Je me suis abritée derrière une carcasse de voiture. Ils sont là, tout au bout de la grande rue. On m’a bien mise en garde lors de mon dernier passage à The Store… un nouveau groupe rôde dans les parages et on ne leur prête pas les meilleures intentions qui soient.

Je les entends rigoler, tandis qu’ils boivent et fument à l’intersection. Ils viennent d’éliminer une demi-douzaine de rôdeurs en silence et en profitent visiblement pour faire une pause. Je n’ai pas trop envie de me frotter à eux. Je les entends parler de marchandise, d’hommes qu’ils ont attaqués et ramener chez eux. Du « pactoles » qu’il vont en tirer. Des esclavagistes… Je perçois un peu de bruit derrière moi et mon cœur bondit douloureusement dans ma poitrine. Je jette à peine un coup d’œil par-dessus mon épaule, sans rien voir, mais je décide de bouger rapidement. Il ne faut pas que je reste en place. Aucune idée de si j’ai été repérée, de si c’est un homme ou un coyote. Un animal sauvage ? Possible aussi.

À pas de loup, j’entre dans l’espèce de ruelle de service du Milo’s Barber shop, histoire d’être plus à couvert possible plutôt que dans la rue.

Bon, je me retrouve prise en sandwich entre deux menaces. L’une clairement identifiée, l’autre… je ne suis pas encore certaine de ce dont il s’agit. J’hésite… Avancer et contourner les esclavagistes ou reculer et avoir la surprise de ce que je découvrirai ?

Je suis tendue et je me mords l’intérieur de la joue un peu trop fort sans trop m’en rendre compte. Je crois que le plus sécuritaire serait de revenir un peu sur mes pas en fait. Plutôt que de retourner dans la rue, je préfère prendre la ruelle derrière l’espèce de spa et salon d’ongle. Il y a pas mal de végétation, mais les feuilles sont en train de mourir à cause du froid. J’arrive donc comme je peux à y passer. J’essaie de tendre l’oreille aussi. Est-ce que le bruit que j’ai entendu avant était quelqu’un ? Un Coyote ? Un animal ? Ce serait un peu idiot de baisser ma garde et de tomber sur des loups…

Je débouche rapidement sur une rue avec un grand bâtiment. J’essaie de voir la pancarte pour la rue, mais… peine perdue. Trop abimée par le temps. Je pousse donc ma fuite vers le stationnement de que je découvre être une église. J’espère que Ruben ne passera pas par l’intersection. Je le cherche d’ailleurs un peu du regard tout autour de moi, même si c’est un peu idiot puisque je ne suis pas du tout sur notre lieu de rendez-vous.

Spoiler:

Une voix non loin me fait sursauter de plus belle. Je me retourne, prête à détaler comme un lapin ou à fondre comme un puma sur la menace, dépendant ce qu’elle est, mais c’est Ruben que je reconnais instantanément.

J’aurais pu sourire et me ruer dans ses bras, si la situation avait été différente. Les éclats de voix qui s’approchent s’occupent de l’avertir pour moi du danger actuel cependant. Il me fait signe de me cacher, je crois... En tout cas je l’interprète comme ça, sinon j’aurais compris qu’il fallait le rejoindre, je pense.  Je lui fais pareil en retour, pas les mêmes signes, mais de se cacher hein ! Qu’il ne reste pas là, pas avec ce que j’ai entendu ces hommes dire plus tôt.

Vite, vite, vite !

Je repère de vieilles bennes à ordures. J’ai peur de manquer de temps en essayant d’entrer dans un des bâtiments ou de grimper à un arbre, donc je fonce le plus silencieusement possible. Je grimpe et saute sans bruit dans le conteneur de métal et m’accroupis pour ne pas être vue. Ça pu… depuis le temps, c’est que de la végétation morte qui s’est entassée là-dedans. J’essaie de me redresser juste un petit peu pour voir où en sont les esclavagistes, mais je ne vois rien.

- Y a quelqu’un là !

D’accord, eux m’ont vu… Je jure dans ma langue natale et saute en dehors de la benne, prête à prendre mes jambes à mon cou, à les éloigner de Ruben.

Spoiler:

Je vois bien un canon se lever dans la direction de Ruben, mais heureusement ce dernier leur tire une flèche dissuasive pour les empêcher de lui tirer dessus. J’angoisse déjà qu’il lui arrive quelque chose. J’aurais dû insister pour qu’on se voir à Gig Harbor, plutôt qu’à The Store !

J’attrape moi aussi mon arc, mais je me mets plutôt à courir quand mon petit-ami m’ordonne de le faire. Nous partons chacun dans une direction différente, une bonne stratégie pour les diviser, pour les décourager même de nous poursuivre. Sauf qu’ils ne renoncent pas. Bien au contraire ! Je ne sais pas si c’est parce qu’avec tout mon barda je cours moins vite que Ru ou si c’est juste parce que je suis une fille et à leurs yeux une cible plus facile, mais les quatre hommes se lancent à ma poursuite.

Ils sont vraiment rapides et je réalise très vite que moi je ne le serai pas assez. Rapidement, je retire mon arc du crochet à mon sac et l’arme d’une flèche piger au hasard dans mon carquois. Je m’arrête soudainement et me retourne pour leur tirer dessus. À nouveau, c’est plutôt dissuasif, car je n’ai pas le temps de réellement viser. Je ne fais évidemment pas mouche, mais le but c’est surtout de me permettre de me remettre à courir avec un peu d’avance. Mon sac est trop lourd cependant et ce n’est guère mieux pour m’aider. Un rapide coup d’œil par-dessus mon épaule et j’aperçois les esclavagistes qui réduisent dangereusement la distance qui nous sépare.

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