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Re: Must be something in this room

Mar 9 Mai 2017 - 15:47

Lysbeth était parfois maladroite, surtout en ce qui concerne les autres. Le silence que laissa planer Clive quand elle lui demanda si " Alisa " était sa petite amie ne lui glissa pas le mot à l'oreille. Elle, naturelle et bienveillante, voulait simplement trouver un sujet de conversation, afin de mieux accepter la présence de son interlocuteur. Elle avait encore un peu de mal à s'y faire, oui. Ainsi, elle lui demanda de parler d'elle, ne se rendant compte de la souffrance que cela pouvait évoquer pour lui qu'au dernier moment. Elle eut presque le réflexe de poser le bout de ses doigts sur ses lèvres, mais il était trop tard. Elle l'avait fait, elle l'avait demandé, et elle ne devait en aucun cas lui montrer le moindre signe de trouble, de faiblesse.

Ainsi elle l'écouta parler de cette femme qu'elle ne connaissait pas, et elle se mit à imaginer tout ce qu'il lui racontait. Elle pensait aux salles de sports, aux bruits des ballons et des chaussures sur le parquet. Elle voyait cette famille bienveillante et eut un léger sourire, y retrouvant la sérénité familiale qu'elle avait perdue en même temps que la parole, bien des années plus tôt. Elle voyageait au sein de cette université, se laissant emporter dans cette fête trop bruyante qui semblait si amusante. Elle rêvait de plonger la tête première dans les livres et de n'en sortir que pour respirer, comme si les pages n'étaient que l'eau bleue d'une grande piscine un jour de juillet.

Et finalement, Clive aborda la révolte. Cet ignoble carnage dont elle se souvenait encore en sa cicatrice toujours douloureuse. Cette journée fut la plus funeste, et pour beaucoup plus rien n'était pareil depuis. Ils avaient fait face à la folie, à la déchéance de toute civilisation et de toute humanité, quand les militaires ouvrirent le feu sur des civils désarmés.
Jamais Lysbeth n'avait réussi à oublier cette journée. Elle avait perdu Megan, celle qui était plus qu'une amie, plus qu'une soeur encore. Elle l'aimait d'une amitié sincère. Elle avait besoin d'elle. Mais les tirs d'un fusil d'assaut l'emportèrent vers l'obscurité. Ce jour là, une lame s'enfonça dans sa cuisse. Cette lame, elle la portait toujours sur elle ensuite, comme un trophée, comme un souvenir. Ce jour là, Lysbeth fit couler le sang. Elle qui n'était qu'une simple jeune femme, amoureuse de livres, de musique et de liberté. Elle, qui jamais n'avait pensé à faire le mal, tira sans comprendre sur ces hommes devenus des bêtes pour sauver la vie d'innocents. Une blessure qui jamais ne pouvait guérir.
Ainsi, lorsqu'il en parla, son regard vitreux se perdit dans le vide. La moindre émotion ne tarda pas à disparaître de son visage, la laissant immobile et impassible comme une poupée de cire. Ce n'est qu'après quelques instants qu'elle parvint à prononcer quelques mots.

" Je suis désolée Clive. J'ai aussi perdu quelqu'un ce jour là.. et j'ai peur de m'être perdue moi-même.. "

Elle releva le regard vers lui, forçant un léger sourire pour se sortir des pensées obscures qui envahissaient son esprit.

" .. Mais bon. Nous sommes toujours là, et nous devons surmonter tout ça, pour qu'ils ne soient pas morts en vain. C'est ce que Alvin a l'habitude de me répéter et.. au début je ne comprenais pas, mais aujourd'hui j'y arrive. "

Elle haussa les épaules, mimant une moue désolée et presque enfantine, avant de saisir l'opportunité que représentait ce changement de sujet, même si elle n'avait aucune idée de comment répondre à sa question..

" Quel genre.. ? Eh bien c'est une bonne question.. C'est.. euh.. fantastique ? Fantaisiste ? Science fiction ? "

Elle haussa un sourcil en marquant un court silence.

" .. En fait peu m'importe.. je n'aime pas me définir dans un seul genre, ou un seul style. Je n'ai jamais aimé les étiquettes et encore moins les barrières.. Disons que ça regroupe un peu de tout ça et que.. l'important pour moi, c'est de créer un monde, un univers quand j'écris. "

Elle se mit à rire doucement, légèrement gênée, peut-être même honteuse de se confier ainsi.

" C'est ce que j'aime ! "
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Re: Must be something in this room

Ven 12 Mai 2017 - 7:40

Tout en évoquant Alisa, leur passé commun et le triste sort qu’elle avait connu, malheureusement partagé par tant d’autres survivants innocents ce jour-là, Clive ne remarqua pas que ses paroles pouvaient avoir un effet qu’il n’avait pas souhaité sur Lysbeth. Ce n’était clairement pas un sujet des plus joyeux, mais tout cela faisait partie de sa vie avec Alisa, c’en était le point final là où avant il n’y avait que des points de suspension qui avaient laissé entrevoir un futur à deux. Il ne réalisa cela que lorsque la jeune femme reprit la parole, se montrant désolée et expliquant qu’elle avait elle-même dû faire un deuil au lendemain de cet événement. « Je suis navré de l’apprendre. » Son regard azur était doux, sincère, il compatissait et en toute logique, peu de ceux qui étaient déjà là au moment du massacre auraient pu ne pas comprendre ce que traversait Lysbeth. Tout le monde avait perdu une part de soi-même ce jour-là, car il n’avait pas fallu se défendre des morts, il avait fallu se défendre des vivants. C’était peut-être ce qui dérangeait le plus Clive dans ce nouveau monde, les rôdeurs étaient effrayants, mais ils étaient simples. Les autres survivants en revanche …

« Alvin a raison. Nous sommes là, c’est parfois difficile de se dire que nous sommes là alors que d’autres sont partis mais il faut continuer de vivre pour eux. » Clive se demandait qui Lysbeth avait perdu ce jour-là, mais il n’était pas certain que poser la question soit très judicieux, la jeune femme avait l’air plutôt secrète et il était déjà en train d’empiéter sur son territoire, mieux valait ne pas trop tester sa chance. « Il m’a fallu du temps pour arriver à comprendre ces mots également, mais nous avons la chance d’être bien entourés ici. » Le brun ajouta un sourire à sa remarque, ce n’était pas tous les jours roses mais il y avait au lycée suffisamment de personnes pour l’aider à garder espoir.

L’ancien bibliothécaire changea finalement de sujet, ils auraient sans doute l’occasion de rediscuter de tout cela si l’un ou l’autre en ressentait l’envie ou le besoin. Pour l’heure, il était plutôt question d’écriture. Et Clive se trouva presque absorbé par la réponse apportée par Lysbeth à sa question. Des écrits fantastiques et fantaisistes, sans doute à bien des égards, il aimait penser à tous les sens de ces qualificatifs. Un roman pouvait être fantastique et fantastique, fantaisiste et fantaisiste. La brune n’aimait donc pas se borner à un genre en particulier. Avec un sourire, Clive ajouta quelques mots. « La seule limite est votre imagination, n’est-ce pas ? » Et quelle belle chose que l’imagination, même si parfois elle partait trop loin, Clive ne pouvait imaginer une vie dénuée de toute imaginaire. Surtout depuis que le monde avait changé.

« Si vous me permettez cette curiosité, est-ce qu’il s’agissait-là de votre métier ? » Le brun se rappela de son ami Nigel, écrivain dont il était fan dès la première heure et avec qui il avait pu sympathiser, notamment grâce à Alisa qui n’avait pas hésité à l’aborder dans un café. Son regard toujours posé sur Lysbeth, Clive se rappelait cet épisode, un sourire aux lèvres. « Je gérais une petite bibliothèque à quelques rues d’ici » ajouta-t-il en espérant que cela atténuerait peut-être la curiosité de sa question. Encore une fois, il ne voulait pas brusquer Lysbeth et la jeune femme avait montré qu’elle pouvait s’emporter rapidement si elle était piquée au vif.
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Re: Must be something in this room

Dim 21 Mai 2017 - 17:11

Clive était désolé, et pourtant il n'avait pas à l'être. La souffrance née de cette maudite journée était commune à tous. Le deuil les avait tous touchés, sans exception. Face à la mort et à la folie des hommes, ils étaient tous égaux après tout. Elle lui offrit un petit sourire encore, réponse qu'elle jugeait suffisante quand il s'avoua navré. Un petit sourire qui voulait dire que c'était du passé, que c'était encore douloureux mais qu'il n'était pas responsable, et qu'ils connaissaient aussi bien l'un que l'autre la douleur. Celle-là même qu'elle tutoyait encore à chaque fois qu'elle pensait à son amie.

" .. C'était une personne merveilleuse, nous étions amie depuis notre enfance, elle m'a tellement aidée lorsque j'étais au plus mal. Si je suis vivante aujourd'hui, c'est grâce à elle. Je me réconforte dans l'idée qu'elle continue à vivre tant que je pense à elle, tant que j'aurai la force de lui écr.. euh.. je..j.. hum. "

Sans même s'en rendre compte, Lysbeth venait de se confier à Clive. Oui, elle écrivait souvent à son amie dans ses petits livres, à défaut de pouvoir encore s'adresser à elle de vive voix. Elle savait que c'était inutile, que jamais les pages d'un livres n'allaient se couvrir de réponses et du réconfort qu'elle espérait tant. Mais lui adresser quelques lignes avait le don de la soulager.
Elle regarda Clive dans les yeux, silencieuse un instant, avant de soupire légèrement et de se laisser aller à la confidence. Elle en avait besoin, et après tout, il lui devait bien ça après s'être introduit dans son monde comme un loup dans la bergerie !

" .. Eh bien.. au moins maintenant vous savez ce que contiennent certains de mes écrits. ", ajouta-t-elle simplement en haussant les épaules, comme si le secret qu'elle défendait jalousement n'était finalement qu'une bêtise sans aucun intérêt.

Quand la conversation en revint à ce qu'elle aimait écrire, en dehors des cahiers qui contenaient ses secrets, elle se mit à rire à la remarque de Clive.
" Oh et.. je crois que mon imagination n'a aucune limite. Haha ! "
C'était vrai. Lysbeth se laissait emporter par ses désirs, guidant ensuite sa plume pour témoigner des choses incroyables qu'elle pouvait admirer, ainsi perchée dans ses pensées. Les règles n'existaient pas dans son monde, dans son univers. Si elle avait décidé de mettre un Jedi dans un Narnia, alors elle le faisait. Tout ce qui lui importait, c'était  de voyager à travers ce qu'elle écrivait.

" Je n'en vivais pas, non. C'était plus par passion, même si j'en tirais quelques bénéfices. Je travaillais aussi dans une bibliothèque.. Vous vous rendez compte ? C'est un drôle de hasard. On aurait pu se connaître avant tout ça, haha et.. et finalement on se retrouve à parler de bouquin dans une salle de classe. En plein apocalypse. Waouh.. "

Ses yeux s'ouvrirent si grands qu'elle en devenait presque drôle. Lysbeth s'étonnait des points communs qu'ils partageaient, et du fait qu'ils ne se soient jamais connus avant. Oh sans doutes s'étaient-ils croisés, sans pour autant se connaître ou se reconnaître. Le monde des livres était petit mais tellement peuplé.
Posée là devant lui, à lui accorder le privilège de quelques secrets et de sa bonne humeur qui contrastait avec ses débuts de crise quelques instants plus tôt, elle eut une pensée, comme un regret, comme une envie. Elle se demanda pourquoi elle n'avait pas rencontré cet homme plus tôt, lui qui semblait si doux, si charmant, si passionné. Et en admirant son regard si troublant, elle se dit qu'elle avait envie de le connaître. Elle voulait devenir l'amie de Clive, que ce soit une bonne ou une mauvaise idée.
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Re: Must be something in this room

Mar 23 Mai 2017 - 8:33

Parfois, la confession, le dialogue, c’était comme ouvrir un robinet rouillé. Au départ, il n’y avait que peu de mots, et s’il y en avait ils n’avaient guère d’intérêt, et puis d’un coup le robinet lâchait et c’était un torrent d’informations, de sentiments qui glissaient là. Parler de cette journée fatidique, évoquer celle qui aurait dû être sa femme, échanger simplement sur ce qui était désormais les banalités de la vie. Clive l’avait fait naturellement, parce qu’on lui avait répété suffisamment de fois qu’il devait s’ouvrir pour ne plus souffrir mais c’était aussi en donnant que l’on avait une chance de recevoir. Le brun voulait connaître Lysbeth et pour cela il devait se livrer également, c’était de cette manière qu’il s’était rapproché de celle qui considérait désormais comme une amie, Roza. L’ancien bibliothécaire apprit ainsi qui la brunette avait perdu. Une meilleure amie, sa meilleure amie. Et là, ce flot de paroles qu’on ne contrôle plus totalement, ces gouttes qui s’emballent et qui dévalent. Il adressa un sourire en réponse à ces quelques mots, ancrant ses iris azurs aux émeraudes de Lysbeth.

« Qui sait si elle ne les lira pas un jour, il y a tant de choses que nous ne connaissons pas. » Sans aller jusqu’à croire à une vie après la mort … Non ce n’était pas la bonne façon de le dire, la vie après la mort existait, Clive le savait comme tous les survivants du lycée et du monde. Du moins une vie au sens physique. Mais qu’en était-il d’une vie spirituelle après que notre corps ait cessé de parcourir la surface de la Terre ? Il voulait croire que quelque part, là-haut ou ailleurs, Alisa était encore là et qu’elle voyait les efforts qu’il faisait pour rester sociable, pour rester humain, pour rester vivant. Et à ce moment-là, il aurait aimé dire tout simplement qu’il espérait que son amie se posait chaque fois au-dessus de son épaule pour lire ces lettres qu’elle lui écrivait, mais il n’en dit rien de peur de passer pour un fou.

Revenus à un sujet plus détendu, le brun esquissa un sourire. « Est-ce que ce n’est pas trop compliqué parfois de faire le tri dans toutes ces idées qui peuvent nous traverser l’esprit ? Réussir à les ordonner, les apprivoiser même … C’est ce qui me pose le plus de soucis quand d’aventure je me tente à l’écriture. Il y a tellement de choses à dire, à faire vivre ou ressentir, comment choisir ? » Clive s’était mis à faire de grands gestes avec ses mains, emporté dans son discours qui était autant une réflexion à voix haute qu’une remarque pour Lysbeth. Il s’était essayé à l’écriture et ce n’était pas franchement un succès, à l’exception des poésies, sans doute parce que c’était avec cela qu’il avait charmé Alisa.

Et puis d’un coup, cette étrange chose que l’on appelle tantôt hasard, tantôt destin, qui était dans le fond sans doute un peu des deux, frappa à nouveau. Lysbeth n’était pas auteure de profession, non, leurs points communs allaient bien au-delà de cet amour des mots. « Vous étiez bibliothécaire ?! » Sidéré, notamment parce qu’il n’avait pas rencontré énormément de ses collègues auparavant à l’exception de ceux qui travaillaient directement avec lui, Clive ne put retenir une exclamation avant de se reprendre, confus. « Le monde est … petit et si grand à la fois. De tous les salons littéraires que j’ai fait, des rencontres avec des auteurs, dans des librairies, je connaissais à peu près tout le gratin littéraire de Seattle tant Alisa me poussait à profiter de ces ambiances-là, et je ne vous ai jamais croisé avant … Et il aura fallu cette salle très précisément pour que l’on fasse connaissance. » Affichant un sourire amusé et presque attendri, le brun se dit qu’en fin de compte, Alisa le regardait peut-être de là-haut ou d’ailleurs et qu’elle avait peut-être elle-même tout arrangé pour qu’il puisse ce jour-là prendre son courage à deux mains pour s’adresser à Lysbeth. Il pouvait presque l’entendre lui crier dessus. « Mais vous êtes pareils ! Vous serez amis, vous vous soutiendrez, vous vous supporterez ! » Un nouveau sourire traversa son visage alors qu’il fixait le sol devant ses pieds avant de relever la tête vers sa collègue bibliothécaire.

« Vous travailliez dans une grande bibliothèque ou bien une plus petite de quartier ? D’ailleurs … Vous savez que la bibliothèque de ce lycée est toujours en service et qu’une paire de bras supplémentaire ne serait pas de refus pour ranger, cataloguer, et pousser nos camarades survivants à remplir un peu plus les étagères. » La pauvre n’allait pas en être débarrassée de si tôt. Car si Clive éprouvait des difficultés à aller vers le commun des mortels, lorsqu’il rencontrait des littéraires comme lui, c’était une toute autre histoire.
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