C'était le grand jour ! Aurora avait finalement eu la force de se rendre jusqu'à la porte du mobile-home de l'homme. Il lui avait fallut pratiquement deux semaines pour prendre une décision définitive sur la question. Elle n'aurait jamais pu prévoir une seconde ce qu’elle avait découvert il y a encore peu mais, qu'importe, elle avait décidé que cela était une nouvelle positive et de faire avec. Elle s'était pas mal prise la tête, travaillant le plus possible pour ne pas avoir à trop y penser. Au final, le plus dur n'avait pas été de valider quelque chose qu'elle avait déjà su au fond d'elle depuis le début. Non, le plus compliqué était de savoir comment maintenant s'y prendre pour en faire part au second concerné par les conséquences de cette prise de décision. Elle avait prit du temps pour réfléchir sur comment éviter de faire peur au photographe au cours de la conversation à venir ou de le faire paniquer.

Dans un premier temps, elle imaginait que l'annoncer serait beaucoup plus simple en passant par un moment détendu entre eux, dans la forêt, après une discussion sur la musique pour apaiser au maximum l'ambiance avant de laisser tomber la bombe. Cependant, elle s'était vite rendu compte que cela pourrait être entendu par quiconque passait dans le coin au même moment. Elle tenait, du moins autant que possible, à que cela reste entre eux et qu'il soit aussi plus à l'aise pour encaisser la nouvelle. Et puis, selon sa réaction, elle voulait éviter que celle-ci éclate potentiellement et attire l'attention sur eux. De plus, les températures extérieures n'étaient pas propices en ce moment pour une longue promenade dans le camp. C'était la raison pour laquelle elle se trouvait devant l'entrée du foyer de Joey, après avoir traversé les chemins dégagés des centimètres de neige tombée.

Elle était particulièrement nerveuse et son expression le reflétait parfaitement et ce, pour diverses raisons. Pour commencer, c'était la première fois qu’elle se trouvait dans ce genre de.. quoi d'ailleurs... d'événement ? Elle ne savait même pas comment le définir elle-même. Ensuite, elle n'avait aucune idée de comment il allait prendre la nouvelle. Serait-il en colère contre elle ? Abasourdi ? Allait-il lui en vouloir ? Bref, autant de possibilités pour ne pas être des plus sereine. Elle avait dû se forcer à sourire en regardant sur une vitre de passage, ce dernier finissant immanquablement en grimace étrange et légèrement flippante. Elle était légèrement pâle par le stresse qu’elle se doutait devoir limiter, ce qui était difficile dans le cas présent. Elle tut rapidement son envie de faire marche arrière quand il surgit à nouveau à l'approche du moment fatidique. Après tout ce qu'il avait fait et faisait pour elle, il était normal et nécessaire qu'il le sache, qu'il puisse décider s'il voulait participer, s'engager dans ce qui viendrait bien assez tôt. Elle trouvait également qu'elle avait peut-être trop attendue mais, elle avait eu besoin de ce temps pour rassembler ses esprits et prendre un chemin à suivre.

Elle était vêtue chaudement, un pull et un manteau par-dessus son haut, pantalon et bottes aux pieds. Même si elle se sentait plutôt en sécurité entre ces barricades, elle gardait toujours à sa ceinture son couteau de chasse comme le morceau coupant caché dans une de ses chaussures. Elle faisait bien plus attention à certains détails pour prendre soin d'elle depuis son départ de l'infirmerie, ses bijoux toujours autour du cou. Elle prit plusieurs inspirations pour se donner courage et calmer la tension qui l'habitait, s'approchant davantage avant de toquer doucement à la porte. Elle patienta, toujours un peu tendue, attendant qu'il ouvre avant de s'exprimer. Elle triturait légèrement le bout d'une de ses manches de ses doigts pour tenter vainement de se relaxer et ainsi ne pas inquiéter le survivant quand il la verrait.

« Hey, désolé de débarquer à l'improviste. » commença-t-elle, un sourire d'excuse aux lèvres. « J'ai besoin de te parler, c'est un peu personnel. Est-ce que.. je peux entrer ? » termina-t-elle avec un peu plus d'hésitation sur la fin, ne souhaitant pas s'imposer dans son espace personnel malgré le besoin urgent de la situation et le froid intense.

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Il y avait encore des flashes de cette nuit-là. Un Nouvel An mouvementé. Au réveil, l'impression d'être à la fois dans l'endroit le plus sûr du monde mais également dans le pire état possible. Car Joey Adams ne supportait pas bien l'alcool. Nombreux avaient été ses camarades d'étude à en jouer, à en profiter parfois pour embarquer le gentil Joey dans quelques soirées où il finissait généralement plus à l'aise, mais aussi terriblement malade à la fin. Il y avait encore le souvenir de la courbe de ses reins, de l'odeur de sa peau et de la caresse de ses cheveux. Joey en avait rêvé, quelques jours plus tard. Mais trop hésitant, il n'avait pas osé mettre les pieds dans le plat, reparler franchement de ce qu'il s'était passé entre eux. Entre temps, les jours étaient passés, et son travail auprès dfes enfants du campement avait aspiré son énergie et son temps. Caleb et Shawna pouvaient en être témoins : quand Joey ne passait pas son temps les mains pleines de peintures, il se retrouvait autour d'un plan, aux côtés du mastodonte qu'était son ami.

Mais quand la porte avait frappé, Joey n'avait pas pensé à Aurora, il ne penserait pas qu'il s'agirait d'elle. La veille, il avait reçu la visite de Lily, qui avait eu besoin de ses conseils, de son oreille attentive et de son amitié. Mais aujourd'hui, c'était ses propres problèmes que le jeune photographe allait devoir résoudre. Mais quels problèmes ?

Le jeune homme ouvrit la porte en se frottant un oeil. Culpabilisant un moment, il était tombé dans une sieste réparatrice quelques minutes après être rentré dans son mobile-home, son nouveau chez lui. Habillé d'un simple pull-over bleu marine et d'un pantalon en velour côtelé, en chaussettes, le jeune homme esquissa un sourire en laissant retomber son bras quand il se rendit compte qu'il s'agissait d'Aurora. « Hey... » Instinctivement, il voulut s'avancer vers elle, mais le doute le prit. Nous n'avions pas eu de vrais contacts à part quelques sourires ou quelques paroles creuses avec d'autres membres du campement autour de nous... Nous n'avions pas reparlé de... De cette nuit-là... Ça sonnait presque creux dans ma tête, mais à chaque fois que j'essayais de remplir mes trous de mémoire, son visage réapparaissait... Et le reste aussi ! Joey l'écouta en penchant légèrement la tête, sans même avoir la présence d'esprit de se pousser pour la laisser entrer. Quand elle lui demanda si elle pouvait, Joey haussa les sourcils et s'écarta tout de suite en lui tendant la main pour l'inviter à entrer. « Bien sûr, pardon, oui entre... »

D'un regard furtis, la cascade de cheveux d'Aurora lui rappelait cette nuit, une nouvelle bribe de souvenir qui traversait son esprit comme une voiture sur l'autoroute, en un rien de temps, impossible de l'arrêter en route pour pouvoir se rappeler de l'intensité de l'échange. Il secoua la tête, alors qu'elle lui faisait dos, comme pour s'inviter lui-même à se resaisir. T'es con Joey, on s'en fout, et p't'être bien qu'elle vient te parler de ça... avait-il pensé en espérant que tout irait bien et qu'il saurait comment exprimer ses sentiments. Car des sentiments, Joey en avait très certainement pour la jeune femme, mais le soir du Nouvel An, l'alcool l'avait encouragé à les exprimer avec une facilité déconcertante. Pas sûr qu'il soit question de la même assurance ce jour-ci.

Lorsque la porte s'était ouverte, elle avait tout de suite remarqué qu'il sortait depuis peu d'une sieste ou de quelque chose de similaire. Elle trouvait qu'il était particulièrement mignon quand il était encore à moitié somnolant, se sentant légèrement coupable de l'avoir réveillé sans préavis. Ses mèches étaient toutes folles dû au fait qu'il avait commencé à dormir, ce qu'elle trouvait assez sexy, lui rappelant la nuit qu'ils avaient passée ensemble. Elle avait donc déjà pu admirer une belle peinture similaire il y a plus d'un mois, ce fameux jour. Après le réveil et le fait qu'il semblait particulièrement embarrassé une fois bien levé, tout comme elle, Aurora n'avait pas insisté sur le sujet et ils n'en avaient jamais discuté depuis. Plusieurs fois, elle avait voulu se lancer pour en parler mais elle ne voulait pas l'effrayer ou rendre la situation plus gênante et elle avait abandonné l'idée de le faire. Mais, avec ce qu’elle avait à dire aujourd’hui, il y avait de forte chance qu'elle puisse remettre l'événement sur le tapis.

Elle aurait peut-être dû convenir d'un moment avec lui avant de débarquer. Mais bon, elle était déjà là et il était déjà debout donc autant y aller franchement. Elle avait retenu un sourire en le voyant reprendre conscience pour se décaler et lui permettre d'entrer. Il semblait qu'il avait été absorbé dans ses pensées. Elle se demandait bien quel en pouvait être le thème, avançant pour observer les alentours. « Merci. » répondit-elle en passant rapidement la porte pour s'engouffrer dans la chaleur du mobile-home, échappant au froid glacial de l'extérieur. Le jeune homme avait déjà eu l'occasion de voir son repaire et elle n'avait pas eu la possibilité de faire de même. Elle en profita donc pour détailler le tout, curieuse de savoir à quoi ressemblait le nid douillet du photographe. Après quelques instants de silence à inspecter autour d'elle, la guitariste se retourna pour lui faire face. Elle mordilla le coin de sa lèvre, prenant une grande inspiration avant de s'exprimer.

« Par où commencer... Sûrement par le début j'imagine. » commença-t-elle d'une voix quelque peu hésitante, semblant chercher ses mots alors qu'elle continuait de maltraiter le bout de son pull gris de ses doigts, la nervosité tendant toujours ses muscles. Elle avait baissé ses iris bleus foncées sur le sol avant de les remonter pour les poser sur Joey. « Écoute, cela concerne le jour du nouvel an. Quand on a passé la nuit ensemble, c'était vraiment... magique, sincèrement. J'ai vraiment beaucoup apprécié ce moment et j'en ai absolument aucun regret. J'espère qu'il en est de même pour toi... » continua-t-elle doucement, éclaircissant légèrement sa gorge avant de poursuivre, essayant de rester calme pour paraître plus sûre d'elle.

« Je sais que, de mon côté, les boissons n'ont eu aucune mauvaise influence sur ce que j'ai dit ce soir là, sur ce qu'on a fait et sur ce que je ressens à ce sujet. En dehors de m'ouvrir davantage les yeux sur ce que je pensais depuis un moment, tout était réel. Je... Je ne sais pas si c'est de l'amour avec un grand A mais, clairement, tu m'attires, il y a quelque chose. J'ai des papillons dans le ventre et le cœur qui bat plus vite quand tu es dans le coin et j'aime bien quand on passe du temps ensemble. Et puis, il m'arrive de beaucoup repenser à... ce soir-là ou à toi tout simplement. Je suis certainement pas la plus douée dans ce domaine mais.. » Elle laisse encore quelques instants sans dire un mot avant de continuer, un de ses doigts enroulant une de ses longues mèches autour, ses joues rosissant légèrement. « Ce que j'essaye de dire ici c'est que... j'ai des sentiments pour toi. Et j'ai besoin de savoir s'il en est de même de ton côté. C'est important que je le sache, c'est primordial. Si ce n'est pas le cas pour toi, je comprendrais, j'espère juste que cela ne changera pas le fait qu'on s'entende si bien... » finit-elle, sa voix douce et parfois tremblante se faisant un peu plus triste sur la fin. Son regard laissait transparaître la peur qu’elle avait de se dévoiler ainsi en plus de l'espoir honnête y brillant.

Aurora était un livre généralement très facile à lire sauf quand elle faisait de gros efforts pour cacher ses émotions, ce qui était très rare. Elle avait décidé d'abord de tester un peu, de savoir si les mots qu'il avait prononcé à ce moment-là, il le pensait vraiment. C'était une des raisons qu'il l'avait poussé à prendre une certaine décision. Il lui avait promis un lieu sécurisé et c'était le cas, elle se sentait en confiance avec lui et protégée. Elle n'avait jamais ressenti cette douce chaleur avec quelqu'un d'autre depuis bien longtemps et elle ne voulait pas manquer ces petites choses qui rendaient la vie plus agréable à supporter surtout en sachant qu'on pouvait mourir du jour au lendemain sans avertissement avec les rôdeurs et les autres survivants belliqueux du coin. Elle voulait d'abord confirmer que l'alcool ne lui avait pas fait imaginer tout ça, lui donnant de faux espoirs, avant d'énoncer la nouvelle la plus surprenante à ce propos.

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Le mobile home de Joey était à l'image de ce dernier : simple, fonctionnel et sobre. Joey n'était pas quelqu'un d'exentrique, et s'il créait des créatures imaginaires dans ses paysages croqués, le jeune photographe n'était pas considéré comme un personnage haut en couleur. Le lit du jeune homme se trouvait au fond de la pièce, visible à travers un rideau de perles rouges et blanches, les seules fantasies de son cocon. On pouvait voir plusieurs livres entassés sur un petit meuble, à côté de ce lit, et son carnet à dessin étalé sur la petite table basse près du coin qui ressemblait le plus à un salon. Joey se tourna près du coin cuisine, tripota les tasses qu'il avait récupéré et fronça les sourcils en sentant Aurora passer la pièce d'un coup d'oeil observateur. Puis, il se tint vers elle, les bras ballants, se sentant un peu idiot sur le moment.

« Oui le début oui... » Marmonna-t-il, mal à l'aise, en dansant d'un pied sur l'autre comme un enfant timide à l'idée de passer à l'oral devant la classe. Elle parla effectivement de cette nuit qu'ils avaient passé ensemble, de ce qu'ils avaient échangé, de ce dont il se souvenait. Les caresses sur sa peau suave, les baisers brûlants, la courbure de ses reins. Secouant la tête, Joey se concentra pour se focaliser sur les paroles de la jeune femme et non pas sur ces souvenirs brûlants qui hantaient délicieusement ses nuits. Je me sentais à la fois mal à l'aise mais aussi... Bien. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais j'étais soulagé qu'elle vienne m'en parler. Je me souvenais de cette nuit – par bribes certes – et je savais que je ne pourrais pas faire comme si ça n'avait pas eu lieu. Joey esquissa un demi-sourire sans s'en rendre compte en se passant la main dans sa barbe mal taillée. « J'y ai pensé aussi... Je veux dire, je me souviens de pas mal de trucs... Des trucs vraiment pas désagréables ! » Joey se sentit rougir mais rit tout de même à sa propre remarque. Il s'appuya contre le petit plan de travail de la kitchenette du mobile-home et se passa la main dans les cheveux.

« Je... » Commença-t-il avant de pincer les lèvres. J'étais vraiment naze pour exprimer ce genre de trucs... Avec Selene, y avait pas eu besoin de parler vraiment, j'étais attiré par elle, on était paumé tous les deux... Mais là, c'était différent. Il acquiesça, alors, un seul coup de tête. « J'suis vraiment nul pour ça... J'suis désolé... Oui, oui bien sûr qu'il y a quelque chose... Je... » Joey avait fait un pas en avant, vers elle, sans même s'en rendre compte, les bras toujours ballants. Que pouvait-il lui offrir ? Rien de bien extraordinaire, selon lui : Joey était quelqu'un de simple, mais les derniers événements ne lui offrait pas l'occasion de montrer un quelconque courage. Depuis les événements de l'avant-poste George, le jeune homme se sentait désarmé face à la situation et l'ambiance qui régnait au sein du groupe.

Joey se sentit désarmé d'une toute autre manière en face d'Aurora, dans son mobile-home, sans possibilité de reculer face à ces sentiments qui semblaient incertains, bien présents mais tellement timides et donc contradictoires avec le moment qu'ils avaient échangé, si vif, presque bestial.

Malgré sa nervosité, elle fit un sourire qui se voulait rassurant à l'homme qui lui faisait face en voyant qu'il semblait autant, si ce n'était plus, paumé et perdue qu'elle. Ils étaient dans un état plus ou moins similaire surtout face à l'évocation de cette nuit qui avait laissé place à une gêne et une tentative de ne rien laisser paraître par la suite qu'elle espérait pouvoir éclaircir et dissiper après cette discussion. Cela était autant pesant pour elle que pour lui, elle pouvait le constater par le comportement du photographe et ses réponses beaucoup plus hésitantes ou maladroites que les siennes. Lorsqu'il évoqua le fait que cela avait été loin d'être désagréable pour lui aussi, les joues d'Aurora avaient eu la même réaction que celles de son interlocuteur : une belle teinte rougeâtre d'une tomate mûre contrastant avec la pâleur de sa peau, y ajoutant quelques couleurs. Elle avait laissé aussi échapper un petit sourire à sa remarque, l'observant en se figeant légèrement lorsqu'il passa la main dans sa chevelure.

Elle se rappelait la sensation des mèches sous la pulpe de ses doigts quand elle avait passé les mains dans ces dernières. Ce souvenir lui tira un bref frisson alors qu'elle se réprimandait mentalement pour ne pas chercher à retrouver place dans ses cheveux dans un geste impulsif. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure, de nouveau un peu plus tendue quand il commença à essayer de trouver les mots pour répondre à la première question importante qu’elle avait posée. Elle maltraitait de nouveau le bout des manches du pull attendant avec une certaine incertitude mais espoir qu'il poursuive et lui donne un détail ou quelque chose qui pourrait lui faire comprendre, savoir s'il y avait quelque chose de possible entre eux ou non. Elle n'avait encore jamais demandé cela à quelqu'un auparavant en faisant le premier pas. Mais, elle avait survécu des années presque totalement seule dans une foutue apocalypse alors discuter sentiment avec autrui devrait être facile, non ? C'était loin d'être le cas mais elle était résolue à définir d'une manière ou d'une autre le lien qui les unirait tous les deux à l'avenir ou au moins savoir sur quel pied danser.

Un soulagement la traversa de toute part quand il mentionna le fait qu'il ressentait cette alchimie entre eux, arrêtant de bouger le tissu du bout de ses manches. Il ne semblait pas savoir comment l'exprimer et elle n'avait aucune possibilité de connaître à quel point ce ''quelque chose'' était profond mais, c'était déjà plus que suffisant pour la rassurer. Elle n'avait pas imaginé tout cela et elle ne s'était pas ridiculisée en interprétant mal ce filling si particulier entre eux et de cette fameuse nuit. Elle remarqua sans soucis le pas qu'il fit dans sa direction et son indécision à savoir quoi faire de plus. Il était assurément moins assuré qu'elle et cela toucha un peu plus le cœur de la guitariste. Joey était vraiment quelqu'un de très humain, bien plus que la plupart des hommes et c'était une des singularités qu'elle estimait chez le photographe.

« Tu n'as pas à t'excuser Joey, tu n'as rien fait de mal. Et puis, pour être tout à fait honnête avec toi, je suis certainement aussi nulle que toi dans le domaine.. des sentiments et tout ça pour en parler alors il n'y a pas de problèmes là-dessus. » sourit-elle doucement, une partie de son inquiétude évanouie lui refaisant un peu plus regagner cette bonne humeur et cet optimiste la caractérisant si bien.

Il avait entamé, consciemment ou pas, une première approche vers elle qui la fit suivre naturellement son instinct pour la suite. Elle réduisit l'écart les séparant jusqu’à maintenant lentement, ses iris sondant toujours son vis-à-vis avant de venir le prendre dans ses bras avec affection s'il n'avait pas reculé à son rapprochement et à son action. Un peu plus détendue en ressentant la chaleur de celui-ci à travers leurs vêtements et l'odeur apaisante qu'elle inspira à plein poumon de celui-ci, elle posa sa tête au niveau de l'épaule du survivant. Elle s'exprima au creux de son oreille à voix basse, douce, lui proposant ce qui lui semblait le plus normal. Elle ne voulait rien précipiter ou forcer sur le coup. Aussi bien pour l'un que pour l'autre s'était loin d'être évident et il y avait encore plus choquant qui viendrait ensuite, bien plus tôt que le photographe pourrait le penser.

« On peut juste rester nous-même, entamer et avancer à notre rythme et voir où cela va nous mener, qu'en penses-tu ? »

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Les relations humaines et Joey était un couple à la fois doux et conflictuel. Le jeune photographe avait eut une première relation à l'adolescence, au lycée, avec une tête brûlée qui allait à l'encontre du caractère du jeune homme qu'il était à l'époque. Une rebelle, avide de sensations, que Joey avait réussi à cerner. C'était elle, qui s'était emparée de lui la première fois. Leurs chemins s'étaient séparés à l'Université. Bien sûr, il y avait aussi eut Anna, la jolie jumelle en charge du groupe des universitaires d'Olympia qu'avaient rejoint Joey, sa mère et sa jeune soeur. Anna, qui était enjouée, pétillante sans être trop m'as-tu vu... Anna avait été une partenaire agréable dont Joey était tombé amoureux, avant qu'elle ne disparaisse en même temps que le reste du groupe et de sa jeune soeur, lorsque Joey était revenu de l'église, après avoir abandonné le corps réveillé d'entre les morts de sa mère.

Après, plus rien. Une survie en solitaire, puis des mois pour s'adapter à sa nouvelle vie au sein de The Haven. La relation qu'il avait entretenu dans le photographe avec Selene avait été mouvementée, chaotique et incertaine. Deux âmes s'entrechoquant en espérant ne pas sombrer dans les ténèbres. Mais depuis, Joey s'était intégré au groupe, avait pris confiance en lui. Selene elle, avait trouvé du soutien avec Juliet, un choix que le jeune homme saluait : il avait bien senti qu'entre les deux jeunes femmes, les choses allaient au-delà d'une simple amitié. Mais sa rencontre avec Aurora venait bousculer la quiétude du jeune homme. Comment gérer des sentiments naissants qu'il avait pourtant retenu ? Lorsqu'ils s'étaient rencontrés, quelques temps auparavant, il n'avait pu deviner qu'il se laisserait aller à des échanges charnels, alors qu'il avait été celui qui, amicalement, lui avait proposé de rejoindre le groupe. « Si on est nuls tous les deux, on va pas aller loin par contre... » Ironisa-t-il en relevant son regard bleuté vers elle, avant de laisser naître sur son visage, un sourire en coin.

« Je culpabilise un peu... Je veux pas que tu penses que je t'ai fait venir ici pour ça... J'ai jamais eu d'intentions déplacées envers personnes, j'te jure. » Avoua-t-il avec une moue presque désolé en se laissant aller à un rire qui traduisait la gêne qui venait se mêler à d'autres sentiments plus agréables de la part d'un Joey qui n'arrivait pas à se retirer de la tête les flashes de cette nuit passé avec la brune. Quant elle se colla tout contre lui, la tête contre son épaule, dans une étreinte douce, Joey écarquilla les yeux avant de lui rendre la pareille, passant ses bras autour d'elle. Il se sentit crispé un temps, mais quand elle parla, tout contre lui, son corps se détendit. Il comprenait qu'il n'avait pas à culpabiliser, mais aussi que ce qui naissait entre eux était naturel et nullement forcé. Même lui, ne l'avait pas vu venir. « J'suis plutôt d'accord avec ton idée. J'pense même que ça peut être un projet sympa. » Réussit-il à lâcher en esquissant un sourire pour lui-même, avant d'appuyer son menton dans le cou d'Aurora, lâchant un soupire. La pression redescendait.

Il décolla légèrement son visage pour pouvoir la regarder, et détailla son visage. La nuit du Nouvel An, ce n'était pas son visage que ses yeux avaient dévoré... Cette fois-ci, il voyait, à travers ses yeux, à quel point la jeune femme semblait dénuée de toute attention néfaste à l'égard du jeune photographe. Elle avait l'air tellement... Sincère, tellement elle-même, que je ne pouvais pas résister. Souriant à Aurora, Joey se pencha alors sur elle pour lui adresser un baiser doux, du bout des lèvres, presque chaste, bien que quelques jours auparavant, leurs corps s'étaient adonnés à un sport tout autre. Il ferma les yeux en dégustant ses lèvres, comme s'il s'agissait un met délicat, avant de reculer son visage. « Ouais... Ouais ça me paraît pas mal. » Mais est-ce que Joey savait dans quoi il se lançait ? Ignorant tout ce qui l'attendait de cette relation très engagée malgré lui, le jeune photographe acceptait alors d'entretenir une relation avec la brune qui selon lui, ne nourrirait jamais rien de néfaste à son égard.

Quand il apporta la légère touche d'ironie sur leur inexpérience dans le domaine, elle avait souri. Elle pensait au contraire que tout dépendrait surtout de leur capacité à s'exprimer malgré cette difficulté commune ce qu'ils faisaient déjà actuellement avec le fait d'avouer l'un à l'autre la présence de ses sentiments à la fois définissables sans l'être complètement. Elle sourit un peu plus en sentant finalement le photographe se détendre au fur et à mesure que l'étreinte se prolongeait. C'était maladroit au début avant de finalement être plus naturel et décontracter par la suite. Elle savait, au vu des inquiétudes du jeune homme, qu’elle devrait certainement souvent faire le premier pas dans le chemin qu'ils avaient décidé d'emprunter ensemble mais cela ne la gênait pas outre mesure. Ce qu’elle avait vu du survivant, elle voulait en découvrir plus encore et Joey valait tous les efforts à venir de son point de vue. Elle avait appris assez rapidement que la communication était la base de ce genre de relation pour qu'elle s'épanouisse et soit solide à long terme si c'était pour eux donc, elle comptait bien commencer cela dès aujourd'hui.

« Sache que je n'ai jamais songé une seule seconde depuis notre rencontre et mon arrivée ici que tu m'avais convaincu de rejoindre ton groupe à ses fins là. Tu es quelqu'un de bien et de droit Joey, on s'en aperçoit très vite et on peut d'instinct comprendre que tu es quelqu'un de fiable à qui on peut faire confiance donc, je ne doutais pas de tes attentions à mon égard depuis le début, si cela peut te rassurer. » avait-elle répondu doucement, toujours aussi sincère alors qu'il réfugiait son visage près de son cou. Elle se sentait bien comme ça, légère et calme, les bras de l'homme autour d’elle ne faisant que renforcer ce sentiment de paix, de bien être.

Elle était soulagée de constater qu'il était d'accord avec elle sur le fait de tout simplement voir où cela les conduirait, sans prise de tête, laissant l'avenir se tracer au grès de leurs interactions sans pression ni obligation. La situation était déjà suffisamment stressante, surtout pour l'Adams suite à ce qu'il s'était passé il y a peu. Elle se laissa gentiment décaler pour qu'ils puissent s'observer mutuellement, établissant un contact visuel qui s'était brisé un peu plus tôt avec leur rapprochement. Son interlocuteur ne pouvait louper le petit rougissement qui colora légèrement les joues de la guitariste sous son regard perçant, la nuance se faisant plus foncée à son rapprochement après son sourire qui en tira un nouveau chez Aurora. Ce baiser, aussi chaste qu'il était après leur dernier échange de cette nature en date bien plus fougueux, lui semblait sceller officiellement leurs mots concernant le fait qu'ils étaient ensemble à partir de maintenant. Elle ferma doucement les yeux, appréciant et savourant la douceur du contact de leurs lèvres qui dévoilait un autre aspect plus profond entre eux, sentant quelques papillons agiter ses entrailles agréablement.

Ce moment si chargé en émotion, si solennel lui avait fait presque oublier l'espace d'un instant la seconde raison qui l'avait poussé à venir voir le photographe directement à son domicile actuel sans préambule. Néanmoins, cela n'avait pas suffit, la réalité du fait en question la ramenant bien vite sur terre pour se focaliser à nouveau dessus et enchaîner sur ce point à ne surtout pas négliger. Doucement, elle se recula pour se détacher de lui, à contre cœur. Elle s'était éclaircie légèrement la gorge avant d'inspirer pour donner l'élan à ses prochaines paroles et se recentrer. Elle se faisait la plus calme possible pour ne pas paniquer l'Adams sans vraiment pouvoir cacher le retour dans la tension dans ses muscles, redoutant quelque peu ce qui allait venir.

« Il y a une autre raison qui fait que j'ai tenu à clarifier tout cela entre nous et que c'était aussi important pour moi. Je pense que tu devrais t'asseoir, au cas où ? » débuta-t-elle, l'hésitation perceptible sur la fin, son courage mise à rude épreuve pour aller jusqu'au bout. Elle s'en voulait en sachant pertinemment que la détente qui avait fini par être visible dans l'attitude du photographe allait assurément être remplacé par le choc voir pire mais il le fallait. Elle ne pourrait pas commencer réellement quelque chose entre eux avec déjà un mensonge à son actif et puis, c'était aussi son droit de choisir. « Quoi que je dise, je veux que tu te rappelles bien que tu es libre d'accord ? Je n'attends rien de toi et je ne t'en voudrais pas du tout si tu ne veux pas t'impliquer là-dedans, tu as le choix comme je l'ai eu quand je l'ai appris. » continua-t-elle, lui laissant un temps pour potentiellement poser ses fesses quelque part. Elle-même posa ses mains sur le dossier d'une chaise qui traînait à proximité pour avoir un appui, mentalement, ça l'aidait. Elle tenait à insister sur le fait qu'il détenait un libre arbitre total sur lui quand cela les concernait tous les deux, qu'elle ne le forcerait jamais à rien contre son grès. Elle mordit sa lèvre inférieure dans un geste nerveux avant de poursuivre, sa voix douce et aussi apaisée que possible pendant son explication.

« J'ai commencé à avoir quelques nausées au cours des dernières semaines. Sur le coup, je n'ai pas fait plus attention que ça jusqu'à que ce soit vraiment pas normal. Avec la grippe qu'il y avait dans le camp, j'ai décidé de consulter l'infirmerie pour être sûre que ce n'était pas trop grave. Et, après vérification par Nolan, il semblerait que la nuit du nouvel an a laissé dans son sillage un peu plus qu'on aurait pu imaginer. Je... Je suis enceinte... » termina-t-elle, ses iris bleues incertaines se posant sur son vis-à-vis, attentive à sa réaction.

La bombe était lâchée avec le plus de tact possible dans la pièce, enlevant un poids à la musicienne qui n'avait pas aimé garder cette information aussi longtemps de Joey qui avait également son mot à dire dans tout ça. Elle mentirait si elle prétendait qu'elle n'était pas effrayée de ce que cela allait provoquer chez le photographe qui devait sûrement pas s'y attendre le moindre du monde. Elle s'était déjà préparée à potentiellement devoir élever cet enfant toute seule s'il n'en voulait pas. Elle tenait à respecter le choix qu'il ferait à ce sujet mais, quoi qu'il arrive, elle suivrait le sien. Même si tout avait l'air angoissant et inconnu pour elle qui n'y connaissait strictement rien sur le sujet, elle aimait déjà ce petit être peu formé qui lui rappelait tant de choses : La joie et la chaleur d'un foyer, d'une famille soudée comme avait été la sienne, d'une lumière dans ce monde devenu si sombre après la destruction de ce dernier ravagé par les conséquences de la pandémie et la folie d'une partie des survivants encore de ce monde.

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