J'analyse quelques instants l'objet de ma découverte. La fenêtre nous invite clairement à tenter le diable, mais l'absence de visuel à l'intérieur de la pièce nous incite également à réfléchir. Me reculant quelque peu, et avisant les environs, qui sont à priori déserts pour le moment, j'étudie le bâtiment. Je ne suis pas familière de l'imprimerie, aussi, en dehors des descriptions de Neela, je nage en terrain complètement inconnu. Soudain, je m'aperçois d'un nouveau lieu d'entrée, qui doit sans conteste correspondre à la sortie de secours du 1er étage. Je pointe celle-ci du doigt :  « Regardez par-là. » Je montre l'échelle de secours qui mène à une fenêtre. Il est difficile de savoir si elle est ouverte ou non, mais s'il s'agit d'un exit d'urgence, il y a fort à parier que ce n'est pas verrouillé. Cela devrait être au moins entrouvert.

Tournant mon visage concerné vers mes deux partenaires, je prends le temps de dresser un tableau de la situation à voix basse. « Bon, on a plusieurs entrées possible. La fenêtre qui mène directement au sous-sol, l'échelle de secours menant au premier ou... et bien, l'entrée principale, après tout, l'imprimerie est accessible au public, non ? » Moi qui aime tant les diversions, j'ai le sentiment que nous allons devoir en appliquer plus tôt que prévu. « C'est peut-être risqué d'aller toutes ensembles par la même ouverture... » la question est toutefois de savoir si nous tentons d'y aller à trois, ou par groupe de deux/un ou bien.. carrément chacune de notre côté ? Le risque est grand, peu importe l'option choisie. « Passer par la sortie de secours peut être bien pour la personne qui déclenchera l'alarme incendie. Le sous-sol est directement accessible ici, mais s'il y a du monde, difficile de passer inaperçue en passant toutes par la fenêtre. On aura peut-être besoin de détourner l'attention des personnes présentes. » En incarnant une visiteuse outrepassant ses droits ?

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Décidément, Hoani semble avoir un radar à points d’entrée. On devrait t’emmener sniffer le long de la barricade, au cas où tu puisses nous faire sortir, murmure-t-elle, blaguant à moitié. Se tournant vers ses deux comparses, elle les jauge du regard. Elle connaît mal Hoani, c’est vrai, mais elle sait que Neela est capable d’embrouiller n’importe qui. D’autant plus si elle connaît un peu les lieux, et les personnes qui y travaillent…

Neela, tu pourrais passer par la porte principale, essayer d’embobiner les gens à propos de la manifestation, commence-t-elle, rebondissant sur la proposition faite par Hoani quelques instants auparavant. Elle se tourne ensuite vers cette dernière. Toi ou moi on peut prendre la sortie de secours, et l’autre la fenêtre du sous-sol. En convenant d’un signal, ou d’une heure, on doit pouvoir mettre en place les explosifs et déclencher l’alarme assez tôt pour permettre à tout le monde de quitter le bâtiment, sans leur laisser le temps de revenir – mais à nous de ressortir. Ce dernier détail a son importance, bien sûr.

Quoi qu’elles décident, elles vont devoir le faire rapidement, car le temps file, et elles ont un timing à respecter.

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D’un hochement de tête, les filles tombent d’accord, et, réassurant sa prise sur la bandoulière de son sac, Grace prend la direction de la fenêtre du sous-sol. L’espace n’est pas large, mais heureusement pour elle, la jeune femme n’est pas épaisse. Grande, certes, mais fine. Après quelques contorsions, elle parvient à se glisser dans l’embrasure et à retomber sans encombre au sol.

L’obscurité règne cependant, et il faut un moment à sa vue avant de s’adapter. Le bruit des machines, assourdissant malgré la distance, brouille aussi ses repères. Après un temps, elle se lance enfin dans l’exploration de la pièce. Comme prévu, il s’agit principalement des stocks de papiers, prêts à partir à l’impression, ainsi que les encres. L’odeur de solvants la prend rapidement à la gorge, d’ailleurs. De toute évidence, cela va démultiplier la puissance de l’explosion, la confortant dans son idée : c’est ici qu’il faut placer les explosifs. Aux fondations de l’édifice, pour lui permettre de s’écrouler sur lui-même.

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Ok, c'est à elle de jouer. Tandis que Grace s'esquive et Hoani grimpe à l'échelle, Neela se retourne et presse le pas. Elle passe la porte, dans un premier temps et sonde la pièce longuement. Pas d'accueil, les employés sont en temps mort, avec les manifestations et les besoins de chacun, tout semble complexe à faire tourner. Mais très vite, on l'alpague et elle reconnait l'homme :

Monsieur Brady, je suis contente de vous trouver, c'est justement vous que je cherchais ! Fait-elle en endossant son meilleur jeu d'actrice actuellement. Sourire pseudo-rassuré, regard de biche, elle fait de son mieux : Avec les manifestations, nous avons besoin de flyer pour transmettre les informations du général McCoy, nous nous disions que ça serait plus simple pour les habitants de pouvoir s'y référer pour garder leur calme, explique-t-elle en douceur, un ton suffisamment inédit chez elle pour être notable. Ils ont besoin d'être rassuré actuellement, et vu que le prochain numéro du Daily Eden n'est pas prêt, il faut improviser urgemment pour éviter les débordements !

Il le sait forcément. Les manifestations risquent d'être violentes. Dans les faits, Neela espère qu'ils passeront les districts trois et deux pour répandre leur voix. Mais ici, elle doit faire en sorte de laisser croire le contraire.

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Le plan approuvé tombe vite sous le sens lorsque nous réalisons que nous pouvons mettre à profit les différents points d'entrée. Hochant la tête à Grace, afin que nous nous accordions sur nos manœuvres, je m'assure qu'elle parvienne à s'infiltrer au sous-sol, avant de redresser la tête. Réajustant les manches de ma robe, je m'empresse de grimper par l'échelle de secours, le plus silencieusement possible. Sans surprise, elle mène à une fenêtre ouverte. Par la vitre, je dénote toutefois la présence d'une personne, et je m'abaisse quelque peu. Relevant les yeux, je constate que celle-ci quitte d'ores et déjà les lieux, me laissant le champs libre pour parvenir à ce qui ressemble à un office.

Sans faire un bruit, je m'introduis dans la pièce, que je guette d'un œil alerte. Je regarde les documents visibles, des maquettes pour le prochain Daily New Eden, et je lève les yeux au ciel. Bien sûr que la mise en page de ce torchon se passe précisément ici. Retenant un soupir, je continue d'étudier la zone, mettant la main sur un appareil photo à polaroïd. Je jauge des clichés de personnes apparues dans le journal, ce qui n'est pas très indispensable. En revanche, après quelques secondes de réflexion, je décide d'enfourner l'appareil photo et ses cartouches dans mon sac. Cela pourra nous être utile, qui sait.

Je continue mon furetage, ayant encore un peu de temps devant moi, vérifiant le bureau. Un coupe-papier me saute aux yeux, et je décide de l'emporter avec moi, le calant à ma ceinture. En ouvrant un tiroir, je découvre une sorte d'agenda, dont les notes n'affichent rien de surprenant et... un carnet d'adresses. En fronçant les sourcils, je me permets de le feuilleter rapidement. Les noms et adresses de quelques têtes du district 2 y sont rédigés, et je me mordille les lèvres. Si on veut continuer nos actions par la suite, connaître les personnes à cibler ou à approcher pourrait fortement être utile. Mon idée première est de photographier les pages, avant de me raviser. Le clic de l'appareil photo pourrait attirer du monde. Et puis, tout est voué à exploser non ? Alors, sans plus réfléchir, j'empoche le carnet dans mon sac, et continue l'introspection de l'endroit.

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