Every Rose has its Thorn

Dim 25 Nov 2018 - 21:34


Raina Solotell me more about you

prénom(s) : Raina
nom : Solo
date de naissance : 7 juillet 1974
âge : 46 ans

ville de naissance : sur une route vers Castle Rock
métier : Cavalière de spectacle, dans une troupe itinérante
groupe : Travelers - màj 2020 : The Haven

avatar : Zoe Saldana

what i am

qualites
Intuitive
Sensuelle
Empathique
Tactile
Autonome
Patiente
defaults
Méfiante
Asociale
Sauvage
Autoritaire
Méprisante
Equipement :
Elle apprit également à se servir d’une arme à feu, grâce à quelques rencontres bienheureuses, elle est précise et rapide, mais pas totalement à l’aise avec ce moyen de tuer. Mais si Raina est une femme de contact, elle sait que ses meilleures chances sont les armes à distance, à cause de son gabarit. Aussi possède-t-elle un arc à flèches, récupéré de sa troupe de spectacle d’origine. Ces arcs étaient utilisés lors de démonstrations de tir à l’arc à cheval, et avant que son groupe ne sombre, elle en récupéra un, ainsi que des flèches – qu’elle dû apprendre à renouveler sur le terrain. Elle possède également un petit couteau de chasse, ramassé sur un cadavre lors d’une rencontre malheureuse, elle. Lors d’une descente dans une cavalerie policière, elle récupéra un Glock et un protège-dos de cavalier – non pare-balle, malheureusement. Mais pas seulement.

Depuis le début de l’épidémie, Raina est accompagnée de son étalon de spectacle ; Hypérion. C’est un cheval Barbe, noir, de dix ans à ce jour. Une race ancienne originaire d’Afrique du Nord et associé aux conquêtes musulmanes du VII ème siècle, connu pour leur grande résistance et leur rusticité. Ce fut pour lui, principalement, qu’elle entreprit la périlleuse descente dans cette cavalerie, afin de lui ramener un équipement suffisant pour le protéger du monde extérieur. Elle récupère ainsi pour lui, un collier de chasse anti-émeute, ainsi que des protections renforcées pour les jambes de son compagnon.

Equipement d'Hypérion:
     
Details physiques :
Le corps sculpté comme celui d’une danseuse, le port de tête haut et l’allure féline, c’est un poids plume qui vous fait face à ce jour. Les années de pratiques de voltige, la vie de nomade et ses revers ont formé chez elle une musculature tout en finesse, ainsi qu’une souplesse de corps qui ferait pâlir de jalousie certaines quadragénaires. C’est toute une vie de spectacle qui aura donné à Raina ce corps et toute cette discipline pour l’entretenir. Encore aujourd’hui, les exercices et les étirements font légions, afin d’éviter d’être un jour trahi par cette enveloppe charnelle qui n’est qu’humaine après tout. Et vieillissante.

Un mètre septante et cinquante-deux kilos, voilà une balance peu équilibrée. Mais déjà dans son ancienne vie, Raina n’était pas bien épaisse. La survie et le rationnement auront brûlé les maigres réserves qu’elle pouvait avoir à l’époque. Ce qui signifie aussi qu’elle ne fait pas partie des combattantes qui misent sur leur force, mais sur leur finesse et leur rapidité. Par son ancienne vie de route, elle a appris à maîtriser l’art de l’auto-défense, et aura appris au contact rude du nouveau monde en chaos, les gestes pour riposter, les gestes pour tuer.

Elle apprit également à se servir d’une arme à feu, grâce à quelques rencontres bienheureuses, elle est précise et rapide, mais pas totalement à l’aise avec ce moyen de tuer. Mais si Raina est une femme de contact, elle sait que ses meilleures chances sont les armes à distance, à cause de son gabarit. Aussi possède-t-elle un arc à flèches, récupéré de sa troupe de spectacle d’origine. Ces arcs étaient utilisés lors de démonstrations de tir à l’arc à cheval, et avant que son groupe ne sombre, elle en récupéra un, ainsi que des flèches – qu’elle dû apprendre à renouveler sur le terrain. Elle possède également un petit couteau de chasse, ramassé sur un cadavre lors d’une rencontre malheureuse, elle. Lors d’une descente dans une cavalerie policière, elle récupéra un Glock et un protège-dos de cavalier – non pare-balle, malheureusement. Mais pas seulement.

Psychologie

Fut un temps où le côté sauvage et insaisissable de Raina fascinait. Elle attisait la curiosité et le désir chez l’autre. L’illusion de liberté. Elle donnait l’illusion d’appartenir à un autre monde, quand celui-ci tournait au rythme ennuyeux du métro-boulot-dodo, elle vivait sur les routes et se faisait entendre d’un animal aussi tempétueux que majestueux. Au jour d’aujourd’hui, ce caractère farouche tend à la méfiance, souvent avec raison. Son rapport à l’être humain est toujours un peu compliqué, empreint d’intolérance et d’incompréhension, faisant d’elle un être quelque peu asocial et qui a du mal avec le travail d’équipe. L’expérience de ce nouveau monde lui ayant appris à ne compter que sur elle-même, elle reste méfiante à l’égard d’une main tendue. Ça ne date pas d’hier, déjà avant Raina était considérée comme marginale, avec sa troupe, ils ne sont jamais entrés dans aucun moule de la société dite « normale ». Il n’y avait jamais qu’eux qui comptaient. Eux, contre le reste du monde.

Son rapport à l’animal est bien plus doux et compréhensif qu’avec tout Homme croisant son chemin. Le nouveau monde l’aura rendue encore plus centrée sur elle-même et sur sa propre survie, il est difficile de lui dicter une ligne de conduite, car elle n’écoute personne d’autre qu’elle-même. Raina a d’ailleurs une langue bien tranchée, parfois méprisante. Elle n’est pas foncièrement méchante, tout le contraire, mais sa franchise un peu brute ne fait pas d’elle quelqu’un de très agréable au premier abord. Un autre trait évident dans son caractère est cette autorité naturelle qu’elle dégage, cette confiance, qui rajoute un peu de couleur dans façon de s’exprimer. Raina sait ce qui est bon pour elle, et ce qui est bon à faire, pour toi aussi. Elle a du mal à parler autrement qu’en donnant des ordres et s’agace facilement quand on ne la comprend pas. C’est paradoxal car il ne s’agit pas réellement d’un manque de patience, car Raina sait prendre son temps pour atteindre ses objectifs, mais quand il s’agit d’essayer d’expliquer quelque chose à quelqu’un, elle manque sincèrement de pédagogie et d’indulgence. Elle fait de son mieux – pour les rares personnes qui trouvent grâce à ses yeux – mais les longs discours ne sont pas vraiment son fort.

Depuis son plus jeune âge, Raina a appris à se fier à son intuition. Une réflexion logique ne vaudra jamais autant que ce que son instinct lui dicte. Et si cela consiste à vous couper la langue car celle-ci ne raconte rien de fiable… Elle n’hésitera pas. Attention qu’elle n’est pas foncièrement mauvaise, que du contraire. Si elle peut aider une personne dans le besoin, et que son instinct l’y incite, elle vous tendra la main un sourire maladroit. Raina est bienveillante et bien plus empathique que ses allures de vagabondes suggèrent. C’est un trait important pour quiconque désire comprendre et se faire comprendre des chevaux. Seulement, si elle n’a pas cet air doux des êtres sensibles, c’est uniquement parce que Raina n’est pas un livre ouvert. Seul son compagnon équin, Hypérion, est capable de décoder son attitude et son comportement. Habituée à se débrouiller seule, Raina est une personne autonome et débrouillarde. Personne ne lui a appris à survivre seule, c’est son expérience de vie et la fréquentation de certains groupes et personnes qui lui ont permis de développer des réflexes de survie. C’est également un choix, même si le côté humain en elle s’est déjà attaché à quelques personnes, suffisamment pour faire un bout de chemin avec eux.

Mais au fond d’elle-même, lorsqu’on gratte l’écorce de sa peau et que l’on perce l’armure qui protège son cœur, on peut trouver une femme d’une sensualité empreint de douceur. Sauvage, elle n’en reste pas moins une femme, qui reste sensible à la douceur, aux caresses et aux étreintes. Elle est demandeuse et à la recherche de contact humain. C’est une façon pour elle de communiquer ce que les mots ne peuvent exprimer. Alors elle use d’un regard, d’un geste, d’une caresse, et elle franchit des limites que seul le désir d’intimité peut motiver. Au fond, Raina reste une femme – un peu sauvage, un peu froide et fermée – mais comme on le dit si bien, toute rose a ses épines.




Story of survival

Pre-apocalypse

Tout commence à l’achat de la fermette à Elbe en 1970. La famille Solo et la famille Price décide de s’associer afin de monter un spectacle équestre itinérant. Et les travaux commencèrent. Deux maisons furent aménagées dans une partie de la ferme, ainsi que trois appartements dans une bâtisse à côté. Les deux derniers bâtiments de la ferme furent aménagés en écurie, avec son fenil et en piste couverte pour les futurs entrainements. Les terrains autour – cinq hectares – furent aménagés en prairie pour accueillir des chevaux, ainsi qu’un bout de terrain pour de possibles caravanes ou roulottes. Au début, il n’y avait qu’eux quatre ; Allanon et Mareth Solo, et William et Anne-Lise Price. Deux ans plus tard, les deux familles avaient été rejointes par des artistes équestres venant de différents patelins et ensemble, ils montèrent leur troupe : Tempo d’Eole. Un spectacle itinérant et principalement estivale. Ainsi, ils étaient sur les routes d’Avril à Octobre, avant de retourner à Elbe pour les mois d’hiver, pour se reposer et préparer les numéros pour la saison prochaine. Il était prévu que chaque année ils referaient la même chose, et ce, jusqu’à ce que ça ne marche plus, ou qu’ils n’en veuillent plus. Mais à cette époque, le public avait besoin de rêve et de fantaisie. Tempo d’Eole le leur offrit.  

Les premiers enfants de la troupe furent les jumeaux Price ; Tomas et Bandon, né l’hiver 1972. Et puis, si la route de Castle Rock, alors qu’ils étaient en train de rejoindre la ville pour se poser pour leurs prochaines dates, la caravane d’Allanon se gara sur le bas-côté. Le travail avait commencé. Bien trop tard pour atteindre l’hôpital le plus proche, Mareth accoucha sur le bord de la route d’une adorable  petite fille à la peau sombre, un 7 juillet 1974. Raina. La troupe annula les dates promises pour une semaine, afin de permettre à la famille de se reposer, mais l’enfant n’avait pas dix jours que déjà on la plongeait dans le bain du spectacle. Dans la caravane de son père, trônait une photo du nourrisson, allongé sur le dos d’un cheval, les mains de Mareth l’entourant pour la protéger.

L’enfant grandit dans un univers à part, socialement mais métaphoriquement aussi. Raina était une petite fille à part, qui pourrait lui en vouloir ? Après tout, l’enfant – tout comme les jumeaux Price – fut scolarisée à la maison, ne restant à la ferme que six mois par an avant de sillonner les routes le reste du temps avec ses parents et les autres membres de la troupe. Ils vivaient comme des marginaux, sans entrer dans le moule de citoyens normaux, sans non plus être catalogué de gens du voyage. Ils appartenaient aux deux mondes, et à aucun des deux en même temps. Les seuls enfants qu’elle fréquentait furent Bandon et Tomas, avec qui elle grandit un peu à la dure, comme deux grands-frères le feraient pour leur petite sœur. Une petite sœur à part, qui ne semblait pas grandir comme une princesse mais plutôt… Comme un chat sauvage. En grandissant, cette différence semblait s’accentuer. Petite fille à part, elle n’était jamais plus à l’aise qu’en compagnie des chevaux. Elle pouvait passer des heures dans les praires, ou dans les écuries à les observer et à leur parler. Bien plus qu’à jouer avec les jumeaux. Plus elle grandissait, plus cette part d’elle-même se développait, pour en arriver à une jeune femme qui, plus tard, n’accorderait sa confiance à personne d’autre que les membres de sa troupe.

Les spectacles, elle les commença à l’âge de douze ans, où elle intégra le numéro de voltige des jumeaux Price. Tempo d’Eole était composé de cinq numéros. La voltige, qui vit Raina intégrer le numéro à l’origine composé des jumeaux. Le numéro comportait de nombreuses figures audacieuses, ainsi qu’un brin d’humour en créant un petit scénario clownesque comme fils rouge. Mais il n’y avait pas que ça, le spectacle se composait d’un pas de deux, une reprise de dressage en miroir, ainsi qu’un numéro de danse chevaux et humains, avec des démonstrations de passage de feu. Il y avait aussi une démonstration de tir à l’arc à cheval, dans une ambiance un peu indienne.  Avant de terminer par une reprise avec toute la troupe et tous les chevaux de Tempo d’Eole. Elle se souviendra toujours de sa première représentation. De l’adrénaline qui courait dans ses veines, de son corps tendu par l’attente que le rideau se lève. Et puis cette sensation, une fois sur le dos du cheval, que rien d’autre n’existait si ce n’est que l’animal, elle et les deux garçons avec elle. Une sensation inoubliable, et la terrible envie de recommencer le lendemain.

L’entrainement de voltige était plutôt rigoureux et strict. La discipline est plutôt exigeante, exigeant d’elle de la souplesse, une musculature fine et une rigueur à toute épreuve. Chaque geste était calculé, un faux mouvement et la blessure était facile. Raina s’entrainait dur, si pas à cheval, elle pratiquait le Pilate, courait beaucoup pour entretenir son cardio, mais pas seulement. Ils étaient une petite communauté, aussi elle eut la chance d’apprendre d’autres choses. Raina suivait des cours d’équitation dites éthologique, elle toucha également au tir à l’arc – à pied ou à cheval. Les anecdotes étaient nombreuses, alors que certains jours, ils leur prenaient l’envie de se mesurer les uns aux autres dans des compétitions bons enfants. Ces petits jeux en famille devinrent au fil des années une tradition lors de leurs déplacements estivaux. Et Raina devint une challenger redoutable.

Mais Raina n’était pas qu’une artiste, elle était également une femme. Toute sa vie, Raina continua d’entretenir des relations à l’autre particulière. Elle connut sa première fois à ses 17 ans, avec l’un des jumeaux, Tomas. Il était tard, la salle avait été comble ce soir-là. Leur numéro avait valu les félicitations de leurs parents respectifs, et l’euphorie, la retombée d’adrénaline – et quelques bières chipées dans la réserve des parents aidant, Raina se lança en embrassant Tomas. Nul besoin de lui demander, ce soir-là, Raina avait décidé que ce serait Le soir, et que ce serait lui. Elle avait grandi avec lui comme une sœur, mais force était de constater qu’ils n’étaient plus des enfants. Les deux jeunes formaient alors un couple plutôt libre, voire un peu échangiste. Complices dans la vie, comme pour la nuit, il leur arrivait de sortir s’intégrer à des soirées étudiantes dans les différentes villes où ils s’arrêtaient, et s’utilisaient l’un l’autre pour finir la soirée avec quelqu’un d’autre. Tous les deux libres et inclassables. Cela lui suffisait, et lui aussi. Et jusqu’à la fin, il en fut ainsi.

Mais les rencontres les plus puissantes qu’elle fit n’étaient pas humaines. Mais équines. L’année 1992 marqua sa première rencontre qui bouleversa son rapport au cheval, et l’idée qu’elle appartenait plus définitivement à leur monde plutôt qu’au sien s’ancra encore plus profondément dans son crâne. Parce qu’avec eux, il n’y avait ni mensonge ni hypocrisie. Juste soi, en face d’un animal noble et bienveillant, pourtant capable de vous tuer si l’envie leur en prenant. Icare fut son premier cheval. Un hongre blanc de quatre ans, typé ibérique. Il était un cadeau de son père qui désirait voir sa fille avoir son propre numéro dans la troupe puisque lui-même s’était retiré de la scène pour orchestrer le spectacle comme un Monsieur Royal – ou un Maître de Cérémonie comme il aimait le dire. L’animal avait déjà quelques bases en spectacle et pendant trois ans, Raina apprit à communiquer avec lui, en créant, sur base de l’alchimie et de la confiance qu’ils se portaient l’un l’autre, un numéro en liberté empreint d’une certaine noblesse et de magie. Il y eut quelques couacs au début, c’est bien normal, mais Icare se révéla être un compagnon patient et indulgent pour la jeune femme qui apprenait encore la patience de bien se faire comprendre. A son contact, elle apprit la patience, la tolérance et l’importance de pouvoir se remettre en question avant de laisser une quelconque colère ou dépit s’installer. Elle apprit également les tracas d’être responsable d’un aussi noble animal – les blessures, les petites maladies – et l’importance et le savoir-faire de l’entretien des pieds de l’équidé. Etant six mois par an sur les routes, il était primordial qu’elle connaisse les bons gestes à avoir afin de garder les pieds d’Icare en état. Car comme dit si bien le dicton : Pas de pieds, pas de cheval. Au fil des années, leur numéro ensemble évolua, jusqu’au jour où son fidèle compagnon commença à marquer des signes de fatigue. C’est à la fin de la saison de 2007 que Raina décida qu’il était temps de chercher un futur remplaçant à son compagnon équin, il avait 19 ans et bien que le temps et les bons soins de Raina et de sa famille l’avaient bien préservé, il était bon de reconnaitre les signes et de savoir s’arrêter.

Raina prit son temps cette année-là, décidée à laisser son compagnon au repos un an sur deux, elle reprit les entraînements de voltige pour réintégrer le numéro des jumeaux qui avaient bien grandit eux aussi. Sa relation avec Tomas donnait une toute autre dimension au numéro, et ce ne serait pas pour déplaire au public. Ce n’est qu’en octobre 2008, lors d’une foire aux bestiaux, qu’elle le rencontra. Âgé de dix mois, le poulain n’avait pas vraiment fière allure. Une attitude crispée, encore un peu petit pour son âge à cause de la malnutrition qui entravait sa croissance, un regard passablement éteint tant qu’on ne s’approchait pas, mais qui brillait de colère dès qu’un humain osait l’approcher d’un peu trop prêt. Raina le vit au moment où il mordait un passant qui s’était approché d’un peu trop prêt et sans précaution. L’animal se prit un violent coup de cravache sur le nez qui ne sembla calmer le poulain que parce qu’il devait connaitre la violence de cette main qui le battait. Il battit en retraite, non sans mâchonner nerveusement dans son coin. Une charogne… Bon pour l’abattoir, qu’ils disaient. Et pour une bouchée de pain, Raina l’acheta. Elle fut cependant incapable de le ramener elle-même dans le camion, trop farouche, trop imprévisible, c’est le marchand – à coup de cravache – qui le fit embarquer, malgré les protestations de Raina contre ce traitement. Tomas à son côté la retenait par le bras parce qu’il savait, qu’entre les deux, ce n’était pas Raina qui morflerait le plus. Une fois ramené à Elbe, Raina gara le camion dans le paddock même et libéra ce poulain étalon qui n’avait rien connu d’autre que la violence de l’être humain. Ses parents s’inquiétèrent en voyant l’animal débarquer et tester les limites de son enclos. Leur fille avait-elle vraiment fait le bon choix ? Les doutes furent soulevés, bien sûr, mais toute la troupe savait que la trentenaire avait fait son choix et qu’elle l’assumerait jusqu’au bout. Le voyant profiter de ce nouvel espace, ronflant comme un dragon, tapant férocement ses sabots dans le sable, Raina souffla un nom ; Hypérion.

Hypérion se révéla être un cheval Barde, plein papier selon les documents qu’elle reçut par courrier quelques jours plus tard. Peut-être inconsciente, elle décida de le garder étalon, malgré les conseils qui lui disaient qu’il serait peut-être moins farouche une fois castré. Elle voulait conserver ce côté sauvage chez lui, son expressivité, sa prestance. La troupe ne possédant que des hongres, Hypérion ne risquait pas d’être trop distrait, cela ne devrait pas poser trop de problème. Malheureusement, plus elle lui laissait du temps pour se faire à sa nouvelle vie, plus l’étalon s’éloignait. Elle pouvait à peine l’approcher sans qu’il ne devienne agressif envers elle. Alors elle employa les grands moyens. Cette année-là, elle ne partit pas avec la troupe, restant les mois d’été à Elbe avec sa mère et Anne-Lise Price, la mère de Tomas, et la compagne de Bandon – Maryse – à l’écurie. Il était habituel qu’une partie de la troupe reste pour s’occuper du domaine familial. C’était une première pour Raina, mais elle le devait. Hypérion avait besoin d’une éducation qu’elle n’était pas capable de lui offrir en tant qu’humaine. Dans le paddock du poulain trop plein de fougue, elle fit entrer Icare. Il fallut du temps, mais le vieil hongre avait encore sa fougue et son tempérament, suffisamment pour remettre le poulain à sa place et se faire respecter. Raina les laissa s’apprivoiser deux semaines, avant de finalement entrer dans le pré avec eux. Aussitôt, Icare se dirigea vers elle, accompagné d’Hypérion, mais l’étalon finit par dépasser le hongre en chargeant méchamment Raina. Elle ne bougea pas. Parce que d’une foulée, Icare reprit l’avantage et se jeta sur Hypérion pour le remettre à sa place. Puis il se plaça en défense devant Raina. Hypérion chercha une faille, mais quoi qu’il fasse, le hongre le tenait à distance. Raina derrière, ne bougeait pas d’un poil. C’est ainsi que l’éducation d’Hypérion commença. Grâce à Icare. Il fallut du temps mais, avec la patience nécessaire, Raina finit par se faire entendre et respectée par son nouvel étalon. Elle lui apprit à faire confiance, et à se laisser aller. Beaucoup de temps, de patience, et l’influence d’Icare, mais deux ans plus tard, Hypérion se prenait au jeu.

2012 sonna l’année d’un nouveau numéro. Un trio, composé d’Hypérion, Icare et Raina. C’est un nouveau spectacle qui se crée, empreint de liberté et d’humour aussi quand, dans le numéro, Icare se prend au jeu du poulain en retrouvant une deuxième jeunesse, ou au contraire, joue au vieux sage en corrigeant le plus jeune en plein numéro quand il n’est plus assez attentif. Le numéro plait. Le numéro cartonne. Mais Raina sait que la retraite sonne pour Icare quand, en 2014, le hongre termine un numéro avec une boiterie, mettant un terme à leur numéro trois semaines avant la fin de la saison. Raina savait qu’il était temps, son vieil ami avec déjà vingt-six ans, elle avait tiré sur la corde pour l’éducation d’Hypérion, mais c’était fini, elle ne lui en demanderait pas plus. Ils rentrèrent à Elbe pour offrir au cheval blanc une retraite paisible avec les deux autres vieux chevaux de la troupe, et pour préparer l’étalon noir à ses premiers spectacles en solo. Hypérion a alors six ans, il s’est magnifiquement développé et si Raina a su gagner sa confiance, au point de s’en faire un fidèle compagnon, il garda ses allures puissantes, roulant des mécaniques pour son public. Il faisait le show, et les problèmes d’éducations étaient bien loin alors. C’est un numéro en tête à tête, entre Raina et son Cheval-Dragon, sans aucun artifice que sa voix et son langage corporel pour se faire comprendre.

Elle était fière, Raina, si fière. A quarante-et-un ans, elle se sentait comme au début de sa carrière, avec cette même adrénaline et cette excitation alors que son père – toujours vaillant – prononçait son nom au public. Ce n’était pas la fin non, ce n’était qu’un renouveau. Tomas était toujours là, leur relation si particulière à l’époque n’en était que plus forte aujourd’hui. Elle était confiante, et elle avait hâte de voir ce que les prochaines années allaient lui offrir. Si seulement elle avait su.

Post-apocalypse

Octobre 2015, dans la ville de Yakima et le village d’Elbe, Washington.

Hébergés sur l’un des terrains bordant la ville, Tempo d’Eole préparait son départ après quelques dates en ville, avec un spectacle qui vendait du rêve aux habitants. Un article leur avait été consacré dans le quotidien de la ville, juste au-dessus d’un fait divers signalant une agression non explicable d’un SDF envers un jeune qui voulait lui apporter à manger. Pour l’article, une photo avec toute la troupe – Allanon, Mareth Solo, pour l’intendance, William, Tomas et Bandon Price, et leur cheval de voltige, le couple Gentry, Merry et Nathaniel, les sœurs Ava et Marise, la fratrie Torres, Calliopé, Andres et Felipe, et enfin Raina et son étalon noir. Toute la troupe était réunie, visages souriants et confiants. Détournant l’attention des habitants quant aux cas de violence non expliquées de la ville. Tomas, qui s’occupait de la page Facebook de la troupe, fut le premier à parler de ces évènements relatés par les médias un peu partout dans le pays. Drogue ? Intoxication alimentaire ? L’information était détonante, certes, mais elle était loin de les inquiéter. Bientôt, ils rentreraient à Elbe, retrouver leur maison, leurs compagnes et compagnons restés là-bas et quittés depuis de longs mois déjà, c’était tout ce qui comptait alors.

Cependant le phénomène commence à les toucher quand la ville annule leurs dernières dates de spectacle par mesure de précaution. En attendant la suite, la troupe est tenue de rester dans leurs quartiers et de faire attention à eux. C’est avec beaucoup de déception et de frustration qu’ils s’y plient alors. Allanon se veut rassurant, les dernières semaines ont été fructueuses, il suffisait d’attendre le retour des autorités avant de prendre la route pour chez eux, par simple politesse, Allanon préférait partir en bon termes avec les autorités du coin. Pour l’année prochaine.

De leurs caravanes, la troupe assiste à l’arrivée des militaires. Ca n’a rien de normal, ça. C’est l’opinion générale. Raina, observe les camions avec méfiance et se présente avec son père quand une petite milice se déploie pour venir à leur rencontre et leur demander de ne pas quitter la ville. Deux militaires restent dans les parages, autant pour surveiller les allées et venues à Yakima que pour garder un œil sur eux. Si la troupe est d’ordinaire accueillante, devant cet ordre qui leur demande de ne pas quitter la ville, la tension est palpable. Ils ignorent ce qu’il se passe réellement, mais tous sont désireux de pouvoir rentrer voir leurs proches. Cela fait des mois qu’ils sont sur les routes, il est temps. Raina partage cette impatience, mais trouve la paix en compagnie de Tomas et d’Hypérion. Il n’y avait plus qu’à espérer que cela ne durerait pas.

Quand la loi martiale fut déclarée à Yakima, la troupe était presqu’en dehors des barrages, tout le monde était sur les nerfs. Les deux militaires restés dans les parages furent rappelés à l’intérieur de la ville, pour contenir la population et Tempo d’Eole firent monter les chevaux dans les camions et plièrent bagages juste avant que les grands axes ne soient complètement bouchés. Il fallait rentrer à Elbe, et vite. Sur les routes, les 2h20 de trajets devinrent rapidement 4h, mais ils arrivèrent à la ferme sains et saufs. Pour le moment.

Là-bas, l’inquiétude régnait déjà depuis quelques jours. Le village d’Elbe n’était pas bien grand, mais les nouvelles des grandes villes n’étaient pas très bonnes. De nombreuses villes étaient passées sous la loi martiale, et sur les postes de télévision, toujours ce même message rassurant du Président de la République. Ce virus, ou peu importe ce que c’était, inquiétait suffisamment les habitants pour qu’Allanon ouvre les portes de la ferme et invite tout le monde à se rassembler entre les murs du domaine. La ferme de Tempo d’Eole était bordée de hauts murs autour des bâtiments principaux, les prairies se trouvaient tout autour, sur plus de cinq hectares. A cause de la paranoïa générale, Raina et Tomas avaient rentré leur quinze chevaux dans la piste intérieure, à l’abri. Il fallut faire un peu de place, afin d’héberger tout le village, mais la ville ne recensant qu’une trentaine de personnes – dont la moitié vivait déjà à la ferme – il fut aisé d’installer des lits d’appoints dans les différentes maisons et appartements du domaine. Raina n’était pas vraiment à l’aise d’avoir toutes ces personnes, extérieure à sa famille, venir envahir les lieux de la sorte. Mais son père était une personne généreuse, et au vu de l’agitation générale, elle savait que ce qu’il avait fait était juste. C’était pour le bien commun, et ça ne durerait qu’un temps. C’était du moins ce que Tomas lui répétait le soir, quand elle ne trouvait pas le sommeil à cause de cette vie qui grouillait dans cette maison. C’était étrange pour elle, de composer avec autant d’inconnu, elle était finalement plus tendue par eux que par la situation dehors, qui dégénérait au fils des jours. C’est pour ça qu’elle passait la majeure partie de son temps à s’occuper d’Hypérion, Icare et des autres chevaux. Seule leur compagnie, leur quiétude, l’apaisait.

Novembre 2015 à Avril 2016, dans le village d’Elbe, Washington.

Cette situation temporaire prit rapidement de l’ampleur quand Merry et Nathaniel partirent chercher des vivres à Eatonville, revinrent certes, la voiture pleine, mais grièvement blessés. Pris en charge par le médecin du village, Merry expliquait ce qu’ils avaient trouvé en ville ; un chaos généralisé. Quand ils avaient compris que tout le monde se servait sans plus de cérémonie, ils avaient fait pareil. La voiture remplie de conserve de vivres, ils allaient partir quand une bagarre à éclater non loin d’eux. Du moins, c’était ce qu’ils ont cru. Deux femmes s’étaient jetées sur un homme, deux fois plus grand qu’elles, et l’avaient renversé à terre. Le pauvre homme hurlait et ne semblait pas pouvoir se récupérer. Nathaniel avait tenté de s’interposer, mais ce fut Merry qui le tira en arrière quand son compagnon se fit mordre l’avant-bras. Ils ont ensuite couru jusqu’à la voiture avant de revenir à la ferme au plus vite car la blessure – pourtant fraîche – s’infectait et que la fièvre était montée sur la route.

Raina était en train de décharger la voiture, l’esprit perturbé par ces nouvelles, quand des cris retentirent dans l’appartement du rez-de-chaussée qui s’était improvisé infirmerie. Elle et Tomas se regardèrent avant que les cris ne redoublent et ne les alertent. Quelque chose clochait là-bas. Quand ils débarquèrent à l’intérieur, la scène était comme irréelle. Nathaniel – ou du moins, ce qu’il restait de lui – était penché sur le corps de Merry qui agonisait, le corps ouvert secoué par les derniers soubresauts de vie. A côté, Lawrence qui s’occupait des blessures était assis à terre contre un mur, en train de hurler devant ce spectacle et aussi parce que son bras droit était réduit en charpie. Devant l’horreur de la situation, Raina et Tomas rebroussèrent chemin et fermèrent la porte prestement, juste avant que Nathaniel ne s’écrase sur la porte en poussant des grognements monstrueux. A eux deux, ils appelèrent à l’aide en maintenant la porte bloquée. Ils demandèrent de l’aide, Allanon et William arrivèrent avec les fusils de chasse de la maison principale. En trois mots, Raina tenta d’expliquer la situation à l’intérieur, mais la porte commençait à céder. C’était comme si Nathaniel n’était plus tout seul à l’intérieur. Et de fait, il ne l’était plus. Les hommes s’étaient rassemblés devant l’appartement, certains armés, d’autres non. Les femmes avaient ramené les autres en arrière, mais tout le monde regardait. Et ce fut une véritable boucherie. A partir du moment où la porte céda, ce ne fut pas un mais trois de leurs amis qui fonça droit sur eux. Nathaniel, le regard fou, Lawrence avec un bras en moins, et le plus terrible fut de regarder Merry, les entrailles à l’air, foncer sur la personne la plus proche. Il y eut de nombreux coups de feu, de nombreux cris. Et jusqu’à ce que l’un d’entre eux hurla de viser la tête, le chaos ne put être canalisé. Au final, les trois cadavres de Merry, Nathaniel et Lawrence furent arrêté dans leur course mortelle. Mais pas sans dégât. Au sol, une demi-douzaine de personnes agonisait, et deux personnes avaient déjà perdu la vie. Des habitants d’Elbe, pour la plupart, mais il y avait également William parmi les blessés, et Bandon – le frère de Tomas – qui rendit son dernier souffle. Raina n’oubliera jamais le silence qui suivit ce moment. Ni la douleur sur le visage des siens. Ni l’horreur dans leurs regards. Tous sous le choc, ils ne comprenaient pas. Que venait-il de se passer ? D’abord les grandes-villes qui s’agitaient, les militaires à Yakima, puis les médias saturés d’informations faussement rassurantes, puis c’était l’électricité qui avait commencé à faire des siennes. Ils avaient vécu sur les réserves de tout le monde jusqu’ici, et le couple Gentry était rentré avec une voiture pleine mais des nouvelles alarmantes. Au vu du désastre de la cour de la ferme, c’était un euphémisme. Leur retour venait de les confronter à ce qu’il se passait réellement dehors. Mais ce n’était rien encore, face à l’évidence qui se profilait devant eux. Tous les blessés avaient été touchés. Après les avoir tous placés dans l’ancienne infirmerie, les survivants se regroupèrent pour savoir ce qu’il fallait faire. La fièvre s’était installée déjà chez certains. C’est la peur, l’horreur et la paranoïa qui habitait chacun d’eux qui décida de ce qu’il fallait faire. Si une minorité refusait l’évidence, la majorité trancha : il fallait achever tous ceux qui avaient été blessés et mordus par les Gentry revenus à la vie. Raina ne se sentait pas réellement concernée par cette décision, mais elle voyait la douleur et l’horreur dans le regard de son compagnon qui venait de perdre son jumeau. Lui aussi, était incapable de prendre parti. Son père cherchait encore la bienveillance, supporté par sa mère et la veuve Price, mais les autres, tous les autres, prenaient la terrible décision d’achever les blessés, sans plus attendre. Raina restait inerte, choquée et horrifiée, mais au final, ce n’était que la nature de l’homme qui ressortait devant l’inexplicable. Face à l’incompréhension, le danger et la peur, ils redevaient tous des animaux.

Personne ne savait ce que c’était. Personne ne savait comment ça fonctionnait. Mais tout le monde avait peur. Et la peur nous révélait dans nos plus sombres instincts. Parce que toucher la tête avait semblé arrêter ces créatures, il fut décidé que les 7 blessés prendraient une balle dans la tête, et par sécurité, chacun aurait une lame plantée dans le cœur. Raina observa les survivants charger les quelques armes qu’ils possédaient, elle les regardait en sachant pertinemment ce qui allait se passer, mais elle était comme figée, déconnectée. Son père avait posé sa main sur son épaule, l’invitant à rentrer à l’intérieur avant que… Mais elle n’arrivait pas bouger. Sous ses yeux, elle voyait ces gens – inconnus pour la plupart, mais il y avait aussi les frères Torres de la troupe – qui se préparaient à un véritable abattage. Comment était-ce possible ? Tout arriva si vite. La poigne sur son épaule se renforça quand les hommes se rassemblèrent devant la porte, certains étaient là pour tirer, d’autres pour maintenir les blessés. C’était terrifiant. Quand Raina se retourna enfin, trainée à l’intérieur par son père et Tomas, elle ne put ignorer les coups de feu dans son dos, mais surtout les cris glaçants de ces personnes qui ne comprenaient pas ce qui leur arrivait, ou qui au contraire, comprenaient trop bien. Dans le salon de leur maison, c’est dans les bras de sa mère et de son père, déjà bien fatigué par les années, que Raina s’effondra en larmes devant ce qu’il se passait juste à côté. Cette soirée marquerait à jamais leurs esprits. A tous. Le jour où le monde – leur monde – bascula pour ne jamais plus redevenir comme avant.

L’hiver fut rude cette année-là, plus que d’habitude, et c’est la santé des plus âgés qui en pâtit. Mareth tomba malade en décembre, et, faute de moyen et de médicaments plus efficaces que les remèdes naturels qu’ils pouvaient fabriquer avec leurs propres moyens, la santé de sa mère se détériora. Mais pas seulement. Icare, le doyen des chevaux semblait s’éteindre en même temps que Mareth. Et c’était le cœur de Raina qui saignait. Son compagnon s’éteignit sur ses genoux un soir de Janvier. Et quelques jours plus tard, ce fut sa mère qui rendit son dernier soupir. Raina était inconsolable. Il n’y avait que la présence de son père qu’elle pouvait tolérer, parce qu’ils partageaient la même douleur.

Mais la mort d’Icare souleva une nouvelle tension ; la nourriture. La mort du vieux cheval déchaîna quelques tensions. Sa viande était malade et donc, inutilisable mais… Le reste. Raina tenta, vainement, de dire non. De s’opposer à ce qu’ils voulaient, mais il fallait qu’elle se rende à l’évidence : rien ne serait plus jamais pareil. Ils avaient encore quatorze chevaux. S’il était utile d’en garder quelques-uns pour les déplacements, il suffirait d’un ou deux pour tenir tout le monde à l’abri de la faim pour l’hiver. L’idée la glaçait et pourtant, ils avaient faim. Tous. Et il fut décidé que les deux chevaux des Gentry seraient – chacun à leur tour – leur pitance pour l’hiver.

Ce premier hiver fut une succession d’horreur et de douleur. C’était comme se réveiller chaque matin dans un cauchemar sans fin. L’hiver emporta deux autres personnes, une jeune femme trop fragile, et une personne âgée. Ces morts étaient surveillées avec inquiétude, car – la mort de Mareth l’avait révélé – les personnes décédées de mort naturelle se réveillaient aussi. Mareth s’était « réveillée » une heure après son dernier souffle, et ce fut son père qui l’acheva. Raina se souviendra à jamais du corps de sa mère, sans vie, qui se redressait en grondant. Si son père n’était pas arrivé avec la machette qu’il avait à sa ceinture depuis le fameux soir où Nathaniel et Merry étaient rentrés, Raina ne serait peut-être plus de ce monde alors. Qu’il y a-t-il de plus traumatisant que de voir son père contraint d’achever sa mère déjà morte sous ses yeux ? Quoi qu’il en soit, chaque mort fut une expérience en plus pour comprendre ce qui leur arrivait. Dehors, les sorties étaient également un parcours du combattant. Mais ils s’organisaient, peu à peu. Raina eut l’occasion de reprendre le tir à l’arc, pour chasser dans les campagnes autour, elle apprit à économiser les flèches et aussi, grâce aux frères Torres – qui avant se chargeaient du numéro de tir à l’arc à cheval – à en fabriquer d’autres avec les moyens du bord. Les chevaux étaient utilisés pour les sorties plus longues – plus discret que les voitures, plus rapides que les expéditions pédestres et capable de porter plus que leurs frêles épaules. Cet hiver leur appris tous la survie, la chasse, les premiers soins, grâce au savoir et au partage des quinze personnes qui restaient encore en vie, à l’aube de ce mois d’Avril 2016. Mais la ferme de Tempo d’Eole ne pouvait pas rester indéfiniment leur petit coin de paradis, dans ce monde devenu trop sombre. Un jour, le vent tourna.
Avril 2016 à Décembre 2018, sur les routes.

C’était le 10 avril 2016, Raina était sortie en compagnie de Tomas. Cela faisait déjà deux jours qu’ils étaient parti avec les chevaux – Hypérion et Figaro – à la recherche de vivres et de matériel médical. Chacun d’eux étaient équipés pour cette expédition ; les chevaux portaient chacun des protections, un couvre-rein pour le froid, les selles étaient équipées sacoches qu’ils avaient remplie, tous deux étaient armés de leurs arcs et leurs couteaux de survie – récupérés pendant l’hiver lors de leurs sorties – et portait un gilet de protection de cavalier. Ils étaient équipés, mais ils étaient aussi tous fatigués par la route. L’expédition les avait confrontés à des morts surtout, ils avaient fait de leur mieux pour éviter de croiser des vivants. Ils n’étaient plus très loin, la ferme était en vue quand ils aperçurent un nuage de fumée noire venait des hauts murs. Alarmés, ils avancèrent, jusqu’à ce que Tomas lui dise de s’arrêter. Les coups de feux résonnaient encore, la porte principale avait été enfoncée, et de leur poste d’observation, ils pouvaient entendre les cris des gens, mais aussi celle des chevaux. Les leur commençaient d’ailleurs à s’agiter, Hypérion, rendu nerveux par les cris et l’odeur du feu trépignait sur place. La ferme de Tempo d’Eole était prise d’assaut par des pilleurs. Il n’y avait plus rien à faire. Son père était encore à l’intérieur, mais elle ne pouvait plus rien. La mort dans l’âme, elle finit par écouter Tomas qui derrière, lui hurlait de fuir. Elle avait l’impression de l’entendre comme un écho. Toute sa vie était là-bas, ainsi que son père. Elle devait tout laisser derrière, elle n’avait aucun autre choix. Ce fut finalement Hypérion qui décida pour elle de faire demi-tour, le mors aux dents, l’étalon fit demi-tour et parti ventre à terre en s’enfonçant dans les campagnes alentours, suivit par Tomas et Figaro. L’amazone regardait droit devant elle, le visage glacé par les larmes qui roulaient sur ses joues. Elle abandonnait tout, il n’y aurait pas de retour en arrière… Plus jamais.

Plus rien ne serait jamais plus pareil, aucun endroit – maison, cabane, grange – ne serait sûr pour eux désormais. Ils choisirent d’éviter les villes et commencèrent par border le Parc National du Mont Rainier. Ils y trouvèrent un meilleur refuge que dans les villes. Ils sont tout doucement remontés vers le Nord, ne serait-ce que pour choisir une direction à suivre. Et ils continuaient à éviter les vivants autant que possible, ne comptant jamais que sur eux-mêmes. Sur la route, devant le danger, l’instinct primaire reprenait le dessus, pas seulement pour eux, mais pour les chevaux aussi. Beaucoup plus alertes, ils devinrent rapidement des alliés quand ils flairaient que quelque chose n’allaient pas. Avec leurs sens, ils entendaient les morts de loin, et leur instinct leur soufflait les chemins à ne pas prendre. Après tant d’années passées auprès des chevaux, Raina et Tomas n’étaient pas assez idiots pour ne pas les écouter. Ils avançaient au rythme des chevaux, en leur faisant confiance sur les chemins à emprunter. Hypérion menait toujours la marche – étalon fier menant son « cheptel » – le cheval devenait au fur et à mesure, plus qu’une simple monture, mais un véritable allié.  

Elle perdit Tomas l’automne 2016, alors qu’ils s’étaient rapprochés de la ville de Graham, au Sud de Tacoma. Ils avaient quitté les bois pour essayer de trouver de quoi tenir bon avec l’hiver qui approchait : des couvertures pour eux, peut-être pour les chevaux, et toute sorte de matériel qui pourrait éventuellement les aider à mieux tenir en plein hiver. C’est à Graham qu’ils trouvèrent la cavalerie de la police de la ville. A l’intérieur, ils trouvèrent deux couvertures imperméables pour les chevaux, ainsi que des protections anti-émeutes pour leurs compagnons équins. Pas d’armes. L’endroit avait été saccagé par les pilleurs, mais le matériel équestre ne semblait pas les avoir intéressés, heureusement pour eux. Mais les lieux n’étaient pas totalement vides. En les quittant, un coup de feu résonna et les chevaux décollèrent, foncèrent droit devant. Un deuxième coup de feu et le cheval de Tomas s’effondra. Le temps de s’en rendre compte, d’arrêter Hypérion et d’amorcer un demi-tour, les pilleurs étaient sortis de leurs cachettes, ainsi que les morts qu’ils avaient réveillés. Elle ne pouvait pas y retourner. Les morts n’étaient pas nombreux, ça non. D’ailleurs les autres s’en chargeaient déjà. Mais ils étaient tous armés, et trop nombreux. Déjà, un nouveau coup de feu lui érafla le bras, et Raina laissa Hypérion filer, ventre à terre à travers les maisons et les jardins. Elle ne sait combien de temps elle galopa ainsi, elle laissa Hypérion choisir sa route et ne s’arrêta que parce que l’étalon commençait à fatiguer. Ils étaient loin, loin de ce commissariat, loin de Tomas qu’elle avait laissé derrière. Elle ne saurait jamais s’il avait survécu, s’il avait réussi à s’enfuir et à se cacher… S’il était mort. Et longtemps après, son esprit le hantera, tout comme l’image de sa ferme qui brûlait, avec son père à l’intérieur. Elle ne saura jamais.

Il n’y avait plus qu’elle et Hypérion désormais. A eux deux, ils survécurent à l’hiver, remontant peu à peu les petites villes, passant par les jardins, ne choisissant que les endroits fermés pour se reposer quelques heures, avant de reprendre la route. Toujours en marche, ne jamais s’arrêter. C’était tout ce qui la maintenait en vie ; avancer. Elle mangeait de ce qu’elle pouvait trouver, ou chasser, et laissait Hypérion se repaitre de la végétation qui prenait doucement l’ascendant sur le béton et les pierres. Attentive à chaque blessures, faisant attention aux pieds de son cheval, ils n’étaient plus qu’eux deux, et il était sa seule raison de se battre encore. Avec lui, elle se sentait plus forte, plus confiante. Elle ignorait ce qui leur arriverait plus loin, mais peu importe. Tant qu’il y avait encore de la vie en eux, il y avait de l’espoir.

Elle rencontra Neil en Mars 2017, cela faisait des mois qu’elle n’avait plus parlé à un vivant. Affamés tous les deux, elle avait remarqué que l’homme la suivait depuis un moment, Hypérion piaffait et soufflait de nervosité. Mais quand elle se retourna, et qu’elle posa son regard sur lui – il avait les mains levées, en signe de non agressivité – elle choisit de l’inviter dans sa recherche de nourriture. C’est comme ça qu’ils nouèrent leur amitié. Rouillée dans les dialogues, Raina n’était pas très loquace, mais cela ne semblait pas déranger son nouveau compagnon de route. Que du contraire. Au final, cette rencontre découla sur une année à parcourir les routes ensemble. Ils apprirent à se connaitre, à se comprendre un peu, à s’apprivoiser. Jusqu’à trouver certaines nuits trop froides pour ne pas se rapprocher un peu. Il lui apprit également à mieux se servir de l'arme que lui avait donné son père à l'époque. Elle avait vaguement apprit à s'en servir, mais, plus familière de l'arc, elle possédait quelques lacunes que l'homme combla avec rigueur. Elle l’aimait bien Neil, il n’était pas Tomas. Il n’était pas sa famille. Mais quand une horde les sépara au printemps 2018, elle le regretta. Encore une personne qu’elle laissait derrière pour sauver sa peau, et celle d’Hypérion. Elle avait beau se dire qu’il fallait ne penser qu’à elle, la nuit, les fantômes de son passé venaient la troubler. Elle espérait que Neil avait survécu. Comme elle aurait bien aimé croire que Tomas aussi.

Après avoir sillonné Seattle avec Neil, elle redescendit vers Tacoma et reprit ses errances en solitaire. Contrairement à lui, elle n’avait plus personne à chercher, aucun endroit vers lequel aller. Mais tant que la volonté de vivre les habitait, elle et son cheval, elle continuait d’avancer, évitant les vivants autant que possible, se défendant des morts avec rage. Rejoignant les zones boisées l’été, avant de se rapprocher à nouveau des villes, à l’approche de l’hiver, afin de récupérer de quoi survivre à l’hiver qui approchait dangereusement.

En ce début de décembre, Raina n’avait aucun autre espoir que de survivre à ce jour, et au jour d’après. Et ce, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune raison d’espérer…

time to met the devil

• Pseudo (sur internet) : Eulalove
• Âge irl : 27 y.o
• Présence : quotidienne
• Personnage : Inventé [X ] / scénario/prédef [ ]
• Comment avez-vous découvert le forum ? tss
• Qu'est-ce qui vous a convaincu de vous inscrire ? pff
• Voulez-vous un parrain pour vous aider sur le forum Oui [ ] / Non [ X]
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• Code du règlement Code validé--Shun

fiche (c) langouste.
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Re: Every Rose has its Thorn

Dim 25 Nov 2018 - 21:37

OUIIIIIIIIII ! :smile42: :smile42: :smile42:

Re-bienvenue !!!! Every Rose has its Thorn 1442386177
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Re: Every Rose has its Thorn

Dim 25 Nov 2018 - 21:39

Viens-là mon bichon :smile14:
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Re: Every Rose has its Thorn

Dim 25 Nov 2018 - 21:40

Rebienvenue ! Very Happy
Amuse-toi bien avec Raina et Zoe est :smile52:




Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
Yulia Iojov
Yulia Iojov
The Exiles | Bras Droit
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Re: Every Rose has its Thorn

Dim 25 Nov 2018 - 21:44



bienvenue sur le forum !

Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :

1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours. Un délai supplémentaire peut être accordé par un membre du staff sur demande.

2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.

3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.

4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire !  Si tu choisis d'intégrer le groupe des Travelers, il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.

5 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.

6 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.

Bonne rédaction !


Bon je suis juste obligé tu me pardonnes ? :111:
Every Rose has its Thorn Giphy

Re à toi, fais nous une super fiche comme d'hab !!!! Every Rose has its Thorn 1342238320
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Re: Every Rose has its Thorn

Dim 25 Nov 2018 - 21:45

Julian Foster a écrit:Bon je suis juste obligé tu me pardonnes ? :111:
Every Rose has its Thorn Giphy


J'te pardonne car ... c'était voulu :MisterGreen: Every Rose has its Thorn 1342238320
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Re: Every Rose has its Thorn

Dim 25 Nov 2018 - 21:47

Re-re-bienvenue mademoiselle ! Bonne rédaction et que la force soit avec toi (oui je sais c'était facile et alors hein hein hein)
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Re: Every Rose has its Thorn

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