Orson avait très clairement signé la fin de cet échange. Un échange bien plus court que prévu. En silence, Cheyenne accusa les reproches et insultes de son soit-disant ami avec un calme qui ne lui ressemblait pas. Pourquoi se taisait-elle au juste ? Sans doute parce qu'elle savait que si elle ouvrait la bouche, ce serait pire que tout et sans possibilité de faire marche arrière. La pisseuse qu'elle était – comme l'avait souligné si tendrement Orson – n'avait clairement pas l'envie de jouer à ce jeu. Le regard de colère de l'entrepreneur, elle le soutenait sans peur. C'était bien ça l'un des problèmes de Cheyenne, son absence de peur...Sans peur, pas de limite. C'est qui faisait d'elle un danger en devenir. Lentement, elle se redressa, se levant du convertible où elle s'était laissé choir d'épuisement et se contenta de fixer Orson avant de lâcher d'une voix froide.

« Je t'emmerde. Bien comme il faut... J'étais venu passer un moment avec toi, tu m'as questionné, je t'ai répondu honnêtement. Et tu as le putain de culot de me chier une pendule ? Là, comme ça ? Dis moi, si je peux pas m'exprimer librement avec toi sur ce qui me fait du mal et que la seule option que tu me donnes c'est de fermer ma gueule... Alors t'es quoi, au juste ? »

Pas un ami, de toute évidence. Contournant ce qui faisait office de table ou de support, Cheyenne fini par se baisser et ramasser la bouteille qu'elle avait ramené. Déjà, elle commençait à se sentir vaseuse, sans doute à cause du verre qu'elle s'était envoyé sans même prendre le temps de respirer.

« Tu veux rester dans ton coin à faire la gueule ? À ta guise, je vais pas m’imposer plus longtemps. Mais oublies pas une chose vieux connard, j'ai toujours eu pour toi plus de respect et de patience pour n'importe qui à Emerald, je conseil tout de même de pas prendre trop tes aises. Je t'aime et mêle si je redoute ta perte, toi et moi on sait que je vivrais très bien sans toi. »

Approchant son visage du sien, Cheyenne pencha la tête sur le côté et posa ses lèvres sur la joue velue de son ami. C'était un simple bisous bien que sans douceur, avec lequel elle lui avait gratifié alors que son regard se perdait un court instant dans le sien.

« Je vais te laisser tirer la gueule dans ton coin et quand t'auras décidé de faire autre chose que de m'emmerder, tu sais où me trouver. »

Ce vieux con. Elle avait envie de l'étrangler, mais elle l'aimait bien. Sans un mot de plus, Cheyenne se détourna de lui, sortant du préfabriqué et glissa la bouteille de Whisky sous son bras. Ce soir, ce serait elles deux en toute intimité... Et avec Viandox, évidemment. Quand à Orson, elle craignait leur prochaine retrouvailles qui risquaient très probablement de laisser des bleus.