Ils y étaient enfin.

Libres.

Elle avait angoissée tout le long du trajet, jusqu'à ce que les portes de Walla Walla ne finissent par disparaître de l'horizon, lui donnant la possibilité de respirer. Sans craindre une escouade de la milice prête à la ramener de force dans le bidonville, ou entre ces murs qu'elle détestait tant. N'ayant qu'une pensée douloureuse pour ceux qu'elles aimaient restés sur place, avant de croiser le regard de Kerwan à ses côtés. Ils avaient pris un peu d'avance sur les autres, ouvrant la marche sur le dos d'Hasufel, incitant sa monture à ralentir l'allure sitôt que les restes de la civilisation se profilaient devant son regard. C'est ... Les mots lui manquaient, alors qu'elle avisait le spectacle. Si elle n'avait jamais oublié que la désolation persistait en dehors des murs, il n'empêchait. Se retrouver face à la réalité n'en restait pas moins un choc, quoi que sa sensation d'être libre en étouffa le plus gros.

C'est comme découvrir un tout autre monde. Ose souffler la blonde à Kerwan, alors qu'elle descend de cheval la première. Sans doute est-ce une étrange sensation, mais elle ne peut s'empêcher de sourire faiblement, en avisant l'endroit. La végétation semble avoir repris entièrement ses droits sur les restes de la civilisaton, étouffant dans son sillage les horreurs du passé en quelque chose de presque poétique. C'était ... Déjà comme ça, quand tu étais dehors ?

Enfin.

Enfin, ils avaient franchi les portes de l'Enfer. Le Tartare disparaissait petit à petit, pour laisser place aux Champs Elysées. Ou peut-être l'inverse, désormais, puisqu'Armand avait pris les rênes du lieu. L'ancien agent immobilier se sentait, enfin, revivre. Malgré les quelques au revoir assez déchirants avec les Barnett et quelques autres personnes, il ne regrettait pas son choix. Il retournait là où il se sentait encore le mieux, et presque plus en sécurité : sur les routes. Et il avait réussi à tenir l'une des rares promesses qu'il avait fait depuis le début de la catastrophe : il avait réussi à sortir avec Phoebe de là. Et rien que pour ça, ça le rendait vraiment heureux.

Assis sur Ablette, le grand brun regardait la jeune femme essayer d'exprimer ses ressentis de l'instant. Il resta silencieux, le temps qu'elle trouve les mots. Les bons mots. Pour lui, c'était tout. C'était la liberté, la vie, la renaissance, la survie. Enfin, tout ce qui sortait de New Eden, en gros. Ils finirent par s'arrêter, ayant suffisamment devancé les autres, encore derrière eux, un poil plus loin. Après qu'elle soit descendu, il fit de même. De manière un peu maladroite. Tenant la sangle de son cheval, il regardait face à lui l'étendue de végétation.

- Oui, mais les herbes n'étaient clairement pas aussi hautes !, avoua t-il en ricanant un peu. Puis, il repris la parole. Tu vois, je te l'avais dit, on sortirait d'ici.

Sa remarque lui arrache un sourire, alors qu'il évoque la nature qui a repris ses droits, avisant le paysage qui se dessine enfin sous son regard, après des années à l'imaginer. Quelque part ... Je trouve ça beau. Pas aussi désolé et dévasté qu'on le lui a vendu. Bien sûr, que le monde à changé, et qu'il n'a rien à voir avec celui qu'elle à un jour connu, au ranch de sa famille. Mais ici, à l'instant même ... Il fait surtout le reflet parfait d'un monde qu'elle peut explorer à sa guise. Aller et venir comme ele le souhaite, sans avoir peur qu'on ne soit derrière son épaule, prêt à la condamner pour un acte jugé inadmissible. Et l'idée lui arrache un poids de l'abdomen, alors qu'elle revient à Kerwan et sa remarque. Venant se serrer contre lui une courte seconde dans un élan de liberté pur, esquissant un nouveau sourire en hochant la tête, confirmant ses dires. C'est à la fois motivant et inquiétant de se dire que je n'ai plus à m'inquiéter de ce qu'on va penser... Mais l'idée plaît, au final. Il y à ... Des choses à savoir, sur l'extérieur ? De celles que New Eden ne lui aurait pas dit, par exemple ?

-La nature reste belle, oui, lui répondit-il avant de la regarder, affichant un petit sourire sur son visage. Néanmoins, elle ne pourrait voir le monde comme lui le verrait, ou en tout cas pas en "3D", dans sa totalité. Ici, au moins, elle pouvait vraiment admirer la nature, goûter à nouveau à cette liberté. A ce pouvoir de vagabonder là où elle voulait, sans avoir à travailler toute la journée pour rien. Cette nouvelle vie serait un peu plus primitive, mais le grand brun l'appréciait beaucoup.

Lorsque la jeune femme vint se serrer quelques instants contre lui, un sourire vint se fixer sur son visage. C'est alors qu'après ses dires, l'ancien agent immobilier se retourna vers elle, et pris son visage instantanément dans ses mains afin qu'elle le regarde dans les yeux.

- Tu peux vraiment être toi, désormais. Dehors, on ne sera que très peu à savoir qui tu étais, là-bas. C'est un gros départ à zéro qui s'ouvre à toi. A nous. Tu peux vivre comme tu le souhaites.

Après l'avoir regardé intensément, il relâcha doucement son visage, pour regarder à nouveau ce paysage qui s'offrait à eux. A sa nouvelle question, il se mis à réfléchir un peu. Que devait-il répondre ? Il y avait finalement tellement de choses à savoir sur l'extérieur. Beaucoup trop, au risque de lui faire un peu peur. Alors il décida d'y aller "gentiment", et le reste viendrait au fur et à mesure de leur voyage.

- Je pense que tu t'en doutes déjà, mais le danger est partout. Maintenant, on va devoir rester tout le temps sur nos gardes. On va devoir se battre, aussi. Contre des rôdeurs, mais aussi contre des Hommes. On va certainement devoir en tuer, aussi. Et ça, ça ne sera pas simple. Faut te préparer. Tu sais utiliser une arme à feu, d'ailleurs ?