En cette fin de matinée, le soleil était perché haut dans le ciel. Gêné par l’éclat de l’astre solaire, Valérian devait se couvrir les yeux d’une main pour guetter l’horizon depuis le toit du No Man’s Land, où il montait la garde en compagnie d’un certain Maes et de Ellen. D’humeur peu bavarde, le grec s’était murée dans un silence maussade depuis le début de sa ronde et se contentait d’échanger de temps en temps des regards peu amènes à ses compagnons de fortune. Il ne voyait pas bien ce qui l’avait poussé à remettre les pieds dans ce satané entrepôt. Peut être bien Yulia, pour qui ce lieu infâme paraissait avoir un semblant d’importance. Ou bien simplement, et de façon surprenante compte tenu de sa mauvaise humeur récente, pour y nouer un quelconque contact. Depuis le départs des morveux, le grec avait en effet réalisé en avoir besoin. Quoiqu’il ne l’aurait bien sûr jamais admis.

Bref.

Il n’avait pas accordé beaucoup de crédit à la rumeur concernant un hélicoptère qui, supposément, rôderait dans les environs. Il était bien trop désabusé pour croire au racontars et, de plus en plus pragmatique, ne se fiait qu’à ce que lui révélaient ses propres yeux pour émettre un jugement quelconque. Comment un tel engin aurait-il pu survivre à l’apocalypse ? Et quel genre de crétin fortuné aurait bien pu en faire l’usage ? Un hélicoptère, ça fait un boucan inimaginable ; d’autant plus dans le silence actuel ! Comment une telle chose aurait-elle pu passer inaperçue jusqu’à présent ?

Toujours est-il, que Valérian n’y avait jamais réellement cru. Quelle fut donc sa surprise, lorsqu’il perçut soudain au loin un bourdonnement saccadé qui le fit littéralement bondir sur ses pieds. Aucun doute n’était possible, il s’agissait pas d’un foutu hélicoptère ! Le coeur battant la chamade, le grec fouilla l’horizon des yeux : en vain. Rapidement, le son devint pourtant irrégulier. Ellen crut voir quelque chose dans le reflet de l’immeuble d’en face. Ce fut finalement le son d’un crash et l’apparition d’une fumée au loin qui décidèrent le grec : « Je descends. » fit-il à ses compagnons avant de rejoindre, quatre à quatre, le niveau inférieur du hangar où les autres réfugiés, alertés par le bruit, se tenaient sur le qui-vive. Parmi la foule, le regard du grec se posa aussitôt sur Richard et un type étonnement baraqué dénommé Kassius qui se tenait non loin de lui :

« L’hélicoptère, nous l’avons entendu ! Fit-il, haletant. Il vient de se cracher, pas très loin d’ici, à trois kilomètres au Nord Est d’ici d’après la fumée ! »

C’est à ce moment que Maes et Ellen descendirent à leur tour. À la vue de leur expression, Valérian comprit aussitôt que la situation venait de perdre un nouveau tournant.

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L'existence de cet hélicoptère, Kaycee pouvait y croire  puisqu'elle l'avait entendu de ses propres oreilles ! Cette théorie n'avait pas été la première à émerger, cela faisait tellement longtemps qu'ils n'avaient rien vu de tel. La jeune fille se souvenait d'ailleurs à peine du bruit que pouvaient faire les pales d'un tel engin. Mais les compagnons de sa faction l'avaient finalement complètement convaincue. Et en l'absence de Roxanne, elle ne pouvait que garder pour elle les hypothèses que cela soulevaient. Alors son amie lui manquait encore un peu plus.

Aussi quand Valérian apparut pour leur affirmer avoir également entendu l'appareil, une rapide satisfaction l'envahit ! Car ils n’étaient pas nombreux ici à les croire… puis la curiosité l’assaillit quand le grec affirma que l'helico s’était écrasé non loin. Elle se redressa aussitôt, s’éloignant de la tente médicale qu'avait dressée son groupe, pour se rapprocher.

- Faut qu'on monte un groupe pour aller voir ! S’exclama-t-elle ainsi rapidement, comptant bien y participer, juste avant qu'une autre information ne tombe : la horde. Elle pinça les lèvres contrariée par ce contre-temps. Déjà Kassius gueulait qu'il voulait en découdre. Une centaine de morts, cela était-il raisonnable ?! Probablement pas. Ils pouvaient se planquer et laisser passer les macchabées, tout connement. Mais ces derniers rejoindraient le lieu de l'accident et ruineraient alors toutes leurs chances d'obtenir quelques réponses ! Il faut au moins les ralentir pour rejoindre le lieu du crash avant eux !

Elle était donc pour aller au devant du danger, elle aussi !

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Le beuglement de Kassius confirma aussitôt les doutes de Valérian : une horde avait été attirée par le crash de l’hélicoptère et se dirigeait tout droit dans leur direction. Génial, la loi de l’emmerdement maximum était une fois de plus vérifiée. Dans ce foutu monde, le surenchérissement des problèmes semblait en effet être de mise : à croire que tout ceci n’était qu’une vaste blague dont Valérian n’appréciait décidément pas l'humour. Las, le grec dégaina alors son Colt avec l’expression sombre de celui qui s’apprête à réaliser une corvée particulièrement pénible. À côté de lui, Kassius paraissait quant-à lui plutôt motivé à l’idée d’en découdre avec les morts et se dirigeait déjà vers la sortie de l’entrepôt, lourdement armé : « Holà, doucement Kassius ! » lui fit alors le grec, quelque peu alarmé.

D’après les dires de Maes et Ellen, la horde était en effet constituée d’une centaine d’individus. Ce qui n’était pas négligeable du tout, même pour des survivants de la trempe du colosse. Il leur fallait réfléchir à la situation, élaborer une stratégie sous peine de finir engloutis par cette masse ambulante qui progressait à une vitesse alarmante. Lorsque la jeune Kaycee s’approcha et proposa de monter une expédition pour explorer la carcasse de l’hélicoptère (et peut être bien interroger d’éventuels survivants ?), Valérian se rendit compte qu’il partageait la curiosité de la fille Barnett et hocha aussitôt la tête : « Je suis d’accord, il ne faut pas manquer cette opportunité. L’hélicoptère vient probablement d’une communauté organisée qui pourrait avoir des réponses pour le moins dire intéressantes à nos questions. » Il regarda la jeune fille : « Dans la mesure où il y aurait des survivants dans l’épave de l’engin. » Toujours est-il, qu’il leur fallait agir vite !  

Lorsque Kaycee proposa de ralentir la horde, les yeux du grec se tournèrent en direction de Yulia : « Peut être qu’on pourrait détourner la trajectoire de la horde et l’attirer à l’opposé du crash ? » Il savait que son idée comportait un risque pour la jeune femme, mais Yulia était débrouillarde et sacrément culottée, ce qui en faisait la candidate idéale pour mener à bien cette idée suicidaire : « Tu pourrais attirer les rôdeurs en direction de l’Est, à l’aide de ta moto ? Le peloton de tête mordra forcément à l’hameçon et reste devrait suivre. » Du moins, la grosse majorité, ce qui leur rendrait ensuite la tâche plus facile.

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Jimmy s’était retrouvé au No Man’s Land, avec le reste du groupe une fois de plus. Et c’était encore une fois le mauvais moment. Y’en avait un peu marre.

Beaucoup ne croyait qu'à moitié à l'hélicoptère dont tous le monde parlait. Mais lui, et les quelques autres, l'avaient entendu. Le vrai bruit de moteur, bien vivant, bien existant.
Mais ce matin, les vigiles du toit annonçaient deux mauvaises nouvelles:

L’hélico était de retour, mais venait de s’écraser quelque part dans Seattle. Et une horde de rôdeurs arrivait vers eux. Et ils n’étaient pas spécialement protégés.

Il se retourna vers les autres de son groupe, en entendant hurler le colosse, avant de foncer sur les rôdeurs, armes aux poings.
Ils n’avaient pas tous l’avantage d’avoir sa carrure, alors il allait falloir réfléchir à une vraie stratégie.

Kaycee voulait partir voir l’hélico, Valérian aussi. Jimmy était pas contre. C’était suffisamment rare pour s’y pencher quand ça arrive.

- Vaut mieux y aller vite oui. On va pas tarder à être submergés, mais il va y en avoir pas mal là-bas aussi je pense, c’est pas très silencieux.
On fait quoi pour les monstres ? Yulia, tu penses que c’est faisable, en attirer autant en moto ?

Il se retourna vers les siens.
- Vous en pensez quoi vous ?

Résumé:

Putain d’hélicoptère, putain de No Man’s Land. Putain de Markus.

J’suis à peu près sûre que si on s’retrouve avec tout ce bordel aujourd’hui, c’parce qu’il a mis à exécution son idée de merde. Un hé-li-co-ptère. Voilà ce qu’il a attiré sur nous, ce blaireau. Et maintenant, on a le droit à une horde au passage. S’ils pensent un seul instant que ça m’enthousiasme, ils s’foutent sacrément le coude dans l’œil là. Et en parlant d’œil, c’est Valérian qui m’en fait après qu’la gamine des Barnett ait donné l’impression d’être le matin de noël après l’arrivée du gros monsieur tout rouge :

Ouais bah j’vous rappelle qu’pour l’instant, l’opportunité, elle ramène des morts sur nous. Oui j’grince un peu, parce que j’me retrouve ensuite comme deux ronds de flanc quand les deux blaireaux me demandent en douceur d’aller me sacrifier pour la bonne cause. Non mais ça va oui ? Putain, non ! J’suis presque à court de carburant et mes pneus sont dégonflés, franchement, si vous avez d’autres grandes idées pour que j’me fasse bouffer, c’est le moment !

J’crois que ces gens ont un peu de mal à se concentrer, ils réalisent pas :

Y’a une bonne centaine de cadavres qui passent devant nos portes, alors p’t’être que l’hélico et c’qu’il contient peuvent attendre une petite heure qu’on se sorte les couilles des ronces, vous pensez pas ? Non mais j’dis ça, j’dis rien !

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