sembla retrouver ses esprits. En tout cas suffisamment pour penser qu’il fallait s’occuper de la cervelle de l’homme qu’elle venait de tuer. Elle avait raison. Sans mots dire, John délaissa Khan un instant pour prendre le couteau que la jeune femme avait désigné et le planta dans la tête de l’autre sans autre forme de procès. Toujours penché sur le cadavre frais, il mit à profit les vêtements du mort pour en essuyer la lame.

- C’est le tien maintenant, fit l’homme en tendant l’objet, manche le premier, vers la petite blonde. Dès qu’elle eut l’arme en main, Callaghan récupéra son propre pistolet automatique et sa lampe torche. Le silence toujours. Je doute qu’il y en ait d’autres mais je vais faire le tour aussi, continua le militaire en s’adressant directement à son épouse. Par précaution, rajouta-t-il.

Appelant Khan pour qu’il l’accompagne, John se mit en marche sans attendre.

En voyant l'état de Kassandra, Blake avait agit instinctivement. Ses pieds l'avaient emmené jusqu'à la petite blonde et ses bras s'étaient enroulés autour d'elle, comme elle l'aurait fait pour sa propre fille. C'était peut-être un peu ça à vrai dire. Même si Blake était loin d'avoir l'âge d'être sa mère, elle ressentait une certaine inquiétude la concernant. Elle s'était tout simplement attachée à elle et c'était exactement pour cela que l'ancienne militaire n'avait pas mâché ses mots pendant leurs entraînements. Il fallait qu'elle soit prête. Et Kassandra l'était. Le corps étendu au sol en témoignait.

Malheureusement, la blonde n'avait pas le temps de lui expliquer que, grâce à elle, cet homme ne tuerais aucun des siens. Plus aucun, parce qu'il en avait tué un. Edwin était mort. Ça, elle le ferait, peut-être plus tard, lorsqu'elle irait vérifier l'état de Kassandra après tout ça. Se reculant d'un coup en entendant les autres coups de feu, Blake réalisa son erreur. Il n'était pas seul. Ils étaient peut-être des dizaines, à arpenter les allées, prêts à tirer sur la première personne qu'ils croiseraient. Elle ne devait pas rester là. La tête levée, cherchant la provenance des tirs, elle baissa le regard sur Arthur qui venait de les rejoindre et qui confirmait ce qu'elle pensait. Il fallait vérifier chaque recoin, chaque allée, n'importe quel endroit où ces fils de pute pouvaient se cacher. John se chargea d'abattre définitivement le mort et Blake assista à la scène sans broncher. D'un hochement de tête, elle laissa son ex-mari partir avec le chien.

« Je reviens. » Dit elle à Kassandra puis la blonde se mit en mouvement, lampe torche et pistolet à la main. Prenant une direction différente d'Arthur et John, elle arriva finalement à l'endroit où Edwin était étalé. La plupart des autres étaient là mais surtout Lilou. Effondrée, la future mère était entourée par les personnes dont elle était le plus proche mais refusait la mort de son compagnon. En la voyant dans un tel état, Blake eut une désagréable sensation. Ne s'approchant pas d'eux puisqu'ils étaient bien assez nombreux et qu'elle ignorait si d'autres menaces se promenaient dans les allées, Blake s'éloigna à reculons pour finalement se mettre à trottiner jusqu'à l'angle du dernier rayon. Ralentissant l'allure, elle reprit sa posture militaire et commença sa progression, vérifiant chaque coin pour ne pas se faire surprendre.

Avec Arthur, John et tous les autres qui vérifiaient les allées, le tour serait rapidement fait. « RAS AU FOND. » Gueula elle aux autres. Et finalement, en longeant le mur, quelque chose attira son attention. Cette porte, elle n'était pas ouverte à leur arrivée. Prudemment, la blonde l'entrouvrit et jeta un rapide coup d’œil à l'intérieur. L'intérieur était grand,elle ne pouvait pas s'y aventurer seule. Après quelques pas de reculs, elle chopa Alan et quelques autres qui vérifiaient encore les allées. « J'ai besoin de renfort. » Et de l'index, elle montra la porte ouverte.

    Au fur et à mesure, les visages de chacun se décomposaient, apprenant la nouvelle de la mort d'Edwin, voyant les corps, le sang. La panique prenait plus de monde même si chacun essayait de mettre ses propres émotions de côté pour rassurer ceux qui avaient perdus. Déjà, les pleurs de Lilou s'étaient élevés jusqu'à nous, me serrant le cœur alors que je serrais les dents pour envoyer balader mes propres sentiments. Combien de pertes allions-nous encore subir ? Combien de larmes devrions-nous encore essuyer ? Me détournant du petit groupe, je m'éloignais de quelques pas pour remarquer que Joshua avait également abattu un homme. Et s'ils n'étaient pas qu'à deux ? S'il y en avait bien plus que cela ?

    La seule pensée qui me venait encore était de protéger le groupe, ne pas laisser la chance à ces potentiels inconnus de nous porter encore atteinte. Faisant de mon mieux pour ne pas penser au fait que Christina était peut-être en danger, j'observais sans mot dire John qui était arrivé, mettant fin à la potentielle seconde vie de l'inconnu avant de tendre le couteau qui lui avait appartenu à Kassandra pour finalement se relever et annoncer qu'il allait faire le tour pour voir s'il n'y en avait d'autres. Me mettant en route à la suite, j’accélérais un peu le pas pour arriver à sa hauteur.

« Je te suis, mieux vaut être prudents. »

    Bien sûr, je savais pertinemment que John n'avait pas besoin de mon aide, encore moins avec Khan qui pouvait facilement pister les odeurs de ces inconnus, mais j'avais besoin de me rendre utile, faire tout mon possible pour que le danger ne pèse plus sur ceux qui m'étaient cher, du moins pour quelques instants.

    Le regard grave, je regardais tout ce qui nous entourait ; chaque recoin, chaque ombre, la moindre silhouette. Mon cœur était serré par l'angoisse. Cette peur qu'un nouveau coup de feu retentisse, que l'un des autres soit encore à terre sans que nous ne puissions rien y faire. J'avançais sans mot dire, jetant de temps en temps des regards à Khan qui semblait tout aussi nerveux que nous. L'appel de Blake me sorti de mes pensées, reportant immédiatement mon attention sur l'ouverture qu'elle venait de montrer.

« J'y vais. »

    Sortant enfin la torche de ma poche, je l'allumais pour éclairer l'intérieur. Pas de vivants à première vue, pas de Coyotes non plus. Avançant prudemment, je remarquais les cartons éparpillés, ce qui ressemblait à un camp. Des couvertures, des boîtes. Butant contre quelque chose, j'orientais le faisceau de ma lampe vers le sol, remarquant le manche d'une canne à pêche. Machinalement, je la ramassais, me disant qu'elle pouvait toujours servir à un moment ou à un autre.