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This ain't yours

Mar 8 Nov 2016 - 13:08


C’était un magnifique objet. Une véritable merveille qu’il ne s’attendait pas vraiment à trouver là, dans les affaires de l’oncle de Juliet. Bon, d’un autre côté, il ne connaissait pas l’homme donc il ne pouvait pas s’attendre à grand chose. Pourtant, à voir le couteau, Jack avait directement su qu’il avait dû être un connaisseur, ou au moins un amateur, de l’art des bois. Si le quarantenaire devait en croire la petite griffe, deux initiales discrètement gravée sur la lame, ce qu’il avait entre les mains était certainement l’œuvre d’un artisan coutelier. Et ce dernier avait réalisé un objet de très bonne facture. À vue de nez, le couteau devait mesurer une bonne trentaine de centimètres, pour à peu près la moitié de tranchant. Matheson n’avait pas vraiment pris le temps de tout mesurer précisément mais il estimait que la lame était relativement large, d’au moins quatre centimètres, et épaisse, certainement un peu plus de cinq millimètres. L’émouture était plate, de trois quarts – le dessus ayant un aspect brut de trempe pas retravaillé – et se terminait par un fil convexe assurant à la lame un excellant tranchant. Même s’il n’imaginait pas qu’il s’agisse d’un de mauvaise qualité, Jack n’aurait pas été en mesure de dire quel type d’acier avait été employé. Il s’agissait en tout cas d’une pièce de métal unique, la lame, la garde, la soie, la semelle ainsi que le talon dépassant, en bout de manche, ne formant qu’un tout. Ce dernier devait faire un peu plus d’un centimètre et était percé d’un trou, comme la garde, permettant sans doute de passer une dragonne afin d’avoir une prise en main encore meilleure et d’éviter que le couteau ne s’échappe malencontreusement. Le manche, collé et riveté à la lame, était en bois, probablement du noyer noir s’il devait se baser sur sa couleur. Sa forme ergonomique épousait parfaitement celle de la main de l’ouvrier. Si le couteau n’était pas suffisamment grand pour se destiner à des grosses coupes à la volée, pour les plus petites, l’écossais d’origine était convaincu qu’il lui resterait bien en main. D’autant plus que le retour en bout de manche, de la largeur du talon dépassant, assurerait que l’objet ne lui glisserait pas entre les doigts. Et la dépression en haut et de chaque côté du manche, offrirait une position idéale pour son pouce lors des coupes inversées.

Au premier coup d’œil, Jack avait immédiatement vu tout le potentiel du couteau. La lame était suffisamment large pour réaliser des travaux de bâtonnage sur des sections de bois droite et de taille raisonnable, du genre de ceux qu’il faisait d’ordinaire lors de ses sorties et de ses différentes tâches au ranch. Le tranchant semblait dur et résistant, comme s’il avait été chauffé plus longtemps lors de la forge. Le dos de la lame, lui, paraissait plus souple. Il pourrait facilement le marteler à l’aide d’un petit bâton pour faciliter la coupe sans pour autant risquer d’abîmer l’acier. C’était également le cas du talon, sur lequel il pourrait taper sans risquer d’endommager le manche. Le fil de la lame était bien saillant, Matheson pourrait sans problèmes réaliser des tailles plus minutieuses et des feathersticks pour le démarrage du feu. L’épaisseur du faux tranchant lui faciliterait grandement la vie et ferait à elle seule le plus gros du travail, en séparant aisément les fibres des bûches sur lesquelles il œuvrait. Il pourrait même le caler contre son genou, sans que ça soit particulièrement gênant ou désagréable, et tailler quelques bouts de bois.

C’était d’ailleurs ainsi qu’il était. Assis sur les escaliers donnant sur le porche de la maison, profitant encore un peu du soleil de cette fin de saison estivale, le dos de la lame contre sa rotule gauche, Jack effectuait le même mouvement comme un automate, calant le bout d’un bâton contre la lame et le ramenant en arrière afin d’en découper des lamelles et de former, au fur et à mesure, une pointe. À sa hanche, accroché à sa ceinture, pendait le fourreau du couteau. Ce dernier portait la même griffe que le couteau, signe qu’il avait été réalisé sur mesure par le même artisan. Intégralement en cuir, relativement foncé et très peu orné, il était sobre. Le fil des coutures, plus clair, paraissait solide. Il n’y avait aucune attache, seuls le façonnement du cuir et la friction des matières maintenaient le couteau. À moins de vraiment chercher, l’ustensile ne quitterait pas son étui. La anse était grande, suffisamment en tout cas pour qu’une fois rangé, le manche du couteau ne dépasse pas et ne vienne pas frotter contre les vêtements. Une petite boucle en cuir avait même été rajoutée pour contenir une pierre à feu.

Cela faisait déjà une bonne heure que Jack, couteau en main, travaillait. Un petit tas de bois commençait déjà à s’amonceler sur sa droite. Plus tard, ces bâtons finiraient plantés dans la terre et viendrait renforcer la clôture du ranch. C’était un travail long, rébarbatif, peu intéressant. Mais c’était un travail nécessaire. Plus la barricade entourant le domaine était solide, plus ils étaient en sécurité. Et c’était bien ça le plus important aux yeux du quarantenaire. Assurer la sécurité, donner un peu de confort et de tranquillité d’esprit à ces personnes pour lesquelles il se sentait si redevable. Le quarantenaire s’arrêta un instant et regarda la pointe du bâton. Satisfait de la coupe, il le posa à sa droite avec les autres avant d’en attraper un autre. Dans son dos, la porte de la maison s’ouvrit. L’homme jeta un regard par dessus son épaule. Juliet. Sans lui adresser la parole, le dialogue avec la jeune Rosenfeld ayant été rompu dès les premiers instants, Jack reporta son attention sur le bâton et son travail.
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Re: This ain't yours

Mer 9 Nov 2016 - 20:50

Ce matin là, Juliet s'était réveillée de mauvaise humeur. Elle n'avait eu ni l'envie ni la motivation de s'extirper de sa couette. Sentant le froid mordiller ses joues, elle s'était résignée à bouger pour quelques heures. Rabattant alors le tissu par-dessus sa tête, elle avait enfouit avec son corps, tous ses sentiments amers. Car ils revenaient par vagues de temps à autres. La frappant de plein fouet sans qu'elle ne s'y attende nullement. Elle se trouvait alors nue et perdue. Prise d'une grande mélancolie, elle refusait d'essayer de se comprendre et repoussait le moment de confrontation avec le reste de la faction.

« C’était mieux avant » se disait-elle. « Quand ceux que j'aimais étaient encore là…» Elle laissa quelques larmes rouler sur ses joues. Et comme à chaque fois qu’elle pleurait, son nez se mit à couler. Ce petit détail fut ce qui – de manière ridicule, nous nous accorderons sur ce fait – ajouta la cerise sur le gâteau à son irritation déjà grandissante. Elle se leva, sous l’emprise de la contrainte, pour aller chercher un mouchoir. Une fois mouchée, elle constatât qu’elle venait de finir son dernier paquet de mouchoir. Encore une chose d’avant à laquelle elle faisait son au revoir. Et c’est ainsi qu’un paquet de mouchoir la rendit sentimentale. L’adolescente n’avait pas la force d’être agitée par une énième crise de larmes. Parfois les sanglots la secouaient violemment, la faisaient hoqueter et elle avait du mal à s’en remettre. Elle décida avec fermeté, qu’aujourd’hui s’en était fini des larmes. Elle enfila alors furieusement un jean, puis un pull pardessus un t-shirt. Bien remontée, la jeune fille enfila ses chaussettes et laça ses chaussures, décidant qu’elle allait prendre l’air avant d’exploser à la tête de qui que ce soit. Sauf, que Jack –le grand chanceux de la journée– se trouvait sous le porche. En sortant du ranch, l’apercevant de dos, elle décida de l’ignorer de manière hautaine et détachée.

Elle ne put malheureusement pas exécuter son plan presque parfait, car, descendant les escaliers à la manière d’une reine, son mouchoir s’échappa de sa poche. Il voleta mollement avant d’atterrir au sol. Elle se retourna pour le ramasser et se figea brusquement. Entre les mains de la monstruosité, qui se nommait Jack, se trouvait le couteau de son oncle. Non pas qu’elle y ait quelque attachement. C’était un beau couteau, mais trop grand pour ses mains de jeune fille. Elle savait qu’il se trouvait dans les affaires personnelles de son oncle malgré le fait qu’elle n’eut jamais vraiment cherché l’arme. L’idée même que ses grosses mains vulgaires aient tripotée des affaires qui lui appartenaient –après l’héritage– lui hérissait l’échine. Il avait osé se servir comme si cela lui revenait. La jeune fille entra dans une rage folle. Elle n’avait pas imaginé que la notion même de possession était complètement abstraite dans ce nouveau monde. Et que cette faction n’était autre que sa nouvelle famille, d’un point de vue juridique ses représentants légaux. Concrètement, sûrement que ce ranch leur appartenait tout autant qu’à elle.

La seule chose qui la retint de se jeter sauvagement sur l’homme était le fait qu’il tenait un couteau et qu’elle risquait de se blesser. Avant, elle se serait tu, mais maintenait, elle était différente.
« Institut du Cerveau Donders, aux Pays-bas, une expérience est menée, on décapite une vingtaine de rats pour en venir à la conclusion qu’une tête tranchée continue d’avoir une activité cognitive. La brève conscience s’éteint au bout de trois ou quatre secondes, la mort cérébrale, elle, se déclare au bout de dix-sept secondes. » se rappelait l’adolescente. «Juste le temps d’apercevoir mon sourire satisfait. »
- Jack. Elle prononça son nom calmement et s’étonna elle même de ce contrôle complètement simulé. Tu es déjà au courant que tu es un salaud.
Elle prit une inspiration et s’approcha pour se pencher lentement au-dessus de lui. Puis chuchota doucement :
- Je ne pensais pas être capable de plus te détester.

S’éloignant de nouveau de quelques pas, elle sentit des larmes titiller le coin de ses yeux. L’adolescente reprit une inspiration, se concentrant sur l’air froid qui s’engouffrait dans ses poumons avides. Elle haussa la voix pour se donner confiance à elle-même :
- Sais tu seulement ? As-tu seulement conscience ? T’es un putain d’humain ou pas JACK ?
Elle se félicita intérieurement de sa prestation, aucune larme n’avait mollement dégouliné sur son visage. Elle avait seulement froncé les sourcils, affichant un air semi désespéré - semi furieux.
La blonde imaginait que toute cette haine contenue avait le droit d’être déversée sur cet homme. Il ne pouvait expier ses pêchers, mais la soulager un peu. Ce dont elle ne se rendait pas compte, c’est qu’elle tissait un lien avec lui. Peut être pas le plus beau, mais un lien quand même. Secrètement, intérieurement, Juliet comptait sur Jack pour être le remède à cette piqure désagréable au cœur. Il ne fait aucun doute que se défouler sur un être est peut être l’une des manières les plus satisfaisante et lâche de se décharger du poids de ses problèmes.
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Re: This ain't yours

Jeu 17 Nov 2016 - 18:58


La journée était calme. Agréable. Sans doute que, pendant son ouvrage, il aurait même pu se mettre à siffler une mélodie quelconque s’il n’avait pas immédiatement couru le risque d’attirer par là quelques infectés. Des infectés, Jack n’en avait pas croisé trop ce matin-là et tant qu’à faire, il tenait à ce que ça continue. La lame du couteau mordit une nouvelle fois le bois et un copeau sauta alors que la porte derrière lui s’ouvrait. Tournant légèrement la tête, le quarantenaire aperçut Juliet du coin de l’œil avant de se concentrer de nouveau sur son travail sans lui adresser le moindre mot. Soit elle l’ignorerait, soit il déclencherait la colère de l’adolescente. Dans un cas comme dans l’autre, c’était vain et surtout très inutile. Comme s’ils respectaient tout deux un accord tacite, le jeune fille passa à côté de lui sans ouvrir la bouche. Jack ne savait pas trop quoi penser de la relation qu’il avait avec la petite. Elle ne l’aimait pas, c’était certainement même un euphémisme. Ça, il l’avait très vite compris. Lui... Lui il s’en moquait. Son affection n’était pas nécessaire. Préférable, oui, pour l’entente au sein de leur petite communauté, mais nécessaire non. Ce n’était pas ça qui empêcherait l’ouvrier de travailler sur le ranch, de chasser pour le groupe, elle compris, ou de la protéger en cas de besoin. Sa colère finirait bien par passer un jour de toute façon. Un jour, elle finirait bien par comprendre. Et maintenant, ayant déjà expliqué son geste, il ne lui restait plus qu’à attendre que ce jour vienne. Cette fois-ci, ils semblaient tout deux avoir échappé à une énième crise de colère. Vraiment ? Sans que l’entrepreneur s’en aperçoive, le mouchoir de la jeune Rosenfeld quitta sa poche et elle vint se planter devant lui quelques secondes plus tard.

Elle l’appela et il soupira discrètement avant de lever les yeux vers elle. Jack savait déjà plus ou moins comment les choses allaient se passer. Le ton de l’adolescente n’annonçait rien de bon. Il s’était trompé : ils n’y échapperaient pas aujourd’hui. Comme un roc dans la mer, le brun encaissa la tempête qui commençait lentement mais sûrement à se déchaîner sans broncher et sans détourner le regard. Les mots de la brune étaient durs. Ils l’avaient souvent été depuis leur arrivée. Matheson ne s’en préoccupait pas plus pour autant. Il savait ce qu’il valait. Ce n’était pas ça qui allait l’atteindre. Ce qu’il avait fait pour provoquer l’ire de la jeune fille, il ne le regrettait pas le moins du monde. Il savait que c’était la meilleure chose à faire. Non, même pas la meilleure chose à faire. L’unique chose à faire. Il n’y avait pas d’autres solutions, pas d’autres alternatives. Jack était droit dans ses bottes.

Matheson fut tenté de lui expliquer une nouvelles fois que non, il n’était pas un monstre, que ce qu’il avait fait devait être fait et qu’il était temps qu’elle ouvre les yeux. Mais non. Il n’avait ni l’envie ni l’intention de batailler avec elle aujourd’hui. Ne pas répondre n’était pas plus une solution au problème. Il avait déjà essayé et ça n’avait rien donné. Soupirant une nouvelle fois, un peu plus profondément cette fois-ci, il détourna le regard le temps de poser bâton et couteau sur le porche.

- Je t’écoute, fit-il l’homme après avoir relevé les yeux vers Juliet. Qu’est-ce que j’ai fait encore ?

Au moins, il saurait ce que la petite brune avait trouvé à lui reprocher ce jour-là.
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Re: This ain't yours

Mer 23 Nov 2016 - 18:01

Elle le regardait intensément. Elle se sentait mal. Pas à l’aise, pas à sa place. Elle était animée d’un léger malaise. Cette petite hésitation que vous avez, vous demandant si vous êtes en train de faire la bonne chose. Mais l’envie de friction était bien présente, il suffisait de faire quelques étincelles, peut être qu’elle craquerait d’ailleurs. Et toute cette haine retomberait avec lenteur pour la laisser apaisée. Elle se sentirait vide, comme si elle avait mené un combat éreintant alors qu’elle se serait contentée de déverser tout un tas de sentiments mêlés sur Jack.

Il affichait un air surpris. Il fait l’ignorant pour que je le lâche plus vite, mais ça ne se passera pas comme ça.
Elle attendait ses arguments débiles, il avait apparemment été « obligé » de tuer ses grands parents. Est-ce que quelqu’un l’a obligé à s’installer dans mon ranch ? Mais ses arguments ne virent pas. À la place, il soupira et lui demanda de manière ironique – chose qui ne pouvait qu’irriter la jeune fille –  ce dont elle le plaidait encore coupable. Elle sentit une colère sourde la faire trembler. Il ne se rend vraiment pas compte ce sale con.
« Il y a un océan entre toi et moi Tu es vide de toute émotion. Tu ne ressens pas d’empathie, tu n’es pas capable de t’émouvoir. »
Juliet se doutait qu’elle avait tort, dans le fond. Car s’il y a bien deux choses que possèdent tous les Hommes, ce sont la pitié et l’amour propre. On s’émouvait devant les horreurs et les souffrances des autres car on se sentait capable de nous même les ressentir. À l’inverse, l’amour propre témoignait de cet instinct de survie qui permettait de rester en un seul morceau dans ce monde de brute.
Elle passa une main sur son visage. Je veux briser la barrière, aller ailleurs, m’enfuir. Vous dire au revoir, juste courir, juste fuir. Elle était irritable car instable. Elle se sentait sans repère, déracinée. Elle n’arrivait pas à trouver encore son identité dans le groupe. Chacun était fondamentalement utile sauf… la petite Juliet. Elle voulait s’échapper, pouvoir courir sans penser à rien, peu importe les conséquences. Et peut être se faire dévorer. Et peut être mourir. Se retrouver avec elle même. Même si l’idée de cette confrontation avec son monde et son caractère avait plutôt tendance à l’effrayer. Sa cruelle conscience lui rappelait sans cesse qu’une escapade ne menait nulle part. Elle mit de côté ses pensées et se servit de cette amertume pour lancer sa prochaine pique.
« Tu m’empoisonnes l’existence. Je n’ai pas mérité ça. J’ai tout fait bien. Pourquoi tu t’es imposé ici ? » Rugit-elle.
Elle se demanda si la solitude était réellement préférable à la plus infecte des compagnies -question qu'elle se posait souvent.  Sa professeure de philosophie lui aurait rétorqué avec un air hautain que « l’humain est un animal social ». Mais bon, ce n’est pas parce que Rousseau avait été un homme éminent que la jeune fille prenait toutes ses paroles pour acquises.
Elle concentra de nouveau son attention – qui, on peut le dire, manquait de consistance -  sur l’homme. Le fait qu’il soit assit plaisait à Juliet. Pour une fois dans son existence elle était supérieure à quelqu’un – entendez le dans tous les sens du terme – Elle souleva un sourcil. Il était évident que la discussion portait sur l’arme blanche, pourtant le brun semblait naviguer en eaux troubles. Elle décida de lui éclairer le cœur du problème.
« Ce couteau, c’est celui de mon oncle… Vois-tu il l’a utilisé. Et de la manière la plus naturelle qu’il soit, tu es venu piquer les affaires d’un mort. » –rien n’indiquait vraiment le décès de son oncle, mais Juliet ne pouvait pas se résoudre à croire en le retour d’un être cher éternellement, la blessure sur le long terme serait dure à porter-   « Je n’arrive même pas à croire que tu ne sois pas capable de ne pas t’en rendre compte. C’est quoi exactement la prochaine étape ? Je dors sur le palier parce que mon lit est plus confortable que le tien ? »


L’adolescente avait conscience que tout cela n'était que de la pure provocation. Elle savait qu’elle mettait Jack dans une situation délicate. La gifler aurait été une grosse erreur, sa dignité opulente ne s’en serait jamais remise. D’un autre côté se laisser marcher sur les pieds impliquait d’autres situations telles que celle-ci. L’idéal aurait été de la calmer, magie que Jack aurait beaucoup de mal à exécuter…
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Re: This ain't yours

Lun 28 Nov 2016 - 22:08


Les coudes appuyés sur ses cuisses, Jack attendit, impassible, que la petite déballe tout ce qu'elle avait sur le cœur. Presque curieux, il se demandait ce qu'elle pourrait bien lui dire qu'elle ne lui avait pas déjà dit. La sentence arriva bien vite. Vide de toute émotion. Aucune empathie. Incapable de s'émouvoir. Le couplet classique du monstre donc. Rien de nouveau jusqu'à présent. Il était quasiment devenu habituel dans la bouche de la jeune Rosenfeld. Le quarantenaire ne chercherait même pas à se défendre de ça. Il l'avait déjà fait par le passé. Il avait déjà tenté de lui faire comprendre les raisons de son geste. Une explication, rien de plus. Ce n'était ni pour se faire pardonner, ni pour se justifier. L'un comme l'autre aurait sous-entendu qu'il était fautif, en tort, ce qui, à ses yeux, n'était pas le cas. Non, une fois encore, Jack était certain d'avoir fait ce qu'il fallait, ce qui était juste et qui devait être fait. D'un naturel laconique, il n'aimait pas trop parler pour ne rien dire. Et n'ayant rien de nouveau à ajouter sur le sujet, il ne vit aucun intérêt à relever les premières remarques de la petite blonde.

Ni même les secondes. Juliet était une gamine intelligente, il l'avait rapidement compris. À fleur de peau, oui, mais intelligente. Elle savait pertinemment pourquoi le groupe s'était installé au ranch. Zoey avait besoin d'un endroit sûr et de repos pour se remettre de sa blessure et de son manque d'insuline. La trimbaler en charrette n'était plus une possibilité à cette période. Les chevaux d'Isaac avaient besoin d'un abri, un véritable abri. Eux aussi en avait besoin. La vie de nomade, ça allait un temps. Le ranch et son écurie étaient tout désignés. L'endroit rêvé pour eux, vraiment. La jeune fille n'avait peut-être pas souhaité leur présence en ces murs, mais n'avaient-ils pas remboursé la dette contractée à son égard ? Chaque jour, ils la remerciaient de son hospitalité en sécurisant le terrain et ses alentours, en allant chercher à manger, en coupant du bois pour l'hiver. Elle savait tout cela. Sa question n'en était pas une. C'était simplement la diatribe d'une ado qui se plaignait sur son sort. Jack savait que Juliet valait mieux que ça, à ses yeux en tout cas. Tout comme il savait pertinemment que c'était avant tout sa présence à lui le problème. Elle ne s'en prenait que rarement aux autres. En tout cas pas avec la même vigueur, ni la même application. C'était lui qu'elle visait dans sa question. Sans doute que si ça n'avait tenu qu'à la Rosenfeld, Juliet aurait probablement accepté que les autres restent. Lui, en revanche, il était certain que non et elle le prouvait une fois de plus.

L'ouvrier fronça les sourcils. Le couteau. En réalité, c'était ça le problème du jour. La petite marquait un point qu'il ne pouvait que difficilement contester. Les Hommes étaient devenus des charognards. Ils vivaient sur les restes que le monde à présent perdu avait laissé derrière lui. Tout était bon à prendre. Tout devait être mis à profit pour assurer leur survie. Le couteau de l'oncle de Juliet ne faisait pas exception. Naturellement, Jack l'avait donc pris pour l'utiliser, sans se poser de questions. C'était le genre de politesse dont ils devaient d'ordinaire se passer mais qui, dans le cas présent, aurait été la bienvenue. L'entrepreneur aurait pu le faire, oui. Il aurait pu lui demander l'autorisation d'utiliser et de garder le couteau. Pour le coup, ça leur aurait fait éviter cette crise. Et encore, il n'était même pas sûr. Juliet avait raison. Et voilà qu'elle grossissait encore une fois le trait. Dommage. Elle aurait dû s'arrêter plus tôt. L'ours poussa un profond soupir avant de se redresser. Attrapant la ceinture de son jean, il défit la boucle et la retira. Mais non voyons. Il n'avait aucunement l'intention de lui donner quelques coups de ceintures. Non si Jack retirait sa ceinture, c'était avant tout pour récupérer l'étui du couteau. L'arme rangée dans son fourreau, le scotto-américain le tendit droit devant lui en direction de l'adolescente.

- Tu le veux ? Très bien. Prends-le, déclara simplement le quarantenaire. Il est à toi après tout. Je suis désolé. Je ne te savais pas si attachée à un couteau que tu laissais prendre la poussière, continua l'homme, une pointe d'ironie provocatrice dans la voix. As-tu seulement la moindre idée de tout ce que tu peux faire avec ça ?
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Re: This ain't yours

Mer 7 Déc 2016 - 21:53

Elle ne pu s’empêcher de reculer d’un pas lorsque Jack se leva et défit à ceinture. Une sorte de terreur primaire la prit à la gorge sans qu’elle ne puisse ni la contrôler, ni la comprendre. Ces derniers mois l’avaient rendue vigilante et méfiante à propos de chaque personne, chaque mouvement, chaque détail. Heureusement, elle comprit dans les secondes qui suivirent, observant son geste fluide, qu’il ne faisait qu’enlever l’étui qui pendait à sa ceinture. Après avoir rangé le couteau dans sa pochette de cuir, il lui tendit l’objet.

En entendant la réplique qui accompagnait l’arme, Juliet se figea. « Réagis » l’exhortait une voix rebelle des tréfonds de ses esprits. « dis quelque chose ». C’est que le géant n’avait jamais adopté ce genre de réaction avec la jeune fille. C’était une sorte de première fois. Voulant garder la cohésion du groupe, il avait l’habitude de s’écraser après avoir bataillé des minutes durant. Elle savait qu’il devait –d’une manière ou d’une autre – se sentir responsable de la cohésion du groupe, notamment à travers leur relation.
Ce ton glacial. Cette figure à la fois sérieuse et affligée. Un brun de moquerie, une once de désespoir. La lecture facile de ces émotions sur le visage de Jack surprit la lycéenne. Elle avait envie de s’entourer de ses bras pour se donner l’illusion qu’elle n’était pas la cause de cela. Une partie d’elle la détestait. Et c’était arrivé sans qu’elle s’en rende compte. Merde. Elle aurait préféré la tête de mule habituelle qui cherchait à lui faire entendre raison. Ne pas attiser sa colère la laissait là, les bras ballants, les épaules lourdes de sentiments désagréables. Les sentiments, sa grande hantise. Tout était pourtant explicable. Puisque l’amour, événement chimique, provient du Noyau Accumbens, endroit du cerveau qui centralise plusieurs neurotransmetteurs. Le cerveau relâche des hormones telles que la dopamine et de l’ocytocine. La science peut tout expliquer. Mais pourquoi, pourquoi je n’arrive pas à comprendre d’où vient cette culpabilité stupide ?

Cette retraite rapide procurait dans les faits, une semi victoire à Jack. La bonde s’en rendait bien compte et cela lui déplaisait fortement. Pour se sortir de cette situation, elle envisagea d’abord un énorme mensonge. Puis se ravisa. Aggraver sa position était une mauvaise idée, d’autant plus que le quarantenaire l’aurait tout de suite détecté. Elle serra les poings, releva la tête – ce qui, tout à fait entre nous, lui donnait un air ridicule du haut des ses un mètre soixante-trois. S’empêchant de débiter une tirade mordante, elle s’empara du couteau et se dirigea vers l’entrée de la maison. En marchant, elle se fit la réflexion qu’elle avait totalement oublié le but premier de sa sortie. Mais il n’était pas question de retourner sur ses pas et de se ridiculiser. Elle lâcha un « sombre crétin » sur sa route, sans se retourner. Et alors qu’elle atteignait la porte d’entrée, elle se stoppa, la main suspendue au dessus de la poignée. Cet abandon. Cette résignation. Ce n’était pas elle. La jeune fille ouvrit la porte, qu’elle claqua sans toutefois dépasser le seuil. Elle glissa l’anse de l’étui sur la poignée et se retourna silencieusement. Puis s’élança vivement vers le géant pour lui sauter dessus sans autre forme de procès. S’agrippant sur son dos musclé, elle enroula ses jambes autour de sa taille ; et, se tenant avec le bras gauche, lui asséna des coups de poings de la main droite. Tout cela n’avait bien évidemment aucun effet sur l’homme en question.

Juliet cherchait à se débarrasser de ce surplus de sentiments. Et si ce n’était pas oratoire, soit, elle s’adapterait. Elle savait qu’elle ne pouvait pas le blesser au vu de sa force ridicule et de ses lacunes abyssales en matière de défense. Mais si tout ce manège ne pouvait que la soulager un petit peut, elle en serait reconnaissante.
Je te déteste. Je te hais. Elle pensait à une série de phrases mordantes, qu’elle ne prononça pas. Au lieu de cela, elle se mura dans le silence. Un sourire imperceptible naissait sur le bout de ses lèvres. La situation l’amusait même si elle aurait préféré mourir plutôt que de l’avouer.
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Re: This ain't yours

Mer 18 Jan 2017 - 18:09


Son bras tendu présentant l’objet, poignée la première, comme une offrande, Jack ne détournait pas le regard de la petite, scrutant ses réactions. Prendra, prendra pas ? Prendra. L’ours eut un léger haussement de sourcil en sentant le couteau et son fourreau lui glisser entre les doigts. Il ne s’y attendait pas vraiment, non. Cette bataille-ci, il la pensait gagnée d’avance. En voyant ses mimiques, il savait pertinemment qu’il avait marqué un point en demandant à l’adolescente si elle pouvait tirer le plein potentiel de ce couteau. Elle avait beau avoir raison sur le fait qu’il aurait pu demander sa permission, elle devait être consciente qu’un tel outil serait plus utile entre ses mains à lui. Il la voyait déjà accepter ce constat, se renfrogner et partir bouder dans un coin ou aller se plaindre à Lily. Zoey ou Isaac de ce que le grand méchant Jack avait encore fait. Mais non. L’ouvrier lui avait laissé la possibilité de récupérer son bien et elle l’avait saisie. C’était une bonne et une mauvaise chose. Une bonne, parce que maintenant qu’elle avait le couteau de son oncle, Juliet perdait son excuse du jour pour lui faire la guerre. Elle s’en irait triomphante, fière de sa réussite et arrêterait de lui faire bourdonner les oreilles en lui rappelant, encore une fois, à quel point elle le détestait. Il pourrait reprendre son travail tranquillement. Enfin, ça c’était pas dit. Son vieux couteau avait rendu l’âme. Sans couteau, la pile de bois qu’il comptait utiliser pour renforcer les barricades n’allaient pas se tailler toute seule. Et c’était bien pour ça que c’était une mauvaise chose. Il pouvait toujours trouver un autre outil pour continuer mais rien qui ne soit aussi rapide ou aussi pratique. La perte de temps serait considérable. Et stupide. Des petites histoires de fiertés mal placées, tant la sienne que celle de la blonde.

Jack resta planté là, son bras retombant ballant, et laissa la jeune Rosenfeld passer dans son dos. Il ne comptait ni se retourner pour la regarder partir, ni revenir à la charge. Il ne lui ferait pas ce plaisir-là. La lassitude face à la situation avait laissé place à un léger sentiment de colère. Pas contre Juliet non, il lui avait laissé une opportunité et elle l’avait saisie, mais contre lui-même pour avoir mal joué ses cartes. Ses mâchoires se crispèrent et il soupira, le regard fixé sur le lointain, réfléchissant à ce qu’il pourrait bien utiliser pour terminer ses piquets. La hache ? Pas adapté aux petits travaux du bois. Un autre couteau ? Aucun n’avait un tranchant fait pour. Il allait plus abimer le fil de la lame qu’autre chose. La porte s’ouvrit et se referma dans un claquement. S’il allait avoir la paix, il n’était pas plus avancé. Avant même qu’il ne se retourne, l’adolescente sautait sur son dos de tout son poids. Ce qui n’était pas grand chose hin, mais suffisamment pour le forcer à revoir ses appuis. Il grogna, le choc et la surprise faisant disparaître la moindre trace d’oxygène dans ses poumons. Un coup. Puis un autre. Et encore un autre. Juliet martelait son trapèze et son épaule de coups. Si ça ne lui faisait pas vraiment mal, la petite semblait en tout cas y mettre du cœur. Oh bien sûr, il aurait certainement pu se débarrasser de ce poids avec aisance. Sans doute qu’un bon coup d’épaule aurait été suffisant à faire voler la jeune fille. Mais à quoi ? Lui faire mal ? Ça n’avait jamais été dans ses intentions et ça n’aurait engendré que plus de drames. Le groupe pouvait bien s’en passer. Non, au lieu de ça, l’entrepreneur envoya une main dans son dos, se dépatouillant comme il pouvait pour attraper la main qui le frappait. Cette dernière lui glissa entre les doigts une fois, puis deux avant qu’il ne puisse refermer son emprise sur le poignet de la blonde.

- ÇA SUFFIT ! tonna l’ours de sa voix rauque.
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