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Gaping Scars

Mer 8 Mar 2017 - 11:32



❝Gaping Scars❞
John & Alan

    Réveillé depuis un certain temps déjà, je me sentais à la fois encore épuisé et incapable de me rendormir, me contentant de fixer le plafond à attendre je ne savais quoi. Hasardant un regard vers mon épouse, je souriais doucement à la voir encore endormie, presque paisiblement. Après quelques minutes encore je me levais, m'habillais rapidement pour sortir de la pièce. Avançant sans bruit dans le couloir qui menait aux escaliers, je faisais de mon mieux pour être discret et ne pas réveiller toute la maisonnée. Peut-être que Ludwig et John étaient déjà sortis, je n'en savais rien, mais Christy dormait encore alors autant essayer d'être le plus discret possible. Ayant rejoint la cuisine, je m'installais à une chaise, récupérant un verre de café froid préparé la veille, et profitais du silence environnant qui était réellement apaisant maintenant que nous pouvions vraiment en profiter.

    Avant ce n'était pas pareil, au chalet, il y avait toujours quelqu'un qui traînait dans les couloirs ou venait discuter. Ici... je pouvais m'accorder le droit de ne pas faire ''comme si'' à longueur de journée, me prendre le temps de simplement profiter de cette solitude qui n'était en rien pesante ou angoissante, bien au contraire. Elle était réellement salvatrice, encore plus en prenant compte des tensions qui animaient chaque personne. Entre Voltaire qui n'était toujours pas revenu, Tamara qui avait tenté de se suicider quelques jours plus tôt, et Ludwig qui croulait sous la culpabilité autant d'avoir tiré sur la tatouée que d'avoir sacrifié son canard pour donner un peu de répit au reste du groupe... autant dire que l'atmosphère avait presque un petit côté destructeur. Les tensions des uns nourrissent celles des autres et, malgré l'isolement relatif de chaque petit groupe, elles ne semblaient pas vraiment s'apaiser. Alors oui, je profitais pour ma part pleinement de cette tranquillité, quitte à me couper un peu trop du monde mais ça n'avait pas la moindre importance, il continuait à parfaitement bien tourner même sans moi.

    Après plusieurs minutes et toujours seul en bas, je me dirigeais vers l'entrée, enfilais rapidement mon manteau et mes chaussures, et sortais de la maison. Soupirant doucement sans me formaliser du froid mordant de ce début de journée, de la légère brume qui emplissait encore l'air et de l'herbe encore gelée sous mes pieds, je glissais ma main dans ma poche pour en sortir une cigarette. L'allumant doucement, je levais machinalement la tête vers le ciel, espérant qu'il s'éclaircisse un peu au cours de la journée. Si le froid ne m'avait jamais dérangé, m'y accommodant bien plus qu'à la chaleur, je ne doutais pas que des températures un peu plus clémentes et quelques rayons de soleil apporterait un peu de baume au cœur au reste du groupe.

    Laissant finalement voguer mon regard dans la rue, je peinais encore réellement à me sentir ici ''chez-moi'', comme si cet endroit n'était qu'une sorte de sursit avant un nouveau départ. Trouverais-je seulement encore un coin en ce moment où je me sentirais bien ? J'avais laissé des parts de mois à chaque voyage, chaque événement, redevenir celui que j'avais été me semblait clairement impossible et me plonger dans un certain isolement était certainement la meilleure chose à faire ; autant pour moi que pour tous ceux qui m'entouraient. Je ne parlais que peu depuis notre arrivée, depuis bien plus longtemps en y réfléchissant. Perdre Sven avait été le début d'une déchéance que je n'avais rien fait pour arrêter, et les nombreux événements qui avaient suivis n'avaient en rien aidé. Tirant doucement sur ma cigarette, je fixais mon attention devant moi, un peu dans le vague, méditant sur ce qu'allait être cette journée. L'envie de faire quelque chose de réellement constructif était présente, pourquoi pas sortir pour trouver des vivres, ou simplement être un prétexte pour m'éloigner un peu, mais arpenter les rues seul serait probablement pure folie.


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Re: Gaping Scars

Mar 14 Mar 2017 - 19:44


- Je sors, je prends mes armes, il y a un problème avec ça ?
- Non, aucun, avait répondu Arthur.
- Good.

Ce n’est qu’après avoir touché le fond qu’on peut remonter. Si John n’était pas sûr d’avoir touché "le" fond – on pouvait toujours faire pire – il avait touché un fond, c’était certain. Maintenant ? Maintenant, il était temps pour lui de remonter. De se reprendre en main. D’essayer de redevenir l’homme qu’il avait été autrefois. Si cela était encore possible. D’une certaine manière, c’était dans l’ordre naturel des choses. Comme le serpent faisant peau neuve en accomplissant sa mue. La chenille sortant du cocon qu’elle s’est construite en papillon. Le phœnix se relevant de ses cendres. C’était son tour à présent. Et il avait largement assez attendu. Oh pour sûr, il aurait pu prendre cette décision plus tôt, avant de causer tous ces dommages autour de lui. Mais en réalité, ce n’était pas une décision qu’il avait prise volontairement. Non cette volonté d’aller mieux, elle s’était imposée à lui, comme l’évidence même. Blake n’y était pas pour rien là-dedans. Sa disparition peu de temps après leur arrivée dans ce nouveau camp en avait été le déclic. Callaghan s’était trituré les méninges pendant son absence. Et il avait réalisé beaucoup de choses. Certaines, il avait commencé à en prendre conscience peu de temps avant leur départ du chalet, d’autres étaient des vérités plus anciennes, des vérités qu’il avait toujours su et qui s’étaient estompées derrière sa colère et sa rancœur. Des vérités qui s’étaient rappelées à lui au cours des longues nuits où il avait veillé, sans rien dire à personne, l’œil braqué vers le portail du quartier résidentiel, guettant le retour de son épouse.

Il l’aimait toujours. John aimait toujours Blake. C’était celle-là la plus importante des vérités. Il lui était parfois arrivé d’en douter. Il lui était parfois arrivé de la haïr. Aussi contradictoire que cela puisse être, c’était justement cet amour qu’il avait pour elle qui l’avait poussé vers ce sentiment contraire. Elle était son monde. Elle était tout ce qui lui restait. Et il l’aimait. Malgré tout le mal qu’ils avaient pu se faire, malgré toutes les crises de nerfs qu’ils avaient essuyé, il l’aimait. Autant qu’il avait aimé sa petite princesse. C’était la mort de CC qui avait tout déclenché. Leur fille aurait eu honte de voir à quel point ses parents s’étaient déchirés. Sans doute même que l’étincelle de fierté qui brillait dans ses yeux aurait vite disparu si elle avait vu ce que son papa était devenu. De sa naissance jusqu’après sa mort, Chloe avait été le moteur de tout. Et c’était par elle que passait aussi la rédemption du père.

Callaghan s’était réveillé tôt ce matin-là. Plus tôt que le reste de la maisonnée en tout cas. Encore incertain d’avoir réellement l’envie de faire ce qu’il s’était pourtant préparé mentalement à faire, pendant de longues minutes, le combat engineer avait fixé les bûches noircies par les flammes, à présent éteintes, dans l’âtre de la cheminée. Il avait fini par se lever, le regard plus déterminé que jamais. Aussi discrètement que possible, le brun avait préparé ses affaires pour la journée avant de quitter la maison pour se rendre dans celle des McLeod. S’il espérait n’y croiser personne, il n’avait pas été le seul à se lever de bonne heure. La voix du roux s’était élevée dans son dos, lui demandant ce qu’il faisait tandis que le sergent de première classe s’équipait. La réponse n’avait pas été des plus cordiales. John essayait de s’améliorer oui mais il n’était pas encore prêt à devenir un bisounours. Une fois le problème qui n’en était pas un clos, le militaire quitta rapidement l’armurerie, son Colt à la cuisse et son fusil d’assaut passé en bandoulière. À sa sortie, un simple coup d’œil en direction de la maison dont il occupait le canapé lui permit de voir Alan sur le perron, fumant sa cigarette matinale.

- Hep, fit John pour tirer l’autre de ses rêveries. Il y a quelque chose que je dois faire dehors, expliqua l’homme en se passant des convenances habituelles. Je vais partir là mais j’aurai peut-être besoin d’un coup de main. T’en es ? demanda-t-il, tendant la crosse de son fusil en direction du nordique pour lui faire comprendre qu’il pouvait prendre son arme et n’avait pas besoin de se préparer pour une longue et difficile expédition.
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Re: Gaping Scars

Mar 21 Mar 2017 - 12:03



❝Gaping Scars❞
John & Alan

    Tirant lentement sur ma cigarette, je réfléchissais à ce à quoi allait ressembler ma journée. Elle serait probablement une répétition des précédentes ; tourner en rond, chercher quelque chose à faire, essayer de faire des projets futiles pour rendre nos vies plus vivables. Mais mes plans inexistants furent rapidement effacés pour en créer d'autres, amenés par John. Sa voix m'avait tiré de mes pensées alors que je posais sur lui un regard relativement indifférent. Faire quelque chose dehors ? Qu'importait ce que c'était, mon cadet savait pertinemment ce qu'il faisait. Quand il me demanda mon aide je fronçais néanmoins les sourcils, persuadé au départ qu'il avait l'intention de faire ce qu'il avait à faire seul et était simplement venu me prévenir. Mais non. Sans vraiment réfléchir, hochant simplement la tête, je sautais sur l'occasion qui m'était donnée de ne pas passer la journée ici et récupérais l'arme qu'il me tendait. Ludwig était sorti à ce moment là de la maison, me permettant de le prévenir que je sortais et lui demandant de prévenir Christy pour qu'elle ne s'inquiète pas de ne pas me trouver dans le quartier.

    Quelques minutes plus tard, nous avions rejoint une voiture, John au volant moi à côté. Inutile de lui demander pour l'instant où nous allions ou pour combien de temps nous en aurions, ça n'avait pas une grande importance. L'ancien militaire semblait parfaitement savoir où il voulait aller alors autant suivre pour l'instant. Si l'idée de sortir sans ma hache ne m'enchantait pas réellement, je lui faisait toutefois confiance quant au fait qu'elle serait suffisante pour ce qu'il avait prévu ; juste une sécurité, au cas où.

    D'après l'heure affichée sur le tableau de bord, nous avions déjà roulé pendant près d'une heure. Évitant quelques Coyotes, obligés aussi de faire nombreux détours à cause de carcasses de véhicules abandonnés. Et pendant tout ce temps, le silence avait été de mise. Il n'avait absolument pas été pesant, était simplement normal ; une chance pour John comme pour moi que ni l'un ni l'autre n'avait réellement ce besoin ni l'envie de discuter, entretenir une conversation sans fondement simplement pour meubler. Si je m'étais contenté pendant tout ce temps d'observer les paysages extérieurs de manière un peu absente, j'avais fait de mon mieux pour ne pas laisser mes sombres pensées ressurgir sans réellement y parvenir, me murant dans ce silence qui était autant salvateur que destructeur.

    Plus nous avancions cependant et plus j'avais ce sentiment désagréable de connaître cette route, de l'avoir déjà empruntée il y a déjà des mois de cela. Et si je ne montrais en rien mes craintes quant à notre destination, je n'avais pu m'empêcher de prendre la parole, reportant mon attention sur la route plus en avant.

« Tu veux aller à Olympia ? »

    Inutile de m'étendre sur la question. Je savais pertinemment que c'était là-bas que les Callaghan avaient perdu leur fille, là-bas que reposait son corps. Et si tel était le cas, je comprenais parfaitement son besoin d'y aller, de s'y recueillir. Mais m'y rendre pour la première fois depuis que j'avais eu à tuer le Coyote qu'était devenu mon fils pesait lourd dans mon estomac, probablement que ça amènerait de nombreuses pensées que j'avais essayé de taire depuis tout ce temps, mais hors de question de faire demi-tour et de laisser John. Pour avoir eu à laisser derrière moi l'endroit où reposait mon enfant, j'étais parfaitement conscient de l'importance que cela devait également représenter pour mon compagnon.


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Re: Gaping Scars

Mar 28 Mar 2017 - 19:02


L’arme toujours tendue, John laissa retomber mollement son bras en voyant le canardophile. Pas lui, songea le brun. Ce n’était pas qu’il ne l’aimait pas non. Dans l’esprit du militaire, Ludwig était logé à la même enseigne que beaucoup d’autres personnes du camp et il craignait un peu que le suédois étende l’invitation à son voisin norvégien par politesse. Et très franchement, l’idée était loin d’enchanter le trentenaire. À choisir entre partir seul ou avec les deux, il partirait seul. Alan était bien tombé. John ne serait pas allé jusqu’à le réveiller pour qu’il vienne mais cela faisait quelques jours qu’il songeait à lui proposer de l’accompagner. De toutes les autres personnes avec qui ils partageaient ce camp, Karlson était l’un des rares à avoir su voir au delà de la colère du combat engineer. Et après ce qu’il avait lui aussi enduré, il était l’un des rares à pouvoir le comprendre. À pouvoir comprendre réellement tant son comportement et la douleur qu’on pouvait ressentir en perdant la chair de sa chair. Alan aussi avait perdu un fils. Et pas que. Beaucoup de ses proches avaient perdu la vie au cours de l’exode de leur groupe. Sa propre tristesse, John en voyait les reflets dans le regard du cinquantenaire. Elles se faisaient écho l’une l’autre. D’une certaine manière, c’était grâce au professeur que le sergent de première classe remontait la pente. C’était lui qui, en quelques mots, avaient réussi à le convaincre de préparer ses affaires et de monter dans ce camion. Sans son aîné, John aurait probablement été encore au chalet, s’il n’était pas lui-même parti de son côté. Il lui devait bien ça. Et même si ce que Callaghan avait à faire était assez personnel, sortir s’aérer l’esprit ne ferait certainement pas de mal à Alan.

Lorsque ce dernier informa le libraire qu’il partait pour la journée sans lui proposer de venir avec eux, un sourire étira les lèvres de l’ingénieur. Ses craintes envolées, les deux hommes rejoignirent un véhicule et quittèrent le camp en silence. Le silence, il régna un bon moment dans l’habitacle de la voiture. Autrefois bon vivant, John avait du mal avec ça et l’ambiance pesante qui l’accompagnait d’ordinaire. Depuis la mort de CC en revanche, il avait appris à l’apprécier. Pour les nombreuses fois où il s’était muré dans le mutisme, il valait mieux de toute façon. D’un certain point de vue, c’était une bonne chose. Un silence en disait parfois plus long qu’une bonne discussion et il était important de savoir en profiter. Le manque de conversations ne le gênait plus. Pourtant, il aurait probablement eu des choses à dire mais il ne ressentait pas le besoin de les exprimer à voix haute. Alan était loin d’être bête. Et étant donné l’amitié qui liait Blake et le norvégien, il comprendrait bien assez tôt où John avait l’intention de se rendre. Concentré sur la route mais principalement su le fait de devoir éviter les morts, ce fut à peine s’il vit l’heure passer avant qu’Alan ne se décide à le rompre, le silence.

- Pas très loin, oui, répondit l’homme en jetant un coup d’œil sur le siège passager. Écoute, si c’est trop dur, reprit-il d’un ton compatissant après avoir marqué une brève pause, on peut toujours faire demi-tour. Je repartirai seul directement. Il faudra juste que je siphonne quelques voitures de plus histoire de remplir le réservoir, termina-t-il, plus léger. Ça faisait une paye qu’il ne s’était pas essayé à un trait d’humour.

Se montrer prévenant ne lui ressemblait pas. Tout au long de sa vie, John ne l’avait que rarement été. Mais il savait ce qui s’était passé pour les Karlson à Olympia et, s’ils ne s’y rendaient pas vraiment, il pouvait comprendre la dureté pour le père de s’approcher du lieu où il avait retrouvé le cadavre vivant de son fils. Pour le coup, Callaghan n’y avait pas vraiment pensé. Peut-être que proposer à Alan de l’accompagner était une erreur. Et peut-être pas. S’ils ne pouvaient que difficilement retourner au chalet où Sven était enterré pour payer leurs hommages, ils pourraient au moins retourner sur les lieux de son décès pour le faire. Entre amis, on se soutient. Car c’était ainsi que John considérait son aîné, comme l’un des ses rares véritables amis.
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Re: Gaping Scars

Sam 1 Avr 2017 - 17:43



❝Gaping Scars❞
John & Alan

    J'avais anticipé la réponse de John à ma question même avant qu'il ne parle. S'il voulait simplement trouver quelque chose en extérieur, nous n'aurions pas eu besoin d'aller aussi loin, Tacoma étant sans doute composé de tout ce qui pouvait nous être utile. Alors pour rouler aussi longtemps, en direction précise d'Olympia, il était évident que c'était pour une raison toute autre que trouver de simples vivres. Parce-qu'Olympia renfermait quelque chose que le reste du monde n'avait pas, quelque chose de bien plus significatif que tout ce qui pouvait se trouver ailleurs. Et comment lui reprocher cela ? J'avais moi-même eu le plus besoin de me recueillir sur l'endroit où nous avions enterré notre fils pendant plusieurs mois, et je le ferais encore probablement si nous étions encore au chalet.

    Ayant hoché la tête à ses premiers mots, je la secouais finalement aux derniers. Au vu du carburant de moins en moins trouvable, il serait loin d'être sérieux de faire un nouvel aller retour. De plus, si l'ancien militaire m'avait demandé de venir, c'était sans doute pour qu'il n'ait pas à faire cela seul, alors même si retourner aux abords d'Olympia risquait d'éveiller des souvenirs encore trop douloureux, je n'avais pas l'intention de le laisser.

« Ça ira ne t'en fais pas. »

    Hasardant un petit sourire qui se voulait plus rassurant que réellement joyeux, je reportais à nouveau mon attention sur la route qui défilait au dehors, laissant à nouveau le silence s'emparer de l'habitacle. Si mon estomac s'était d'un seul contracté, sans doute sous la nervosité, je n'en laissais rien paraître, me contentant de rester calmement en me concentrant sur d'autres choses. Bien sûr que ce serait difficile, mais je ne pourrais décemment pas continuer à me laisser ronger de l'intérieur par mes souvenirs, il faudra bien qu'un jour vienne où je parviendrais enfin à passer outre. Et peut-être que cette sortie improvisée était l'occasion, ou du moins un premier pas pour y parvenir.

    Au fur et à mesure de notre avancée, John n'avait d'autre choix que de zigzaguer encore plus entre les Coyotes qui se faisaient de plus en plus présents. Si ce fait aurait pu être une sorte de retour à la réalité lorsque nous étions perdus au chalet, loin de tout, c'était désormais devenu une habitude et même si les morts avaient l'air de s'éparpiller de plus en plus dans les campagnes, leur nombre dans les villes et leurs alentours était encore loin d'être négligeable. Arrivés à un certain point, nous n'eûmes pas d'autre choix que de descendre du véhicule pour dégager la voix des quelques cadavres qui la bloquait ; mieux valait éviter de trop renverser les Coyotes et leur passer dessus avec le véhicule si nous voulions avec une chance de pouvoir rentrer avec.

    C'est au bout d'une bonne trentaine de minute supplémentaire que John avait ralenti la voiture jusqu'à éteindre le moment. Probablement que nous n'étions pas loin de l'endroit où reposait la petite Callaghan et, si j'avais refusé la proposition de mon ami de faire demi-tour, c'était désormais sa dernière chance de prendre pour lui-même cette décision. Chaque vivant se sentait prêt pour beaucoup de choses, apte à affronter quoi que ce soit, jusqu'à ce qu'il se retrouve réellement dans la situation qui le poussait à le faire et que, d'un seul coup, tout devenait plus compliqué. Mais John savait probablement parfaitement ce qu'il faisait, il avait dû y réfléchir depuis un temps et était passé par de nombreux stade d'évolution. Bien trop agressif au début, j'avais peu à peu appris à le connaître, l'apprécier, jusqu'à finir par partager sa peine, la comprendre bien mieux. Alors oui, ce serait certainement difficile, pour lui comme pour moi, mais il me semblait normal d'être le soutien dont il aurait besoin dans cette épreuve.


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Re: Gaping Scars

Ven 21 Avr 2017 - 2:28


La lame fendit l’air et transperça la boîte crânienne du mort. Tenant fermement le pull du rôdeur, le militaire retira son couteau d’un coup sec. Il ne fallut qu’une faible poussée de la part du vivant pour faire tomber le cadavre décharné en arrière. Son arme convenablement nettoyée, il rejoignit Alan pour l’aider à dégager les corps de leur chemin. Ils devaient faire ça de plus en plus souvent. Pourtant, à choisir, John préférait encore ça à leur vie recluses, perdus dans les montagnes. Tout était loin en montagne. Il faisait froid. Plus qu’ici en tout cas. Et il n’y avait rien à faire. Rien, à part ruminer sa colère et broyer du noir. Vu les extrémités auxquelles ça l’avait conduit... Pour sûr, le danger était plus présent en ville mais entre les deux, son choix était vite fait. Attrapant les bras d’un des morts, Callaghan le tira sur le bas côté.

- Rah putain non, pas encore, râla le brun en entendant l’une des épaules du cadavre craquer. Le trentenaire n’avait pas envie de devoir une nouvelle fois trimbaler un corps en plusieurs morceaux, l’épisode du pont lui avait suffi.

Jetant un coup d’œil vers son camarade pour voir comment lui s’en sortait, un fin sourire étira les lèvres du militaire. À dire vrai, il était content qu’Alan ait décidé de poursuivre la route avec lui. Plus ils se rapprochaient du but, plus John commençait à mettre en doute cette expédition. Était-ce réellement une si bonne idée que ça ? À défaut de pouvoir disparaître un jour, la douleur s’estompait enfin petit à petit. Ne courait-il pas le risque de la voir se réveiller plus forte que jamais en continuant cette entreprise ? N’aurait-il pas mieux fait de faire demi-tour et de laisser les souvenirs de son petit ange là où ils étaient enfouis ? Aurait-il la force, tout simplement, d’aller jusqu’au bout ? Il le devait oui. Pour les autres, pour lui-même mais avant tout pour Blake. Et la présence du suédois l’aiderait à aller au bout, même si le cinquantenaire ne s’en rendrait pas nécessairement compte. Alan était l’un des rares dans le camp à avoir de l’estime pour lui. Quelle estime aurait-il encore si le sergent abandonnait, s’il retournait au quartier résidentiel, les bras ballants, prêt à se morfondre ? John n’avait déjà plus beaucoup pour lui-même alors...

Le soldat mit ses réflexions de côté lorsque la route fut dégagée et que les deux hommes remontèrent en voiture. Le voyage se termina comme il avait commencé, dans un silence presque total. Il n’y eut guère que le ronronnement du moteur pour occuper leur ouïes jusqu’à leur arrivée. Quelques images lui revinrent en mémoire à mesure qu’ils s’approchaient de leur destination. La voiture familiale que les Callaghan avaient pris en quittant le camp où il avait été déployé. Blake assise sur le siège passager, les jambes croisés et légèrement de biais afin de garder un œil sur leur fille. CC, assise à l’arrière, ses jambes battants contre le siège rehausseur, le nez plongé dans l’un des rares livres pour enfant qu’ils avaient pu emporter. L’un de ses derniers souvenirs d’elle. Ralentissant l’allure, il se rangea sur le côté et coupa le moteur. Il avait beau ne s’y être rendu qu’une seule fois, le californien aurait reconnu cet endroit entre mille.

- C’est ici, annonça le trentenaire. Plein d’appréhension, son regard était tourné vers la maison la plus proche.

John descendit de la voiture le cœur lourd et alla récupérer son sac à l’arrière. Laissant à Alan le soin de prendre le fusil personnel de Callaghan, le brun fit quelques pas en direction de la bâtisse avant de se stopper net. Même maintenant, il n’aurait pas la paix. Dégainant son couteau, il ne s’encombra d’aucune facétie gestuelle et enfonça la lame entre les deux globes oculaires du cadavre ambulant.

- Tu peux monter la garde pour moi ? demanda-t-il après avoir nettoyé son arme.

L’approbation d’Alan obtenue, le père de famille marcha en direction d’une petite croix plantée dans le jardin de la maison. Elle marquait l’emplacement, comme sur les cartes des légendes sur la piraterie. C’était là, à cet endroit précis, que Chloe était enterrée. Ici, que reposait celle qui avait été le trésor de sa vie. Posant son sac sur le sol, à côté de lui, John s’agenouilla lentement dans l’herbe.

- Hey baby girl, murmura l’homme avant de fermer les yeux pour se recueillir.
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Re: Gaping Scars

Lun 1 Mai 2017 - 18:15



❝Gaping Scars❞
John & Alan

    Un arrêt obligatoire pour tuer et dégager de la route les Coyotes qui s’étaient fait un peu plus encombrants maintenant que nous approchions d’Olympia avait été inévitable et, si mettre fin à la pseudo-vie de ces morts ne me faisaient plus ni chaud ni froid depuis bien longtemps, je ne prenais aucun plaisir à le faire. Mais il le fallait, par respect pour ceux qu’ils étaient avant, mais surtout pour nous tous. Ainsi, s’occupant chacun automatiquement des rôdeurs qui se présentaient, nous nous étions attelés à les déplacer sur le bas-côté afin de ne pas endommager le véhicule plus que nécessaire. Entendant John pester, j’étais naturellement allé l’aider pour bouger le dernier corps qui menaçait grandement de finir en pièces et nous étions repartis.

    De longues minutes encore qui m’avaient plongé, à l’instar sans doute de mon partenaire, dans mes souvenirs. Je me rappelais avoir pris ce même chemin quand, avec Christina et Sven, nous nous étions rendus à Olympia. Nous étions à pieds, certes, mais avions pris cette habitude de ne jamais trop nous éloigner de la route afin de ne pas risquer de nous perdre ; sans compter le fait que les carcasses de véhicules présentes avaient recelé de certains vivres qui, de nombreuses fois, avaient été une réelle aubaine pour les voyageurs démunis que nous étions. Indéniablement, les souvenirs de la perte de mon fils, de tout ce qui en avait découlé, de son regard laiteux, s’étaient également rappelés à moi, toujours aussi douloureux à chaque fois. Mais ce n’était pas le moment de me laisser submerger par la culpabilité, l’amertume ou la peine, je me contentais donc pour l’instant de profiter de ce silence, m’y murant tout en l’appréciant.

    Quand enfin John stoppa le véhicule pour de bon, je dirigeais mon attention vers la maison qu’il regardait avant de sortir à mon tour du véhicule en récupérant au passage le fusil de l’ancien militaire. L’ambiance était étrange, comme si une pression s’était d’un seul coup imposée. Etait-ce dû à la propre angoisse que devait ressentir John ou était-ce réellement ce lieu qui était lourd des traces de la mort ? Sans doute un peu des deux. Suivant du regard mon cadet, je garde un silence presque religieux avant de hocher la tête à sa demande ; bien sûr que j’allais le faire, je l’aurais fait même sans qu’il n’ait à le demander pour la simple raison que je savais qu’il aurait besoin d’être seul pour pouvoir se recueillir sur la tombe de son enfant.

    Glissant la sangle du fusil sur mon épaule, j’avais attendu que mon partenaire disparaisse au coin de la maison pour me mettre à faire quelques pas dans les alentours. Une première silhouette ne tarda pas à remarquer ma présence et s’approcher de moi de son pas traînant. Sans hésité, j’avais récupéré à ma ceinture le couteau que je portais constamment sur moi, plus discret que le fusil et suffisamment pratique pour l’instant ; mieux valait éviter d’attirer tous les Coyotes des alentours, au moins le temps que John ait eu le temps dont il avait besoin.

    Me retournant après avoir assené un coup fatal au premier mort, j’en remarquais deux autres qui venaient vers la maison. Serrant les dents en retenant un soupire d’agacement, j’allais leur réserver le même sort que leur compère. Et puis le calme, encore un peu. Ce calme pour une fois réellement étouffant, ce calme qui faisait sortir de l’ombre tous les démons cachés. Faire les cents pas pour se changer les idées, se focaliser sur ma tâche ici qui était bien d’assurer la sécurité de John mais aussi de lui apporter un certain soutien. Des râles étaient portés jusqu’à moi par une légère brise. Peut-être avaient-ils entendu le moteur ? Impossible cependant de savoir à quelle distance ils étaient alors autant patienter encore un peu jusqu’à être fixé, ne prévenir le militaire qu’en dernier recours.


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Re: Gaping Scars

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