Sa machette fétiche s'était enfoncée sans mal dans le crâne du mort venu s'inviter à la fête... L'problème étant qu'elle resta belle et bien dans la tête et qu'il se retrouva à tirer comme un forcené. Le manche dans la main, un sourcil haussé, il regarda le bois qu'il tenait puis la tête du cadavre fondu en deux. Une grimace de colère assombrit son visage alors qu'il commençait à pester devant les dégâts que venait de causer cet ultime bataille. Adieu arme fétiche. Putain c'pas possible ! Devrait-il donner la faute au basané qui venait d'approcher sa jument de lui ? Surement, surement pas. Il s'en foutait pas mal, le résultat était pareil, il n'avait plus son arme. Il allait devoir se contenter de vulgaire couteau de cuisine, sans aucune classe et aucune particularité. Les machettes étaient loin d'être facile à dégoter... Puis, il la magnait avec tellement de facilité celle-ci, elle avait été légère, la lame avait été précise, elle avait été le prolongement de sa main quoi. Mais bon, c'était du passé, et il allait pas rester là trois heures alors autant donner un bon coup de pied dans la tête du cadavre fautif.

Dit mec, t'as la poisse d'habitude ou t'es plutôt chanceux ? C'est que j'l'aimais comme un dingue cette arme. Soupire d'agacement. Il n'avait rien suivi du reste de la conversation et n'avait aucune idée de ce qui se tramait entre les deux. Ça allait durer combien de temps ? Avec le reste de son mal de crâne de la veille, il avait un peu de mal à rester en place.

Rafael n'était pas au courant de la question du patron, il s'était même pas poser la question si le mec était accompagné ou pas. Il s'en fichait. Il fallait le descendre ou continuer à parler ? Il aimait bien causer, mais c'était pas le moment. Tout en poussant un soupire exaspéré il lâcha simplement : C'est pas que j'ai envie de rentrer, mais j'ai mal au crâne Zack. On peut pas régler ça vite fait ? Histoire qu'ils puissent déjà ramener toutes leurs trouvailles au phare et qu'il puisse retrouver sa cuisine, sa chambre, le reste. Ouais le reste. Vu l'air inquisiteur du patron, il avait l'air bien décider à faire cracher quelque chose au magicien avec la pelle. Le poney n'avait pas l'air très confiant non plus d'ailleurs, ils faisaient une belle paire eux-deux. Zack allait faire quoi, le descendre, continuer de lui poser des questions, l'embarquer ? Déjà qu'il avait même pas eu de réponses pour comprendre d'où ces deux là se connaissaient. Il était de mauvais poil maintenant, avec la machette qu'il venait de perdre et ce puissant mal de crâne qu'il n'arrivait pas tant bien que mal à oublier. Il aurait bien pu demander à qui il avait affaire directement, demander le nom de l'autre, mais tant qu'il savait pas ce que ferait Zack du gars dépouillé, il poserait pas de questions inutiles.

L'agacement commençait peu à peu à se faire ressentir mais Zack ne cillait pas, ne montrait aucun signe de cette impatience. Il avait quoi ce jeune à baisser la tête comme un con plutôt que de répondre simplement à sa question ? Il était devenu muet peut-être depuis toutes ces années ? Quoi qu'il en soit, son regard fuyant était une attitude typique des faibles et avait tendance à franchement excédé l'ancien homme d'affaires qui continuait à darder sur lui un regard froid. Il fronça les sourcils quand le métis s'approcha avec son poney, guettant le moindre signe de danger ; sérieusement, une pelle et un flingue vide comme seules armes, et un cheval. Ce type était une grosse blague à lui tout seul.

Tiré de ses réflexions par le ronchonnement de Rafael, le blond reporta son attention vers lui, remarquant rapidement la lame de sa machette toujours coincée dans le crâne du putride alors qu'il avait toujours le manche dans la main. Ils allaient devoir en trouver une autre, sans doute. Tout en soupirant, le trentenaire laissa courir son regard autour d'eux pour remarquer les silhouettes qui s'approchaient ; il y en avait un certain nombre, pas encore ingérable pour eux deux mais avec les deux jours baignés dans l'alcool qu'ils venaient de passer, et ce mal de crâne qui persistait, il n'avait aucunement envie de s'amuser à perdre ce temps. Rentrer, rassurer les siens, et se reposer. Point.

À la nouvelle remarque de Rafael concernant le fait de reprendre la route, le blond hocha la tête. Il était temps oui, et ils allaient ''régler ça vite fait''. L'espace de quelques secondes, Zack hésité quant au sort de Neil. Allaient-ils le tuer ? Dardant à nouveau son regard clair sur lui, il se rappeler de ce gosse qu'il avait rencontré à la crémaillère de Molly et Chris, tout ce que sa sœur lui avait raconté sur lui ; elle l'aimait bien, même s'il était un vrai fainéant incapable de faire quoi que ce soit seul. Il allait le laisser en vie, pour elle, même si elle n'en saurait jamais rien. Abaissant le canon de son arme sans toutefois le ranger, il attrapa la pelle. « On rentre. » Deux mots, rien de plus, adressés au latino. Se détournant de Neil après un dernier regard, le trentenaire repris sa route. Il n'avait pas l'intention de lui rendre ses ''armes'', ni même de lui donner quoi que ce soit ; qu'il fasse sa vie, qu'il parte, qu'il crève ici des doigts décharnés des putréfiés. Qu'importait.

Recalant son ses épaules son sac qui commençait à sérieusement peser, l'ancien homme d'affaires troqua son Desert Eagle contre son couteau de chasse, plus pratique au cas où ils croiseraient la route de nouveaux morts ; et sûr qu'ils en croiseraient. Hasardant un regard en arrière juste pour s'assurer que Neil ne tentait rien d'idiot, il l'aperçut remonter sur son poney, prêt à déguerpir lui aussi. S'il faisait de son mieux pour ne rien montrer, il était évident que l'agacement comme la colère animaient le fond de son regard ; les souvenirs de sa sœur qui n'était plus, alors que le jeune... Soupirant bruyamment, il reporta son attention sur Rafael, puis plus en avant. « On essayera de te trouver une autre machette, en attendant, tu devras te contenter de ce qu'on a. »

Il devrait se contenter de ce qu'il avait, il l'avait bien compris en regardant avec regret le manche de son arme. Avec un sourcil légèrement arqué, il finit par lui dire : Ouais je sais, je sais. Il était moins sur d'en retrouver une autre. Ce n'était pas les armes les plus évidentes à trouver. Du moins, chacune de leurs opérations ne lui avaient amené aucune arme de ce genre. Ils auraient peut être plus de chance dans une cabane de chasseur qu'en ville c'est sur...

Il prenait les mots de Zack comme une promesse alors que l'homme estimait utile d'embarquer la pelle et le flingue. Pour le deuxième c'était compréhensible, les munitions de l'arme ils en avaient, mais la pelle... On maniait pas ça facilement. Il poussa un léger soupire avant de remonter son sac sur son dos pour suivre le plus âgé. Il était vraiment impatient de pouvoir poser son cul au bercail, la route était encore longue. Rafael chercha pas à comprendre la clémence inattendue de Zack et le suivit sans chercher à discuter. Non seulement parce qu'il s'en foutait, mais aussi parce qu'il voulait rentrer. Il l'avait déjà penser dix fois. Rentrer. Rentrer. Rentrer. Ils étaient bien partis pour repartir et oublier cette rencontre avant qu'une ombre leur barre la route. Il avait posé sa main brusquement sur son arme scellé à la ceinture avant de se rendre compte que c'était la connaissance ou l'ami de Zack sur son cheval blanc. Ils étaient pas encore rentrer tiens... Je crois pas non. À partir du moment où ça passe dans nos mains, c'est à nous. Va falloir t'y faire gars. Un demi sourire s'était étiré sur ses lèvres mais il ne plaisantait pas vraiment. Zack avait jugé bon de prendre ces deux objets, c'était pour d'excellentes raisons. L'homme sur son cheval était tout à coup plein d'assurance, et cela ne ressemblait plus tout à fait au portrait de l'individu regardant le sol avec crainte.

Il a pris de l'assurance ton ami dit donc. Descend du cheval pour voir. Avec un sourire de petit con, il pointa du doigt le sol avec son arme blanche comme pour l'inciter à descendre. Son regard noir se plongea dans celui qui réclamait ses armes.

Ça allait durer longtemps cette histoire. Il jeta un bref regard à son coéquipier, il comptait bien le laisser gérer ça. Après tout, s'il l'avait laissé en vie, c'était pour une raison pas vrai ? Il avait pas l'intention de ruiner les souhaits du blond. Quoiqu'il avait des doutes sur leur relation, dans les prunelles de Zack il n'avait vu aucune joie en le voyant donc... Donc il savait pas trop quoi penser de la relation entre les deux.

Un sac sur le dos, le sac de sport dans la main gauche, et maintenant la pelle du métis dans la main droite, Zack avançait à la même allure rapide que le lui permettaient ses grandes jambes. Il avait hâte de rentrer, de retrouver les siens, et se poser. Le plus jeune devait avoir la même envie au vu de son avancée toute aussi rapide, sans omettre ce mal de crâne qui tiraillait leurs deux cerveaux, les rendant encore plus nerveux que d'habitude. Quoi que, le blond avait jusqu'alors été plus las, mais là, maintenant qu'il était retombé sur Neil, celui qui aurait être de ceux qui étaient morts dès les premiers jours mais qui était encore en vie alors que Molly ne l'était plus, son humeur s'était franchement dégradée. Le visage fermé, l'ancien homme d'affaires avançait donc à vive allure, tâchant au mieux de se concentrer sur sa route en serrant machinalement ses doigts autour du manche de la pelle. Avaient-ils finalement semé la masse de putrides qui s'était amenée ? Probablement. Le métis et son poney avaient dû être une diversion suffisante pour qu'ils partent dans une autre direction, ajouter à cela que même de loin, les fers du cheval étaient plus bruyants que leurs pas sur l'asphalte.

Peut-être avaient-ils marché pendant près de trois minutes qu'à nouveau leur avancée était stoppée. Soupirant d'agacement, le blond darda son regard sur Neil qui leur bloquait la route sur son animal. À quel moment pourraient-ils enfin reprendre pour de bon leur route et rentrer à cette foutue station ? Sans doute auraient-ils mieux fait de rester encore un peu à l'appartement de l'aîné, au moins là-bas ils étaient tranquilles ; pas de mort, pas de mer, pas de petit con pour vous importuner. À la question de Neil, le trentenaire haussa un sourcil. Deux trucs ? « Une balle pour toi et une pour ton poney ? » Ç’aurait peut-être été plus charitable que de les laisser gambader sans armes, pauvres âmes qu'ils étaient. Mais Zack ne faisait pas dans la charité, et non, se foutre de sa tronche ne lui faisait ni chaud ni froid.

Il ne pu s'empêcher de sourire légèrement à la remarque du latino, se disant toutefois que Neil était quand même complètement à côté de la plaque. Tomber sur deux types qui lui prennent tout ce qu'il a, pour finalement les courser en redemandant ses affaires... tout ça parce-qu'ils se sont rencontrés une fois il y a des années de cela ? Lui laisser la vie sauve avait déjà été d'une grande bonté que le blond ne pouvait même pas justifier, mieux valait que son cadet n'en mène pas large s'il voulait que la décision ne devienne pas plus radicale. Secouant la tête, il reporta son attention sur le métis, les sourcils froncés. « Tu nous as suivi juste pour récupérer une pelle et un flingue vide ? Sérieusement ? Tu te rends compte que tu risques d'y laisser ta peau ? » Et autant dire qu'au vu de l'humeur de l'aîné, les risques étaient réels. « Ce serait con quand même, après avoir réussi à survivre jusque là, de crever aussi bêtement. » Une menace ? Sans doute, mais Zack ne parvenait pas à mettre de côté sa colère et le fait que son cadet ait le culot de venir réclamer ses biens de la sorte l'agaçait au plus haut point, mettant également sa maigre patience à rude épreuve.