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Re: That's how we change

Sam 24 Sep 2016 - 16:49

Ma maladresse avait coupé Selene dans son élan. Elle avait en effet une toute autre envie qu'un chocolat chaud. Je l'avait éclaboussé avec mes âneries et m’apercevait seulement que mes bottines venaient de s'offrir un soin hydratant au lait. Mes pieds n'étaient cependant pas mouillé grâce à l'imperméabilité du cuir. La brunette se moque bien de l'état de ces converses et de son jean préférant se soucier de moi. Je retins un sourire quand elle réprima une vulgarité comme pour me préserver de son langage. J'étais dépassée par les événements et préférais ne pas répondre pour me concentrer sur ma tâche. Celle de nettoyer le sol de la cuisine. Malgré son petit sourire en coin, Selene m'aida à rassembler les débris de verre qui avait volé un peu plus loin. Elle m'ordonna presque de la laisser faire quand elle remarqua que je m'étais coupé.

-Ce n'est rien.

Lui assurais-je. Je la remerciais de son aide d'un regard doux et d'un sourire franc. Lui confiant ainsi que je n'étais pas très douée pour recevoir du monde vu que cela ne m'arrivait pas souvent. L'annonce avait jeté un froid contre toute attente. Il était vrai que Selene n'était pas le genre de fille que j'aurais pu fréquenter mais elle avait un petit quelque chose qui me disait de lui laisser une chance. J'avais envie de lui ouvrir ma porte pour une raison que je ne saisissait pas encore. Elle finit de m'aider et se redressa pour jeter les derniers éclats de verre. Je m'obstinais à rincer mon doigt pour ne pas avoir à affronter ce lourd silence. C'est finalement la jeune rebelle qui brisa le silence en me retournant une question. Avait-elle l'air plus douée que moi ? Je la dévisage. Interloquée par sa question et me surprends à répondre naturellement.

-Non, pas vraiment. Mais au moins je me sens pas trop différente avec toi.

J'avais envie de rire. Mais je le réprimais en me pinçant le doigt, une douleur vive s'empara de moi et je l'exprimais par une grimace disgracieuse. Enveloppant mon index dans une feuille de papier absorbant, je coupais enfin l'eau. Mon invitée me contourna, enjambant la flaque de lait, elle mit son nez dans le réfrigérateur. Je la vis parcourir son contenu pour en tirer deux bières. Je haussais un sourcil interrogateur. Mais je n'eus pas le temps de poser ma question que déjà elle s’attelait à détendre l'atmosphère. Le bazar lui rappelait son quotidien et elle n'y voyait aucun mal. J'esquissais un sourire. Deux bières. Oui, car elle voulait que j'en prenne une avec elle. Euh... Je n'étais pas certaine que ce soit l'idée du siècle. Je lui avait proposé sans songer une seule seconde que son choix se porterait là dessus. Devant mon air paniqué, la brunette me demanda si j'en avais déjà bu ou si j'avais le culot de le lui proposer pour faire cool. Non, pas vraiment. Je n'avais juste pas songé qu'elle m'en propose une avec elle. Je plonge mon regard sur ma tasse vide. Silencieuse. Un peu honteuse. Selene se reprit, m'assurant que je pouvais en boire une avec elle, que s'était une bière de fille pour ne pas dire une soft. Je n'y connaissais rien de toute manière et d'un ton résolu je répondis :

-Je n'ai plus de lait de toute façon... alors je vais avoir du mal à me faire un chocolat.

Un soupire résolu me fit m'emparer d'une des bouteilles, ouvrant un tiroir j'en extirpais un décapsuleur. D'un geste habile je plaçais l'outil pour soulever ma capsule et la faire sauter. Je souris. J'avais pour habitude de les ouvrir pour mes parents et leurs invités. J'appréciais servir et me rendre utile, c'était donc un geste que j'effectuais avec dextérité. Je tendis l'engin à Selene qui me regardait avec curiosité.

-Je sais les ouvrir oui, mais se sera ma première consommé.

Je suis moins stressée et je l'invite à me suivre jusqu'au salon où nous pouvons nous affaler dans l'un des magnifiques canapés cuir noir de ma mère. Je tapote le coussin à côté de moi pour que Selene me rejoigne. Je leve ma bouteille pour que nous trinquions avant de boire :

-A nos sauvetages.

Déclarais-je amusée. Notre rencontre se basait sur l'aide que nous nous étions mutuellement apporté et je déglutis ma première gorgée. Le goût me paraît subtile et étrange. Acidulé. Elle me rappelle les agrumes. Ce n'est pas mauvais mais je n'y suis pas encore habituée. L'alcool me réchauffe doucement sans m'enivrer. J'entreprends une explication sur le pourquoi du comment, je n'invite pas grand monde.

-Tu sais je n'ai pas l'occasion d'inviter du monde chez moi car je passe sûrement trop de temps dans mes bouquins. Moi, ce que j'aime c'est apprendre, étudier et je crois que l'on me considère comme une intello complètement coincée. Je ne vais pas démentir. Mais du coup on ne vient pas vraiment vers moi et je ne vais pas plus vers les autres. Je ne trouve rien d'intéressant dans la popularité ou le narcissisme. Les filles de mon lycée passent certainement plus de temps devant le miroir à savoir si elle sont assez maquillée pour sortir que nous serions incapable de les reconnaître le visage à nu. Je trouve ça un peu pathétique.

Je marque une pause et la fixe. J'essuie ma main mouillée par la condensation de la bouteille, sur mon jean avec négligence. Oui, je suis normale. Je n'ai pas de prétention ou de manière malgré ce que l'on pourrait croire. Je suis juste timide et emprunté devant des inconnus.

-Et toi ? Pourquoi tous tes potes sont des crétins ? Tu n'as qu'à en changer si tu les trouves idiots, non ?

Je me montre sincère. Je n'ai pas envie qu'elle pense de moi que je ne suis qu'une petite bourge à qui tout tombe tout cru dans le bec. Loin, de là même si mes parents sont relativement ouvert et présent pour moi, ils me laissent souvent me débrouiller par moi même et tente de me pousser à aller vers les gens. Je tente de m'être ça en pratique avec Selene, car je n'avais pas envie de la laisser repartir comme ça et que je tenais à la remercier. Même si se serait probablement notre première et dernière bière ensemble. Je replace une mèche de cheveux se balançant devant mon visage tout en offrant un sourire à la jolie brunette au yeux bleus.

-Je ne suis pas si coincée que ça tu sais. J'ai un petit ami, william. Et non, ce n'est pas un intello comme moi. Non, lui c'est une vedette au lycée. Un sportif... football américain. Il veut obtenir une bourse à la sortie du lycée et peut-être intégrer une équipe professionnelle. Étonnant ? Tu dois te demander ce qu'il fou avec moi comme la plupart des élèves de mon lycée.

Ma bière se vide et je me sens plus détendue que jamais. Je devrais peut-être me poser avec une bière un peu plus souvent pour me faire monter dans les nuages. Je souris. J'ai presque envie de rire à mes propres pensées. Je finis par laisser mon rire s'échapper d'entre mes lèvres sous les yeux de Selene.

-Si on m'avait dit ce matin que j'aimerais boire une bière en compagnie d'une inconnue... Je crois que je me serais évanouie.

Elle pouvait bien rire avec moi, il n'y avait aucune raison pour que je ne partage pas ça avec elle. Je crois que je pourrais vraiment m'attacher à elle si elle me laissait faire. Mais nous en étions encore très loin et je ravalais aussitôt mon engouement.
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Re: That's how we change

Dim 25 Sep 2016 - 14:38



That's how we change.


Selene Sweetnam Δ Jessie Gardner



Vendredi 18 janvier 2013, Seattle, Washington, Etats-Unis.


A la bonne heure ! Elle acceptait la bière, son cas n’était pas désespéré. Selene sourit en la voyant prendre la bouteille avec détermination et eut une moue impressionnée en voyant qu’elle savait les décapsuler. Une vraie rebelle se cachait sous ces mèches rousses. La musicienne se retint toutefois de laisser s’échapper une nouvelle boutade et se contenta de lui rétorquer :

- Ravie de prendre la responsabilité de ta première fois.

Elle la suivit dans le salon où les attendaient de superbes fauteuils en cuir noir. Jessie l’invita à ses côtés mais son aînée pris le temps d’embrasser la pièce avant de s’asseoir. Tout était si différent de chez elle, si « grand ». Elle était certaine que même pas la moitié des meubles de cette pièce tiendrait dans son appartement étriqué ; ils ne passeraient même pas la porte du hall de l’immeuble de toute façon. Quand la rouquine leva un toast à leurs entraides, le sourire de la pianiste se fit pensif. Elle revoyait soudainement ses amis, leurs airs offusqués, et réalisait qu’elle les avait plantés, pour boire une bière avec une parfaite inconnue. Une fille qui n’était pas de leur monde, qui ne la comprendrait sans doute jamais… enfin, sincèrement, James, Jessica et Hadrian la comprenaient-ils ? Elle ne savait plus…

Selene revint au présent, sa cadette se confiait, avouait qu’elle était effectivement l’intello un peu coincée qu’on penserait en la voyant. Au moins, les apparences ne trompaient pas. La brunette ne sut pas quoi répondre quand le jugement de valeur tomba comme un couperet sur les « filles qui se maquillaient trop ». Une boule se forma dans son ventre, un malaise qui lui donnait envie de partir de ce salon de bourge. Pour tromper la réalité, elle but une gorgée de sa bière et fit mine de hocher la tête, sans regarder sa comparse, tapotant de l’index sur sa bouteille en verre. Et elle, la trouverait-elle « pathétique » si elle la connaissait ? Sans doute. Ces derniers temps, la musicienne elle-même trouvait que son adolescente l’était…

- Oh…, pourquoi elle ne changeait pas d’ami ? Ses yeux bleus croisèrent brièvement ceux de Jessie avant de retomber sur l’objet entre ses mains, oui je pourrais…

Mais ce n’était pas si simple. La pianiste le savait. Les gens qu’elle fréquentait n’étaient pas de ceux à qui on pouvait dire en face qu’on arrêtait de les voir parce qu’ils étaient des abrutis. Rien que le fait d’avoir défendu une fille de riche lui vaudrait des quolibets pendant plusieurs jours. Elle pourrait mettre fin à leur relation, si elle était prête à subir leur représailles mesquines jusqu’à la fin de l’année scolaire, et dieu savait jusqu’où ils seraient capables d’aller pour lui rendre la vie infernale.

La rouquine embraya finalement sur le fait qu’elle avait un petit-ami. Un sportif. C’était effectivement étonnant, et en même temps pas tant que ça. En tout cas, ce n’était pas tant sa révélation qui fascina Selene, mais plutôt le clair besoin de parler qui émanait de Jessie. Si elle n’avait pas de copine avec qui partager potins et histoires intimes alors oui, son absence totale de retenue se comprenait. Ceci dit… la brunette était pareille : aucune oreille suffisamment fiable pour ses récits les plus profonds ; mais elle n’était pas décidée à en trouver. Même entourée, elle avait toujours été seule.

Après plusieurs longues gorgées de sa bière, elle partagea l’hilarité de son hôte, surtout parce qu’il émanait de son aveu une candeur adorable. Il y avait bien longtemps que la musicienne n’était plus effrayée par le fait de prendre un verre avec des inconnus. Non… elle était capable d’aller beaucoup plus loin en une soirée, trop loin même.

- Je sais pourquoi tu plais à ton mec, dit-elle avec une lueur amusée dans le regard, t’es mignonne et t'es rousse. Tout le monde sait que le succès des rousses explose ces dernières années…, elle haussa les épaules en feignant une résolution attristée, on va toutes finir célibataires à cause de vous…

Selene rit brièvement avant de finir sa boisson et coincer la bouteille entre ses cuisses. Une cascade de ses cheveux auburn tomba devant son visage. Elle l’écarta d’une main alors qu’une esquisse de sourire en coin souleva furtivement la commissure de ses lèvres. Etait-ce à son tour de se confier ? Elle n’avait vraiment pas envie. De toute façon, comment le faire sans jeter un froid ? « Moi j’étais plutôt du genre garce, tu vois ? Cette fille que tu détestes, qui t’effraie, ou que tu veux sauter à une soirée parce que tu sais que quand elle est torchée, elle est moins difficile. Cette fille qui se la jouait rebelle mystique aussi, juste à cause d’un accident d’enfance, et qui n’a pas d’amis proche parce qu’elle « n’aime pas les gens »… enfin, je crois que je veux changer, mais… ». C’était ce qui l’avait amusée intérieurement. Avec un peu de sincérité, voilà à quoi ressemblait son profil, mais elle ne pouvait pas dire ça.

Pourtant… elle avait été touchée par la franchise de Jessie. Jamais elle n’avait rencontré quelqu’un qui s’ouvrait avec autant de naturel, ou qui lui suggérait avec une parfaite innocence de changer de camarades s’ils étaient idiots. C’était tellement mieux que les non-dits, les secrets croisés, les messes-basses, les ragôts… elle cherchait ses mots plusieurs secondes avant de laisser s’échapper :

- Tu sais, je ne suis pas… euh… une fille très… bien en vrai…, c’était nul. Elle avait eu ce début de rire nerveux à la fin, échouant pitoyablement à vouloir paraître désinvolte, et j’ai pas de mec donc…, vraiment mal à l’aise lorsque son cas était mis en avant, Selene détourna le sujet avec un engouement soudain, donc on va parler du tien ! Attends, t’as quel âge en plus ? Une petite riche intello qui ment aux flics, sait ouvrir les bières et a un copain sportif… tu casses tous mes clichés, elle sourit, les yeux pétillant d’espièglerie, avant de baisser un peu la voix sur le ton de la confidence, mais… genre vous êtes « vraiment » ensemble ? Vous avez couché ?

A ce sujet là, la musicienne était complètement désinhibée depuis bel lurette, et la réponse l’intéressait vraiment. Il ne manquait plus que la rouquine ne soit plus vierge ! Il ne lui resterait plus qu’à revoir tous ses principes à propos des bourges.

par humdrum sur ninetofive


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Re: That's how we change

Dim 30 Oct 2016 - 2:04

Il y avait longtemps que je ne m'étais pas sentie si heureuse. L'effet de l'alcool devait fortement contribuer à mon bonheur mais je savais savourer cette fin d'après-midi à sa juste valeur. Selene, elle avait ce côté fragile au fond de ces yeux. Une lueur que je n'avais pas remarqué avant de prendre le temps de l'observer. Elle qui se cachait avec tant d'aisance devait le faire depuis bien des années. Je baissais le regard. Je ne tenais pas à la mettre plus mal à l'aise qu'elle ne l'était déjà. Je portais le goulot de ma bouteille à mes lèvres pour dissimuler mon intérêt et m’empêcher de parler sans réfléchir. Je ne voulais pas la contrarier surtout qu'elle était ravie de m'accompagner dans ma première expérience alcoolisée. Futile. Naïve. Je ne m'étais pas faite prier car je désirais faire bonne impression et ne pas me dégonfler. Will me poussait souvent à dépasser mes limites pour que j'apprenne à « lâcher prise » comme il disait. La jolie brune fuyait mon regard, quelque chose en moi la gênait mais j'étais bien incapable de définir ce qui pouvait bien la rendre si distante. Je me résolu à cette attitude de sa part sans relever. Car mon intervention sur ces amis ne semblait pas réellement la convaincre. Oui, pour moi il suffisait d'en changer si l'on ne sentait pas à l'aise ou du moins essayer... C'était peut-être là, la raison de ma solitude.

Cette vérité déferlait dans mon esprit au point que je me perde. J'avais rapidement changé de sujet pour évoquer celui que j'aimais, captant ainsi l'attention de ma comparse. Selene et son regard curieux. Son sourire succin qui signifiait que je l'impressionnait presque. Elle finit par rire avec moi ce qui m’emplis d'une joie immense. Elle ignorait à quel point sa présence m'était agréable, un souffle nouveau s'emparait de moi pour me transformer doucement. Comment ? Elle sait pourquoi je plais à Will ? Surprise. Je la fixe. Je l'écoute. Quoi ? Moi, mignonne et rousse ! Je ne savais pas qu'être rousse était un critère en vogue et carrément à la mode. Je ne pus retenir mon fou rire.

-Oui, pauvre de vous qui n'êtes pas rousse vous ne connaîtrait plus le plaisir d'être aimé.

Sarcastique ? Un peu. Je fronçais les sourcils en dévisageant Selene. Cessant de rire, j'affichais à présent un sourire malicieux pour mettre en valeur mes mots :

-Tu devrais me laisser te teindre en rousse, juste pour voir si ton succès s’accroît.

Je savais que j'allais faire mouche. Jamais je n'aurais cru possible de partager autant avec une inconnue. Je l'aimais bien malgré que l'on ne soit pas du même monde et du fait qu'elle traîne avec des crétins. Je pensais qu'il était tant de ma laisser une chance et de lui en donner une par la même occasion. Aura-t-elle disparu de ma vie dès demain ? Je ne savais pas. J'espérais que non au fond de moi mais je me doutais que les chances que cela se reproduises étaient infimes. Profiter. Il n'y avait plus que ça à faire. Elle fourra sa bouteille vide entre ces cuisses maintenant que le silence nous gagnait, je vis son regard se ternir. Comme si elle n'était pas prête à se livrer mais se sentant redevable de mon honnêteté. J'hésitais à la rassurer. Me ravisant rapidement, je posais mon regard sur la table basse. Je la connaissais pourtant elle me parut bien plus chic que d'ordinaire. Je me mis à penser à Selene et ce qu'elle pouvait bien se dire à propos de ma qualité de vie, je n'en avais pas vraiment prit conscience jusque là mais tout chez moi respirait le luxe. Horrifiée. Je compris les regards à la fois émerveillés et gênés de ma nouvelle camarade.

-Tu sais, je ne suis pas… euh… une fille très… bien en vrai… et j’ai pas de mec donc…, donc on va parler du tien ! Attends, t’as quel âge en plus ? Une petite riche intello qui ment aux flics, sait ouvrir les bières et a un copain sportif… tu casses tous mes clichés,  mais… genre vous êtes « vraiment » ensemble ? Vous avez couché ?

Elle venait de me faire écarquiller les yeux. Je la dévisageais complètement abasourdie. Je ne savais plus si c'était le début ou bien la fin de son intervention qui me clouait le plus. Dubitative. Je réfléchissais à une façon de répondre sans perdre mes moyens... mais je ne me sentais pas du tout à l'aise. Je me renfermais sur moi même, le regard posé sur mes genoux je dis à voix relativement basse :

-Je sais que tu n'es pas le genre « fille de bonne famille » si c'est ce que tu veux dire, mais je ne crois pas que cela fasse de toi quelqu'un de mauvais ou peu fréquentable. Tu en connais beaucoup toi des filles pas bien qui se dressent contre leur amis pour une parfaite inconnue ?

J'esquissais un sourire timide. Je pensais sincèrement mes mots même si mes joues devenues écarlates me faisaient l'effet d'un coup de poignard. Mon corps tout entier me trahissait, me rendant une fois de plus ridicule. Je sentais les yeux de Selene sur moi, attendant la réponse à ces interrogations. Oui, car elle avait décidé de changer de sujet pour se focaliser sur ma relation avec Will et je ne savais pas si je devais être honnête ou pas, pour le coup. Un soupire s'échappa d'entre mes lèvres pour signifier que le choix était cornélien. Qu'est ce que je risquais ? Elle ne fréquentait pas mon lycée et encore moins les personnes y étudiant, des amis j'en avais pas spécialement...

-Euh... quinze ans... Pourquoi ?

Je n'avais pas réussi à aller plus loin. Pourtant, elle le disait bien, je cassais tout ces clichés de la bourgeoisie. Un léger sourire se glissa sur mes lèvres pour égayer mon minois. Elle m'avait jeté un regard espiègle pour me chuchoter une question qui m'avait laisser sur le cul. Moi ? Coucher ? Avec Will... Qu'est ce que j'allais répondre à ça. Je me rapprochais d'elle pour ne pas être entendue bien que nous soyons seules chez moi, je préférais prévenir que guérir. Un coup d’œil par-dessus son épaule en direction de l'entrée avant de me lancer dans cette opération commando. Tout un pataquès pour une simple confidence sur mon intimité.

-Je... Comment dire... Je n'ai pas encore couché avec... Disons que nous y allons progressivement et que Wille m'aide à aller au delà de mes limites sans me brusquer. Tu vois ?

Je ne voulais pas épiloguer sur les détails concernant les préliminaires auxquels l'on s'adonnait régulièrement pour repousser les limites un peu plus à chaque fois. Je souriais. Franchement. Je songeais à ces moments passés avec lui, ces moments où j'avais enfin confiance en moi. Comme en ce moment avec elle d'une manière moins intime bien entendu. Je voulais savoir et je sentais que c'était le bon moment pour l'interroger :

-Dis moi, Selene. Tu penses que l'on pourra se revoir ? Je trouve ma question nulle et mal formulé. Tentant de me justifier, je renchérie. Enfin, tu aimerais que l'on se revoit ? Peut-être que l'on pourrait devenir amie ? Même si tu ne dois pas avoir besoin d'une amie comme moi.

Je me sentais particulièrement friable, vide et inquiète. Je voulais savoir mais j'avais la trouille. Peur qu'elle me rejette. Peur que ce soit un moment éphémère. Au diable les pré-jugés et tout ce que l'on pouvait bien penser, elle était la meilleure chose qui me soit arrivé avec Will et juste pour ça je me devais de la remercier. L'ayant toujours à proximité de moi, je pivote mon buste d'un quart de tour pour lui faire face et l'enlacer.

-Peu importe ta réponse. Ta classe sociale... ou même ce que tu as pu faire dans le passé. Je m'en fiche pas mal... moi je suis heureuse de t'avoir rencontré aujourd'hui et je te remercie pour cette fin d'après-midi passée ensemble. Si jamais tu as besoin, je serais là même si tu décide que l'on ne se reverra pas, la porte te sera jamais close. Compris ?

Je me détachais d'elle en lui souriant avec innocence. Moi, que l'alcool avait aidé. Moins timide. Plus de problème de bégaiement. L'occasion de me confier pour une fois à quelqu'un d'autre que ma mère ou bien Will. Elle venait peut-être de me rendre le plus grand service sans le savoir et j'étais prête à lui tendre ma main aussi longtemps qu'il le faudrait pour qu'elle s'en empare.
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Re: That's how we change

Dim 30 Oct 2016 - 10:47



That's how we change.


Selene Sweetnam Δ Jessie Gardner



Vendredi 18 janvier 2013, Seattle, Washington, Etats-Unis.


Les efforts de tolérance de Jessie étaient admirables, sincèrement, mais elle ne savait pas de quoi elle parlait. Toutes les deux n’étaient pas simplement de mondes différents, il y avait un gouffre entre leurs deux personnalités. D’ailleurs, ça l’agaça étrangement que la rouquine évoque à haute voix qu’elle n’était pas une « fille de bonne famille ». Ce n’était pas méchant pourtant, mais à ses oreilles, ça sonnait comme une critique ; foutu complexe d’infériorité. Son sourire s’était alors progressivement estompé, dilué dans son expression de neutralité absolument – celle d’un miroir sans teint. Selene avait simplement haussé les épaules quand son amie du jour essayer de mettre en lumière son acte « héroïque » et récupéra sa bouteille.

Le goulot porté à ses lèvres, elle l’écouta continuer. 15 ans ? Elle lui aurait peut-être donné un peu plus. Peut-être le côté première de la classe qui la vieillissait légèrement. Et elle était encore vierge. Cette fille était donc vraiment parfaite ? Jolie, bien entretenue, bien élevée, fidèle, et avec cette candeur d’adolescente qui faisait certainement craquer certains mecs. « Repousser ses limites »… c’était bien un défi de gosse ça. Faire autant de cérémonie juste pour s’envoyer en l’air, c’était la preuve qu’après le Père Noël, la « première fois » était le second plus gros mensonge de notre enfance. La musicienne était-elle un peu aigrie sur le sujet ? Peut-être. Son petit ami, au moment où elle s’était dévoilée la première fois, était un connard. Est-ce qu’elle n’était pas « prête » ? Est-ce que ce sentiment désagréable était normal ? Elle ne savait plus trop. Par contre, ça avait ouvert une brèche. Une faille, qui avait fait d’elle ce qu’elle était…

- Je vois, je vois…, acquiesça-t-elle avec un léger hochement de tête.

Puis Jessie changea du tout au tout. Se revoir ? Être amies ? Selene cligna des yeux, comme si on venait de l’éblouir avec le flash d’un appareil photo. Pour être direct, c’était direct ! Elles s’étaient rencontrées il n’y avait même pas une heure, pour un motif nul, et voilà que la rouquine lui proposait une suite à cette entrevue ? Était-ce un caprice ? Une envie d’avoir une copine du « bas monde », un peu comme un animal de compagnie exotique qu’on exhibait en société ? Prise au dépourvu, c’était sans doute ce que la jeune pianiste lui aurait demandé, un peu maladroite, mais sa cadette la prit brusquement dans ses bras.

Oh. Ça, elle n’était pas habituée. Du tout. D’ailleurs, elle resta figée, raide, sans oser rendre son étreinte à Jessie, qui lui confia ses sentiments. L’espace d’un instant, la brunette ferma les yeux, pour essayer de faire le tri entre ses aprioris et la réalité. Ce que lui proposait son hôte était gentil, adorable, pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de l’entendre comme… une prise en pitié. Comme si elle vivait dans la rue et avait besoin que quelqu’un lui ouvre ses portes cet hiver. Ce n’était pas le cas. Selene ne voulait pas laisser entendre qu’elle profitait de son aisance, et ne voulait pas en profiter d’ailleurs. La rouquine s’écarta, un sourire tellement innocent sur le visage qu’il était impossible de ne pas lui rendre l’amabilité. Un peu. Les fossettes de la musicienne s’était légèrement creusées alors qu’elle répondait :

- Oui. Compris. C’est… waw, elle coinça une mèche de cheveux derrière une oreille avec une petite moue embarrassée, c’est… intense tout ce que tu me dis là. J’étais pas prête ! Elle rit brièvement avant de reprendre en hochant la tête, t’es une chouette fille. Je veux dire… ouai, t’es gentille. Ça change des gens que je connais.

Et oui, elle venait de l’admettre à haute voix. Dire que ses amis étaient des abrutis étaient une chose, mais ajouter qu’ils n’étaient pas sympas… l’adolescente se posait vraiment la question désormais : pourquoi ne mettait-elle pas fin à ce cirque ? Ce n’était pas seulement de sa réputation dont il était question, ou de sa vie lycéenne. C’était de son avenir, de son orientation, de ce qu’elle voulait être plus tard. Dans 5 ou 10 ans, se voyait-elle encore à traîner avec des Hadrian et des Jessica ? Non… pas vraiment.

- Je ne peux pas te promettre qu’on se reverra, avoua-t-elle honnêtement, ni qu’on sera « amies ». Je te l’ai dit... je ne suis pas une fille très bien ; mais…, elle pencha légèrement la tête sur le côté pour étudier la rouquine, je ne suis pas encore partie. On est vendredi soir. Tu veux qu’on sorte toutes les deux ? anticipant une éventuelle excuse, elle retrouva la tonalité de la confidence en s’approchant légèrement de son oreille, tes parents n’ont pas besoin de le savoir.

Selene appuya ses mots d’un clin d’œil. Est-ce que c’était un jeu ? Oui. Voir jusqu’où cette « fille de bonne famille » irait pour se faire accepter. C’était un mécanisme d’autodéfense aussi : l’attirer dans son monde, parce qu’elle avait trop peur du sien. Mais au fond, la pianiste savait que si elle refusait, elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Elle l’aimait bien Jessie. Vraiment bien. En fait… elle lui donnait envie de pousser la découverte, quitte à ce que leur rencontre soit inédite.

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Re: That's how we change

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