La soirée a été agréable. Avec Jordane, nous sommes allés nous balader avec Isabella. La douceur printanière des derniers jours est appréciable et ces promenades après le dîner sont presque devenues un rituel. Cela fait parti de ma rééducation, maintenant que je n’ai plus mon plâtre. La douleur s’estompe jour après jour et les médecins ont dit que je pourrais bientôt reprendre l’exercice et remonter à cheval. Pouvoir me déplacer comme avant est vraiment appréciable, tout comme ces moments passées en compagnie de Jordane et de ma fille.

Poussant le landau aux côtés de Jordane, nous rentrons finalement chez nous. Isabella s’est endormie depuis longtemps, bercée par le trajet du retour. Elle s’endort bien plus facilement comme ça ; sans Jordane, je n’aurais probablement pas eu cette idée. La petite blonde est si à l’aise avec ma fille que cela me surprend toujours. Sans elle, je crois que je serais perdu. Mais elle m’aide avec une patience infinie ; s’occupant d’Isabella comme sa propre fille.

Une fois rentrés, je récupère doucement Isabella dans mes bras. Elle chouine légèrement mais ne tarde pas à se rendormir. Je souffle quelques mots à Jordane « Tu peux aller te coucher si tu veux, je vais la mettre dans son lit. » Cela ne me prend que quelques minutes, Isabella ne se réveille pas et je reste quelques instants à l’observer avant de rejoindre Jordane.

En entrant dans la chambre, la blonde est en train de se changer. Mon regard dérive forcément sur le corps quelque peu dénudé de la jeune femme, mais je ne m’y attarde pas plus que ça. Je lui offre un sourire avant de m’approcher. Pas une seule seconde il me vient à l’esprit que ma présence puisse la gêner. Pourtant, cela ne fait pas longtemps que nous avons officialiser notre relation et que nous vivons ensemble. C’est la première fois que je la vois ainsi.

Mais c’est sûrement un trop plein d’enthousiasme qui me pousse à venir près d’elle pour la prendre dans mes bras. Mes mains viennent caresser ses épaules, doucement, sans arrière-pensée pour autant. Je l’embrasse avant de m’éloigner pour me défaire de mon t-shirt et de m’installer sur le lit.

Installé sur le lit, je relève les yeux vers Jordane qui termine de se changer. J’attends qu’elle me rejoigne. La jeune femme me tourne les dos, quelques instants, le temps de mettre une tenue plus confortable pour la nuit. Je ne détourne pas le regard, ne remarquant pas encore sa gêne. Si je la regarde, c’est simplement parce que je la trouve belle. Je remarque quelques cicatrices mais je n’y prête pas attention. Moi aussi, ma peau est marquée à plusieurs endroits… Souvenirs du passé, de cette sortie à Seattle qui aurait pu être la dernière.

Jordane me rejoint finalement et je réponds à son sourire. Son visage est radieux et sa bonne humeur communicative. Lorsqu’elle vient passer ses doigts sur ma joue, ma peau frissonne légèrement. Et dans un murmure, je lui souffle à mon tour. « Moi aussi. » Que puis-je dire de plus ? Je n’ai pas ressenti ça depuis si longtemps. Avec elle, la vie me paraît si simple que j’ai parfois l’impression d’être dans un rêve.

J’attrape doucement sa main, l’invitant à venir se coller à moi. Je passe l’un de mes bras derrière sa nuque, la serrant encore un peu plus contre moi. « Je me sens tellement bien avec toi Jordane. » Ce sont les premiers mots qui me viennent à l’esprit, peut-être un peu maladroitement. Mais je veux qu’elle le sache, qu’elle l’entende. Les yeux perdus dans les siens, je viens à mon tour passer mes doigts sur sa joue puis je viens l’embrasser à nouveau. Une chaleur agréable vient me bercer alors que je laisse ma main glisse le long de son cou pour filer jusqu’à son épaule, sous le tissu fin de son gilet. Je crois que c’est la première fois que nous sommes aussi proches et forcément l’envie de poursuivre ce moment prend le pas sur tout le reste. Je délaisse ses lèvres pour venir embrasser son épaule avant de lui murmurer quelques mots. « Tu es si belle. » Ce ne sont pas des paroles en l’air, je crois que Jordane m’a plu dès le premier jour de notre rencontre.