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It was such a boring day.

Mar 30 Mai 2017 - 17:05


Comme si la journée n'avait pas déjà été suffisamment banale et ennuyante, il fallait encore que cette femme dont il avait oublié le nom vienne l’accoster alors qu'il marchait pour rejoindre la maison où il logeait avec sa jumelle. Sentant les doigts potelés de la soixantenaire sur son poignet, Davis écoutait ses plaintes, l'agacement se lisant de plus en plus sur son visage déjà cerné de fatigue. « C'est vraiment difficile sans mon mari vous savez, Docteur Davis. Il est mort il y a un an et j'ai l'impression que c'était hier, c'est... » Reportant son attention sur Sanders qui passait un peu plus loin, Lawrence avait complètement décroché des explication de la femme dont la poigne le rendait légèrement nerveux ; pourquoi fallait-il toujours qu'ils viennent tous se plaindre chez lui ? Comme s'il avait la tronche de l'emploi. Il ne sourcilla pas au regard blasé que lui lança le jeune bactériologue, conscient qu'il l'avait pourri toute la journée bien que, pour sa part, l'affaire était déjà close. Les gens étaient comme ça, nourrissant une amertume et une rancœur à l'égard de leurs pairs ; ce n'était pas le cas de Davis. L'indifférence était la seule option qu'il connaissait, celle qui s'imposait naturellement, autant parce-qu'il n'avait pas le besoin concret de créer des liens, que pas l'envie de s'encombrer d'une quelconque haine.

Quand enfin la soixantenaire eu terminé son charabia, secouant un peu son poignet comme pour reporter son attention sur elle, Lawrence darda son regard clair dans le sien. Un regard où se lisait clairement l'agacement et un certaine impatience à reprendre sa route. Voyant que la femme grisonnante s’apprêtait à reprendre la parole, Davis para sa tentative en répondant à son tour. « Écoutez madame... » « Loper » « Loper, vous ne pensez pas qu'il y a des problèmes plus importants que la simple perte de votre époux ? Vous n'êtes pas la seule dans ce cas et, excusez-moi, mais j'ai des choses plus sérieuses à prendre en considération. » Machinalement, la femme avait lâché le poignet du brun, le fixant de ses petits yeux ronds, lèvres légèrement entrouvertes sous l'ébahissement. Libre de toute emprise, le virologue se décala sur la droite, contournant ainsi Loper pour rejoindre sa maison d'un pas lent. Il sentait le mal de crâne arriver, à force d'entendre piailler trop de monde autour de lui, et le besoin de calme se fit d'un seul coup ressentir.

Calme ? Ou pas. À peine Lawrence eut-il mis les pieds dans la maison qu'Amanda déboula du salon pour lui raconter sa journée, sa discussion avec monsieur Robinson et son exploration du coin avec les enfants d'un couple qui vivait là. Passionnant. Généralissime. Soupirant en récupérant une tasse de café froid dans la cuisine, le virologue se tourna vers sa sœur. « T'as vraiment l'intention de tout me raconter là ? » « Bien sûr ! » Et sur ces mots elle avait repris, encore et encore, ne prêtant pas attention aux remarques de son frère ; elle savait pertinemment qu'il pensait chaque mot qui passait la barrière de ses lèvres, mais elle savait aussi que le lendemain, il aurait oublié à quel point elle l'avait matraqué de paroles, ou du moins qu'il serait passé à autre chose et ne s'en formaliserait plus. Lawrence l'écoutait plus attentivement qu'il n'avait écouté la soixantenaire auparavant mais ne s'intéressait pas pour autant à ce qu'elle lui racontait. Après une bonne heure de bavardage, le soleil s'était couché et Amanda était sortie pour passer la soirée avec une amie qu'elle s'était faite au camp, laissant le quarantenaire seul sur le canapé, légèrement somnolant.

Il se réveilla une nouvelle heure plus tard, soupirant d'aise avant de se lever ; un rapide coup d’œil à la montre à gousset qu'il prenait soin de remonter chaque jour, il jugea qu'il n'était pas encore trop tard pour sortir rejoindre la plage. Allant rapidement dans sa chambre pour récupérer sa précieuse herbe, le brun redescendit, joint entre les lèvres, pour sortir de la maison et prendre la direction de la plage. Il contourna les quelques maisons qui l'en séparait, dont celle du sénateur, et alla poser ses fesses que un gros rocher pas trop loin de l'eau ; des militaires montaient encore la garde çà et là mais aucun n'était venu lui demander quoi que ce soit. Sortant son briquet, il se détendit à sa première bouffée et ferma les yeux quelques secondes, calant son coude sur son genoux et son menton dans sa main, profitant du seul son des vagues.
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Re: It was such a boring day.

Sam 3 Juin 2017 - 21:55




Sa position d'épouse du Sénateur lui conférait quelques obligations. Plusieurs fois par semaine, Siobhán était obligée de se balader dans les rues de l'île, allant à la rencontre des habitants afin de faire semblant de se soucier de leurs problèmes insignifiants. L'avocate n'était pas tant hermétique que ça vis à vis leurs soucis. C'était juste que, les trois quart du temps, ce qu'on lui racontait n'avait pas grande importance et que, de part son statut, la brune était obligée d'écouter, de rassurer, de promettre qu'elle en informerait cet homme si exceptionnel aux yeux des habitants à savoir, son mari. Main dans la main avec Nina, elles s'étaient rendues sur la place publique où, en très peu de temps, les plus curieux étaient venus à sa rencontre.

Ces journées étaient sans doute une corvée pour la petite Chambers. Mais elle n'avait guère le choix. Elle aussi avait un rôle. Et bien que cela n'enchante pas spécialement sa mère, la petite Nina devait absolument paraître comme l'enfant parfait. Bien éduquée, intelligente, belle et soignée. Apprendre à sa fille de dix ans comment être parfaitement hypocrite n'était pas quelque chose dont Siobhán aimait se vanter. Alors elle essayait d'accomplir cette tâche le plus rapidement possible afin de la libérer. Elle seule avait à faire autant d'effort. C'était de son rôle de mère que de subir les choses désagréables mais leur permettant à toutes les deux de bénéficier d'un traitement de faveur. Parce que oui, si Siobhán continuait à faire tout cela ce n'était pas pour elle en premier lieu. Nina passait avant toute chose. Évidemment, la brune n'était pas prête à vivre la vie d'un simple civil alors elle le faisait aussi pour elle. Mais tant que sa fille continuait à vivre avec tout ce dont elle avait besoin, Siobhán ferait les efforts nécessaires.

La libération de la jeune fille survint assez rapidement. Son grand père fit son apparition, saluant rigoureusement les personnes avec qui il s'était lié d'amitié. Darrell Kane avait ce talent. Il était capable d'amadouer les plus renfermés, les plus têtus. Il avait un bagout qui faisait de lui un homme excessivement apprécié. Mais cela ne voulait pas dire que lui même appréciait en retour. Venant doucement s'installer aux côtés de sa fille, Darrell n'eut pas le temps de s'adresser à sa petite fille. D'un geste, Siobhán lui avait fait signe  qu'elle pouvait y aller mais qu'elle devait le faire rapidement. Un hochement de tête fut nécessaire pour que la petite soit absolument certaine qu'elle puisse le faire. « Est-ce si désagréable que ça pour elle ? » Les mains croisées dans le dos, Darrell avançait au même rythme que sa fille. « Je ne pense pas qu'elle soit en mesure d'appréhender l'importance des problèmes de ces personnes. » Laissant transparaître toute sa mauvaise humeur, Siobhán laissa pourtant un silence, le temps de se reprendre un peu. « Elle n'a que dix ans. J'imagine que le fait d'avoir perdu ses enfants lui paraisse un peu flou. » Un sourire sur les lèvres, le père hocha doucement la tête d'un air entendu.« C'est important, Siobhán. » Lui rappela-il. « N'oublie pas que c'est moi qui suis venue te chercher concernant Davis et Jensen. » Son ton était devenu extrêmement froid. Elle n'aimait pas spécialement que son père joue le moralisateur. Elle sous entendait bien évidemment que l'idée de l'écran de fumée venait d'elle, et non de lui. Et aussi que si Benjamin se retrouvait là, c'était en grande partie de sa faute. « Mais si tu aimes ça, ne te gêne pas. Mon travail est fait. » Sans autre forme de procès la brune abandonna son père au milieu de la place publique.

Comme tous les dîners, celui-ci fut long et silencieux. Une fois le repas terminé, Siobhán laissa Beatriz se charger de l'endormissement de Nina tandis qu'elle, alla rejoindre la chambre conjugale. Plantée devant sa douche, l'avocate laissa ses vêtements glisser contre sa peau avant d’atterrir à ses pieds. L'instant aurait pu être relaxant si Benjamin n'avait pas décider de venir se pointer pour lui demander des explications sur l'une des décisions que le trio avait pris dernièrement. Une énième dispute éclata dans le couple si bien que Siobhán préféra récupérer ses vêtements pour les remettre. Et même si son époux avait fini par se taire face à ses répliques blessantes, l'avocate avait pris la décision de déserter cette nuit là. Sachant qu'il y avait de grandes chances que le Sénateur cherche à faire la paix sur l'oreiller, la brune préféra quitter la maison malgré les tentatives de Benjamin pour la retenir.

Ses pieds l'emmenèrent jusqu'à la plage qui ne se trouvait qu'à quelques mètres de sa maison. Lorsque le sable se fit sentir sous ses pieds nus, la New-Yorkaise se stoppa. Des militaires effectueraient sans aucun doute leur tour de garde et, en la voyant là, seule, il y avait de grandes chances qu'ils viennent lui demander des explications. Mais alors qu'elle cherchait les hommes de Jensen du regard, ses billes marrons s'arrêtèrent sur une silhouette assise non loin d'elle. Avant de reconnaître de qui il s'agissait, Siobhán reconnu la provenance de l'odeur si particulière de la fumée qui émanait de lui. Doucement, elle se rapprocha jusqu'à être capable de reconnaître Lawrence. « Je crois que j'aurai pu le parier. » Dit elle d'un ton presque las tout en s'installant à côté de lui. Les yeux rivés vers l'eau, elle ne tourna la tête sur lui qu'après plusieurs secondes de silence. « Cependant, je serais incapable de deviner si vous êtes prêteur ou non. » Par là, Siobhán lui faisait clairement comprendre qu'une ou deux bouffées de son joint ne serai pas de refus. « Vous êtes venu chercher le calme vous aussi ? ». Dit elle pour lancer un minimum de discussion.
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