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2 participants

Ruby Finley

Jeu 2 Jan 2020 - 21:16


Ruby Lexie Finleytell me more about you

prénom(s) : Ruby Lexie
nom : Finley
date de naissance : 13 juillet 1993
âge : 27 ans

ville de naissance : Victoria, Ile de Vancouer (Canada)
métier : Etudiant en ingénierie aéronautique
groupe : Travelers

avatar : Chloe Grace Moretz

what i am

qualites
Bonne comédienne
Pragmatique
Astucieuse
Attachante
Tenace
defaults
Hypocrite
Amorale
Manipulatrice
Paranoïaque
Prétentieuse
Equipement :
Elle s’en est plutôt bien sortie après avoir dépouillé un militaire. Si elle a dû rapidement jeter les armes, faute de munitions, elle a conservé encore maintenant son sac et sa gourde, ainsi que son couteau de combat qui lui a été rendu par Joaquin. Ses protections en kevlar et ses gants tactiques lui ont évité quelques déconvenues qui auraient pu lui coûter la vie, mais les traces de griffure sur ses épaules ne sont pas sans rappeler qu’elle a échappé de justesse à un sort funeste. Son nez cassé, lui, témoigne plutôt de quand Joaquin en a eu marre d’écouter ses inepties.

Par la suite, elle a mis la main sur un piolet et un fusil semi-automatique auprès d’un chasseur, une arme plus standard avec des balles plus faciles à obtenir, à user en dernier recours. Il lui a cédé également les vêtements et bottes de randonnées de sa fille, décédée plus tôt. Plus surprenant, elle a aussi fait l’acquisition d’une fronde par son biais, dont la plupart mésestime l’intérêt tactique. Elle s’en serre surtout pour créer des diversions.

Elle a tendance à ramasser pas mal de livres, quand elle le peut. C’est souvent une mine d’informations qui lui permet de satisfaire sa curiosité sur bien des sujets. Elle tient également un petit journal, rempli de croquis divers, et de quelques photographies récupérées dans son ancien portefeuille ou celui de ceux morts avant elle.
     
Details physiques :
Ruby dépasse à peine le mètre soixante et la sous-alimentation lui a fait perdre un poids considérable. Toujours sur les routes, elle s’est pourtant musclée après plusieurs années à devoir lutter pour sa vie, mais elle ne fait toujours pas la différence en face-à-face, et mise tout sur la vitesse et la discrétion. Sa bouille d’ange en a trompé plus d’un, lui permettant de bénéficier de nombreuses fois de l’effet de surprise. Quand elle se déplace seule ou souhaite être discrète, elle rabat la capuche de son sweat et noue un foulard sur son visage.

Psychologie

Avant l’apocalypse, Ruby aspirait seulement à sortir de sa condition actuelle. Elle n’était pas seulement curieuse de tout et ambitieuse, la canadienne se donnait aussi les moyens d’atteindre ses ambitions. Elle se savait promise à une carrière brillante. Octobre 2015 aura balayé tous ses espoirs d’avenir, sans exception. Mais quelqu’un qui n’avait plus rien ni personne à perdre était d’autant plus dangereux. Elle se savait plutôt jolie et attachante et mit à profit son intelligence, avec une dose de faux-semblants, pour se sortir du pétrin et s’attirer les faveurs de quelques protecteurs avec lesquels elle savait pouvoir jouer sur la corde sensible. Pour se préserver elle-même, au début trop petite et trop frêle pour faire la différence, elle usait de ruse et de subterfuge. Elle se rendait plus inoffensive encore, pour réussir à endormir la méfiance de ses ennemis comme de ses alliés.

Elle voulait mener une belle vie, et maintenant, elle cherchait uniquement à la conserver, à ne plus vivre dans la peur constante et retrouver un semblant de confort. Si elle avait autrefois peur qu’on puisse rire d’elle à ses dépends, de par ses origines, la crainte risible d’anciennes moqueries s’était vite changée en méfiance de l’étranger… Puis en véritable paranoïa, quand les coups durs s’étaient multipliés. Elle s’attendait, à chaque instant, à un coup de couteau dans le dos, sans doute bien mérité vu les tours qu’elle avait pu jouer. Qui ne chercherait pas à se venger de quelqu’un qui a pu le duper ou le voler ? Ruby ne faisait confiance à personne, si bien qu’il lui paraissait facile de trahir la confiance qu’autrui pouvait placer en elle. Aucune de ses actions n’étaient désintéressées, si bien que quand elle recherchait la sympathique, c’était uniquement pour s’attirer quelques faveurs ou mieux s’emparer de ce qu’elle convoitait réellement.

Son sens de l’éthique et de la morale ne s’était pas effrité en une seule journée, mais elle s’était vite rendue à l’évidence : Elle ne survivrait pas longtemps sans user de ses propres atouts, misant tout sur la discrétion et l’astuce. Ruby n’était pas cruelle, c’était uniquement son pragmatisme qui parlait. Le bien ou le mal ne rentrait simplement pas en ligne de compte, quand elle jouait sa propre vie, et elle ne reculerait devant rien, à moins que le danger n’en vaille pas la peine. La fin justifiait les moyens. Si elle sauvait quelqu’un d’autre, c’était uniquement parce qu’il lui avait prouvé son utilité. Elle s’était, depuis longtemps, détachée de ses propres sentiments à trop souvent paraître au point de ne plus savoir comment être à nouveau elle-même.




Story of survival


1993 – 2004, Ile de Vancouver

Je m’appelle Ruby. Ruby Finley. Mon père vous dirait que je suis le plus grand joyau de la famille, d’où ce nom si évocateur. Mes deux grands frères ne manqueraient pas de vous dire à quel point ce sont des conneries. Mais même maintenant, je reste persuadée qu’ils étaient simplement jaloux de l’attention qu’on pouvait m’accorder à l’époque. Après tout, mes parents désiraient vraiment avoir une petite fille pour autant insister, non ?

Je suis née à Victoria, sur l’île de Vancouver. De l’autre côté de l’océan se trouvait l’agitation de Seattle… Quant à nous ? Nous étions certainement dans le coin le plus paumé qui existait à proximité de la grande cité. L’île nous coupait pas mal du reste du monde, et même si mon père vanterait les magnifiques paysages du Canada, autant le dire, il ne se passait jamais grand-chose dans le Goldstream. Enfant, j’occupais le plus clair de mon temps à traîner dans les pattes de mon père, que ce soit quand il partait à la chasse, en forêt, ou qu’il s’occupait du port de plaisance, plus souvent fréquentés par d’autres pêcheurs que des touristes. Ma mère gérait une maison d’hôte et un camping, avec un parcours d’accrobranche pour amuser les enfants, au même endroit. Il y avait un peu de passage en été, rarement en hiver. On ne s’en sortait pas trop mal financièrement, même si on aurait pu avoir bien plus de succès en choisissant un autre emplacement, moins isolé. Ca convenait à mon père qui appréciait sa tranquillité, tout comme à ma mère qui n’aimait pas perturber son petit confort. Ils auraient bien pu passer le reste de leur vie dans ce trou paumé, sans qu’il ne se passe jamais rien. C’était tout le mal que je leur souhaitais.

Je ne m’entendais pas très bien avec mes frères qui avaient la sale manie de vouloir me rabaisser, ce qui ne me donnait que plus envie encore de leur montrer de quoi j’étais capable. On se disputait souvent. Je trouvais invariablement un soutien auprès de personnes extérieures, déjà charmeuse à l’époque pour obtenir quelques faveurs, que ce soit un tour à dos de poney, une poignée de bonbons, ou simplement un peu d’attention. N’importe qui vous aurait dit que j’étais adorable, mais un peu capricieuse peut-être. Ca ne me rendait que plus attachante encore, non ?

2005 – 2010, Ile de Vancouver

J’en ai assez, de ce trou paumé. Je rêve d’aller ailleurs, de l’autre côté de la rive, par exemple, là où la vraie vie doit se trouver. Je commence à réfléchir aux études que je pourrais faire plus tard, avec des rêves de grandeur plein la tête. Je me verrais bien ingénieure… Je me débrouille particulièrement bien en sciences et mathématiques. C’est la voie toute trouvée, non ? Tant que je me tire d’ici.

J’aide mes parents au camping et au port, bien malgré moi. J’y mets de plus en plus de mauvaise volonté, plus le temps passe. J’apprécie toujours les moments privilégiés avec mon père, ce qui rattrape les éternelles corvées. Il m’a même appris à tirer au fusil et m’emmène chasser, ce qui fait rager mes frangins. Et tout ce qui les agace n’en est que plus plaisant encore. J’ai trouvé la meilleure tactique quand ils commencent à me taper sur le système. Il me suffit de prendre une des barques à moteur et de me perdre en plein milieu du bras de mer de Saanich. Je peux rester des heures au milieu de nulle part, en bonne compagnie, un livre en main ou à simplement dessiner. Quand je reviens, la nuit est généralement tombée et je me fais incendier par ma mère, qui se pose l’éternelle question de savoir où j’ai bien pu passer encore, car on avait besoin de moi.

J’ai pas mal d’amis ici, et aucun ne projette vraiment de quitter la région. Tant pis pour eux. Dès que l’opportunité se présente pour moi, je prendrais le large, et cette fois-ci, ce ne sera pas pour revenir à la nuit tombée.

2011 – 2012 – Université de Tacoma

J’ai enfin franchi la frontière, au grand dam de mes parents. J’ai concocté des pieux mensonges, comme quoi je reviendrais régulièrement les voir, alors que je n’ai pas l’intention de le faire plus que nécessaire, et que j’ai une idée fixe en tête. Je viens d’intégrer l’Associate degree, à l’Université de Tacoma. Si je m’en sors bien, je pourrais enchaîner sur un Bachelor et devenir ingénieure en aéronautique. J’aurais la belle vie à Seattle, avec un bon salaire, si j’intègre la compagnie Boeing, et un avenir tout tracé. Je crois dur comme fer à ma réussite. J’ai d’excellentes notes. Mes professeurs me jugent déjà comme une élève prometteuse et brillante, même si je n’échappe pas aux brimades. Peut-être même que ça les alimente, de les entendre le dire…

Je m’attendais à ce que le contraste soit de taille, mais les autres étudiantes américaines n’en manquent pas une pour me rappeler d’où je viens, à me targuer de bouseuse qui s’y croit trop. Elles sont seulement jalouses, certainement parce que j’attire les regards des garçons qui doivent les intéresser. Après tout… Je suis brillante, et plutôt jolie. J’ai de quoi plaire, visiblement, et surtout… J’ai envie d’être quelqu’un d’autre. Je commence à faire un peu plus attention à mon apparence, à bien me fringuer et maîtriser l’art du maquillage. J’ai laissé tomber un temps mes livres et ma manie de dessiner. Je suis toujours aussi sérieuse quand il s’agit des études, mais je me laisse aller à goûter aussi aux soirées étudiantes, à me laisser charmer et charmer en retour.

2012 – 2015 – Université de Tacoma

C’est fou ce qu’on peut s’attirer la sympathie des autres, simplement en les aidant un peu à réviser, même si ça devient compliqué pour moi de tout concilier. Je ne peux pas négliger mes études, mais mes parents n’ont clairement pas les moyens de me les financer. Je suis obligée d’enchaîner les petits boulots en parallèle, car ma bourse ne me suffira pas. Je vais avoir déjà quantité de dettes à régler avant même de rentrer dans la vie active… Mais je tiens le bon bout. Je suis arrivée en Bachelor. Si je ne me rate pas, je serais diplômée en 2016 en ingénierie aéronautique. Je ne suis pas arrivée jusque là pour me faire freiner bêtement par quelques soucis financiers.

Alors, malheureusement, je n’ai plus assez de temps à accorder à mon petit copain du moment, qui commence à me reprocher mon manque de présence. Il paraît que je ne suis jamais là pour lui, toujours à droite à gauche, ou plongée dans mes livres. Non mais sérieusement… S’il veut rater sa vie, qu’il le fasse sans m’entraîner là-dedans. Je n’ai pas beaucoup de scrupules à mettre fin à une relation à peine débutée, même si elles commencent à se multiplier tout autant qu’à s’écourter et que j’entends encore les mauvaises langues en profiter pour me casser du sucre dans le dos. Je commence aussi à en avoir assez d’être taxée de canadienne, alors que logiquement, mes études achevées, je serais sur le territoire depuis plus de cinq ans. Je pourrais demander la citoyenneté américaine. Ma famille serait sans doute un peu déçue, mais ma vie est ici maintenant.

Octobre 2015 – Everett

Les dernières années vont se solder par de nombreux stages. Les avions civils, c’est moins intéressant que l’aéronautique militaire, les satellites… Je pense pouvoir décrocher un bon stage chez Boeing dans ce secteur qui m’ouvrira pas mal de portes. Ma prochaine destination, c’est l’usine de Boeing Compagny, dans la banlieue Nord de Seattle à Everett. Je devrais y passer les premiers mois de ma dernière année d’étude, en cette fin d’année 2015.

Mais si je pensais que ce serait une expérience intéressante pour mon cursus… Clairement, je ne m’attendais pas à ça. A ce qu’on appellera plus tard « L’Apocalypse ».


Octobre 2015 – Aéroport de Seattle

« Non mais sérieusement… Elle va arrêter de m’envoyer des messages tous les jours ? Comme si c’était la fin du monde ! » J’éteignis mon portable, agacée, pour reprendre mes révisions plus sereinement sans que ma mère ne me répète une énième fois les faits alarmants qu’elle voyait à la télé. Je savais bien qu’elle s’inquiétait seulement pour moi, mais des faits divers à Seattle… Ca arrivait tout le temps, non ? C’était simplement pire que d’habitude, mais pas de quoi en faire un drame.

Ce fut le quatrième jour que la situation commença à être plus alarmante que prévue. Les étudiants en ingénierie n’arrêtaient pas d’en parler dans les couloirs. Des morts se seraient relevés à l’hôpital , certains y croyaient dur comme fer. Des morts qui se relèvent, vraiment ? Encore un ramassis de conneries. Le cinquième jour, le fin mot de l’histoire arriva enfin : Il s’agissait d’une nouvelle forme de virus, et l’affaire commençait à prendre de l’ampleur.

Au sixième jour, c’était finalement moi qui appelais ma mère, un peu inquiète à l’idée de voir autant de militaires dans les rues. Les stages et cours étaient annulés et on nous demandait de rentrer dans nos familles si on habitait la région ou de rester à l’université de Tacoma en attendant que la situation se tasse. Ils n’arrêtaient pas de rappeler aux informations que tout était sous contrôle, qu’un vaccin serait bientôt trouvé, mais la présence militaire était toujours plus renforcée.

Mes parents me pressaient de rentrer, mais impossible d’avoir un vol en direction du Canada sans qu’il affiche complet ou finisse annulé. Je pris finalement mon courage à deux mains et décidais de me rendre directement sur place pour tenter ma chance, voire de camper sur place si nécessaire, mon sac sur le dos avec le minimum nécessaire. J’attendis plusieurs heures dans l’aéroport, le regard rivé sur le panneau d’affichage, assis sur un siège froid. Je commençais à manquer de batterie à force d’échanger des messages, et à sérieusement angoisser. Je me tournai vers mon voisin de droite qui semblait attendre depuis presque aussi longtemps que moi un vol vers le Canada également. J’appris rapidement qu’il s’agissait d’un militaire en permission à Seattle, du nom de Warren. Il cherchait, lui aussi, à rallier le pays. Echanger avec lui me rassurait, parce qu’on était dans la même galère, et qu’il avait l’air foncièrement gentil et prêt à aider. Je sympathisais un peu, plus pour passer le temps qu’autre chose, jusqu’à ce que l’annonce tombe : Les vols étaient tous annulés pour aujourd’hui et risquaient de l’être également demain. L’agitation, dans l’aéroport, était palpable.

Je pâlis à vue d’œil, sans autre alternative pour rejoindre ma famille. Warren me proposa de m’emmener au Canada en voiture. Il comptait faire un crochet à l’hôpital pour récupérer sa mère avant de prendre la route. Je n’hésitais que quelques minutes à accepter son offre généreuse. Je ne me voyais pas retourner à l’université vu la tournure que prenaient les événements, même si mes camarades de classe y étaient. Et puis… C’était vraiment plus rassurant de rester avec un militaire de mon pays, surtout avec les troubles en ville.

Octobre 2015 – UW Medicine Regional Heart Center

L’hôpital était quand même la pire destination à prendre, surtout quand on entendait les informations, mais je préférais ne pas chercher à lui retirer cette idée de la tête alors qu’on se connaissait depuis peu. J’appris que Warren avait profité initialement de sa permission pour voir sa mère malade, avant de repartir au Canada, dans son unité. A voir le chaos dans la cité, il avait changé de plan avec la ferme idée de partir en l’emmenant avec lui, de peur que la frontière soit fermée ensuite. Seulement… La situation évoluait chaque heure, et toujours en pire. Il fallait déjà arriver à faire demi-tour à l’appartement de sa mère pour récupérer la voiture, puis tenter ensuite de rallier l’hôpital avec les routes bondées et les nombreuses déviations en ville.

Quand nous arrivâmes enfin, la nuit s’était installée et l’horreur était déjà présente à l’hôpital. Je le vis sortir précipitamment de la voiture pour se ruer aux portes, avant de se faire reconduire assez sèchement par des militaires qui tentaient d’évacuer les lieux. Je sursautai à entendre un coup de feu partir, au lointain, depuis le siège passager. Les feux envahissaient la ville, bien visibles, dans la clarté lunaire. Ma batterie venait finalement de me lâcher et j’étais à rien d’éclater en sanglots quand Warren se résigna finalement et regagna le véhicule. Il semblait dans un état second, comme si on venait de lui annoncer que quelqu’un était mort… C’était sans doute le cas. Je préférais ne pas poser la question.

Nous prîmes la route sans attendre, mais comme nous le craignions, tous les axes principaux étaient quasiment impraticables. On venait seulement de quitter Seattle quand il reçut l’information de sa propre unité : La frontière était fermée. Il devait faire demi-tour et demeurer à résidence jusqu’à ce que la situation se calme. Quand la situation me parut réellement inextricable, je me rendis compte que ça pouvait être pire encore. Certains prirent des risques inconsidérés pour tenter de forcer le passage sur la route. Les klaxons retentirent, le bruit de casse… Et bientôt, j’observai, sidérée, les conducteurs sortirent de leur véhicule pour prendre leurs jambes à leur cou, comme devenus fous. Je restais figée, comme hors de mon corps, tandis qu’un d’eux se faisait attraper et mordre par un autre automobiliste sous mes yeux. Ses hurlements stridents, je m’en souviendrais toute ma vie.

Warren me tira hors du véhicule avec force, pour me rappeler à la réalité, et nous fuîmes en direction de Seattle.

Fin 2015 – Seattle

C’était le chaos, en ville. Je me reposais entièrement sur Warren qui, lui, semblait avoir une meilleure idée que moi de comment prendre les choses en main. Nous avions réussi, non sans difficulté, à rallier l’appartement de sa mère. Il était plutôt excentré du centre-ville et de l’agitation ambiante, dans un quartier plus modeste, ce qui nous permis un peu de souffler. Surtout moi, en fait. Warren m’avait conseillée de rester à l’abri ici, et je n’allais certainement pas le contredire. Il avait réussi à obtenir du matériel de première nécessité, même s’il s’était apparemment fait prendre à partie par des émeutiers. Mais il savait gérer, qu’il me disait. J’avais l’impression qu’il ne tenait devant moi que pour faire bonne figure.

Nous nous sommes barricadés dans l’appartement quelques semaines, en vivant sur nos réserves. Mes parents m’avaient promis de venir me chercher en bateau s’il le fallait, mais ils ne vinrent jamais, et bientôt, les communications furent saturées et coupées. Je désespérais que la situation s’arrange. Je n’en pouvais plus d’entendre les mêmes messages passer en boucle à la télévision. Je lui proposais de rejoindre un des camps de réfugiés, que ce serait sans doute plus sûr vu les pillages qui avaient lieu, mais Warren refusa. Il me disait savoir très bien comment ça se finissait, ces fameux camps. Je préférais ne pas insister, surtout qu’au final, la suite des événements lui donna rapidement raison.

Quand on commença à épuiser nos réserves, il devint nécessaire de quitter l’appartement pour se mettre en quête du nécessaire. Il me donna son couteau de combat, au cas où, qu’il disait. La perspective de mettre un pied dehors me déplaisait au plus haut point, mais on n’avait plus de chauffage ni d’eau de courante de toute façon. On ne pouvait pas rester.

Adieu, civilisation.

Début 2016 – Seattle

La première chose que j’appris était de ne pas crier. Jamais. Warren avait eu un mal fou à m’extirper de la prise coriace de quelques rôdeurs, après que l’un d’eux m’ait attrapé par les cheveux. J’avais hurlé de terreur alors qu’il me tirait vers l’arrière, et d’autres avaient aussitôt rappliqués. Je contenais désormais mes larmes alors qu’il tentait d’appliquer quelques bandages sur mon épaule lacérée par leurs griffes et de m’aider à me couper les cheveux plus courts, à l’abri d’une maison abandonnée. Il m’assura que j’étais toujours aussi jolie, malgré ça, et qu’il m’apprendrait à me défendre pour que ça ne se reproduise pas. Je lui souriais pour faire bonne figure.

Le souci, avec Warren, c’était bien sa gentillesse. Bien entendu, il ne m’aurait jamais pris sous son aile dans le cas contraire, moi qui étais plus un boulet pour lui qu’autre chose… Mais maintenant que nous côtoyons tous deux la misère humaine, cette gentillesse devenait réellement néfaste pour notre survie. Je sentais que ça le pesait, à chaque fois que je le rappelais à l’ordre, tellement c’était naturel pour lui d’aider son prochain. Jusqu’à ce qu’on soit pris à partie dans une fusillade, et qu’il en réchappe seulement grâce à ses protections en kevlar. Sa foi en l’humanité en avait pris un coup. Il s’était renfermé depuis, sauf avec moi. On avait fini par se mettre ensemble. Je ne le désirais pas réellement, mais… J’avais si désespérément besoin de lui. Ca m’avait semblé normal d’accepter ses avances, de me laisser aimer à défaut d’aimer, pour ne pas qu’il tente de s’éloigner de moi.

On peinait à joindre les deux bouts. La seconde chose que j’avais appris, c’était le vrai sens des mots Faim et Froid. J’avais la sensation que nous ne nous en sortirions pas, quand nous eûmes la chance de croiser d’autres militaires. J’avais peur qu’ils ouvrent le feu sans se poser de question, mais ils reconnurent en Warren un de leur camarade, même si canadien, et nous intégrèrent plutôt bien à leur petit groupe. Ils n’avaient plus d’ordre et étaient sur les routes depuis. Certains avaient pu récupérer leur famille, mais la plupart non. En tout, nous étions une petite douzaine, avec plus de militaires que de civils. La lueur de folie dans le regard de certains m’effrayait parfois, mais le bras de Warren autour de mes épaules était protecteur, presque possessif. Il me rassurait encore. Personne, lui vivant, ne s’en prendrait à moi.

Printemps 2016/Printemps 2017 – Seattle

Je les croyais invincibles. A les voir se battre ensemble, comme un seul homme, rien ne semblait pouvoir les arrêter. Ils avaient la force de l’entraînement et de l’habitude, mais bien vite, je me rendis compte que la situation les dépassait eux aussi. Certains périrent contre les rôdeurs, pour des erreurs bêtes, que je me jurais intérieurement de ne pas reproduire. Le moral était au plus bas, et nous nous rendions tous à l’évidence. Nos familles étaient perdues, la civilisation réduite à néant, et chaque instant était un combat pour sa propre survie. Personne ne se souciait réellement de moi, en dehors de Warren, et ça m’allait très bien. Je ne voulais me rendre intéressante qu’auprès de lui, et me faire oublier des autres. Mais ne rien faire de préjudiciable, parfois, c’était pire encore.

« Pourquoi t’as rien fait pour l’aider, petite conne ! Elle est morte… Elle est morte, putain ! » Je tentais de m’écarter, la peur au ventre, mais Alan,m’attrapa avec force. Je n’avais aucune chance de lui échapper. Trop petite, trop fragile. Je me recroquevillai quand le coup partit. Je ne criai pas. C’était interdit, de crier. Warren intervint avant que le militaire ne multiplie ses coups sur moi. Je me réfugiai derrière une femme, la seule autre ici qui était militaire, alors qu’une violente dispute éclatait. Alan me reprochait d’être restée sans rien faire alors que sa femme, enceinte, se faisait rattraper et dévorer par les rôdeurs. C’était souvent qu’ils nous laissaient derrière, qu’ils enchaînaient les coups de feu sans se soucier de ce qu’ils attiraient dans leur sillage. J’avais su me faire discrète, contrairement à elle, pour que les rôdeurs m’ignorent et ne s’occupent pas de moi. De toute façon, même si j’avais voulu l’aider, elle était condamnée à plus ou moins court terme en étant enceinte sur les routes. Warren prit ma défense, comme toujours. Je n’étais qu’une civile, on ne pouvait pas me reprocher de ne pas être intervenue alors que je savais à peine me défendre. Le débat fut clos quand on lui lança un ultimatum. J’apprenais à me rendre utile et à me battre, où je plais bagages.

Le lendemain, Warren me mit une arme entre les mains pour me montrer comment m’en servir. J’étais sérieuse, appliquée. Je comprenais assez rapidement le fonctionnement des différentes armes à feu qu’ils utilisaient. Il était agréablement surpris de me voir me débrouiller si bien, mais j’avais été à bonne école, mon père m’avait déjà fournie quelques bases solides à la chasse. En face-à-face, par contre, c’était une toute autre histoire. Si je ne parvenais pas à prendre les rôdeurs par surprise, il devait constamment intervenir pour m’extraire à temps de leur prise. Je ne faisais clairement pas le poids, même en sachant où frapper, et les mois suivants furent éprouvants. J’avais échappé à la mort de justesse, à plusieurs reprises, avant de commencer à comprendre comment ils fonctionnaient et leur réchapper à temps.

On m’avait finalement mis un fusil entre les mains. Ils me faisaient assez confiance pour les couvrir et préféraient sans doute m’éloigner du feu de l’action. J’étais la vigie silencieuse, sur les toits, qui prévenait du danger et permettait de faire diversion. Je pris plusieurs initiatives qu’ils apprécièrent, comme tirer dans une bagnole pour en déclencher l’alarme et attirer les zombies loin d’eux. J’avais su trouver ma place. Si je n’avais plus peur ? Non. J’avais seulement appris à faire avec cette fidèle compagne.

Mai 2017 – Seattle

On aurait pu continuer comme ça pendant des années. Suite à la raréfaction des rôdeurs en ville, on avait pu souffler un peu, mais les endroits où se ravitailler avaient fini par manquer et certains songeaient sérieusement à s’en prendre à d’autres regroupements de réfugiés. On parlait également d’une grande communauté qui commençait à se former. Certains voulaient en être, voyant là une opportunité de renouveau, un simulacre de civilisation qui souhaitait renaître. Les dissensions commencèrent à se révéler à ce moment-là, quand ceux, comme Warren, refusaient de s’en prendre à la population qu’ils avaient juré de défendre de leur propre vie, et que les autres voyaient avant tout leur propre survie et celle de leur famille. J’étais plutôt d’accord avec les seconds, mais je préférais ne pas prendre partie pour ne pas blesser Warren. C’était difficile de lui faire entendre raison sur ce point, même si on crevait de faim.

Je n’aurais jamais cru être celle qui ferait imploser pour de bon notre groupe de survivants. Il avait suffi d’une erreur, d’un tir mal placé. Un militaire avait interchangé sa place avec un rôdeur à la dernière seconde avant que le tir parte. Je m’étais figée, interdite. Ses hurlements de douleur avaient déchiré l’air. « Putain mais faites-le taire ! » Un autre tir, cette fois en pleine tête, d’un de ses camarades. Il avait fallu courir pour échapper à l’attention des rôdeurs. J’avais hésité à partir de mon côté. Tout le monde avait vu d’où était parti le tir, qui était la fautive.

Nous avions à peine franchi les portes de notre planque qu’Alan était déjà sur moi, à m’envoyer face contre terre. Mais cette fois-ci, je dégainai une arme de poing en représailles. « Tu comptes me tuer aussi, c’est ça ? Petite pute ! » Il s’en foutait que je pleure, que je répète que c’était un accident. Je retirai la sécurité de mon flingue et tous se figèrent, alors que d’autres dégainaient leurs armes et se visaient entre eux. Ils hurlaient. Ils s’insultaient. J’entendis Warren appeler au calme, vainement.

Il continua de s’avancer sur moi, sa matraque levée pour me frapper, son arme de poing dans sa seconde main.
Il semblait persuadé que je n'aurais jamais le cran de tirer. Je fermai les yeux pour appuyer sur la détente.

S’en suivit une cacophonie sans nom. Je fixai, l’estomac au bord des lèvres, le cadavre du militaire. Warren me tira pour m’extraire de la mêlée, alors que d’autres coups de feu finissaient par être échangés. Nous devions fuir, disparaître, pour espérer survivre. Nous n’étions à nouveau plus que deux, lui et moi.

Warren m’en voulut énormément. J’avais mis le feu aux poudres en tirant la première.  Il semblait persuadé qu’il n’aurait pas cherché à me tuer, et on pouvait continuer ce débat encore longtemps. Il aurait préféré que je le laisse tirer en premier ? Ca lui aurait suffi, comme preuve ? Tout ce qu’il avait à me répondre, c’était qu’il ne me reconnaissait plus. Et chacune de mes tentatives pour l’adoucir et le ramener à moi se soldèrent par un échec. Il n’était même plus sûr que je l’aimais vraiment. Même si je le contredisais, nous savions tous deux que c’était un mensonge. Je lui en voulais. J’avais été parfaite pour lui, à jouer le rôle de la princesse en détresse pour contenter ses élans protecteurs.  J’avais brisé cette image d’innocence que j’incarnais à ses yeux. J’avais fini par tuer, moi aussi.

Warren, lui, aurait attendu qu’il tire en premier. Il avait hésité une seconde de trop, face à un autre survivant, alors qu’il levait son arme pour me défendre quelques semaines seulement après. L'homme, du nom de Valérian, avait tiré plus vite que lui, plaçant la fille à ses côtés derrière lui. Warren était tombé, mort sur le coup. J’étais trop horrifiée pour faire quoi que ce soit, hormis le supplier de ne pas me tuer aussi. Il avait disparu sans un mot en me laissant derrière lui.

J’étais seule, désespérément seule.

Juin 2017/Octobre 2017 –  Tiger Moutain State

J’avais récupéré tout l’équipement que je pouvais de Warren. Je n’avais pas eu le temps de lui offrir une sépulture. Avec les coups de feu, les rôdeurs s’étaient rapprochés. J’avais fui, jusqu’à ce que mes jambes ne me portent plus. Je me retrouvais seule, pour la première fois de ma vie. Les militaires avaient beau m’avoir entraînée à me défendre par moi-même, cette perspective n’en restait pas moins terrifiante. Je me sentais tellement paumée. Je n’avais personne sur qui me reposer, sur qui compter. Seule, j’étais une proie facile à la merci de n’importe quel prédateur… Et les rôdeurs n’étaient pas les pires.

Je tentais de survivre en pillant quelques maisons, mais sans aide, c’était bien plus difficile. Je me réfugiais dans les montagnes en espérant trouver des baies, n’importe quoi à me mettre sous la dent, et surtout éviter les zones prisées par les rôdeurs. J’avais l’impression d’avoir rêvé quand quelqu’un me héla dans la montagne, pour m’informer que les baies dans mes mains étaient toxiques. Il me proposa de l’accompagner dans sa cabane de chasse, pour me réchauffer avec une soupe, à voir mon air paumé et terrifié. Il fallait croire que les gens bons, en ce monde, n’étaient pas encore tous morts.

Je passais pratiquement six mois en compagnie du vieux chasseur solitaire, du nom de Wyatt. La vie était douce, agréable. Nos journées étaient rythmées par la chasse, la récolte, et la pose des pièges, me rappelant avec nostalgie mon enfance. Il arrivait qu’on croise d’autres chasseurs avec qui il s’adonnait au troc. Wyatt me parlait souvent de sa fille, à qui je lui faisais penser. Il avait insisté pour que je prenne ses vêtements pour me tenir chaud, que ça ne le gênait pas. Elle était visiblement morte quand les rôdeurs avaient déserté la ville. Une triste histoire comme il y en avait tellement. Mais pour la première fois depuis le début de l’apocalypse, je me sentais en confiance avec quelqu’un. Et Wyatt ne me jugeait pas, même quand je lui parlais de l’homme que j’avais tué. Il me répétait que les animaux, eux, ne se souciaient pas de ce qui était bien ou mal. Ils tuaient, mais sans plaisir, sans cruauté.

Wyatt fut bêtement emporté par la maladie, à l’âge de soixante-deux ans. Je n’avais pas eu la force de pleurer Warren, mais je l’eus pour lui. Après l’avoir enterré, je tentais de survivre par mes propres moyens, mais je n’avais pas son aisance pour la chasse et les réserves que je constituais étaient insuffisantes. A l’arrivée de l’hiver, il se révéla nécessaire de repartir vers la ville, pour espérer s’en sortir.

Novembre 2017/Août 2018 –  Seattle

La nourriture se faisait toujours rare, aussi difficile à obtenir. Je devais même parfois la disputer à des meutes de chiens errants, quand je ne décidais pas simplement de les manger eux-mêmes. J’avais de moins en moins de scrupules à faire ce qu’il fallait pour survivre, si bien que quand se heurter aux rôdeurs s’avéra trop difficile, je commençais à lorgner sur les provisions rassemblées par quelques survivants. Il suffisait que je leur subtilise juste un ou deux de ces sacs de rations, et je pourrais bien tenir quelques semaines, voir plus encore.

Je prenais le temps de planifier mes vols, pour ne rien laisser au hasard. Il me fallait connaître leur routine, trouver plusieurs échappatoires… Et si besoin, créer une diversion pour les faire sortir de leur trou. Ca fonctionna étonnement bien… Les premières fois. Je fis l’erreur de tenter de voler des voleurs, qui savaient pertinemment comment les choses fonctionnaient. Ils me traquèrent bien plus que nécessaire, pour récupérer leur dû. Je m’avouais vaincue, en les laissant tout me prendre, pour espérer garder la vie sauve… Sauf qu’ils m’embarquèrent aussi.

Au début, mon rôle était simple. C’était à moi de prendre tous les risques en jouant les appâts pour eux, à des endroits stratégiques. Ils m’avaient gardée en vie uniquement pour que je joue de mes charmes pour attirer quelques idiots dans leur filet. C’était moi, désormais, la diversion. J’échappais à plusieurs fusillades, dont une qui aurait bien pu avoir ma peau, sans les protections en kevlar de Warren. Il fallait croire qu’il veillait encore sur moi, même mort.

Il fallut du temps pour que je prenne un peu de galon dans ce nouveau groupe. Hayden, leur chef, avait fini par prendre mes conseils en compte quand nous établissions notre stratégie d’approche, trouvant que j’avais de la suite dans les idées et pas uniquement une belle gueule. Fini pour moi de jouer les petites malheureuses en détresse, nous constituions les plans ensemble, et j’étais de nouveau à ma place favorite, en couverture. D’autres filles se mouillaient à ma place, et ne s’en sortaient pas toujours. C’était devenu un piège trop grossier pour certains survivants, déjà bien rodés. Il fallait constamment innover, et tuer pour ne pas être tué.

On s’en sortait bien, même plus que bien. C’était là le problème. A vouloir toujours plus, on avait fini par s’attirer les inimitiés d’autres groupes qui avaient décidé de s’unir pour nous détruire. La situation dégénéra en véritable bataille rangée, avec des tirs échangés pendant des heures… Avant qu’une horde de rôdeurs, attirée par le bruit, ne règle définitivement le conflit des derniers survivants. Je profitais du chaos ambiant pour fuir avec Hayden et sa femme. Nous avions tout perdu.

Elle mourut dans les heures qui suivirent à cause d’une morsure de rôdeur essuyée durant l'affrontement. Hayden fut obligé d’achever son agonie, et quelques jours plus tard, je le retrouvais pendu à mon retour dans notre cache. Parfois, être un mec intelligent était aussi un fléau. Et il aurait au moins pu se tuer proprement, pour m’éviter d’avoir à gâcher une balle.

Hiver 2018/2019 –  Seattle

Je me retrouvais de nouveau seule. Vu mes précédentes expériences, je fuyais comme la peste tout regroupement, surtout que je commençais à bien me débrouiller par moi-même. J’avais commencé à griffonner des cartes de la ville sur un calepin avec les zones à risque, occupées par d’autres groupes de survivants. Je les esquivais au mieux et ne m’en prenais qu’à d’autres solitaires isolés. Valérian fut l’un d’eux. Je le reconnus sans mal et décidai de le prendre en filature. Il me fallut quelques jours pour repérer sa cache et y pénétrer sans qu’il ne le remarque. J’avais déjà rempli deux sacs de provision quand il déboula à l’intérieur. Je l’entendis m’invectiver, mais j’étais déjà trop loin pour qu’il me rattrape. D’habitude, j’évitais qu’on voit mon visage quand je m’en prenais à d’autres, mais cette fois… Je n’avais pas résisté à l'envie de me rappeler à son bon souvenir.

J’avais appris de lui, décidant de constituer plusieurs caches pour ne pas me retrouver sans rien, si l’une d’elle était découverte. J’aurais pu rester un bon moment cloîtrée après ce vol, mais j’avais désespérément besoin de contact humain. Je passais le plus clair de mon temps à me parler à moi-même, et bientôt à mes morts. Warren, Wyatt, Hayden et bien d’autres hantaient mes nuits. Je savais bien qu’ils n’étaient pas vraiment là, mais j’avais tellement besoin de quelqu’un à qui parler.

J’avais pris le risque de me rapprocher d’autres survivants, au No man’s Land. Je mangeais si peu, de peur de manquer, que j’étais devenue d’une maigreur presque repoussante. Ca m’allait très bien. Avec mon foulard et ma capuche, certains me taxaient même de « petit », comme si j’étais un gosse des rues. D’autres ne s’y trompaient pas, notamment Valérian que j’avais eu le déplaisir de retrouver là. Je ne lui fis pas l’affront de lui troquer ses propres boîtes de conserve, mais j’arrivais à ramener de belles choses à troquer parfois. Je mettais bout à bout mes connaissances en ingénierie pour savoir comment désosser et réparer quantité de choses bien utiles, auxquels certains n’auraient même pas songé. Le problème, c’était quand certains survivants s’étaient mis en tête de me suivre pour me piller à mon tour. Je faisais des tours et des détours pour éviter d’être suivie, parfois ça ne suffisait pas. Parfois, il fallait tuer. Une fois, je faillis me faire prendre à mon propre jeu, et un autre survivant me sauva la mise. Il me donna l’impression d’attendre une récompense, une certaine dose de reconnaissance… Je n’étais plus la même que lorsque j’avais rencontré Warren. Je lui fis croire qu’il obtiendrait ce qu’il voulait que pour mieux m’en débarrasser le moment venu. Tuer pour ne pas être tué. J’entendais encore la voix d’Hayden qui me le soufflait à l’oreille, parfois.

Eté 2019

J’avais pourtant noté scrupuleusement les emplacements des différents regroupements de survivants, mais ils étendaient toujours plus leur territoire. Je retins un juron bien senti, quand j’entendis un survivant pénétrer dans la maison que j’étais déjà occupée à piller. Je me cachai sous un lit, évitant soigneusement les placards qui ne manqueraient pas d’être fouillés. Je le vis aller et repartir de la pièce, comptai encore deux minutes supplémentaires, avant de m’extraire de ma cachette.

Il était là, toujours.
Je retins mon souffle et pris mes jambes à mon cou, avec l’homme sur mes talons.

J’étais trop proche pour tirer au fusil. Je misais tout sur la fuite, parcourant le couloir à toute vitesse jusqu’à l’escalier… Où ses deux camarades m’attendaient, entre la porte d’entrée et le bas de l’escalier. « Attrape-la ! » Je me retournai vivement vers le premier en dégainant mon couteau. Il poussa un grognement de douleur quand la lame déchira chair et vêtement, avant de me pousser sans ménagement dans l’escalier. Ma tête heurta le mur. Un craquement sonore à ma cheville m’arracha un gémissement de douleur. « Bordel, t’aurais pu faire gaffe… Dany déteste quand elles sont en sale état. » Ils me relevèrent pour me fouiller et me priver de mes armes. « Cette salope m’a ouvert le bras, je te signale. » J’eus à peine le temps de voir leur visage qu’il me gratifia d’un coup de poing bien senti sur la tempe, en représailles, avant de me traîner hors de la maison abandonnée.

Quand je rouvris les yeux, il y avait d’autres éclats de voix. Je ne savais pas où j’étais tombée, mais ils étaient bien une vingtaine d’hommes à m’étudier comme un morceau de viande. Quant aux femmes, en nombre bien plus modeste, elles cherchaient à esquiver mon regard. Privée de mes armes, sans aucun soutien et dans mon état… Je pouvais déjà conclure que je n’avais aucune chance de pouvoir me sauver. Je voyais déjà le tableau, à passer de main en main au gré de l’envie de tous ces porcs, quand l’un d’eux se leva pour me réclamer pour lui. Il y avait quelque chose dans son regard qui m’interpellait, alors qu’il me fixait intensément.

Un miroir de mes propres pensées.
Je voulais tous les tuer, mais la peur me maintenait en cage. Il aurait suffi d’un instant de folie, un seul…

Leur chef refusa d’accéder à sa demande. C’était sans doute inutile de sortir les larmes avec eux. Je me résignais pour un temps, car il avait décidé de me garder de côté dans l’immédiat, le temps que je me remette de mes blessures. J’appris auprès des autres filles que ce n’était qu’un sursis accordé, et qu’être réservé à Dany était loin d’être la place la plus enviable. Ils me soignaient, me nourrissaient, même un peu plus que ce que je voulais. Je commençais à me remplumer, et ça ne me plaisait pas, car il décida finalement que je m’étais assez remise pour me prendre. J’avais à peine franchi le seuil de la porte qu’il m’avait plaquée contre le mur avec violence, entreprenant de me déshabiller. Il me dégoûtait, mais je n’avais pas le choix. Peut-être que je pourrais le tuer dans son sommeil et m’enfuir… Je fermai les yeux, m’attendant à passer un sale moment.

Qui ne vint jamais.
Je les rouvris dans un sursaut, quand du sang m’aspergea le visage. Je ne fis pas un bruit, alors que Dany tombait à terre, la gorge tranchée, pour révéler l’ombre de celui qui m’avait réclamée comme sienne. Je restai plaquée contre le mur, sans faire de bruit, les yeux écarquillés, à le regarder encore et encore le poignarder. Il était déjà mort depuis un moment, quand il se rappela de ma présence. Je réprimai un mouvement de recul, persuadée qu’il allait prendre ce qu’il pensait lui revenir avant d’en finir. « On se tire de là. » A la place, il me tira sans ménagement en avant, en me tendant un sac à prendre. « Tu la fermes, si tu veux survivre. » Nous sortîmes, comme si rien ne venait de se passer. Je ne dis pas un mot, pendant plusieurs heures. Je sentais la brûlure de ma cheville et de mon poignet, là où ses doigts étaient refermés avec force. Nous marchâmes pendant ce qui me sembla des heures, avant que je ne trébuche et ne m’effondre. Je tentais de me relever, tant bien que mal, pour qu’il ne me laisse pas simplement là, pour qu’il ne décide pas simplement de me tuer. Il partit devant, et quand la certitude qu’il ne reviendrait pas s’installa doucement dans mon esprit, il refit irruption pour m’entraîner à l’abri dans une maison abandonnée.

Il s’occupa de moi, sans jamais rien me demander en retour. Il était plutôt doué pour ramener ce qu’il fallait pour deux, si bien que je n’avais qu’à me préoccuper de ma propre guérison. Quand il fut évident que j’étais parfaitement remise, je m’attendais à ce qu’il vienne réclamer son dû, de gré ou de force, mais il n’en fit rien. Il se contenta de faire comme d’habitude, comme si tout était normal. Je ne comprenais pas ce qu’il voulait. Joaquin parlait rarement pour ne rien dire, ne laissait rien filtrer non plus. J’évitais soigneusement de parler de son groupe de taulards après la première fois, où il me jeta le même regard qu'Alan avant qu’il me frappe. Mais rien ne vint, encore une fois.

Je m’habituais à sa présence. Au début, nous allions chacun de notre côté se ravitailler, avant de curieusement finir par nous croiser aux mêmes heures, au même endroit. Il fréquentait aussi le no man’s land, et les seules fois où nous parvenions à échanger sereinement, c’était bien quand il s’agissait finalement de se coordonner pour récupérer le nécessaire. Je l’emmenais dans mes cachettes, loin de son ancien groupe, et retrouvais ma routine passée avec un élément en plus avec lequel composer, et avec un couteau en plus sous mon oreiller juste au cas où. Au moins, je n’avais pas besoin de faire semblant avec lui. Il était encore moins regardant que je ne l’étais, quand il s’agissait de prendre par la force, s’il le fallait. On se complétait incroyablement bien. Il avait la force pour lui, et moi la discrétion et l’astuce.

Mais il était aussi complètement imprévisible. Je guettais toujours le moment où il allait basculer et changer d’avis me concernant. Ca manqua d’arriver quand je le laissais un jour se débrouiller avec trois rôdeurs, sans chercher à tirer pour l’épauler. Il me plaqua contre le mur, avant d’encastrer son poing dedans, juste à côté de ma tête. J’avais fermé les yeux et m’étais recroquevillée sur moi-même, mais l’ouragan était passé. Je ne comprenais pas à quoi il pensait, ce qu’il attendait de moi exactement, et ça tournait sans arrêt dans ma tête. Je fis l’erreur un jour de vouloir ouvrir la boîte de Pandore, pendant son absence, pour fouiller un peu sur son passé. Je n’avais pas été assez prudente pour qu’il ne le remarque pas, et le coup partit sans prévenir à son retour. Je manquai de tomber à la renverse, le nez en sang. J’avais dégainé mon couteau, m’attendant à me faire ruer de coups, mais il s’arrêta net à sa vue.

Les jours suivants furent étranges. Je me tendais à sa seule approche, et pour une fois, ce fut lui qui prit la parole. Il me proposa de rejoindre un autre groupe de survivants, que ce serait mieux, en mentionnant le nom de Yulia. Je le regardais sans bien comprendre pourquoi ce revirement, mais me surpris à accepter, même si je risquais de devoir composer avec Valérian. A la réflexion, ce serait un moindre mal. J’avais toujours peur des autres, de ce qu’ils pouvaient me faire… Mais c’était aussi le cas avec Joaquin. Pourtant, j’avais besoin de lui pour survivre. Il avait raison, on ne pourrait pas continuer indéfiniment comme ça. Alors on s’était mis en route pour le no man’s land, pour une nouvelle vie.


Les journées-type n’existent pas réellement, mais je cherche au maximum à ne rien laisser au hasard, car c’est là la clef de la survie. Joa et moi nous levons généralement aux aurores pour pouvoir organiser notre journée au mieux. La première heure est toujours consacrée à la revue de l’équipement, pour ne pas que mon fusil me lâche au mauvais moment, ou qu’un accroc donne une prise malvenue à des rôdeurs pour m’attraper. On s’en charge toujours à deux, car deux paires d’yeux valent mieux qu’une, et qu’il a l'air aussi à l'aise que moi dans cette routine matinale.

Depuis bientôt un an et demi maintenant, je m'adonne au troc et sais exactement où me renseigner et auprès de qui. Ces derniers mois, Joaquin m'a permis d’étendre mon réseau avec le sien et on va toujours par deux. Je reste constamment dans le champ de vision de Joaquin, à rôder dans son ombre, assurée de cette façon de ne jamais être prise à partie sans qu’il n’intervienne. Je consacre donc le reste de ma matinée à évaluer la demande et nos chances de réussite pour choisir au mieux. C’est souvent l’occasion de notre plus long échange de la journée, lors du seul repas de la journée, et sans doute le seul où nous parvenons à nous mettre d’accord sans trop de heurts. Je mange affreusement peu, ce qui me laisse l'occasion de plus parler.

Je suis plutôt partisane du moindre risque pour empocher les plus belles récompenses, si bien que je choisis savamment le lieu et le moment. Si je pense avoir plus de chances de trouver ce que je convoite dans des caches encore inexplorées par mes soins, je vais consacrer le reste de ma journée à faire du repérage, dessiner des plans des quartiers concernés et prendre des annotations sur les mouvements des rôdeurs, mais aussi des factions adverses. Pour ce faire, je compte uniquement sur ma discrétion et mon sens de l'observation. Joaquin me quitte généralement à ce moment-là, quand j'établis mes plans, souvent perchée sur l’un des toits des hauts bâtiments de Seattle, et part explorer quelques maisons ou appartements de son côté. On finit toujours par se retrouver assez aisément, et bien souvent, il revient sans que je n'ai bougé de là où j'étais.

Il peut se passer plusieurs jours avant que je ne prenne la décision de passer à l’assaut, bien préparée, à midi quand il s’agit de s’en prendre aux rôdeurs et avant l’aube, à la grâce de la nuit à peine éclaircie, quand je compte piller d’autres survivants. L’éthique ne rentre pas en ligne de compte dans nos choix faits, pour aucun de nous deux. Si c’est plus simple de se confronter aux rôdeurs, nous choisirons cette solution. Joaquin ouvrira alors la marche, et je le couvrirais. Si c’est plus simple de tuer, on ne lésinera pas sur les moyens, même si je privilégierais la discrétion en partant toujours en première, avec cette fois Joaquin en couverture. Dans les deux cas, je m'assure toujours plusieurs voies de replis prévues à l’avance, et m’adonne bien souvent à quelques diversions. Attirer les rôdeurs sur un groupe armé pour se glisser furtivement pendant qu’ils sont occupés reste l’une de mes approches favorites. Ce qui compte, c’est le résultat. Et on s'assure de toujours l’avoir.

On rentre peu de temps avant que la nuit tombe, pour ne prendre aucun risque avec les rôdeurs, dans l’une de mes cachettes, rarement la même deux fois de suite. Je m'assure que les pièges placés n’ont pas été déjoués et que personne n’est venu, puis je consacre le reste de ma soirée à me divertir. Je dessine, lis ou me documente. Je parle, surtout. Et si Joaquin n’est pas disposé à m’écouter, parler seule ne me pose aucun problème. Les morts, eux, sont toujours prêts à tendre l’oreille.


time to met the devil

• Pseudo (sur internet) : Naolith
• Âge irl : 31 ans
• Présence : 5/7
• Personnage : Inventé [X] / scénario/prédef [ ]
• Comment avez-vous découvert le forum ? Nolan m’a proposée de jouer des connards. Bizarrement ça me tentait bien.
• Qu'est-ce qui vous a convaincu de vous inscrire ? J’aime bien les forums post-apo. Il paraît qu’il y a de l’action ici, et que l’accueil est chaleureux !
• Voulez-vous un parrain pour vous aider sur le forum Oui [ ] / Non [X]
• Crédits (avatar et gifs) Angie

• Code du règlement Code validé par Selene


fiche (c) langouste.
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Re: Ruby Finley

Jeu 2 Jan 2020 - 22:14

Bienvenue Ruby!
Amuse toi bien ici!


Inachevés
La médiocrité commence là où les passions meurent. C'est bête mais j'ai besoin de cette merde pour sentir battre mon cœur. J'ai tellement misé sur mes faiblesses et mes failles, j'mérite une médaille au final j'ai fait qu'briller par mes absences.
Levi M. Amsalem
Levi M. Amsalem
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Re: Ruby Finley

Jeu 2 Jan 2020 - 22:23

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii :Jaden:
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Re: Ruby Finley

Jeu 2 Jan 2020 - 22:29

Bienvenue par ici ! Ruby Finley 2736068674
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Re: Ruby Finley

Jeu 2 Jan 2020 - 22:30

Bienvenue vous :smile30:
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Re: Ruby Finley

Jeu 2 Jan 2020 - 22:30

Han ça fait bizzaaaaaaarre :'(

(Je jouais Chloe G Moretz ici y'a encore pas longtemps ahah);

Bienvenue à toi 14è copine de Nolan :MisterGreen:



bienvenue sur le forum !

Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :

1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours. Un délai supplémentaire peut être accordé par un membre du staff sur demande.

2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.

3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.

4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire !  Si tu choisis d'intégrer le groupe des Travelers, il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.

5 – Si tu comptes jouer un Remnants et que ton personnage est intégré au camp avant juillet 2019 dans son histoire, il se peut que celui-ci ait été vacciné contre le virus qui transforme en rôdeur. Pour savoir si c'est le cas, rendez-vous ici.

6 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.

7 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.



Bonne rédaction !


N'hésite pas si tu as des questions Wink
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Re: Ruby Finley

Jeu 2 Jan 2020 - 22:37

Bienvenue par ici Ruby, courage pour la rédac' ! Jouer les connards c'est toujours hautement distrayant  Cool bon choix !
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Re: Ruby Finley

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