A l'arrière de la LM, Hope tenait la tête entourée de bandages d'Isha qui semblait profondément endormi, ou peut-être était-il dans le coma ? Elle fermait les yeux, fait des exercices de respiration pour se persuader que tout allait bien. Il respirait, c'était déjà quelque chose de positif, se disait-elle. L'homme n'était pas son partenaire, ni son mari ou quelqu'un de sa famille ; mais elle était assez attachée à lui pour ne pas vouloir le voir mourir de ses yeux. Et de devoir annoncer à sa fille et son ex-femme que ses deux enfants seront sans père.

Le voyage a été tellement long.
Attention. Soufflait-elle à ceux qui aidaient à descendre le corps d'Isha une fois arrivé au camp. Impossible pour elle de prêter attention aux autres, même si on lui proposa de se nettoyer. Quoi ? C'était idiot à ses yeux, jusqu'à ce qu'elle passe sa main sur son visage, et qu'elle observe son corps. Effectivement, elle était encore badigeonnée de sang de la tête au pied. Mais peu importe, elle se devait de ne pas laisser Isha seul.

Je suis là. Qu'elle lui avait soufflé Alex, qui s'apprêtait à faire de nouveaux soins, lui proposant à nouveau de se nettoyer le temps qu'elle s'occupe d'Isha. Hope avait finalement accepté de bon cœur en se disant qu'au moins, elle ne sera pas dans les pattes de la brune le temps qu'elle fasse ce qu'il faut. De toute manière ça a été rapide : un bain express, de nouveau vêtements. Elle est passé voir Violet, a aussi expliqué la situation à Gemma et n'a pas hésité à l'accompagner le voir une fois qu'il était dans un meilleur état grâce à Alex.

La nuit fut longue. Elle est restée un bon moment dans la pièce avec Gemma à attendre qu'elle s'endorme avant de partir la coucher dans son lit, et de rejoindre celui d'Isha. Ça a duré deux jours comme ça, peut-être trois. De belles cernes creusaient ses yeux fatigués, et la blonde avait fini par s'endormir sur un fauteuil proche du lit.

J’ouvre les yeux, par moment... ; je vois des visages, que je crois connaitre… un plafond… qui me dit parfois quelques choses… mais rapidement, la douleur me replonge dans ces ténèbres pleines de fantômes et de cauchemars sans que j’arrive a m’en défaire. Je ne sais plus trop ou je suis ni vraiment qui je suis… enfin si… je suis le mec qui a mal. Très mal… par moment, je me sens comme ce type sous une benne a ordures qui agonise. Je me sens tellement proche de lui. Est-ce que c’est moi ? J’ai été fauché par mon géniteur qui m’a percuté avec sa caisse et tiré sous les ordures je ne sais même pas pourquoi ? Cela me parait si crédible… et en même temps pas du tout.

Je me souviens vaguement d’avoir été au volant, il y avait un enfant a coté de moi, je crois… j’ai compris qu’on allait avoir un accident, je l’ai attrapé mais ensuite, tout est flou…. Mateo… c’est ca !! Il s’appelle Mateo… J’ai mal mais cette certitude m’aide a refaire surface. Les yeux luisants de souffrance je fixe sans trop les voir ceux qui sont autour de moi et l’effort d’articuler quelques mots me font rapidement tourner de l’œil, a niveau :

« Mateo ? Il… va… ?»

Cette fois, c’est le gros vide, je plonge juste dans les ténèbres sans rien pour m’accrocher a un vague sentiment de conscience. Un peu comme si quelqu’un avait appuyé sur le bouton off pour de bon. C’est ca la mort ? Cette salope a enfin décidé de venir me faucher ? Mais quelle tepu de merde… je ne sais pas ou est Mauricette ! Je refuse de mourir sans Mauricette. Est-ce que je bredouille le nom de mon épée dans ma torpeur ? Possible. En fait, j’en sais foutre rien car a mesure que les ténèbres me lâchent la grappe, arrive le cortège d’horreurs qui se tapissaient derrière le rideau sombre.

Impossible de me débattre pour échapper a mon géniteur, ou me détacher de se radiateur ou je suis attaché pour subir le pire, ni de sauver cette femme en robe de mariée qui pend par son cou dans le hall de ma maison de Detroit ou nous étions, me fixant de ses yeux morts accusateurs alors que ces mains se tendent vers moi… Logan… c’est Logan mon seul sauveur, sauf que je le revois abandonné a son triste sort dans cette rue prise d’assaut par des morts. Il est mort, c’est de ma faute… Je regrette... je regrette tellement… comme Harvey, ce fils de cœur qui se fait dévorer devant moi, Franklin, qui se transforme dans mes bras, Bruce a qui je coupe la tête malgré tout l’amour filiale que j’avais pour lui… tant de noms, dans de visages, tant de sang. Je les appelle, je les supplie… parfois je pense m’accrocher a une main, mais je ne suis sur de rien dans cette visite de mon passé ou tant de mort jalonnent mes pas.

Combien de temps cela dure ? Je n’en ai aucune idée. Je me sens tellement épuisé, et vide quand j’arrive a ouvrir les yeux. Je me redresse et grimace avant de retomber, en sueur, sur le lit. Je ne sais plus ou je suis. Un peu désorienté, c’est plutôt nerveusement que je m’entends appeler :

« Logan !!? Declan?!! »

Elle avait réussi à s'endormir, enfin. La position était bien évidemment inconfortable, assise sur ce vieux fauteuil les jambes repliés vers elle et la tête posée sur le dossier. Le réveil sera difficile sans aucun doute, elle aura des courbatures ici et là mais qu'importe. La blonde ne voulait pas laisser Isha sous la surveillance de n'importe qui, même si elle faisait confiance à ses compagnons pour ne pas profiter de la situation et l'étouffer pendant son sommeil. Alex elle-même n'en sera pas capable : il avait sauvé la vie de Mateo.

Alors elle restait là à attendre, ne bougeant de la chambre que si il le fallait. Malgré la présence des enfants dans l'hotel et dehors, tout était calme, silencieux. Hope ignorait l'heure, peut-être qu'elle s'était endormi en pleine nuit ? Peu importe. Elle était si fatigué. Mais tout ça n'est que de courte durée lorsqu'Isha semble se réveiller en sursaut, suivi de Hope juste après. La blonde le voit avec horreur se redresser, grimacer de douleur avant de retomber lourdement sur le matelas. L'ancienne actrice manque de tomber en voulant rapidement se lever, et se précipite vers l'homme blessé.

Hey Isha calme toi, c'est Hope. Sa voix est douce, et en un éclair, un sentiment de malaise l'envahi. Peut-être qu'il ne souhaitait pas l'avoir à elle à son chevet. Après tout, mis à part un lit de temps en temps, qu'est-ce qu'ils partagent ? Sur un plateau à sa droite, Hope découvre un bol avec de l'eau et un chiffon propre, sans doute amené par l'une des filles pendant qu'elle dormait. Elle s'assoit sur le rebord du lit et trempe le morceau de tissu pour le passer doucement sur le front du blessé. Il n'y a que moi ici.

Elle se mord nerveusement l'intérieur de ses joues, vérifiant rapidement si il n'avait pas réouvert ses points après un sursaut pareil, se demandant ce qu'elle pouvait lui dire à présent. L'ancienne actrice n'était pas croyante et pourtant elle avait prier pour qu'il se remette. Et maintenant ? Maintenant Hope ne savait plus quoi dire. On.. on est au camp, tout le monde va bien.

Je n’arrive pas a me focaliser sur aucun élément d’espace-temps tangible. Je ne sais pas ou je suis, quand je suis et je ne suis pas certain du qui je suis non plus. Avec ca, pas la peine de dire que je ne suis pas rayonnant de calme. J’ai mal, je me sens épuisé, ma tête va éclater. J’ai ce réflexe d’appeler des prénoms que je sais proche de moi, de ces personnes qui donneraient leur vie pour moi sans me souvenir que je les ai abandonnés pour sauver une salope qui m’a trahi a la première occasion.

Je sursaute a nouveau en voyant une femme accourir ver moi. Je me tends, ne la quittant pas des yeux, scrutant ses gestes avec un air de chat prêt a bondir, dans un sens ou un autre. Je réalise que je n’ai pas d’arme et je me sens, étrangement, plus nu que si je n’avais pas de vêtements. D’ailleurs, est ce que j’en ai ? La fille aussi a l’air nerveuse. Je la connais ? Je ne sais plus. Les prénoms qu’elle me donne évoquent vaguement un truc. Putain de mal de crane. Je grimace et c’est sans subtilité que je lui demande :

« Au camp ? Quel camp ? »

Elle n’a pas l’air d’être habillée en militaire… de toute façon, je ne dois pas rester là. C’est une évidence. Si Logan et Declan ne sont pas là, mon vieux peut me tomber dessus à tout moment. Je la regarde a nouveau me demandant si je la connais. Avant que mon regard ne se fasse suspicieux et que ma voix siffle presque :

« Est il déjà là ? »

Question presque sotte, si je suis dans cet état, c’est forcement sa faute a lui et je dois me barrer d’ici au plus vite. Sans prévenir, prenant sur moi coté douleur, manquant presque de tourner de l’œil, j’attrape la fille que je fais basculer sous moi. Il me faut un peu de temps pour réussir a parler tellement ce simple geste me coute. Je lui murmure a l’oreille d’une voix que j’espere ferme :

« Ecoute, je ne te veux pas de mal. Si tu m’aides a me barrer sans qu’il le sache, tout se passera bien. Dis moi juste ou sont Gisele et Mauricette et ce qu’il a derrière la tête ? »