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/! I got you

Mer 9 Nov 2016 - 23:02


Matheson passa la clôture du ranch. D’un geste de la main, il fit signe à Isaac encore en train de s’occuper des chevaux et lui présenta de loin sa trouvaille du jour. Deux lapins. Ce n’était pas grand chose, mais, accompagné de quelques légumes, ça serait suffisant pour leur dîner du soir. Comme il s’y attendait, la chatière s’ouvrit rapidement et Nessie se précipita vers son maître pour lui faire la fête. La berger allemande grandissait à vue d’œil mais comparé à l’homme, c’était encore une petite créature. Jack mit un genou au sol, délaissant son gibier pour flatter l’animal de multiples caresses et autres gratouilles derrière ses oreilles. Évidemment, l’odeur de la viande fraîche ne tarda pas à bien plus éveiller l’intérêt de la chienne que l’ouvrier ne pouvait le faire.

- Nessie, non ! gronda l’ours lorsqu’elle approcha un peu trop près son museau des rongeurs, dressant un index vers elle afin de recentrer l’attention de la bête sur lui. Pas maintenant !

Semblant prise d’un cruel dilemme, la chienne passa de l’un à l’autre et couina légèrement. Pour lui qui n’avait jamais eu d’animaux de compagnie, hormis ceux, souvent déjà âgés et dressés, des femmes qu’il avait pu fréquenter, éduquer la bestiole n’était pas toujours très évident. Heureusement pour lui, dans leur groupe, d'autres que lui étaient plus doués avec les bestioles. La bataille parut tout de même gagnée cette fois-ci puisque Nessie se désintéressa complètement du gibier et revint mettre sa gueule contre la main du quarantenaire, réclamant de nouveau des caresses. Jack s’exécuta avant de finalement se redresser, quelques secondes plus tard, en ronchonnant. Son corps était ankylosé par la fatigue et il y avait de quoi.

Les journées au ranch étaient éreintantes. Celle-ci, il l’avait commencée comme toutes les autres, en emmenant Nessie faire sa balade dans la fraîcheur matinale. L’occasion pour la chienne de faire ses besoins, pour lui, de faire le tour du propriétaire et de se débarrasser des quelques infectés qui s’étaient trop approchés de leur refuge. Traîner les corps à l’abri des regards était certainement le plus ennuyeux là-dedans mais c’était une démarche nécessaire. Jack ne souhaitait pas attirer l’attention de quelques curieux mal intentionnés en délimitant un périmètre avec un tas de cadavres. Après quoi, le brun avait troqué le couteau de survie récupéré dans les affaires de l’oncle de Juliet contre son vieux marteau et s’était mis aux travaux pendant le reste de la matinée. Le ranch n’était pas dans un piteux état, loin de là, mais un hiver, un printemps et presque un été entier étaient passés sans qu’il soit peu ou prou entretenu. La petite était volontaire, mais seule, elle ne pouvait pas faire de miracle. Il y avait encore beaucoup à faire pour rendre les barrières entourant le terrain d’autant plus solide et leur abri d’autant plus sûr.

L’après-midi, l’ancien scout l’avait consacré à la chasse. Seul comme souvent, il était parti arpenter la grande zone boisée qui bordait le Lake Youngs à une vingtaine de minutes de marches du haras afin de relever les collets qu’il avait posé le ou les jours précédents. Bien sûr, même si Jack pensait qu’elle n’était pas dupe, il se serait bien gardé de dire à Lily qu’il pratiquait la chasse aux collets. Elle aurait été foutue d’entamer une grève de la faim cette sotte. Ou de lui hurler dessus à longueur de temps que le petit gibier souffrait et qu’il était un cruel tortionnaire. Ou les deux, ce qu’il tenait par dessus tout à éviter. Mais les grands défenseurs de la cause animale pouvaient bien critiquer cette méthode, c’était quand même sacrément pratique dès lors qu’il fallait trouver de quoi remplir son estomac et celui de cinq autres personnes, ce qui était son cas à lui. Un peu de chance et le tour était joué. Chanceux, il l’avait été ce jour-là, ce n’était pas en les sortant d’un chapeau magique que Matheson avait récupéré les deux lapins qu’il tenait à la main en rentrant.

Donc oui, ce fut fatigué, alors que le ciel prenait les teintes orangées du crépuscule, que Jack passa la porte de la maison. Et la journée n’était pas encore finie. Après un bref "Je suis rentré" lancé à la cantonade à qui voudrait bien l’entendre, l’homme se dirigea aussitôt vers la cuisine. L’ouvrier se lava rapidement les mains avant de passer à la préparation des lapins puisqu’ils n’allaient pas se dépecer tout seul. Avec la bonne technique, ce n’était ni vraiment très compliqué ni vraiment très long. Une fois la première incision faite, le reste venait presque tout seul et la fourrure pouvait être retirée en une seul pièce. Le plus rebutant était encore de couper la tête du lapin, pour finir de retirer son pelage, et le vider. Et pour ça, il y avait pas de secrets, il ne fallait pas avoir peur de se salir les mains et de toucher de la bidoche. Dès que ce fut fini, Jack découpa les parties les plus garnies en chair. Dieu qu’il aurait aimé avoir un peu de vin blanc pour la cuisson...

- Juliet, appela-t-il en se lavant une fois encore les mains, les lapins sont prêts. Tu peux venir t'en occuper ?

Dans le salon, l’adolescente releva à peine les yeux pour lui offrir un regard dédaigneux. Avec le temps, Jack n’essayait même plus de tenir une conversation. Au lieu de ça, l’homme retira ses chaussures et se dirigea à pas de loup dans la chambre qu’il occupait avec Zoey. Enfin... Occuper était peut-être un bien grand mot. C’était là qu’il dormait, sur le fauteuil qu’il avait installé à proximité du lit. Ce n’était pas le plus confortable, ses nuits n’étaient pas toujours des plus réparatrices mais à dire vrai il s’en foutait pas mal. Ses expéditions mises à part, Jack avait décrété qu’il ne quitterait pas le chevet de la brune avant qu’elle ne soit parfaitement rétablie. Il l’avait perdue une première fois. Il n’y en aurait pas de deuxième. Et puis de son fauteuil, il pouvait veiller sur elle et agir rapidement au cas où la trentenaire aurait une crise et nécessiterait une injection d’insuline.

Avec la plus grande discrétion possible, Matheson ouvrit la porte et rentra dans la pièce. Son regard alla automatiquement se poser sur Zoey. Elle semblait assoupie. Lentement, il referma la porte. Engourdi, le quarantenaire s’assit sur le rebord du lit plutôt que de rejoindre son fauteuil. Les coudes en appui sur ses cuisses, il ferma les yeux. Quelques secondes, Jack n’avait besoin que de quelques secondes pour se détendre, lui, son corps, ses muscles. Quelques secondes et il serait d’attaque pour encore quelques heures.
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Re: /!\ I got you

Jeu 10 Nov 2016 - 18:16

Courir. Aussi vite et aussi loin que possible. « JACK. » Un ultime cri de désespoir, de terreur. Les dents serrées pour supporter la douleur, Zoey priait pour qu'il l'entende et qu'il lui vienne en aide. Mais rien, son cri ne reçu qu'un silence en retour. Il n'était plus là. « REVIENS. » l'ordre de son agresseur lui donna la force de se remettre en marche, sautillant pour solliciter le moins possible sa cuisse meurtrie. A pieds, elle n'arriverait jamais à s'en sortir alors la brune se mit à tirer sur toutes les portières des voitures abandonnées, suppliant à voix haute. Jusqu'à ce qu'une ouverte mais encore habitée d'un cadavre se présente sur son chemin. Avec toutes ses forces, elle réussit à en extirper le corps pour finalement s'installer derrière le volant et mettre le contact. Le pied enfoncé sur l'accélérateur, les yeux rivés sur ses rétroviseurs, Zoey surveilla l'arrière jusqu'à ce que l'homme ne soit plus qu'un petit point noir. Elle avait réussi à lui échapper mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'elle allait survivre.

Après environ trois kilomètres, la brune osa enfin baisser les yeux sur sa plaie. Ses pleurs doublèrent d’intensifié en voyant le sang qui avait imprégné tout son jean ainsi qu'une bonne partie du siège. Elle se vidait de son sang, littéralement. Elle allait mourir. Fortement, elle alla replacer sa main dessus, ce qui lui arracha un cri de douleur. Elle évita les rôdeurs présents sur la route tant bien que mal, zigzaguant pour les contourner, les doigts cramponnés sur le volant. Mais sa vue commençait à lâcher. Petit à petit, Zoey perdait connaissance même si elle luttait pour l'empêcher. Et finalement, elle n'eut même plus la force d'appuyer sur l'accélérateur. Elle laissa glisser la voiture jusqu'à l'arrêt complet puis, mollement, elle réussit à ouvrir la portière pour se laisser tomber de tout son poids sur le bitume. Elle ne voyait rien ou rien de très clair en tout cas. Simplement les formes et les couleurs. Après avoir cligné plusieurs fois des yeux pour stabiliser sa vue, elle se redressa à la force des bras et fit quelques pas en titubant. Il y avait une forme. Humaine ou morte, elle n'aurait su le dire. Dans tous les cas, elle allait mourir. Que ça soit vidée de son sang ou dévorée par un rôdeur.

« J-J-Jack ? » Osa Zoey, d'une voix quasi inaudible. Et elle s'écroula.

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Cette sensation désagréable. C'était à cause d'elle que Zoey s'était réveillée. Quelqu'un ou quelque chose lui tirait la peau, au niveau de la cuisse. Mais en ouvrant les yeux, Zoey fut prise de vertiges. Où était elle ? Des voix s'élevaient dans la pièce mais elle n'arrivait pas à les entendre. Est-ce que c'était Jack ? Après un clignement de paupière elle réalisa que ce n'était pas le cas. Ce plafond, ce lit, ne lui disait rien. Les lèvres entrouvertes, elle laissa échapper un gémissement de douleur mêlé à la peur. Où était elle ? Qui étaient-ils ? Elle avait tellement de question à poser. Mais ses paupières se refermèrent contre son gré, la faisant glisser à nouveau vers le sommeil.

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A peine réveillée, Zoey se sentait déjà repartir. Comme si une force invisible la tirait sans cesse vers le sommeil. Elle n'avait aucune force. Rien que d'ouvrir la bouche lui donnait l'impression de produire un effort surhumain. Mais il fallait qu'elle parle à cet homme. Cet homme qui, sans quelle comprenne pourquoi, nettoyait sa blessure et changeait ses pansements. Pas moins de dix fois, Zoey avait voulu lui demander son nom, où elle était, où était Jack mais jamais elle n'en avait eu la force. Concentrée malgré ses yeux dans le vague, elle écouta chaque mot que prononça son soigneur. Même si elle ne savait pas à qui il s'adressait, elle fut capable de comprendre ses paroles. « Zoey. » Elle s’humecta les lèvres, la bouche pâteuse. Sa tête lui semblait si lourde et l'effort de parler si pénible. « Je..m'appelle.....Zoey. » Pourquoi avait elle dit ça ? Pourquoi n'avait elle pas plutôt utilisé ses forces pour lui demander qui il était ? Elle resta quelques secondes à l'observer avant que finalement ses yeux ne se révulsent et qu'elle s'évanouisse à nouveau.

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Isaac la nourrissait en plus de la soigner. Après deux jours à rester inconsciente, Zoey réussissait parfois à se redresser pour manger. Mais malgré ça, malgré les deux rations que lui donnait l'éleveur de chevaux, son état ne s'améliorait pas. Même sur sa jambe valide, Zoey n'arrivait plus à tenir debout. Ses mains étaient devenues lourdes et ses doigts impossibles à plier. Une tâche noire était apparue au beau milieu du champ de vision de son œil gauche. Le manque d'insuline commençait à l'emporter doucement mais sûrement. Parler était encore assez difficile mais elle avait tout de même réussit à expliquer, en plusieurs étapes, son aventure à son sauveur et son fils. La seule chose qui pouvait la sauver était son sac à dos que son agresseur avait emporté avec lui.

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Du bruit. Beaucoup de bruit. De l'agitation. Cette voix. Elle connaissait cette voix. Il l'avait retrouvé.

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La lumière extérieure l'obligea à fermer les yeux. Calée dans les bras de Jack, le nez enfouit contre sa chemise pour soulager sa vue, Zoey savait qu'il était l'heure de partir à la recherche d'un nouveau refuge. Un endroit plus grand et mieux aménagé pour le nombre qu'ils étaient désormais. Même si Zoey n'avait pas pu participer directement aux conversations sur le sujet, elle avait écouté chacune d'elles. Même lorsque la question de son transport s'était posée et que, rapidement, une solution fut trouvée. Une fois la carriole rapportée du centre ville, le groupe s'était décidé sur la date du départ qui ne se situait que deux jours plus tard.

Doucement, l'ouvrier l'allongea à l'intérieur avant de se baisser pour récupérer Nessie qui trottinait d'impatience entre ses pieds. La boule de poil installée au creux de ses bras, Zoey adressa un sourire soulagé à Jack. Un sourire qui voulait dire quelque chose entre « merci » et « ça va aller maintenant. » et qui n'avait comme seul but que de rassurer l'homme. Emmitouflée dans ses couvertures, elle se força à grattouiller la tête de la chienne, espérant retrouver toute la souplesse de ses doigts. Puis bercée par la démarche régulière du cheval, elle s'endormit une nouvelle fois, la main posée sur Nessie.

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Son état s'améliorait. L'insuline que lui injectait régulièrement Jack lui faisait retrouver des couleurs mais aussi l'usage de certains de ses muscles. Elle tenait presque debout..mais elle évitait de marcher parce que, après tout, sa blessure à la cuisse lui procurait toujours d'énormes douleurs et puis la fatigue, l'épuisement au moindre effort, n'avait pas décidé de partir. Alors Zoey passait encore ses journées allongée dans le lit de leur nouveau refuge. Le Ranch Rosenfeld. Un peu plus éveillée durant la journée, elle avait fait la rencontre de Juliet et de Lily, ainsi que Garfunkel. Jack s'était installé dans ce qui devait être sa chambre, dans un fauteuil, au pied du lit. Elle l'avait vu durant une nuit. Elle n'aurait su dire laquelle mais elle l'avait vu assis là. Elle n'avait même pas essayé de lui demander d'aller dormir dans un lit parce que, de toute façon, elle connaissait déjà la réponse que l'ours lui donnerait. Alors elle l'avait laissé, endormi,  vraisemblablement mal installé mais trop têtu pour aller ailleurs.

Ce jour là, Zoey s'était réveillée pendant plus d'une heure au début de l'après midi. Juliet était venue lui tenir compagnie même si l'adolescente ne parlait pas beaucoup. Elle l'avait surtout aidé à se laver les cheveux et à se changer. Lentement, elle l'avait accompagné jusqu'à la salle de bain. Les vertiges que ressentaient Zoey en se mettant debout se dissipaient peu à peu avec le temps.. Après son passage à la salle de bain, la jeune fille l'avait accompagné jusqu'au salon. Une pause dans le couloir fut obligatoire lorsque les jambes de Zoey cédèrent sous son poids mais, au final, et sans devoir traîner la brune par les pieds, elles avaient réussi à s'en sortir. Une fois nourrie et soignée, Zoey retourna là où elle passait ses journées, pour s'endormir encore quelques heures.

Encore entre le sommeil et le réveil, Zoey ne remarqua même pas l'arrivée de Jack. Ce fut plutôt lorsqu'il s'installa sur le bord du lit en lui tournant le dos qu'elle sentit du mouvement et qu'elle se décida à réellement ouvrir les yeux. Comme à chaque réveil, il lui fallut quelques secondes pour se situer. Était-ce le jour ? Ou la nuit ? Est-ce que c'était l'heure de changer son pansement ? Jack était là et il était seul. Même si elle ne pouvait pas voir son visage, son comportement, la façon qu'il avait d'être assis sur le bord du lit, le dos voûté et les bras appuyés sur ses cuisses, suffit pour que Zoey comprenne que l'homme était fatigué. Et le voir dans cet état lui serra le cœur. D'après Lily, tous les deux avaient marché durant des journées entières pour la retrouver. Jack n'avait jamais cessé de la chercher une seule seconde. En fixant son dos, silencieuse, Zoey se souvint de tout ce qu'elle avait ressenti lorsqu'ils s'étaient retrouvés séparés. Du chagrin qu'elle avait eu en le pensant mort. A la peur qu'elle avait eu d'être sans lui. Et à la fatigue qu'elle lui avait causé.

Si Jack était dans cet état, c'était en grande partie de sa faute. De toute ce qui lui était arrivé et qui la rendait totalement inutile. Mais comme toujours, Jack ne se plaignait pas. Depuis qu'elle avait su qu'il l'avait cherché durant des semaines, Zoey ne savait pas quoi lui dire. Quels mots pourrait elle bien utiliser pour lui faire réellement comprendre ce qu'elle ressentait ? En y repensant, Zoey arriva à la conclusion qu'il n'y avait pas de mots. Ceux décrivant exactement ce qu'elle ressentait pour cet homme qui ne l'avait jamais abandonné n'existaient tout simplement pas.

Et comme les mots n'existaient pas, les actes devaient prendre le relais.

Lentement, elle s’extirpa de ses couvertures puis, à l'aide des bras, elle glissa jusqu'à Jack et vint finalement se coller contre lui, contre son dos. Elle l'enlaça, le visage appuyé contre le tissu de sa chemise. Avec un peu de chance, il comprendrait toute la reconnaissance et toute la culpabilité qu'elle ressentait.
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Re: /!\ I got you

Ven 18 Nov 2016 - 1:27


Se poser, fermer les yeux, respirer. Aussi anodin que ces gestes puissent paraître, Matheson commençait déjà à en ressentir les bienfaits. Oh, bien sûr, ça ne remplacerait jamais une bonne nuit de sommeil mais c’était mieux que rien. Comme si l’on ôtait un poids de ses épaules, il pouvait sentir son corps se décontracter, la tension dans ses muscles s’évanouir petit à petit. Ses pensées étaient comme absentes. L’entrepreneur ne réfléchissait pas, ne divaguait pas. Il se contentait de souffler et de se détendre. Jack sentit à peine le matelas bouger et ne prêta pas attention aux mouvements derrière lui. Zoey était certainement en train de remuer dans son sommeil, tentant inconsciemment de se mettre dans une posture plus confortable, comme il l’avait vu faire de nombreuses fois, avant et depuis qu’il la veillait. Et deux petits bras vinrent s’enrouler autour de son torse et une tête se posa contre son dos.

L’effet fut immédiat. La machine se remettait en marche, ses pensées fusèrent à nouveau. Aussi contradictoire que cela puisse paraître, le passage d’un état à l’autre avait été des plus soudains pourtant, Jack avait l’impression que cela s’était fait dans la plus grande douceur, une douceur de celle dont à sa connaissance seule Zoey était capable de faire preuve. Il n’y avait eu aucun sursaut de sa part, aucun tressaillement, si ce n’est celui de son cœur qui venait tout juste de louper un battement avant de reprendre subitement un peu plus fort. À croire qu’il s’y était attendu. D’une certaine manière, c’était un peu le cas. Jack n’attendait que ça, il n’espérait que ça. Pas le geste non, mais ce qu’il représentait. Un mieux. Pour lui, c’était là le signe que l’état de santé de la brune s’améliorait réellement après les progrès des derniers jours. Les yeux toujours clos, Jack tourna légèrement la tête et poussa un long soupir de soulagement avant qu’un petit sourire ne se dessine sur son visage. Ce que la sud africaine avait fait était plus efficace que toutes les heures de sommeil du monde. Comme une simple plume balayée par le vent, tout avait disparu. Il n’y avait plus de fatigue, plus de courbatures, plus d’engourdissement. Seulement un profond apaisement et de la joie. Beaucoup de joie.

Et puis vint tout le reste. Toutes ces choses que la brune voulait lui transmettre. Toutes ces choses qui n’avaient pas besoin de mots pour être exprimées. Toutes ces choses qui n’avaient pas besoin de mots pour être comprises. Prononcer des mots aurait immanquablement été trop réducteur. Gratitude, reconnaissance, ce genre de choses. À cette manière qu’elle avait de le serrer, ils étaient certainement un doux euphémisme. De toute façon, Jack ne voulait pas les entendre, ces mots-là. Rien de ce que le quarantenaire avait fait depuis qu’ils s’étaient rencontrés n’avait pour but de s’attirer la reconnaissance de Zoey. Ni avant, ni maintenant. Jamais. Presque délicatement, l’ouvrier posa une main calleuse sur le bras de la femme et la caressa lentement. Jack comprenait. Même si lui-même aurait été incapable de mettre des mots dessus, il comprenait. Peut-être était-ce ça qu’il essayait de lui dire à travers les long va-et-vient de son pouce sur sa peau dénudée.

D’un simple mouvement du dos, Matheson fit savoir à la brune qu’il allait se tourner. Le temps que l’emprise de Zoey se relâche un peu et Jack pivotait autant qu’il put, passant le coude au-dessus de la tête de la sud-africaine afin de pouvoir à son tour la prendre dans ses bras. Sans forcer, l’ours la ramena tout contre lui et la serra tendrement, une main posée sur sa chevelure. Les yeux clos de nouveau, il soupira une fois une encore.

- J’ai cru que je t’avais perdu, fit l’homme d’une voix anormalement faible. J’ai cru que je t’avais perdu.
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Re: /!\ I got you

Dim 20 Nov 2016 - 17:59


La première fois qu'elle avait vu Jack assis sur le fauteuil à la veiller, Zoey s'était sentie paradoxalement très proche et en même temps très éloignée de lui.  Proche parce qu'elle était certaine que le lien qui les unissait tous les deux n'existait entre aucun autre. Parce qu'elle savait, même sans que Jack ne lui dise quoi que ce soit, qu'ils ne seraient plus jamais séparés. Elle connaissait assez l'ouvrier et le fait qu'il la recherche pendant tout ce temps ne prouvait qu'une seule chose : Il ne l'abandonnerait jamais. Mais étrangement, elle se sentait aussi très éloignée. Peut-être parce qu'elle n'était pas présente avec lui durant les dernières semaines. Aussi parce qu'il n'était pas à côté d'elle et que malgré le sentiment de protection que sa présence lui procurait, elle ne sentirait bien que lorsqu'il serait à côté d'elle. Que lorsqu'elle l'aurait serré dans ses bras ou qu'elle se serait pendue à son cou pour qu'il comprenne tout ce qu'elle ressentait pour lui.

Il faut dire que le jour où Jack l'avait retrouvé, Zoey était restée muette les premiers instants, incapable de prononcer le moindre mot. Son visage s'était simplement tordu en une grimace de soulagement intense. Elle s'était mise à pleurer de joie en le voyant présent, en le voyant vivant. C'était un peu comme si on lui avait retirer la tête de l'eau et qu'elle pouvait de nouveau respirer. Ou que Jack venait de lui prendre la main alors qu'elle était perdue dans le noir total depuis des jours et des jours. Alors maintenant qu'elle allait mieux, qu'elle pouvait enfin se servir de son corps, elle voulait lui faire comprendre à quel point elle tenait à lui.

Et Zoey n'était pas dupe quant à la nature de ses sentiments envers Jack. Elle l'avait compris, dans un déclic, lorsqu'elle s'était retrouvée dans ses bras avant qu'il ne la dépose dans la carriole. Elle s'était sentie coupable dans un premier temps mais finalement, elle s'était rendue compte que jamais elle n'avait éprouvé cela de cette manière. Évidemment que le contexte y jouait beaucoup mais...elle n'aurait pas su l'expliquer. Les moments de complicité et de rapprochement n'étaient pas arrivés par hasard. Sur le moment elle ne l'avait pas réalisé mais pourtant là, collée contre son dos, l'oreille plaquée entre ses omoplates et absorbée par le rythme régulier de sa respiration, tout lui semblait si logique.

Sans s'en rendre compte, la brune avait resserré son étreinte et ses doigts étaient venus s'agripper à sa chemise. Elle aurait pu rester là, comme ça, pendant des heures. L'angoisse qu'elle ressentait depuis sa rencontre avec Luke semblait s'évaporer, comme si Jack aspirait toutes ses peurs, ses craintes, qui hantaient ses pensées même encore maintenant qu'elle était en sécurité. Et lorsqu'il se redressa légèrement pour la prévenir qu'il allait bouger, Zoey releva la tête et retira ses bras pour le laisser se tourner. Cette fois-ci ce fut Jack qui l'enlaça avec une tendresse pas vraiment surprenante. A vrai dire Zoey se doutait depuis un bon moment que, derrière son air d'ours mal léché, Jack était capable de faire preuve d'une grande délicatesse.

Si Zoey ne savait toujours pas par quoi commencer et restait totalement muette, ce fut Jack qui parla le premier. La façon, les mots qu'il avait choisi pour lui faire comprendre qu'il avait eu peur de la perdre firent remonter les larmes chez Zoey. Elle aussi elle avait cru l'avoir perdu. Se doutait il un seul instant du nombre de fois qu'elle avait hurlé son nom ? Comment elle s'était retrouvée perdue sans lui ? De tous les remerciements qu'elle avait adressé au ciel, les larmes dégoulinants sur ses joues et la voix coupé par l'émotion, lorsqu'il s'était penché au dessus d'elle juste après l'avoir retrouvé chez Isaac ? Les dents serrées et les yeux fermés, le visage enfoui contre Jack, Zoey était toujours incapable de lui expliquer tout ça.

Lentement, elle s'extirpa de son étreinte pour s'asseoir, les fesses posées sur ses talons puis elle plongea ses yeux encore embrumés par les larmes dans ceux de l'ouvrier. D'ordinaire peu sûre d'elle, cette fois Zoey était absolument sûre et certaine de ce qu'elle oserait faire. Tout simplement parce qu'elle ne voyait pas les choses autrement. Que c'était exactement ce qu'elle voulait et qu'elle n'aurait jamais su lui dire autrement de toute façon. Les mains posées autour du cou de Jack, elle prit deux secondes pour l'observer. Sans doute que l'homme ne comprenait pas la raisons des larmes qui dégringolaient encore le long de ses joues. Ou alors, il ne savait pas quoi faire pour y remédier. Dans tous les cas, Zoey ne lui laissa pas le temps de tenter quoi que ce soit. Doucement, presque avec prudence, elle approcha son visage du sien jusqu'à ce que ses lèvres se déposent sur les siennes. Elle s'en voulait de lui avoir causé toute cette peur, toute cette fatigue. Elle était désolée pour tout ça. De s'être éloignée, d'avoir été séparée. Elle ne voulait plus jamais être loin de lui, elle avait bien trop souffert.

Au bout de quelques secondes, l'ancienne organisatrice de mariage se recula, juste un peu, pour ouvrir les yeux et le regarder. Les larmes commençaient de nouveau à brouiller sa vue mais elle refusait de les laisser s'échapper. Un sourire mi-gêné, mi-ravi s'installa sur ses lèvres. Et dans un rire anxieux, elle répondit. « Mais tu m'as retrouvé. ».

Tu as tout fait pour me retrouver, pensa elle.


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Re: /!\ I got you

Lun 21 Nov 2016 - 14:18


Il avait crû la perdre oui et pas uniquement après qu’ils aient été séparés. Même après. Même après leur retrouvailles, il avait parfois crû qu’il la perdrait. Dès qu’il avait à nouveau posé les yeux sur elle, l’homme avait craint pour l’état de santé de la brune. Il avait craint que ce dernier ne s’améliore pas. Il avait craint que la maladie ne l’emporte. Il avait craint de la perdre définitivement. Pas tout le temps non. Une part de lui, une grande part de lui, avait confiance en l’avenir et il gardait espoir la majeure partie du temps parce qu’il se refusait à la perdre une seconde fois. Mais la peur avait semé la graine du doute dans son esprit. Et la graine avait germé, répandant de sombres et insidieuses pensées. En sourdine, elles venaient parfois se rappeler à lui et lui soufflaient de mornes idées. Elles lui murmuraient que l’incertitude était de mise, qu’une rechute pouvait toujours arriver, que la possibilité que la jeune femme succombe à son état était envisageable. Elles lui faisaient entrevoir un avenir où une certaine promesse devrait être tenue. Un avenir sans Zoey.

Jack n’avait plus peur à présent. L’étreinte de la brune ne l’avait pas seulement revigoré, elle avait également arraché tout les doutes enracinés dans son esprit. Maintenant qu’il la serrait dans ses bras, l’ouvrier savait qu’il n’y avait plus de craintes à avoir. Que le plus dur dans cette épreuve était derrière eux. Jack n’avait plus peur non. Néanmoins, une partie de lui ne pouvait se résoudre à la lâcher, à rompre le contact qui s’était établi entre les deux. Bien que ce ne fut pas la premières fois que Zoey était réfugiée dans le creux de ses bras, cette fois-ci était différente de toutes les autres et Matheson ne voulait pas que cet instant s’achève. Il voulait encore se réchauffer à la chaleur qui se dégageait de son corps, cette chaleur synonyme de vie. Il voulait encore ressentir la force de son étreinte, la même que celle qu’elle avait regagnée au cours des jours précédents. Et cette douce odeur de shampoing qui se dégageait de sa chevelure, il voulait aussi la sentir encore et encore. Le menton posé contre la tête de la sud-africaine, les yeux clos, heureux comme il ne l’avait probablement jamais été auparavant, Jack inspira profondément et une larme perla. Comme si de rien n’était, l’ours passa rapidement un index sous son œil pour l’essuyer avant d’enlacer la brune de nouveau. Le quarantenaire ne compta pas les secondes où ils furent ainsi, dans les bras l’un de l’autre. Il en aurait été bien incapable de toute façon. Ils étaient, c’était bien tout.

Zoey finit par quitter son étau et Jack revint une nouvelle fois à lui. Les yeux de la brune étaient embrumés, ses joues arboraient les sillons laissés par le passage de quelques larmes. Jack ne les avait pas senti et n’eut qu’un large sourire à offrir en réponse à ses dernières. Sans quitter son regard si clair des yeux, les mains de la brune dans son cou, l’homme attrapa délicatement un poignet. Avec la même tendresse dont il avait fait preuve un peu plus tôt, il caressa sa peau comme s’il cherchait à la réconforter. Comme pour lui dire que même si elles étaient de joie, ces larmes n’avaient aucune raison de couler. Et elle l’embrassa.

L'entrepreneur resta interdit, son  pouce se figeant sur la main de la brune et ses lèvres refusant bêtement de bouger. Sa tête était bombardée par des centaines, non des milliers de pensées. Son cœur battant la chamade était assailli par tout un tas de sentiments presque retrouvés. Ses entrailles fourmillaient, puis se nouaient, puis fourmillaient de nouveau. Se serait-il vu d’un œil extérieur que le quarantenaire aurait pu se comparer à une foutue adolescente. C’était pourtant le cas. Ce baiser le chamboulait complètement et des tonnes de questions s’imposaient dans son esprit. C’était en réalité la même, formulée différemment à chaque fois. Avait-il envisagé cela ? N’allait-ce pas tout changer, tout remettre en question ? Voulait-il vraiment cela ?

Non, il ne l’avait jamais réellement envisagé. La relation qu’il avait avec la brune était telle qu’elle était et il l’acceptait ainsi. Et non, ça n’allait rien changer. Ce baiser ne changerait pas le fait que Zoey était tout pour lui. Qu’elle était devenue sa raison d’être, son âme. Ils avaient traversé tant d’épreuves ensemble. Ils avaient affronté la Mort ensemble. Ils avaient combattu les morts ensemble. Ils avaient souffert de la soif ensemble. Ils avaient subi la faim ensemble. Ils avaient enduré la fatigue ensemble. Mais plus que tout, ils avaient également ri ensemble. Ils avaient connu la joie ensemble. Ils avaient vécu, ensemble. La seule constante, c’était eux. Ils étaient ensemble. Cela ne remettait rien en question. Bien au contraire, ce baiser ne faisait que renforcer l’amour qu’il avait pour elle. L’amour oui. Jack aimait profondément cette femme. Cela lui apparaissait comme une évidence maintenant pourtant une partie de lui au fond le savait déjà. Depuis quand, il n’aurait su le dire, mais il l’aimait, c’était certain. Et oui il voulait cela. De tout son cœur. Parce que c’était avec elle, tout simplement.

L’espace d’un instant, la langue de Jack s’attarda sur sa bouche comme si Matheson voulait retrouver le contact des lèvres de Zoey sur les siennes, leur douceur, leur goût teinté du sel des larmes qu’elle avait versé. Il souffla, lâchant un rire à peine sonore dans le même temps pour accompagner celui de la brune. Ses doigts retrouvèrent leur mobilité. Avec un certaine lenteur, il amena près de ses lèvres la main qu’il tenait encore et ne quitta la femme des yeux que pour tourner légèrement la tête afin d’en embrasser la paume.

- Mais je t’ai retrouvé, reprit l’homme d’un ton calme.

Laissant la main de la sud-africaine posée contre sa barbe, l’ouvrier remit délicatement une mèche de la brune derrière son oreille et se perdit quelques secondes dans la clarté de son regard. À croire qu’il ne voyait réellement ses yeux que pour la première fois. Ce n’était pas tout à fait faux. Jack sourit et, avec la même douceur, rapprocha le visage de Zoey du sien pour l’embrasser. C’était un vrai baiser cette fois.
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Re: /!\ I got you

Lun 28 Nov 2016 - 9:11


Prendre son courage à deux mains et oser faire le premier pas restait une épreuve au résultat imprévisible. Même si les temps avaient changé, cette démarche restait exactement pareille que lorsque le monde allait bien. En avait-il envie ? Allait-il la suivre ? Ou allait-il simplement se laisser faire pour ensuite lui expliquer que non, ce n'était pas possible ? Elle ne voyait pas Jack la repousser méchamment dans tous les cas. Et de toute façon, même s'il ne désirait pas ce genre de rapprochement entre eux, Zoey était partie du principe que « qui ne tente rien n'a rien. » C'était le principe même du premier baiser ou du baiser volé. Tenter pour savoir. Oser pour faire comprendre à l'autre les sentiments qu'on éprouve pour lui. Et qu'importait le résultat. Zoey en avait eu envie. Elle l'avait fait.

Parce que, après tout, cela lui semblait si logique. Tellement normal. Une suite cohérente dans leur parcours en quelque sorte. Maintenant que ses lèvres étaient posées sur les siennes c'était presque une évidence. Si elle ne l'avait pas osé là, elle l'aurait osé plus tard. Tout ça n'était qu'une question de temps. Pourtant, même si le résultat de son initiative lui importait peu au début, elle n'en était plus très sûre en sentant Jack complètement figé. Était-ce du à la surprise ? Ou plutôt à la gêne ? Malgré sa réponse émue, Zoey avait du mal à cacher ses doutes. Les yeux légèrement tremblants, elle le fixa, attendant sa réaction. Lorsqu'il prit délicatement sa main pour en embrasser la paume, une vague de tendresse la submergea. Et ce n'était pas la première fois qu'elle ressentait ça. Durant leur périple Zoey s'était surprise à s'autoriser plusieurs gestes tendres envers Jack. Sans pouvoir l'expliquer, elle était persuadée que l'homme n'en avait jamais réellement eu. Ou alors... pas à sa manière. Pas avec sa douceur à elle. Cette façon de penser était, sans doute, un peu prétentieuse mais elle se sentait comme celle qui était capable de lui montrer ce qu'il méritait vraiment. Qu'elle seule le connaissait assez pour savoir exactement quoi faire. Qu'elle seule l'aimait véritablement. Que ses sentiments étaient différents de ceux qu'avaient ressenti toutes celles qui avaient pu croiser sa vie. Elle n'en savait pourtant rien.

La gorge serrée, les yeux embrumés, Zoey hocha la tête avec un sourire lorsqu'il répéta l'avoir retrouvé. Du bout des doigts, elle caressa le visage de l'ouvrier qui la fixait sans prononcer un mot. Elle n'arrivait pas à le décoder ce regard. Jamais il ne l'avait regardé comme ça auparavant et Zoey était bien incapable de dire si cela était une bonne chose ou non. Même si elle pouvait clairement y déceler de la tendresse, elle ne pouvait pas être sûre qu'il s'agisse de la même sorte qu'elle ressentait pour lui. Peut-être que, justement, Jack ne voyait que ça entre eux. Pas d'attachement, pour ne pas souffrir. Ou la faire souffrir. Ce n'était pas impossible puisqu'il lui avait souvent dit ne pas être très doué avec la gente féminine. Ou alors cette tendresse pouvait simplement expliquer que désormais, Jack ne voyait plus les choses de la même manière. Qu'il ne voyait plus Zoey de la même façon. Impossible à savoir. Mais Zoey ne s'en serait pas cachée.. Si la chose était à refaire, elle le referait.

Toutes ses interrogation s'envolèrent à l'instant même où Jack l'attira à lui pour l'embrasser. Ce baiser n'avait rien à voir avec le premier. Moins timide et tellement soulageant, Zoey l'embrassa comme si ils venaient de se retrouver après des années de séparation et méthodiquement, elle s'appliquait à ce qu'il comprenne qu'elle l'aimait. Il n'y avait pas meilleure façon de lui dire après tout. Comme pour le reste, les mots exacts n'existaient pas et par les gestes, il était bien plus simple pour Zoey de lui faire comprendre tous les sentiments qu'elle éprouvait pour lui. Elle se sentait là où elle devait être. Là, collée contre lui, elle n'était plus effrayée puisqu'il n'existait rien d'autre. En levant les fesses et sans quitter ses lèvres, Zoey vint s'installer lentement à califourchon sur les jambes de l'homme tout en prenant soin de ne pas amocher sa plaie.
Pour être encore plus près, pour que leur baiser dure le plus longtemps possible. Elle se recula l'espace de deux secondes, pour laisser échapper un rire, les yeux amusés rivés sur Jack. Après tout, tout cela était nouveau mais délicieusement agréable. Aussi tendrement qu'elle reprit leur baiser, ses doigts se frayèrent un chemin jusqu'aux boutons de la chemise de son compagnon pour les faire sauter un à un jusqu'au dernier. Lorsque le tissu fut complètement ouvert, ses mains vinrent se plaquer sur son torse avec délicatesse. Oh ce n'était pas la première fois qu'elle touchait Jack. Ils avaient déjà été obligé par le passé. Mais pas de cette manière là. Pas dans le but qu'elle visait cette fois-ci. C'était nouveau et même si le fait qu'ils soient encore en train de s'embrasser lui procurait une assurance dont elle ne se serait jamais douté, Zoey ne savait pas trop par où commencer. Ni comment lui faire comprendre qu'elle désirait plus.

Et comme pour la prise de risque du premier baiser, Zoey se décida à en prendre une deuxième.

Elle se recula et en un mouvement de bras elle retira le large t-shirt qui lui servait de pyjama pour ne rester qu'en culotte, toujours assise à califourchon sur lui. Peut-être que cela n'était pas la meilleure idée qu'il soit. Après tout, avec sa blessure à la cuisse et tout ce qu'elle avait traversé à cause du manque d'insuline, il n'était peut-être pas vraiment recommandé de faire l'amour. Mais Zoey s'en fichait. Elle ne s'était pas sentie aussi bien depuis des semaines. Son esprit était trop occupé et ne pensait plus une seule seconde au tiraillement qu'elle ressentait à la cuisse. La tâche noire qu'elle avait désormais en plein milieu de son champ de vision ne la gênait même plus. Son cœur qui battait si lentement depuis sa rencontre avec Luke s'était remis à pulser comme jamais.


En réalisant tout ça, Zoey en vint à la conclusion que son résonnement était juste. Un premier baiser devait toujours être tenté

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Re: /!\ I got you

Ven 9 Déc 2016 - 4:02


L’espace d’un court instant, au moment même où ses lèvres se pressèrent contre celles de Zoey, Jack se prit à se demander si il n’était pas en train de rêver. Si, en s’asseyant là, au bord du lit, il n’avait pas fini par s’assoupir et sombrer dans un profond sommeil. Si tout ce qui s’était passé depuis n’était pas une facétie de son esprit. Une chimère onirique dictée par son inconscient afin de lui faire prendre conscience des sentiments qu’il nourrissait à l’égard de la femme et de l’envie qu’il avait d’être avec elle. Mais non. Il en avait rêvé de ces retrouvailles, de ces vraies retrouvailles. Plusieurs fois même. Une fois, l’ouvrier était dans la cuisine en train d’aider à la préparation du repas et la brune sortait de la chambre, en pyjama, les cheveux en bataille, la mine reposée et un sourire sur le visage. Une autre, elle le tirait d’un petit somme sans vraiment le vouloir, en le couvrant d’une couverture alors qu’il s’était endormi dans le fauteuil depuis lequel il l’avait veillée. Une autre encore, il revenait d’une de ses excursions quotidiennes et la trouvait assise sur le perron, à attendre son retour, la tête appuyée sur une main, l’autre flattant lentement Nessie. Chaque fois, elle était pleinement rétablie. Jamais il ne se passait ce qu’il se passait là entre eux. Il n’aurait probablement pas pu rêver de ça de toute façon. À présent qu’il les réalisait pleinement, ces sentiments dépassaient nettement toutes ces pâles imitations que son imaginaire aurait pu produire. Non, ce n’était pas un rêve. Tout ceci était bien réel. Et pour une fois, la réalité était des plus douces.

Douce, la sensation d’euphorie qui s’emparait peu à peu de lui l’était également. Le doute et la surprise avaient cédé leur place à la certitude. La stupeur dans laquelle il avait été plongé lorsque la trentenaire l’avait embrassé s’était effacée derrière des gestes calmes et assurés. Lentement, les mains de l’entrepreneur avait glissé le long du t-shirt que portait la brune, suivant la courbe de ses flancs jusqu’à épouser ses hanches. S’il l’avait pu, il l’aurait doucement amenée à se coller à lui davantage. Il voulait la sentir là, collée à son corps mais leur position respective ne rendait pas l’exercice facile. Comme s’ils arrivait tout deux à la même conclusion au même moment, Zoey entreprit de le contourner pour s’installer sur ses cuisses. Sans brusquer les choses, Jack accompagna le moindre de ses mouvements, utilisant à peine sa force pour la soulever au moment opportun. Elle s’écarta le temps d’un léger rire. Heureux, les babines de l’ours se firent le reflet de leurs partenaires, s’étirant dans un large sourire avant que leur bouche ne se retrouvent une fois encore. Il était spécial ce baiser. Emprunt de la tendresse propre à la sud africaine, Matheson avait tout de même l’impression qu’il avait la même ardeur que ceux de deux fougueux amants. Ensemble, leurs lèvres exprimaient tout bas les mots que leurs voix n’avaient jamais formulés tout haut. Ils parlaient leur propre langage, un langage que Jack, contrairement à son habitude, prenait rapidement goût à pratiquer.

Presque délicatement, la brune fit sauter le premier bouton de sa chemise. Puis un autre. Et un autre. Et encore un autre jusqu’à ce que tous soient défaits. Pas une seule seconde, la possibilité de l’arrêter n’avait traversé l’esprit de l’homme. Pourquoi l’aurait-il fait de toute façon ? Il n’avait pas de raisons de le faire, encore moins l’envie. Maintenant qu’ils avaient commencé, Jack ne se voyait pas s’arrêter là, à ce stade. L’époque des bécotages et rien d’autres dans la cour de récré était révolue depuis de nombreuses années pour lui. Ils étaient deux adultes et le quarantenaire savait tant ce qu’il ressentait que ce qu’il voulait. Ce qu’il voulait, c’était elle, Zoey. Il voulait être sien. Il voulait la faire sienne. Des intentions et une envie qu’il sut partagées dès lors que la femme s’écarta de nouveau pour retirer son t-shirt. Comme si l’on venait de lui présenter une splendide œuvre d’art, Jack s’arrêta un instant pour contempler celle qu’il avait sous le regard. Si plus tôt il avait eu l’impression de redécouvrir les yeux de la brune, cette fois-ci, c’était la première fois qu’elle se dévoilait aussi simplement vêtue. Il ne rata rien du paysage qu’elle lui offrait, notant dans sa mémoire autant de détails que sa rétine pouvait en imprimer. Ses seins parfaitement rond et magnifiquement proportionnés, en tout cas de son point de vue. Leur galbe. Ses tétons fièrement dressés. La différence de carnation entre ces derniers et sa peau claire. Les ombrages créées par sa poitrine sur son corps. Tout.

Rapidement, un sourire presque béat illumina son visage. Sans dire un mot, il bomba légèrement le torse, les épaules en arrière, invitant la trentenaire à l’aider à enlever sa chemise. Si quelques secondes plus tôt, le contact des mains de Zoey sur son torse l’avait déjà électrisé, sentir les doigts de la brune glisser le long de sa peau à mesure qu’elle retirait le tissu fut des plus enivrants. Jack poussa un profond soupir, son buste retrouvant une position plus normale une fois le vêtement ôté. Ses mains calleuses retrouvèrent bien vite la peau douce de l’organisatrice de mariage, la première, plaquée dans la cambrure de son dos, l’autre, effleurant simplement sa poitrine. Avec une certaine lenteur, les lèvres de l’homme allèrent se nicher dans le cou de la femme pour titiller ses sens. Petit à petit, centimètre par centimètre, sa bouche descendait en même temps que ses doigts. Ils passèrent entre ses deux seins, bifurquèrent pour rejoindre son flanc, cheminèrent jusqu’à sa taille où ils frôlèrent la culotte qu’elle portait encore avant de glisser le long de sa cuisse et...

Maudit balourd de Jack. Maudites paluches trop grosses. Il savait pourtant qu’il devait faire attention. Il savait qu’elle avait sa blessure à la cuisse. Il savait que sa plaie n’était pas loin. Mais non. Ah pour le bricolage et l’art des bois ça, il savait se montrer des plus minutieux mais là, alors que ça importait le plus, làààà... Trop emporté par son désir, à moins que ça ne soit parce qu’il découvrait encore le corps de Zoey sous un tout nouvel angle, il avait relâché sa garde et avait touché à son pansement. Touché était peut-être vite dit. Il n’avait fait que le frôler du bout de l’auriculaire. Pourtant, ce maigre contact avait suffi pour le persuader qu’il lui avait fait mal et le faire s’écarter brusquement, tant sa main que le reste. La douche était quelque peu froide. Les yeux rivés sur le bandage, Jack maugréa dans sa barbe.

Ce ne fut que lorsque la brune posa une main sur sa joue pour le forcer à se détourner de son attention qu’il se désintéressa de la gaze. Le quarantenaire affichait une mine dépitée et une moue boudeuse, contrastant grandement avec l’air tendre et rassurant de la femme. Mollement, il se laissa faire quand elle attrapa la main qu’il avait retiré pour la remettre contre sa taille. Une autre tentative, avortée par Zoey, de regarder vers le pansement et leurs lèvres se retrouvaient.

- Tu es sûre que... essaya-t-il d’articuler entre deux baisers avant que la trentenaire ne se montre plus insistante pour le faire taire.

Bon. Bon d’accord, il ne lui avait peut-être pas fait tant mal que ça. Mais quand même. Glissant la main restée dans le dos de Zoey jusque sous ses fesses qu’il ne manqua pas d’agripper, il la souleva avec la plus grande délicatesse dont il était capable de faire preuve. Leurs deux corps ainsi collés l’un à l’autre, Jack se redressa légèrement et allongea la brune sur le lit. Peut-être que comme ça, il serait un peu moins pataud.
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