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One step closer

Dim 26 Mar 2017 - 15:13


Il était tard. Ou peut-être qu’en réalité il était tôt. John n’aurait pas su le dire. La montre qu’il avait au poignet indiquait pourtant l’heure mais les aiguilles du cadran tanguaient légèrement. Comme tout ce qu’il y avait autour de lui à dire vrai. La nuit était en tout cas encore bien noire pour l’instant. Et fraîche. Si l’épais manteau, noir lui aussi, qu’il portait sur le dos était une solution pour conserver sa chaleur corporelle, la bouteille d’alcool qu’il tenait à la main en était une autre. Callaghan n’aurait pas pu expliquer pourquoi il avait eu besoin de boire ce soir-là. Enfin, si, il aurait pu. Chloe. Tout avait un rapport avec CC. Pourtant, il commençait à aller mieux. Il n’oubliait pas, ça non c’était impossible, mais la bête sauvage qu’il y avait en lui s’était calmée. Sa colère ne s’était peut-être pas tue complètement mais elle s’était au moins apaisée. Suffisamment pour que le sergent de première classe se reprenne en main et commence à remonter la pente petit à petit. Il ne buvait presque plus et avait retrouvé le sommeil. Du moins en partie. Il n’allait pas nécessairement bien mais il allait certainement mieux. Oh bien sûr, il connaissait des hauts et des bas, des jours avec et des jours sans. Celui-ci faisait partie des seconds. Les suivants... Le militaire aurait probablement souhaité que non mais il n’était pas vraiment en mesure de le faire. L’anniversaire de sa petite princesse approchait à grand pas. Et plus ils se rapprochaient de la date fatidique, plus John sentait sa douleur grandir et ses idées sombres revenir. S’il déployait davantage d’efforts pour les repousser, ce soir-là il n’avait tout simplement pas pu. Le combat engineer posa son regard aviné sur le goulot de la bouteille et la porta à ses lèvres. Fermant les yeux, sa tête dodelinant, il prit une lampée de whisky et la savoura une seconde avant de l’avaler.

Avec tout le mal qu’il s’était donné pour la trouver, il fallait bien qu’il en profite un peu de cette bouteille. Cela faisait plusieurs jours déjà qu’il avait mis la main dessus. Il l’avait trouvée lors d’une de ses sorties en solitaire, à quelques kilomètres du petit port qui se trouvait derrière le sous-bois en contrebas du camp. Il manquait déjà un bon quart du précieux liquide mais ce n’était pas bien grave en soi. Comme souvent lorsqu’il s’agissait de gnôle, John avait gardé la bouteille pour lui. Égoïste ? D’un certain point de vue, peut-être oui. Il n’hésitait pourtant pas à donner le reste des vivres qu’il trouvait pour le groupe. Le principe était en réalité très simple. L’alcool, c’était un plaisir. Un exutoire dans le cas de Callaghan mais un plaisir tout de même. Ce n’était pas un élément nécessaire à la survie. Il n’avait pas besoin de le partager. Et si quelqu’un voulait s’enivrer, il n’avait qu’à sortir, risquer sa vie et se trouver sa bouteille tout seul comme un grand. Donc oui, John avait gardé la bouteille pour lui et l’avait rangé dans un coin. L’appel de l’alcool n’avait pas été particulièrement fort ce soir-là. Il n’avait pas ressenti le besoin de s’imbiber, c’était juste... Comme ça. Allongé dans le canapé de la maison des Karlson, John n’arrivait simplement pas à fermer l’œil. Il pensait sans cesse à CC. Et plutôt que de ressasser le passé en attendant que la fatigue l’emporte, il avait décidé de mettre à profit son insomnie, de se rhabiller et d’aller boire un coup à la faveur de la nuit. De quoi gommer le visage de sa petite fille de sa mémoire l’espace d’une nuit. Ses pas l’avait naturellement conduit vers la maison la plus isolée du camp, là où il savait qu’aucun importun ne viendrait le déranger. Et il avait bu. Pleuré non. Cela faisait déjà quelques temps que ses glandes lacrymales étaient devenues parfaitement arides.

Callaghan soupira. Frottant ses yeux, il délaissa la bouteille, presque vide, et se redressa avec difficulté. Le sol était instable et mettre un pied devant l’autre s’avéra beaucoup plus difficile qu’en tant normal. Logique quand on est saoul, dira-t-on. Car ça, contrairement à ce que dise tous ceux qui le sont, ça il l’était, saoul. Pas ivre mort non mais bien imbibé oui. Les autres maisons du camp ne tardèrent pas à apparaître dans son champ de vision. Inconsciemment, l’ingénieur de combat laissa derrière lui la maison des Karlson et fit quelques pas de plus pour atteindre celle où logeait Blake. Le John à jeun savait qu’après ce qu’il avait fait, il n’était pas le bienvenu entre ses murs. Le John ivre moins en revanche. C’était ici qu’habitait son épouse. C’était donc ici qu’il devait se rendre pour dormir. Il restait tout de même une certaine cohérence dans son ivresse. Appuyant lentement sur la poignée, il poussa la porte aussi discrètement que possible. Un autre soupir en regardant les escaliers menant à l’étage qui paraissait presque être une épreuve insurmontable et John alla s’écraser dans le canapé du salon. Retirant lourdement ses chaussures, il attrapa un oreiller et s’étendit. Avec une certaine délicatesse, il retira le bracelet en corde, identique à celui de sa femme, que CC avait fait pour eux. Ce fut en contemplant l’objet qu’il sombra dans un sommeil profond.
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Re: One step closer

Dim 26 Mar 2017 - 20:42



Le confort d'être chez soit. Depuis l'arrivée du groupe dans le quartier, Blake ne s'était jamais réellement sentie chez elle dans cette grande maison. Elle n'y rentrait qu'une fois la nuit tombée, lorsqu'elle était obligée, parce que tous les autres avaient retrouvé leur chambres. La majeure partie du temps, la blonde restait dans la grande maison commune à gérer les ravitaillements et les réparations des maisons inhabités en vue de les rendre vivables le plus rapidement possible. Cette bâtisse, aussi grande que vide et froide, Blake ne l'aimait pas. Parce qu'à chaque fois qu'elle y mettait un pied, les souvenirs de sa famille surgissaient dans son esprit et ne la quittaient plus.

Jusqu'à ce qu'elle parte en ravitaillement avec Arthur et que leur aventure tourne au drame. Pendant une semaine entière, le leader et son bras droit s'étaient retrouvés bloqué à l'extérieur, éloignés de leur maisons, encerclés par des hordes toujours plus impressionnantes les unes que les autres. Leur voyage chaotique leur avait permis de trouver Andy. Un miracle dans leur traversée. Mais les trois survivants étaient rentrés épuisés, sales et affamés. Si d'ordinaire, le mental de Blake pouvait être mis à rude épreuve, leur périple fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. En passant les portes de leur nouveau refuge, la militaire n'avait même pas pris la peine de saluer son chien qui, quelques jours auparavant se trouvait encore avec elle. Elle l'avait renvoyé à la maison, comme pour avertir les autres qu'il leur était arrivé quelque chose mais aussi pour que sa bête soit de nouveau en sécurité. Elle n'avait eu guère plus d'attention à John, qu'elle avait vu venir jusqu'à eux. Fatiguée, elle ne lui avait pas adressé un mot et s'était contenté de rentrer chez elle. Ce fut depuis cet instant là que Blake considéra différemment la maison dans laquelle elle vivait.

Les quelques jours qui suivirent, la blonde les passa à dormir. La seule personne à qui elle s'était adressée était Lauren, lorsqu'elle alla lui rendre visite à cause de ses terribles douleurs. Tout son dos était recouvert d’hématomes et arborait une couleur noir violacée. Chaque mouvement lui faisait serrer les dents mais au final, il ne s'agissait de rien de grave et seul le temps pouvait y faire quelque chose. Petit à petit, la Lieutenant reprit ses habitudes et prêta main forte aux autres, laissant Andy s’acclimater à son nouveau groupe.

Ce soir là, Blake était rentrée directement après le repas. Si la journée, la blonde passait son temps auprès des autres, le soir apportait souvent son lot d'idées noires. Elle n'aurait su dire pourquoi mais, chaque soirs, son moral chutait complètement et l'envie de s'isoler la poussait à quitter la maison commune au plus vite. Cette soirée là ne fut pas une exception. Une fois rentrée, Blake s'était enfermée dans sa chambre et était allée s'installer en tailleur devant le feu de cheminée. Khan étalé sur le canapé qu'elle lui avait donné en guise de récompense pour ses bons services, la blonde récupéra le cadre photo qu'elle avait posé à côté d'elle. L'anniversaire de Chloe approchait. Et plus la date avançait, plus Blake souffrait. Elle aurait eu 5 ans. En tournant la tête vers la porte de la chambre, Blake s'imagina la scène. Chloe aurait eu la chambre à côté de la sienne. John vivrait avec elles. Ils seraient comme avant, ils seraient une famille. Chloe se serait précipitée dans leur chambre, à l'aube, pour alerter ses parents au cas où ils auraient oublié la date de sa venue au monde. Le petit déjeuner aurait eu des allures de surprise party et la petite tête blonde aurait choisi le programme de la journée. Sauf que rien de tout ça n'arriverait. Parce sa fille reposait sous terre dans le jardin d'une maison à Olympia, à des kilomètres d'elle.

Comme d'habitude, la blonde sombra dans un sommeil lourd mais mouvementé. Ses rêves tournaient souvent autour des même cas. Chloe, la mort d'Abel, la peur qu'elle avait ressenti dans le Walmart, les démonstrations de colère de John au chalet, Lucy. Dans chacun de ses rêves, Blake essayait de se sortir de toutes ces situations, sans jamais y parvenir. Les bips stridents de sa montre la sortirent de ses mauvais rêves. Khan, ayant profité du sommeil de sa maîtresse pour lui désobéir était désormais étalé sur ses jambes. Elle n'eut besoin que de lever la tête pour que la bestiole s'en aille et se mette au pied du lit, la queue battante, déjà prête à jouer. « Je vais te remettre dans la cage. » Menaça Blake en faisant de gros yeux à son chien. « Hop. » Enchaîna-elle en sortant des couettes pour aller ouvrir la porte.

Doucement, elle descendit les escaliers, serrant le gilet en grosse maille qu'elle avait récupéré dans les armoires. Quelques marches avant d'arriver sur le sol de la cuisine, l'aboiement de Khan dans le salon lui fit froncer les sourcils. Un peu méfiante, elle avança jusqu'au chien qu'elle trouva nez à nez avec...John. Sa première réaction fut d'avoir un mouvement de recul. Comment était-il rentré ? Que faisait-il ici, dans son canapé ? Forcément, Khan commença à tourner sur lui même, excité à l'idée de voir son maître ici. Rapidement, la militaire ordonna à la bête d'aller attendre un peu plus loin le temps qu'elle sache quoi faire. Son ex-conjoint semblait profondément endormi, si bien qu'il n'avait même pas réagi à l'aboiement de son chien. Debout face à lui, Blake croisa les bras et l'observa quelques instants. Est-ce qu'elle devait le réveiller ? Ou au contraire le laisser là ? Qu'est ce qui l'avait poussé à venir ici ? Lucy devait être à sa recherche. A l'idée que la blonde ose venir toquer à sa porte, Blake serra la mâchoire et l'envie de le réveiller en l'attrapant par le col lui brûla les entrailles. Une inspiration plus tard, Blake revenait sur la question qui la travaillait le plus. Pourquoi.

En se mordant les lèvres, la militaire fini par plier les genoux pour se mettre à son niveau. En s'approchant pour récupérer ce qu'il tenait dans la main, Blake fut submergée par l'odeur d'alcool qui émanait de John. Les pièces du puzzle commençaient à s'assembler. John avait bu jusqu'à être très certainement complètement saoul. Ivre, il avait décidé de venir dormir ici. Mais pourquoi ici ? Pourquoi pas dans les canapés de la maison commune ? Pourquoi pas avec Lucy ? Pourquoi venir chez elle ? Le bracelet qu'il renfermait dans la main désormais entre ses doigts, Blake eut les dernières réponses à ses questions. Si John était là, c'était au sujet de CC. Pour lui aussi l'approche de l'anniversaire de leur fille était insoutenable.

Elle replaça le bracelet de corde au creux de la main du brun puis, elle alla dans la cuisine afin de s'installer pour déjeuner. Depuis l'îlot centrale, la blonde observa celui qui partageait sa vie autrefois, perdue dans ses pensées. Des flashs d'avant lui revinrent en mémoire mais cette fois aucun d'entre eux ne concernait Chloe. Elle revoyait leur rencontre, sur le sol Afghan, en 2008. La première fois qu'ils eurent rendez-vous, une fois rentrés. La première nuit qu'ils passèrent ensemble. Des nombreuses fois où ils avaient joué comme des enfants. De leur mariage.

La douleur s'insinuait lentement en elle à mesure qu'elle se remémorait les souvenirs de leur vie d'avant, augmentant peu à peu le poids du chagrin qu'elle portait.

Quel triste constat que de se rendre à l'évidence que l'homme que vous avez aimé n'existe plus.

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Re: One step closer

Mar 28 Mar 2017 - 17:10


C’était une belle journée. Le ciel était complètement dégagé et la paire de lunettes de soleil rectangulaires qu’il avait laissé sur sa serviette n’aurait pas été de trop pour protéger ses rétines des rayons de l’astre. La température de l’eau était parfaite, pas trop froide mais suffisamment fraîche pour rendre la baignade agréable et atténuer la chaleur californienne. La petite mollement pendue à son cou, John agitait lentement les bras et les jambes pour maintenir leurs têtes hors de l’eau. Inspirant profondément, le militaire plongea sans crier gare, laissant flotter Chloe seule, avant de remonter à la surface juste derrière elle. "Respire" prévint le père en attrapant sa fille par la taille. Les joues de CC gonflées, le militaire la souleva et la jeta à un mètre de lui. Un petit cri strident. Un splash. Des éclats de rire de part et d’autres. Le ballet continua encore quelques instants avant que les deux ne se décident à rejoindre le bord. Sa petite dans les bras, John lui fit signe de rester muette et lui expliqua ce qu’elle devait faire. Avançant aussi discrètement que possible, il enjamba Blake et se planta juste au-dessus d’elle, le maillot encore dégoulinant d’eau. Un sursaut et la seconde suivante, sa blonde commençait déjà à le rouspéter. Les rouspéter, puisque la dernière née Callaghan s’était jointe à la bêtise de son paternel, secouant ses cheveux ruisselants juste au-dessus de sa mère malgré ses protestations. Ce ne fut que lorsque la main de la lieutenant claqua contre sa cheville que le sergent de première classe se décida à s’écarter, posant sa petite au sol avant de s’affaler sur sa serviette.

- Tu es stupide John Callaghan, tu le sais ça ?
- Ah vraiment ? demanda le brun en faisant mine de s’approcher pour se coller à elle.
- N’y pense même pas hin ! intima Blake, un index dressé en direction de son mari.
- John ! Et si t’arrêtais un peu d’embêter ta femme et que tu m’envoyais une bière ? La voix du patriarche avait parlé.
- Yup.
- Merci James !

La canette envoyée, John enfila sa paire de lunettes et s’étendit pour laisser son corps sécher au soleil. C’était une belle journée, oui. Il avait l’impression que ça faisait une éternité que la famille n’avait pas eu droit à des vacances tous ensemble. D’une certaine manière, c’était le cas. Leur vie de militaires ne rendait pas la tâche évidente de ce côté-là et seul son frère, déployé, manquait à l’appel. Passant un bras sous sa tête, Callaghan garda un œil sur sa fille tandis qu’elle attrapait sa pelle et son seau en plastique pour se lancer dans la construction d’un château de sable. "Regardez ce que j’ai fait" dit-elle de sa petite voix fluette, quelques minutes plus tard, avant de se retourner. Elle était couverte de sang. La cœur du père s’accéléra à mesure que la panique le gagnait. Se précipitant sur sa princesse, l’ingénieur de combat écarta une mèche de cheveux, écarlate, pour découvrir la plaie béante qui ornait le cou de son enfant. "Non, non, non" disait-il en essayant tant bien que mal d’arrêter l’hémorragie.

- NON, tonna l’homme en se réveillant en sursaut, serrant le petit bracelet qu’il avait encore dans la main.

La tête encore embrumée, John n’eut pourtant aucun mal à reprendre pied avec la réalité. Comme sa vie l’avait fait, le rêve avait tourné au cauchemar en un claquement de doigts. Il soupira et se laissa aller dans le canapé avant de se redresser d’un coup. Ce n’était pas le salon de Karlson. Il n’était pas dans "son" canapé. Clignant des yeux pour les habituer à la lumière ambiante, il passa une main sur son visage pour en ôter les dernières traces de sommeil. Il n’eut pas à chercher du regard bien longtemps avant de croiser celui de Blake, braqué vers lui. Ses lèvres se pincèrent.

- Je suis désolé, je...

Je ne sais pas ce que je fais ici, aurait-il pu dire si sa voix ne s’était pas éteinte avant qu’il ne termine sa phrase.
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Re: One step closer

Ven 31 Mar 2017 - 20:22


En repliant lentement le sachet plastique qui contenait les céréales, Blake s'arrêta. Pourquoi faisait elle attention à ne pas faire de bruit ? Pourquoi essayait elle de ne pas réveiller John ? Alors que ces questions lui traversaient l'esprit, la blonde releva le regard vers le militaire allongé dans son canapé. Peut-être parce que justement il était endormi et que, d'une certaine manière, elle l'avait à côté d'elle sans que cela dégénère en dispute. En le voyant présent dans son salon, elle savait qu'il n'était pas présent ailleurs, avec quelqu'un d'autre. Immobile, elle resta plusieurs longues minutes à l'observer. A tellement s'éloigner, elle en avait oublié à quoi il ressemblait endormi. Avant que tout cela ne commence, avant qu'une épidémie s'installe et transforme la quasi totalité des vivants en êtres affamés de chair humaine, lorsqu'ils étaient encore tous les deux militaires et qu'ils risquaient d'être de nouveau séparé par un déploiement, Blake avait souvent pris le temps d'observer son mari pendant son sommeil. Pour en imprimer chaque détail afin de se les remémorer facilement lorsqu'ils viendraient à devoir dormir l'un sans l'autre. Ou si il arrivait malheur à John puisque son métier ne faisait qu'augmenter ce risque.

Malgré ce que l'homme était devenu, ce qu'il avait fait, Blake réalisa qu'ils seraient liés toute leur vie. Ils avaient eu un enfant ensemble. Ils n'étaient pas simplement deux personnes s'étant aimé pendant un temps non. A eux deux, ils avaient donné la vie. Ils avaient élevé une petite fille. Tous ses efforts pour le garder le plus éloigné d'elle n'avaient servi à rien et ne serviraient jamais à rien. Mais cela devait il dire qu'il fallait qu'elle lui pardonne ? Non. L'homme qu'elle avait connu, celui qu'elle avait aimé n'aurait jamais agit ainsi. Il n'aurait pas fait autant de mal sur son passage. Blake revint à elle lorsque John se mit à bouger. Le froncement qu'affichaiten les sourcils de l'homme encore endormi ne faisait que confirmer ce que pensait la Lieutenant. John était en plein cauchemar. Le cri qu'il poussa ensuite ne la surpris même pas. Parfaitement immobile, elle le resta jusqu'à ce que le brun comprenne où il se trouvait et qu'il tourne la tête vers elle. Le regard baissé, elle ne laissa aucune émotion transparaître. Et pourtant les trois mots de John eurent le don de l'étonner. Il s'excusait. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'avait pas entendu prononcer ces mots. John était rarement désolé. Il envoyait chier, il cognait mais ne s'excusait pas. En tout cas pas avec elle. Froide, Blake entrouvrit les lèvres mais se leva de sa chaise sans dire un mot pour aller déposer sa vaisselle dans l'évier de la cuisine.

Elle n'avait rien à répondre à ses excuses. Elle ne pouvait pas lui répondre que ce n'était pas grave puisqu'il était quand même rentré chez elle, au beau milieu de la nuit, sans son autorisation. Toujours parfaitement silencieuse, Blake alla se poser contre l'encadrement du salon et croisa les bras tout en refermant le gilet qu'elle portait. « Si tu te demandes ce que tu fais ici.. » D'une main, elle retira sa paire de lunette et la posa sur la petite table à côté. « Je ne vais pas pouvoir t'aider. » Prenant une longue inspiration, elle se décida à mettre les pieds dans le plat. « Peut être que l'alcool et l'approche de l'anniversaire de Chloe ont quelque chose à voir. » Elle planta son regard dur sur John, prête à réagir s'il décidait de lui répondre par la colère. « Ou alors tu t'es simplement trompé de maison. » Son regard se fit perçant cette fois. Blake assumait totalement les sous entendus compris dans ce qu'elle venait de dire. D'un coup, elle se décolla du mur et avança dans la pièce, allant se planter non loin de John. « Tu devrais y aller. » Aussitôt dit, Blake tourna les talons et alla ouvrir la porte d'entrée pour permettre à Khan de rentrer. « Ils vont se demander où tu es passé. ».

C'était faux. Les gens du groupe ne s'en inquiéterait pas. Seule Lucy pouvait le faire mais quant aux autres, Blake était certaine qu'ils n'étaient pas parti à sa recherche en le constatant manquant à l'appel.


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Re: One step closer

Mar 4 Avr 2017 - 17:53


Sa mâchoire se crispa et le brun contint avec difficulté un soupir de dépit. Blake n’avait pas perdu une seule seconde pour monter sur le ring. C’était là qu’ils en étaient, incapables d’échanger le moindre mot sans que la tension ne monte. De la colère, de la rancœur et des souvenirs joyeux changés en véritable poison. Après toutes leurs erreurs, c’était tout ce qu’ils restaient d’eux, de ce couple qu’ils avaient formé. Le pire dans tout ça, c’est que John ne pouvait pas même en vouloir à son épouse. Il était bien trop au fait du mal qu’il avait causé et de ses nombreux torts. Pénétrer chez elle, presque par effraction, en était un autre. Forcément, il devait se douter que l’accueil ne serait pas des plus chaleureux. Si à leur arrivée dans le nouveau camp, la chose n’avait pas été dite de manière explicite, Blake lui avait bien fait comprendre que sa présence ici n’était pas désirée. Elle ne l’était plus vraiment depuis son aventure avec Lucy de toute façon. Sa femme n’eut d’ailleurs aucune difficulté à lui rappeler son incartade. Et à l’idée que la situation soit inversée, qu’un autre homme puisse se trouver ici et qu’il les ait dérangé, le sang du sergent ne fit qu’un tour. En réalité, ce n’était pas la première fois qu’il y pensait. Avant leur déménagement, lorsqu’il creusait encore son trou, cette possibilité lui avait déjà traversé l’esprit. Sauf qu’à cette période, il était encore bien trop tourné vers sa propre douleur pour que cela ne l’atteigne. Maintenant... Si d’une certaine manière, ça aurait été bien mérité, Callaghan n’était pas sûr de pouvoir l’encaisser. De ce point de vue, Blake avait été plus forte que lui. Elle l’avait été à bien des niveaux. Elle n’avait pas tué Lucy, elle. Lui ? Il n’était pas garanti qu’il fasse preuve de la même force. Le militaire entrouvrit la bouche pour répondre avant de laisser s’échapper un léger rire jaune.

- Ouais... Comme si quelqu’un en avait quelque chose à foutre, répondit l’homme.

Il n’y avait rien dans sa voix. Ni animosité, ni rancœur, ni quoi que ce soit d’autres. John avait baissé les armes. Il refusait l’affrontement. Il ne voulait plus se battre. Il en avait la force pourtant. Ça, ça ne lui avait jamais manqué. La rage était un sacré anesthésiant et une sacré source d’énergie. Mais il n’en avait plus l’envie. Si c’était vrai depuis quelques temps déjà, cela l’était d’autant plus ce matin-là. Pas après avoir revu ce dont il s’était souvenu pendant son sommeil. Le temps était plus heureux. Ils étaient plus heureux. Ils avaient tout, tout ce dont ils pouvaient rêvé. Et maintenant ils ne leur restaient plus que des décombres, des vestiges de ce qu’ils avaient pu être. Blake avait changé. Il avait changé. Et rien ne garantissait qu’ils puissent utiliser ces ruines pour se reconstruire l’un et l’autre. Le regard de John se posa un instant sur le bracelet avant que ses yeux ne partent dans le vague.

- J’ai rêvé de nos vacances en Californie chez mes parents, commenta le brun d’une voix presque basse. Lorsque nous sommes allés à la plage. Tu te souviens comme elle rayonnait ? demanda le trentenaire, distrait. Cette question, John l’adressait autant à son épouse qu’à lui-même, comme si le simple fait de l’évoquer à voix haute pouvait rendre le souvenir encore plus vivace qu’il ne l’était déjà dans son esprit. Que n’aurait-il pas donné pour retourner quelques années en arrière, quand tout était encore... Normal. Callaghan soupira, secouant légèrement la tête pour s’ancrer de nouveau dans la dure réalité. Tu as raison en fait, reprit-il d’une voix plus assurée en posant le bracelet sur le canapé. Je devrais y aller, Alan risque de se demander où je suis passé s’il me trouve pas dans leur canapé, continua le brun en enfilant ses chaussures. Une fois debout, John récupéra le bijou en corde et tenta une première fois de l’attacher autour de son poignet droit, puis une seconde. Construire des ponts, désamorcer des mines, ça il était doué. Mais attacher ne serait-ce une simple chaîne sur son propre poignet, ça, il avait toujours galéré. Est-ce que... Est-ce que tu peux m’aider avec ça ? demanda l’homme en relevant le nez vers sa femme.
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Re: One step closer

Ven 7 Avr 2017 - 19:32

Postée à côté de la porte, la main encore posée sur la poignée, prête à faire sortir John de sa demeure, Blake ne s'attendait pas à ce qu'il lui réponde quelque chose. Elle l'imaginait plutôt sortir d'un pas pressé et éviter toute discussion. Mais ce qu'il lui dit eut le don de lui faire hausser les sourcils sans pour autant qu'elle soit surprise. Sa réaction voulait plutôt dire « Mais ça, tu l'as cherché. ». Que personne s'inquiète, ne le cherche, était simplement le résultat de tous ses efforts pour être désagréable. A vouloir se couper des autres, il ne pouvait certainement pas leur reprocher leur indifférence. Mais son ton n'indiquait pas que cela le blessait. C'était plutôt un triste constat. Et le fait qu'il réalise ça était surprenant. Toujours muette, le regard braqué sur lui, la blonde n'avait rien à lui répondre sans devenir rapidement désagréable. Et ça, Blake voulait l'éviter. Même si elle ne s'était pas forcément montré charmante à son réveil, elle n'avait pas spécialement envie de commencer sa journée par une terrible engueulade.

Lorsque John lui avoua que son rêve concernait leurs vacances en Californie, la militaire lâcha lentement la poignée pour croiser les bras. Sa phrase suivante lui fit baisser les yeux vers le sol. Oui elle s'en souvenait mais le problème était qu'elle ne voulait pas s'en souvenir justement. S'il était venu ici pour lui balancer des souvenirs de leur fille en plein visage, Blake ne le supporterait pas longtemps. Les souvenirs de sa fille, de leur vie d'avant, Blake ne se les autorisait qu'à un certain moment de la journée. Le reste du temps, elle faisait son maximum pour les chasser de ses pensées et se focaliser sur son travail. Là, John venait de lui en balancer un et elle ne l'avait pas vu venir. Légèrement prise au dépourvu, la colère s'installa en elle. Les dents serrées, elle hocha la tête pour s'empêcher de lui hurler dessus. Oui elle se souvenait bien et elle n'avait pas besoin de lui pour le faire.Inspirant rapidement de lassitude pour cacher son énervement, elle releva la tête au moment où John lui annonça qu'elle avait raison et qu'il devait partir, Alan s'inquiéterait de ne pas le voir sur son canapé. Blake ne comprit pas immédiatement. Pourquoi parlait-il du canapé des Karlson ? Une chambre lui avait été attribué. Un lit était mis à sa disposition. Alors pourquoi disait il dormir chez Christina et Alan ? Toujours en pleine réflexion, elle ne réagit pas immédiatement lorsqu'il lui demanda son aide pour remettre le bracelet que Chloe avait confectionné. Elle était restée plantée dans l'entrée, les yeux rivés vers John tout en étant parfaitement silencieuse. Dans sa tête, la blonde assemblait les pièces du puzzle qu'elle avait commencé le matin. John ne dormait pas dans la maison commune, ni même avec Lucy finalement. Il dormait chez ses voisins d'en face et l'alcool l'avait mené jusqu'ici.

Lentement, elle s'avança dans sa direction et sans oser le regarder directement, elle s'attela à accrocher le bracelet autour de son poignet. Cela faisait des mois qu'elle ne s'était pas retrouvée aussi proche de lui et...la sensation que cela lui procura lui fit légèrement peur. Il lui manquait. Encore plus maintenant qu'elle s'était approchée mais ce n'était pas ce John là qui lui manquait. C'était celui d'avant. Et si son corps était identique elle savait qu'a l'intérieur tout était cassé et rien ne ressemblait plus à celui qu'elle avait aimé.  Pourtant il lui avait semblé voir du mieux pendant un temps. Pendant le déménagement en fait. Ils avaient réussi à faire équipe, à se parler sans s'insulter. Mais à peine arrivés, Lucy était revenue vers lui et cela avait suffit pour la convaincre que son esprit lui jouait des tours. Que le manque qu'elle ressentait transformait les choses qu'elle voyait, qu'elle ressentait. Que l'amélioration qu'elle avait perçu n'était que le fruit de son imagination pour soulager un peu sa peine. Relâchant le bracelet désormais attaché, Blake se recula pour retrouver une distance acceptable entre eux. « Voilà » Souffla la blonde en même temps qu'elle s'éloignait. John n'avait plus aucune raison de rester ici désormais et la porte laissée grande ouverte n'attendait que son passage. En le voyant emboîter le pas vers la sortie, Blake l'interpella. « John. » Appuyée contre l’îlot de la cuisine, Blake se décolla du marbre dont était fait le plan de travail pour s'approcher de lui. « Si tu le souhaites, tu peux dormir ici.» Dit elle sans détour et sans se dégonfler, affrontant le regard de son ancien compagnon.  « les clés sont cachées dans le pot, à droite de la porte. » Et elle n'entra pas dans les détails. Elle ne lui expliqua pas la raison pour laquelle elle l'invitait à venir dormir chez elle désormais. Il n'y avait pas besoin de toute façon. Ce qui l'avait mené jusqu'ici, Blake l'avait bien compris et la seule chose qu'elle puisse faire pour lui était de lui permettre de dormir sous le même toit qu'elle. Là où se trouvait la dernière personne qui constituait sa famille.
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Re: One step closer

Dim 9 Avr 2017 - 19:47


John n’avait pas bougé d’un pouce après sa demande, observant Blake et le moment de flottement qui semblait s’être glissé dans la pièce. Coi, le regard posé sur épouse, il attendait une réaction de la part de la blonde. N’importe laquelle, bonne ou mauvaise. Avant que tout ce mal ne s’immisce dans leur couple, il aurait pu savoir à quoi s’attendre, il aurait pu la décoder. Dorénavant, il n’était pas certain d’être en mesure de le faire. Ils avaient changé. En bien ou en mal, ils avaient changé. Il n’était plus l’homme qu’il était avant la mort de CC. Et Blake n’était plus la femme qu’elle était avant ça. Ces longs mois à s’ignorer, à se comporter presque comme de parfaits inconnus avaient salement endommagé leur relation. Jusqu’à il y a peu, le combat engineer se disait que c’était irrémédiable. Que les blessures qu’ils s’étaient mutuellement causés étaient irréparables. Que même le temps ne parviendrait pas à les faire cicatriser. De ça aussi il n’en était plus certain désormais. Si il y avait une chance pour qu’il parvienne à recoller les morceaux, si il pouvait faire en sorte de réparer ses erreurs, il se devait de tenter le coup. Cet amour qu’il y avait eu entre eux, celui qui leur avait permis de fonder une famille, d’avoir la plus merveilleuse des petites filles ensemble, il valait la peine de se battre. Les efforts accomplis au cours des précédentes semaines pour se remettre dans les rails allaient en tout cas dans ce sens. De son point de vue, il n’avait qu’un seul moyen à sa disposition pour que ça fonctionne : l’homme qu’il était devenu devait s’effacer derrière celui qu’il avait été. Faire disparaître le changement qui s’était opéré en lui. Si ça marchait, tant mieux. Si non... Alors son premier constat était juste et rien ne pourrait les souder de nouveau. Et il en était le principal responsable.

Silencieux, Callaghan le resta lorsque son épouse avala la distance qui les séparait pour rattacher le bracelet que leur avait fait leur fille. Des mois qu’ils n’avaient pas été aussi proche l’un de l’autre. Des mois qu’il n’avait pas réellement senti son odeur. Qu’il n’avait pas vu d’aussi près le vert de ses yeux. Ce ne fut pourtant pas vers eux que le regard du sergent se porta mais sur ses mains. Les yeux baissés, John suivit avec attention les quelques gestes qu’il fallut à la blonde pour remettre en place l’ornement. Il y avait une certaine douceur dans ses mouvements. Si, dans l’intimité de leur foyer, Blake avait toujours su en faire preuve, le militaire savait que, cette fois-ci, c’était l’objet qu’elle manipulait et non lui qui était la cause. Ses lèvres se pincèrent lorsque leur peau s’effleurèrent. Encore une chose qui ne s’était pas produite depuis de longs mois et pourtant, ce bref contact lui donna l’impression que cela ne faisait que quelques heures. Les souvenirs de ce qu’ils avaient pu être étaient encore bien vivaces dans sa mémoire. C’était d’ailleurs bien ça le problème, ça qui lui causait, qui leur avait causé le plus de mal.

- Merci, souffla l’homme, bas, dès qu’elle eut finit. Il avait à peine terminé qu’elle s’éloignait déjà. À en croire sa présence toujours aussi insupportable pour la blonde, peut-être s’était-il trompé oui, peut-être qu’aucun espoir n’était de mise entre eux. Et peut-être pas. Sur le chemin de la sortie, John s’arrêta net en entendant Blake prononcer son prénom. S’il avait envisagé plusieurs choses en se retournant, il était très loin de s’attendre à entendre les quelques mots que son épouse prononça à ce moment-là. Il lui offrit pour seul réponse un simple hochement de tête, lent et respectueux. Ça aussi, ça voulait dire "Merci".



John n’était pas venu s’installer immédiatement chez Blake. Un jour puis deux s’étaient écoulés avant qu’il ne se décide à déménager le peu d’affaires qu’il avait avec lui de la maison des Karlson à celle d’à côté. Loin de lui l’idée de se faire désirer. Encore moins celle de lui montrer qu’il n’attendait pas après elle et n’en avait pas besoin. C’était même tout l’inverse. Et c’était justement pour ça qu’il avait pris ces quarante-huit heures pour se décider. La surprise avait besoin de passer. Il devait réfléchir. Pas à s’il en avait l’envie ou pas, non. Cette envie-là, une part de lui y était toujours restée attachée. Si John portait encore son alliance, ce n’était pas pour rien. Non, s’il devait réfléchir, c’était à comment faire les choses, à comment ne pas foutre en l’air cette opportunité que Blake lui avait laissé, consciemment ou non, de se rattraper. Si le fait de ne pas coucher avec une autre aurait pu figurer en tête de liste, elle n’était pas sur celle de John. Ce qui s’était passé avec Lucy était probablement sa pire erreur oui, mais elle n’était que l’aboutissement d’un long et lent processus d’autodestruction. Et comme ce n’était pas prêt de se reproduire, c’était avant tout aux différentes choses qui l’avait amené à cet acte auxquelles avait songé le brun. Pas toujours seul, puisqu’Alan et lui avait eu l’occasion d’en parler autour d’un verre de whisky. Oui, un verre seulement.

L’époux Callaghan n’avait pas prévenu sa femme de son arrivée. Il s’était contenté de réunir ses affaires dans son sac et de toquer à sa porte pour lui demander où il devait les laisser. La chambre d’amis était toute désignée. Le mur qui les séparait à présent n’était pas particulièrement fin mais aux yeux de l’homme, il était beaucoup moins imposant que celui qu’ils avaient eux-même érigé. Il lui était impossible de dire qu’ils vivaient ensemble mais au moins, ils cohabitaient. C’était peut-être là que l’exercice était le plus délicat. Parce que cohabiter, ce n’était pas vivre. Parce que vivre, c’était ce qu’ils faisaient autrefois. Il était difficile de ne pas se remémorer les petites attentions, les petits automatismes qui réglaient leur quotidien. John ne s’en plaignait pas pour autant. C’était naturel. Si ces choses là devaient revenir, elles le feraient en temps voulu. L’amélioration ne pouvait en tout cas pas être niée. Il leur avait fallu plusieurs jours, le temps de retrouver un rythme commun certainement, mais ils arrivaient à se regarder sans que leurs yeux ne lancent des éclairs, à se parler, normalement, sans que l’un ne saute à la gorge de l’autre. C’était bien plus que ce qu’il y avait pu avoir pendant presque une année.

Ce jour-là, en revanche, ce jour-là était différent des autres. Ce jour-là, c’était l’anniversaire de leur fille. Elle aurait eu six ans. Il avait senti la tension monter les jours précédents. Ce jour-là était le plus dur à affronter, bien plus que celui où CC avait perdu la vie. Seul, John aurait été incapable de passer cette journée sans une bouteille de gnôle à proximité. Voire deux ou trois. Mais il n’était plus seul. Blake était avec lui. Peut-être pas en personne puisqu’enfermée dans sa chambre comme lui l’était mais pas loin dans tout les cas. Plus seul... Ce n’était qu’il y a peu que Callaghan avait compris qu’en réalité, il aurait pu ne jamais l’être. Que sa femme avait toujours été là et qu’il aurait pu toujours être là pour elle. C’était lui, sa colère, sa culpabilité, son mutisme qui l’avaient isolé. Le reste n’était venu qu’après. S’il pensait ses yeux complètement sec, il se trompait. Assis sur le rebord de son lit, John essuya la larme qui poignait au coin de son œil droit avant qu’elle n’éclabousse la glace du cadre photo. Il soupira. Le soleil s’était déjà couché. Dans quelques heures, cette terrible journée serait derrière lui. Blake frappa à la porte.

- Entre, fit l’homme, la voix enrouée. C’était le premier mot qu’il prononçait depuis son réveil.
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