EVENT DE JANVIER | Nara & Buzz

Nara ne s’était jamais sentie aussi bestiale. Elle devait combattre ces choses dans l’intérêt de sa propre survie. Elle ne savait pas ce qui serait le plus bénéfique : Quitter cet endroit ? Ou est-ce que les militaires voudraient absolument rester en ces lieux ? Ils n’avaient plus rien de sécurisant, les infectés pouvaient s’infiltrer à l’intérieur du périmètre, ou alors provenir de l’intérieur même de la base, en cas de décès. Comment est-ce que Nara pouvait être persuadée de cette théorie ? Parce qu’elle avait vu des gens en attaquer d’autres, et elle avait reconnu quelques infectés, qui étaient en réalité des personnes légèrement malades quelques jours plus tôt. En fait, plus rien n’avait de sens. Plus personne ne savait qui croire ou quoi faire. La seule chose possible pour le moment, c’était bien de se défendre, de s’investir dans la défense des survivants restant.

Buzz avait tiré sur un infecté, il avait bondit comme un dément en s’exclamant de joie. Nara leva les yeux au ciel en gardant une mine concentrée. Elle savait que Buzz était un brin tête brûlée, mais elle ne pensait pas qu’il prendrait autant de plaisir à éliminer ces choses. Mais c’était peut-être la rage qui parlait. Voir cet enfant mordu l’avait mit hors de lui. Il savait, comme tous les autres, ce qu’il allait devenir. Il savait ce que quelqu’un allait devoir faire. Ce n’était pas quelque chose de facile à voir, ni à entendre. Les cris de douleurs de l’enfant, c’est ça qu’il avait trouvé insupportable. Tirer dans la tête d’un infecté, ça n’avait rien de douloureux pour lui. Nara essayait de comprendre cela et surtout, de se concentrer sur les alentours. Elle se tenait sur le côté du stade, près des gradins du bas. Elle entendit quelqu’un crier, mais ce son semblait étouffé par une masse.

« Qu’est-ce que… Non… » Murmura Nara en s’avançant vers le bruit. Elle trouva quelqu’un, un militaire, allongé, le ventre ouvert. Il agonisait et ne tarderait pas à libérer son dernier souffle. Bientôt, il serait comme ces choses. Ou dévoré dans son intégralité. Nara secoua la tête, elle détourna le regard du visage de cet homme qui n’avait fait que son devoir, mais qui se faisait prendre sa vie par ces choses qui n’avaient aucune morale. Alors, Nara poussa un cri, un « AAAAH ! » pour se donner du courage et s’élancer avec sa lance pour planter son silex taillé dans la tête de cette chose. Un bruit immonde. La jeune chercheuse n’avait jamais entendu un son aussi affreux. C’était celui de la pierre taillée rentrant dans l’os, une mélasse immonde, une bouillie de cerveau qui giclait sur le visage de ce malade. L’infecté eu un petit soubresaut, avait essayé d’attraper le manche de la lance, sans succès.

Le militaire agonisant, eu un spasme. Une dernière réaction quant à ce qui se passait autour de lui. « Je suis désolée. » Dit-elle à son adresse, même si elle ne pouvait pas l’entendre, avant de lui enfoncer la pointe de silex dans l’œil. Elle détourna le regard une nouvelle fois, se fiant seulement au son dégoûtant qui provenait de sa cible. Voilà. C’était fait. Jusqu’alors, Nara s’était défendue, cachée, elle avait courue pour éviter ces choses avant de se réfugier ici avec Buzz. Mais désormais, elle devrait faire ça. C’était presque un service qu’elle rendrait, même si l’acte restait répugnant. Il en était de sa propre survie. Elle n’avait pas le choix. Elle se retourna pour apercevoir Buzz, plus loin, agenouillé près de quelqu’un avant de lui enfoncer son couteau dans le crâne. Elle déglutit et se rendit compte qu’elle ne pleurait même pas. Nara se contenta de s’avancer vers lui et de l’aider à se relever, en hochant la tête.

« Si y a une brêche ici, c’est mort, personne n’arrivera à la refermer. Tous les machins du coin vont être attirés par les tirs. Faut se barrer d’ici. » Annonça Buzz en ayant sur le visage, une mine réfléchie. Il n’avait pas l’air grave, seulement lucide quant à la situation dans laquelle ils se trouvaient tous. Il fallait partir. Si ce Garry avait l’air d’avoir la tête sur les épaules, peut-être qu’il saurait quoi faire, où aller. Il fallait pour cela le trouver. Nara ne voyait pas Alan non plus, et elle priait je-ne-sais-quel-entité pour qu’il soit retourné auprès de sa famille. « Y a Dante là bas. » Ajouta Buzz en pointant l’horizon de son arme. Nara eu un petit sursaut, n’aimant pas vraiment l’optique de cette arme à feu, avant de s’élancer en compagnie de son binôme vers Dante, qui était en compagnie de Tamara et de leur amie Kassandra.

« On peut pas éliminer tous ces trucs ! » Prévena Nara en manifestant leur présence par la même occasion. « On va juste gaspiller des munitions et notre énergie. Faut retrouver les autres et se tirer d’ici ! » Conclut-elle d’un regard assez catégorique. Est-ce que c’était possible de sécuriser de nouveaux ces lieux ? Nara en doutait, et peut-être qu’elle n’était pas la seule.

Dante complétait mes explications. Pendant ce temps je faisais de mon mieux pour expliquer à June ce qu’elle devait savoir à son tour. C’est bon, elles avaient alors toutes les explications nécessaires pour s’en sortir avec l’arme que la loterie leur avait données. Nous n’avons plus qu’une solution, se serrer les coudes et avancer main dans la main. L’avenir allait être compliqué, mais nous devions avancer. J’avais qu’une envie, rejoindre les autres. Il fallait aider les derniers rescapés. Les militaires nous avaient laissé pour compte et on ne pouvait plus compter que sur nous-mêmes. Je voulais également pouvoir remercier l’homme qui nous avait sauvé Kass et moi. Je gardais son visage bien ancré dans ma mémoire pour pouvoir m’en souvenir.

- Tout le monde à tout ce qu’il faut ? On commence l’investigation alors ! Surtout faites bien attention à vos arrières et restait aux aguets.

Je donnais beaucoup d’indications, mais en soi j’avais un énorme besoin de parler. J’ai souvent été comme ça quand j’étais dans des situations de stress intense. C’est d’ailleurs pour ça que quand Dante et moi avions fait le voyage de Toronto jusqu’ici, j’avais ouvert ma bouche pratiquement tout du long. Revenir dans les gradins était une sensation vraiment horrible. J’avais l’impression de me jeter dans la gueule du loup, mais je n’avais pas le choix je devais avancer et protéger ma peau et celle de mes amis.

La meilleure défense c’est l’attaque comme on dit. Kass fut la première à tomber sur une mob dans une tente. Je retenais ma respiration lorsque j’entendais le grognement, la tente que je venais d’inspecter était vide et je savais que ce moment allait être dur pour elle psychologiquement. J’aurais voulu la soutenir lui dire que tout aller bien. Mais c’était compliqué, on réagissait tous de manière différente quand on tuait notre premier monstre. Je remarquais alors l’homme qui avait pris le commandement ainsi que son ami rassuré la blonde. En tant qu’amie je voulais être également là pour elle.

Je m’approchais alors de l’endroit, alors que j’arrivais à sa hauteur, je mis une main sur son épaule. Je ne saurais dire si elle tremblait ou si c’était moi. Il avait dit de tuer l’homme qui avait été mangé par le mob alors que visiblement celui-ci était déjà mort. Alors que je regardais son visage, je me rappelais ce type, il était venu seul ici et n’avait pas de famille. C’était un ancien client de ma boutique, il venait deux fois par semaine, le lundi et le jeudi. Certaines de ses blagues me revenaient en tête. Il m’avait aussi dit qu’il n’aimait pas cet endroit. Il dormait dans une tente avec un type qu’il trouvait répugnant. Il devait certainement s’agir de l’homme que Kass venait de tuer. Au moins, il avait été vengé.

- J’n’ai pas la force, je le connais ce type… Ça m’arrangerait que vous vous en occupiez…

J’avais le cœur lourd, moi qui ne voulais pas m’attacher aux gens, j’avais fini par le faire avec certaines figures de Century. Je m’en voulais en sachant que c’était de la connerie. Je commençais donc à m’éloigner de mes amis pour réfléchir un peu. J’entendais alors un grognement de l’habitation d’à côté. Encore un zombie prisonnier. Alors que je m’approchais de la source, je me rendais compte qu’il était déjà dehors et venais en ma direction. J’avais peur, j’étais seule, je ne savais pas quoi faire. Alors j’avançais en sa direction dague en l’air.

Il semblait plus résistant que le premier, j’ai eu plus de mal à lui transpercer le crâne de mon couteau, mais il était mort et j’étais rassuré. Voilà, une nouvelle crise de panique était sur le point d’arriver. Ce n’était ni le lieu ni le moment. C’est avec une main tremblotante que je fis de mon mieux pour retirer l’arme de sa tête. Je prononçais quelques mots d’une voix chevrotante tout en regardant Dante plus loin.

- Je ne m’éloigne plus de vous.

Ma respiration devenait de plus en plus saccadée et je sursautais en voyant Nara arrivé la menaçant par la même occasion de mon arme pleine de sang. Je ne savais pas vraiment quoi faire ni penser. Après tout, j’avais bêtement suivi les ordres de Gary, pensant qu’il avait une solution universelle.

Pendant quelques minutes encore, Christina crut vraiment que tout allait rentrer dans l’ordre. Avec l’aide des militaires, ils avaient quasiment réussir à contenir la menace et avaient éliminé la plupart des infectés des gradins. Pour cela, ils utilisaient la méthode forte, à coup d’exécutions, mais au moins cela était-il efficace… Alors que Rose essayait de soulager le pauvre Eliott, l’hôtesse de l’air avait passé son bras autour des épaules de la mère de l’adolescent pour la soutenir. C’était vain, il n’y avait plus rien à faire !

Puis tout s’écroula. Des cris les alertèrent que quelque chose de sérieux se produisait à l’extrémité opposée du stade. D’une façon ou d’une autre, l’une des entrées de ce dernier venait de tomber et si les rafales de balles résonnaient dans l’enceinte de CenturylinkField, une vague à peine humaine s’engouffrait néanmoins sur le terrain. Christy se retourna de concert avec les autres et observa à distance le chaos se déverser. Elle faisait face à une certaine fatalité : ils allaient mourir, et probablement dans de grandes souffrances. Scotchée, elle resta une seconde statique, avant de croiser le regard d’Alan. Je t’ai aimé, lui lança-t-elle du regard, tu le sais ça, n’est-ce pas ?

Une minute plus tard, le scandinave plaçait le Beretta entre ses mains et l’instinct de survie de Christina s’éveilla. Non, ils n’allaient pas mourir. Pas sans tout essayer ! Elle tenta de de le dissuader, consciente qu’une seule chose comptait.

- Non Alan, on doit partir d’ici ! Trouver une sortie ! Tout-de-suite !

Sa voix était étrangement aigue et elle parlait de façon exagérément saccadée, comme si sa respiration était coupée. Au diable la communauté, l’urgence la rendait particulièrement égoïste. Sa requête resta pourtant sans suite. L’homme fila rejoindre l’armurerie, laissant sa famille derrière lui.

- Tu sais te servir de ça ? Demanda Sven, incrédule, à sa mère, d’un signe du menton en direction de l’arme. A vrai dire, non ou à peine, mais Christina afficha une mine assurée. Elle souffla intérieurement de soulagement lorsque Rebecca leur assura qu’elle resterait auprès d’eux… juste avant de régler son compte à l’un de ces malades.

L’hôtesse de l’air regardait frénétiquement tout autour d’elle. Elle n’arrivait pas à avoir les idées claires, même les sons lui parvenaient de façon voilée. L’adrénaline ne la rendait pas lucide, au contraire. Elle ne sut combien de temps elle resta comme ça, aux aguets et pourtant immobile, avant qu’Alan ne revienne. Dix secondes ? Dix minutes ?

Dès que son homme refit son apparition, elle revint à son idée fixe.

- On ne va jamais pouvoir les repousser, répéta-t-elle, alors qu’un mouvement de panique faisait trembler la tribune opposée, près de l’entrée sud. Les réfugiés qui résidaient là-bas essayaient de rejoindre les pelouses, et se piétinaient littéralement pour fuir la menace qui se propageait autour d’eux. Cette dernière ne tarderait pas à venir jusqu’ici aussi. On doit s’en aller !

Elle posa ses yeux aussi sur Rebecca. L’idée commençait certainement à germer dans les têtes de tous. C’est alors que Sven les avertit de la présence d’un vilain. Alan réagit vite et abattit à coup de hache le rôdeur. Retour à l’âge de pierre ! L’homme resta un brin interdit, cinq secondes, le temps qu’un autre individu ne s’approche alors de lui… Il avait presque l’air normal, mais ce fut quand il pivota légèrement sur la droite que la plaie béante au niveau de son cou sauta aux yeux de Sven et Christy un chouia en contrebas.

- Derrière toiii, cria le garçon à son père, alors que sans réfléchir, sa mère se ruait en direction de son mari. Il y avait une dizaine de pas tout au plus. Elle aurait pu brandir l’arme qu’elle tenait à la main, et tirer, mais elle se jeta plutôt sur le dos de l’individu pour l’empêcher de s’en prendre au scandinave. Tentative de plaquage.

Alan venait déjà de réagir pour l’achever.

Un.. Deux. Trois. Cinq ? Sept ? Moins d'une dizaine. Oui, Ed en avait tuer moins d'une dizaine depuis le début de la journée. Et même si les rayons de soleil perçaient bien plus le ciel, cette journée n'en restait pas moins sombres. L'allée dans laquelle il progressait était vide. Dans les tentes ou entre les rangs, rien ne vivait, n'agonisait, rien n'était à moitié mort-vivant. Tous, ils étaient tous morts. Voyant un cadavre en uniforme militaire, Ed s'approcha et le retourna pour constater sa tempe ouverte. En l'inspectant, il remarqua la morsure à son bras. Levant les yeux, le fauconnier chercha du regard le mordeur. Il repéra un cadavre au crâne explosé plus loin. La conclusion du match était facile. Le soldat se fait mordre, il tue l'infecté, se cache entre les tentes et met fin à ses jours pour... Pour ne pas devenir l'un d'entre eux ? Est-ce pour ça qu'on leur avait intimé l'ordre d'exterminer même les civils portant une morsure ? Hm. Fouillant les poches du soldat, Ed récupéra un chargeur pour son arme. Savait-on jamais. C'est la gorge nouée qu'il se releva et reprit sa marche entre les toiles.

Ses deux poches étaient pleines désormais, l'une avec Jonah, l'autre avec un chargeur supplémentaire. La sensation de l'avoir était désagréable, celle d'être tâché de sang "humain" l'était encore plus. L'odeur de l'hémoglobine le dérangeait. Bon sang, est-ce que ça finirait un jour ? Il fallait que ça se termine, que... Que... Que tout prenne fin. C'était un coup dur pour son optimiste habituel. Lui toujours souriant, toujours certain que demain serait un jour nouveau et bien meilleur que le précédent... Là, il avait du mal à se dire que demain tout irait pour le mieux. Ici et là, il y avait encore des coups de feux et à chaque fois Ed se retournait pour s'assurer qu'un des siens ne tombait pas ou même qu'un malade ne le prenait pas à revers. Pour le coup, il avait dit adieu à la sécurité et prenait juste le temps  d'agiter les habitats pour voir si elles étaient vide.

Finalement, il s'approcha de Gary et de son second dont il ne parvenait pas à se remémorer le nom.

- RAS de mon côté. J'avance de deux rangées, on se retrouve là-bas.

Faisant un salut militaire de deux doigts, il s'empressa de rejoindre les lieux, prêt à fouiller méthodiquement comme on le lui avait demandé. Par moment, il jetait des coups d'oeil plus bas, essayant de repérer le petit groupe de survivants puis plus loin encore pour voir la bataille au niveau du stade. Ça sentait tellement le roussit que l'espace d'un instant, le brun se demandait s'il ne valait mieux pas qu'il prétexte d'aller mal pour retourner en arrière, prendre son rapace et se tirer de là, vite fait bien fait. De ce qu'il avait cru comprendre, l'armurerie était ouverte. Il gardait son flingue, les balles, en récupérait d'autres et ce serait facile mais ! Mais le stade était probablement encerclé par une masse de morts, à cause des tirs. A combien de kilomètres à la rondes on pouvait entendre les coups de feux ? Et combien de malades il y avait dans ces kilomètres ? Non, pour le moment, il y avait sans doute une chance, même infime, de s'en sortir. Oui, il fallait s'en convaincre.

Mettant l'arme devant lui, d'un air décidé, l'homme commença sa délicate inspection. Se battre jusqu'au bout ici était primordial et si ça marchait pas... Tant pis. Il fuirait avec ceux qui voulait fuir et il prendrait Sora sous l'épaule. Hors de questions qu'elle dépérisse ici. Passant lentement la langue sur ses lèvres desséchées, Ed posa un premier pied dans l'allée. Un souffle pour se donner du courage et s'était reparti.

N'écouter qu'eux même. Adam et Michaela étaient d'accord sur ce point. Pourquoi écouteraient ils des militaires qui n'arrivaient même pas à repousser les infectés et qui étaient obligés de demander du renfort aux civils ? Non, ils n'aideraient pas ces gens. Ensemble, ils arriveraient à s'en sortir bien mieux que tout ces biens pensants, prêts à mettre leurs vies en danger pour sauver des inconnus, la trouille au ventre. Aussi bizarre que cela pouvait paraître, Michaela n'était pas effrayée. L'adrénaline qui coulait dans ses veines activait ses méninges et lui donnait une putain de détermination. Elle s'était préparée à ça. Elle avait voulu les préparer aussi mais ils avaient refusé de l'écouter. Tant pis pour eux.

Il fallait sortir, fuir, trouver quelque chose mais ne pas rester à côté de ces gens, encore remplis d'espoir, qui les mettait en danger plus qu'autre chose. Elle avait collé l'arme dans les mains d'Adam, persuadée de ne pas savoir s'en servir et ils étaient repartis dans le sens inverse, longeant la coursive pour contourner l'étendue d'herbe remplie de tentes et de rôdeurs. Ils devaient s'éloigner le plus possible de toute cette agitation, prendre la direction des boutiques et des vestiaires en s'engouffrant dans le couloir qui traversait les gradins leur sembla la meilleure idée sauf qu'ils n'avaient pas prévu de tomber nez à nez avec l'une de ces choses.

Sur le coup, Michaela fut bien contente d'avoir refilé son arme à Adam. Une détonation plus tard, les deux associés reprenaient leur course, laissant les corps de l'infecté et du militaire dont il avait fait son repas étalés sur le sol. Des coups d’œil à droite, à gauche, en face, derrière. Où aller ? En voyant la masse agglutinée devant une porte qui céda finalement, Michaela bifurqua, entraînant Adam avec elle. « L'ARMURERIE. » Même si elle n'était pas foutue de tenir une arme ou de s'en servir, Michaela n'était pas bête. Avoir des armes était obligatoire désormais, peu importe où ils se trouveraient demain.

La pièce était remplie, tous se bousculaient pour récupérer le plus d'équipement possible, prêts à en découdre pour choper une boite de cartouches en plus. L'analyste se faufila vers l'une des armoires métalliques et attrapa un sac noir. Un couteau et une arme. Ce n'était pas suffisant, même si Adam devait récupérer des affaires de son côté lui aussi. Elle tenta de voler un autre sac, mais d'un coup d'épaule elle se fit méchamment dégager. Ça ne servait à rien d'insister, ce qu'elle avait récupéré suffirait, elle n'avait de toute façon pas trop de le choix. Elle garda l'arme en main et sortit de la pièce à la hâte. Mais ellle avait perdu Adam dans la masse. Et là ce fut un petit peu la panique quand même. Tournant sur elle même, poussant les mecs qui s'embrouillaient pour un foutu sac, elle se mit à crier. « ADAM. » Avec le bruit, les hurlements, les coups de feu, son associé n'allait certainement pas l'entendre. L'idée qu'il soit parti sans elle lui traversa l'esprit l'espace d'une seconde.

Non. Impossible.

Tout s'était passé tellement vite. Une fois qu'on s'était enfin tirées d'affaires à Chicago, j'avais vraiment le secret espoir que nous soyons enfin en sécurité. Après trois interminables semaines de route, Seattle avait semblé être un peu comme une oasis que l'on apercevrait dans le désert en tout désespoir de cause. Finalement, il semblerait que tout ce sentiment ne soit en effet qu'un mirage. Un rêve éveillé dans lequel nous force à vivre notre cerveau et qui peu à peu vient à se transformer en ce qu'il était réellement. Un cauchemar. Sauf qu'au moment où l'on se rend enfin compte qu'on ne faisait que se bercer d'illusions jusqu'à présent, il est déjà trop tard. Il fallait être naïf, en un sens, pour croire que les murs du stade seraient capables de nous protéger ad vitam eternam. Mais peut-être que c'est ça qu'il faut pour ne pas perdre espoir quand tout semble partir dans tous les sens autour de soi. Être assez niais pour s'imaginer que cela ne peut pas être pire malgré tout ce qui se passe sous nos yeux. Se dire que même si le destin semble s'acharner sur nous pour l'instant, c'est pour que l'on ait un avenir plus glorieux. Malheureusement je ne suis pas capable de faire ça. Je ne suis pas capable de m'enfermer dans une bulle, un monde imaginaire, me laissant porter par les autres autour de moi. Refuser de croire à ce que je vois serait pour moi plus que niais. Ce serait tout bonnement stupide. C'est la raison pour laquelle cette fois ci j'ai immédiatement fait confiance à mon instinct quand il se mit à hurler à mes oreilles que la morsure que j'avais vu sur la cheville de Sally n'annonçait rien de bon. Bien rapidement, mon impression fut confirmée par l'annonce qui fut faite par l'homme qui s'était hissé au dessus de la petite foule qui se formait. Ceux qui avaient été mordus devraient être mis à l'écart. Ils étaient dangereux. Cependant je ne pouvais pas me permettre d'aller alerter qui que ce soit. Hope? Daryl? Je ne pouvais pas faire ça. Pas pour l'instant. Tout le monde commençait à se ruer vers l'armurerie. Et c'était le seul moyen que j'avais pour réussir à retrouver mes armes. Il fallait que je les retrouve.

« C'est pas tout ça, mais moi j'ai mes affaires à récupérer. Et je laisserai personne se balader avec l'arme de mon père. »

Je me parlais plus à moi même que je ne parlais à quelqu'un en particulier. Je faisais un rapide signe à Hope sans vraiment savoir si elle m'avait vue pour lui signaler que je revenais. Sally était en train de lui parler. Je dois me dépêcher. Ne perdant donc pas plus de temps, je me mis donc à courir aussi vite que possible en direction de l'armurerie, suivie de près par Daryl et Josh. Tentant d'éviter un maximum la foule qui se rendait dans la même direction de moi afin de ne pas perdre trop de temps, je suis donc passée par tous les raccourcis que j'avais pu repérer depuis que je suis arrivée ici. J'aime bien faire ça pour passer le temps mais j'avoue que je n'aurais jamais pensé que ça me soit aussi utile que ça. C'était surtout au cas où il y aurait un jour des exercices d'alerte ou quoi. Pas une réelle alerte. Enfin bref. J'arrivais donc à l'armurerie et vis qu'il y avait déjà quelques personnes en train de s'agglutiner autour des armes. Sans même chercher à savoir si j'étais toujours suivie des deux hommes, je pénétrais dans le fouillis de la pièce à la recherche de l'arme de mon père. Heureusement que je pourrais le reconnaître entre mille. Sinon je ne l'aurais certainement pas vu à la ceinture d'un mec qui venait juste de l'attraper. Ni une ni deux, j'attrapais le Beretta qui appartenait auparavant à mon paternel et le glissais dans mon dos tout en me faufilant ailleurs. Maintenant des munitions. Je vais très certainement passer pour une vraie peau de vache, mais quand je vis un petit sac contenant quelques boites de 9mm et qu'il n'était pas surveillé... Je n'ai pas cherché midi à quatorze heures. En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, je l'avais sur moi et je continuais mon chemin. Plus que mon couteau. Mes initiales sont gravées dessus alors je me précipite vers là où ils sont tous rangés, soupirant de soulagement en voyant que tous ceux qui étaient là étaient plutôt concentrés sur les armes à feu que les armes blanches. Ce qui me donna pile le temps de trouver mon couteau de chasse dans la pile et de sortir de l'armurerie aussi vite que j'étais rentrée. Il ne me restait plus qu'à me mettre à l'écart et chercher Josh et Daryl.

Quand une main se posa sur mon épaule depuis derrière moi je ne pus m'empêcher de sursauter, puis d'insulter Daryl en me rendant compte que c'était lui. Mais sans perdre de temps, une nouvelle fois, nous étions repartis dans la direction d'où on venait. Une fois arrivés, je constatais que certains étaient déjà partis dans le reste du stade avec celui qui avait pris la parole avant. Il avait bien dit qu'il fallait des gens pour protéger ceux qui étaient restés ici n'est-ce pas? Alors je bougerai pas. Hors de question que j'abandonne Hope ici. D'ailleurs, elle était toujours avec Sally mais s'était dirigée vers une autre brune. Me raclant légèrement la gorge, j'adressais ensuite un léger sourire à Emily quand elle arriva chez son père. Je me tournais ensuite pour regarder autour de nous. Il fallait se concentrer. Ici, des gens étaient blessés, d'autres trop fatigués ou faibles pour se battre ou s'enfuir. Résultat, je faisais partie de ceux qui se devaient de les protéger. Sortant mon Beretta de ma ceinture, je le rechargeais et m'assurais qu'il était prêt à l'emploi. Parfait. Maintenant... il n'y a plus qu'à attendre.