C'est vraiment pas le fun d'être confiné comme ça. Mais bon, au moins je me rassure en me disant que je suis pas tout seul et que May est là avec moi. Le seul truc chiant c'est que comme Maddie n'a rien – tant mieux pour elle, hein, je suis pas en train de dire le contraire – elle a dû aller s'installer ailleurs avec notre fils le temps que les symptômes s'estompent et qu'on puisse retrouver un quotidien normal.

Alors, planté derrière la baie vitrée, avec un sourire aux lèvres ne cachant en rien mon état de fatigue ou les plaques noirâtres qui dépassent de mes habits sur mes bras ou dans mon cou, je fais coucou à Rafaël qui tient la main de sa mère de l'autre côté de la vitre. Comment ça va vous deux ? C'est moi qui suis malade mais c'est pour eux que je m'inquiète. Logique.

Bien sûr que mon fils me manque. Et pas qu'un peu. Le voir uniquement au travers d'une vitre me brise le cœur et je n'ai qu'une envie : aller le prendre dans mes bras. Quand il vient poser sa petite main contre la vitre, je m'accroupis de l'autre côté pour venir poser ma paume au niveau de la sienne avant de grimacer quand je le vois reculer. Ah. Il a vu la plaque noire au creux de ma main. Ouais, c'est un peu crade. Chier.

Je grimace, me sentant bête d'avoir oublié ça l'espace d'un instant, puis retire ma main et la referme pour éviter de traumatiser Rafaël. Je me racle la gorge, relève le regard vers sa mère et hausse les épaules. Oh, tu sais. Ça va, ça vient. Y'a des jours où les symptômes sont plus difficiles que d'autres. Malgré tout, je lui offre un sourire fatigué mais qui se veut rassurant. Tu devrais faire attention à ne pas trop te surmener, Maddie. Parce que je la connais, quand même.

C'est sûr que c'est jamais très agréable de voir qu'on fait peur à son enfant à cause des marques qu'on a sur le corps. Mais d'un autre côté, le pauvre ne doit pas forcément comprendre quelles sont les saloperies noires dégueulasses qui couvrent la peau de son père. Heureusement, il n'a pas l'air effrayé sur le long terme car il finit bien vite par tendre à nouveau les bras dans ma direction. Comme s'il voulait m'atteindre à travers la vitre. Vous nous manquez aussi, tous les deux. Notre colocation a beau être bizarre aux yeux de certaines personnes, nous on y trouve notre compte. Une petite famille étrange mais fonctionnelle.

Je sais que tu as des responsabilités, mais promets-moi de prendre soin de toi aussi, tu veux bien? On a beau ne plus être en couple, Maddie compte toujours beaucoup pour moi. C'est une amie très chère, la mère de mon fils. Évidemment que je m'en fais pour elle. Et toi, toujours pas de symptômes ? Raf non plus? Bon, s'il s'agit bien de la saloperie qu'on a trouvé dans ce camp, les gamins de là-bas avaient l'air de dire que ça touchait pas les enfants... Ce serait tant mieux.

Tu sais s'ils avancent au labo ? Et la coloc avec ta sœur, ça va ? Je sais que c'est pas toujours très simple entre elles deux alors... Normal de poser la question.

C'est vraiment difficile à vivre cette situation n'empêche. Qu'est-ce que je donnerais pas pour avoir la chance de passer cette vitre qui nous sépare et aller prendre mon fils dans mes bras. Offrir une étreinte de soutien à Maddie. Mais malheureusement, c'est absolument hors de question.

Je hoche légèrement la tête, grimaçant en entendant à quel point la blonde peut avoir du mal à gérer tout ce qui lui tombe dessus. Mais comme d'habitude, elle arrive à tenir le coup. Elle m'impressionne vraiment. Au moins je suis rassuré de l'entendre me dire que ni elle ni Raf n'ont développé de symptômes quelconques. Au moins une bonne nouvelle dans tout ça...

Fermant les yeux quelques secondes, je secoue la tête et viens fixer mon regard sur celui de mon ex. C'est pas de ta faute, t'y peux rien. T'as pas à t'en vouloir pour ça tu sais. Mais elle a la fâcheuse habitude de vouloir s'excuser pour tout ce qui ne tourne pas rond, même si elle n'a rien à voir avec ça. Soulagé d'apprendre que les choses ont l'air de se maintenir entre Maddie et sa sœur, je prends malgré tout quelques instants pour regarder autour de moi par réflexe avant de décider d'annoncer quelque chose à la mère de mon fils.

Je me suis porté volontaire pour subir des tests au laboratoire. Histoire d'étudier la maladie. Moira m'a prévenu que ça pourrait être dangereux mais... Je pense qu'il le faut. Pour faire avancer les choses.