La pluie battante qui ne cessait de se répercuter sur les tôles des véhicules faisait un raffut de tous les diables. Duncan quand à lui était assis à terre. Enfin plutôt dans une véritable marre de flotte. Trempé, le barbu était impatient et commençait à s'énerver. Il ne cessait de faire pivoter son arme tout en prenant son mal en patience. Instinctivement, il s'était planqué mais au fond de lui, il n’avait qu'une envie : agir. C’est à ce moment qu’une seconde détonation résonna.

Curieux, le musicien se risqua à jeter un coup d’œil par-dessus le capot du véhicule. Histoire de voir ce qui s’y passait. Et le spectacle qu'il découvrit ne le rassura qu’à moitié. Primo il y avait trois formes et non deux. Ce qui voulait dire qu’il y en avait peut être d’autres derrière ? Et s’il y en avait d’autres, ils pourraient facilement submerger le trio ! Secundo ils ne se gênaient pas pour faire du bruit. Ce qui rameuterait sans doute d’autres macchabées ? En fait, la seule chose positive dans cette situation était qu’ils ne faisaient pas feu sur eux. Enfin du moins pour le moment !

Le magasinier qui réfléchissait à une solution pour se sortir de ce traquenard se retourna subitement suite à l’appel bref de la musicienne. Comme on pouvait s’y attendre le ramdam que ces gus venaient de faire avaient attiré une petite quantité de macchabées affamés ! Et pour bien faire ils s’attaquaient au trio.

Motivé et avec l’envie d’en découdre, le barbu se leva en une fraction de seconde. Celui-ci se positionna immédiatement en première ligne et c’est avec une puissance phénoménale qu’il défonça le premier crâne qui se présenta face à lui. Selene, quand à elle défendait chèrement sa peau. En effet, pendant que le manutentionnaire éliminait deux nouvelles menaces, celle-ci se débarrassait de celles qu’elle avait à ses trousses. Duncan zigouilla bientôt un quatrième larron mais voyant que la musicienne s’était positionnée à un endroit stratégique, il recula de quelques mètres. En effet, l’expert en arts martiaux était peut être puissant et dévastateur mais il restait un homme comme les autres. Et malgré sa force herculéenne il ne pourrait contenir éternellement les assauts répétés de toutes ces pourritures. Alors il décida de se rapprocher de la benjamine afin de faire évoluer les dépouilles restantes dans le labyrinthe de véhicules abandonnés. De cette manière, les deux amis pourraient facilement exterminer celles qui restaient.

Selene avait perdu le visuel sur Sarah mais lui faisait confiance. Elle était loin d’être la plus mal à l’aise du camp sur le terrain et savait se défendre seule. La jeune femme se prépara donc à recevoir les charognes qui se rapprochaient, dans le sillage de Duncan. Ce dernier en avait déjà abattu quatre à la force herculéenne de ses bras ; il en restait autant, leurs fripes détrempées par la pluie glacée.

Un premier vint se heurter au capot de la voiture derrière laquelle se tenait la pianiste. Il lui manquait un œil, toute la peau d’une joue et une plaie pre-mortem luisait encore dans son cou. Maladroitement, il tentait de s’agripper avec ses ongles ensanglantés pour se rapprocher de sa proie. Celle-ci ne lui en laissa pas le temps, l’attrapant au col pour lui enfoncer profondément sa lame dans l’orbite déjà mutilé. Elle le repoussa, dégageant la place pour le suivant. La pluie était si drue que lorsqu’un autre rôdeur arriva à sa hauteur, son couteau était presque propre.

La poignée ferme, Selene allongea le bras pour planter la tempe molle du cadavre de vieille femme. Elle se servit ensuite de ce point d’encrage pour la tirer et la faire basculer dans le vide. Le viking avait l’air de s’en sortir lui aussi, alors elle reporta son attention sur les vivants. Où en étaient-ils maintenant ? Elle rangea sa lame, rechargea son arbalète et se remit à son tour à progresser à couvert derrière les épaves.

Tapotant sur la crosse de son calibre .44, la jeune femme attendait patiemment le bon moment. Ce n'était pas ce qu'elle préférait, mais vu la situation, il valait mieux la jouer fine. Elle avait perdu le contact, autant visuel que sonore avec ses deux partenaires, mais elle leur faisait complètement confiance de toute façon.

Des bruits de pas commencèrent à se faire entendre, leur fréquence traduisait que la présence qui s'approchait petit à petit de la jeune femme était humaine. A travers la pluie battante, elle finit par apercevoir les traits de la personne qui arrivait à l'angle de la voiture derrière laquelle elle s'était adossée et accroupie. Une silhouette féminine se dévoila à elle, son arme pointée droit devant elle.

C'était le moment que la blonde attendait. Instinctivement, elle se leva et s'approcha à petits pas, faisant attention de ne surtout pas éveiller l'attention de la femme qui l'avait distancée de quelques pas. Finissant par la rejoindre, elle posa alors le canon de son Desert Eagle contre son dos, signalant sa présence, ainsi que ses intentions. " Mets tes mains où je peux les voir. " , décontenancée, la femme s'exécuta, " ... Et tout se passera bien. " ajouta Sarah, jusqu'à ce qu'elle lui subtilise son pistolet de sa main libre et le place à l'arrière de son jean. Ainsi, elle confirmait qu'elle en resterait là si elle était toutefois disposée à coopérer, aucune raison de la tuer pour le moment puisque ses intentions étaient encore inconnues. Un rapide coup d’œil de haut en bas lui fit remarquer que celle qu'elle tenait désormais en joue n'avait pas d'autres armes, elle ne bougeait d'ailleurs pas davantage, à sa merci désormais, et neutralisée. Reste à espérer que Selene et Duncan, dont elle n'avait toujours pas de nouvelles sur leur statut actuel allaient bien eux aussi.

La scène était de plus en plus clair désormais : deux hommes, une femme. Selene les voyait par intermittence, à travers les vitres ruisselantes des voitures abandonnées. Elle approcha encore de quelque pas, jusqu’à ce que Sarah intervienne pour désarmer l’inconnue. Encore trop loin pour entendre ce qui se disait en raison de la pluie qui martelait les vieux capots, la musicienne était certaine d’une chose : c’était l’unité qui ferait leur force. Même avec quelqu’un en joue, son aînée ne tiendrait pas éternellement seule contre trois, il fallait rééquilibrer la balance :

- HEY ! elle se releva pour s’appuyer sur la vitre du coffre d’une voiture, pointant son arbalète sur le type à la machette, lâchez tous vos armes. Tout de suite !

Passer pour la mauvaise, c’était bien le cadet de ces soucis. Ils débarquaient en pétardant à tout-va sur le pont, attirant d’autres rôdeurs qui pourraient leur coûter la vie : à partir de ce moment-là, ces étranges étaient un problème. S’assurant d’un coup d’œil qu’aucune charogne n’émergeait d’une carcasse rouillée, elle changea rapidement de place pour se rapprocher un peu. Suffisamment pour ne pas être gênée dans sa visibilité et être à portée de voix. Toujours derrière la ligne d’épaves, de façon à pouvoir se mettre à couvert en cas de riposte musclée.

- Je le dirai pas deux fois.

Et elle n’était pas du tout – mais alors pas du tout – d’humeur à plaisanter. La mort d’Abigail était toujours là, omniprésente dans sa tête. Coupant toute voie vers un potentiel élan de confiance altruiste.

Les râles caractéristiques de ces morts en marché avaient commencé à se faire entendre peu après que Sarah ait commencé à tenir en joue la femme se trouvant devant elle, sa remarqué lui fit lâcher un petit gloussement amusé, mais elle resta toutefois silencieuse, déterminée mais toutefois inchangée sur ses intentions la blonde reculant toutefois légèrement le canon de l’arme du dos de la femme. "“ Simple précaution, ne jamais sortir les mains vides. “mais en réalité, alors qu'elle énonçait ces mots, une lame s’agitait dans les airs, se plantant dans le corps des rôdeurs, fendant et déchirant la chair de leur peau, dont elle pouvait presque sentir l’haleine fétide à proximité d’elle, et c’était signe aussi qu'une autre personne se trouvait juste derrière elle, juste devant elle, à l’horizon, un coup de feu retentit, il faut dire qu’un de plus ou de moins depuis tout à l'heure… et l’homme qui manifestement venait d’éliminer les deux rôdeurs s’adressa à elle.

L’arroseur arrosé, elle devait bien l’avouer, la jeune femme avait été un peu légère sur ce coup, il devait probablement être armé lui aussi, et même si ce n'était que de son arme blanche, il avait toutefois, lui et son autre partenaire un avantage tactique sur elle désormais. Il s’adressa alors à Sarah, et elle, roula alors des yeux, avant de finir par baisser arme, joignant son pouce et son index dans un arc de cercle pour montrer qu'elle ne comptait pas en faire plus. " Il semblerait que les grands esprits se rencontrent non ? “

Elle comprenait sa position, et ne s'étonna pas de ce qu'il avait formulé. De toute façon, elle ne gagnerait rien à tenter quoi que ce soit pour le moment. Mais comme d'habitude, elle pourrait saisir la prochaine opportunité qui se présenterait à elle un peu plus tard, se réinventer à chaque instant, ou du moins que c’était possible c'était son credo. Sarah ne bougea toutefois pas davantage, lui tournant toujours le dos, le poing droit de la blonde s’était toutefois refermé, qu’attendre de cette conversation insolite, entre ces trois personnes dans ce cimetière de voitures, et sous cette lourde pluie ? D'ailleurs, Selene avait fini par arriver aussi, entre tous ces angles d'attaques, très vite la situation pourrait commencer à s'envenimer...

D'un simple regard et sans un mot, les deux camarades comprirent tout de suite ce qu'ils avaient à faire. La brune attira tout d'abord deux des quatre dépouilles restantes de son côté. Duncan quand à lui appâtait celles qui restaient du sien. Heureusement pour eux, ces choses ne réfléchissaient pas. Quoiqu'il en soit, cela leur donnaient un avantage dont il fallait absolument profiter. Le musicien attira donc ces créatures s'empêtrer entre les véhicules abandonnés. La première fut éliminée en un rien de temps d'un grand coup de hache au niveau de la tempe. La deuxième fut plus résistante et donna un peu plus de fil à retordre à l'expert en arts martiaux. Mais elle n'était pas imbattable.

Lorsque cette dernière carcasse tomba sur le sol, Duncan constata que Selene avait prit les devants pour aller rejoindre Sarah. Le manutentionnaire ne doutait pas que la blonde puisse s'en sortir. Mais elle était toutefois seule contre trois. Duncan s'essuya tout d'abord le front recouvert par la pluie et écarta ses cheveux mouillés de devant ses yeux. De l'endroit ou il était, il ne pouvait pas bien remarquer ce qui se passait au loin. Et ne pouvait pas, par la même occasion, savoir si Sarah était encore saine et sauve ? Alors avec prudence et tout en se dissimulant derrière les voitures éparpillées sur le pont, il se dirigea vers son objectif.

Une fois assez près, il put enfin voir comment la situation évoluait. Et apparemment cela ne se déroulait pas du tout comme prévu ? Soudainement alors qu'il était entrain d'élaborer un plan pour débloquer la situation, il entendit la musicienne les mettre en garde et leur demander de jeter leur armes. Allaient ils réellement le faire ? Le barbu en doutait fortement ?

Toujours est il que tous les protagonistes réunis au beau milieu de ce pont étaient tendus. Et si cela tournait au vinaigre, le grand gaillard ne donnait pas cher de la peau de Sarah. Le barbu profita donc de la pluie, du brouillard et de Selene, qui était devenue le centre d'attraction principal, pour contourner l'homme qui était juste derrière la blonde. Puis, une fois à l'abri des regards, il se positionna dans le dos de son adversaire, dégaina son couteau et déposa la lame de son arme tranchante au niveau de la jugulaire de son ennemi. - « Un mauvais mouvement et t'es mort ! » Déclara t il spontanément. - « Alors maintenant tout le monde va se calmer ! On est pas vos ennemis et on ne veut pas vous tuer mais si vous n'obéissez pas, ça va mal finir ! Alors déposez vos armes ! Ok ? »