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Alea jacta est

Jeu 9 Mai 2019 - 19:10

18 avril 2019,


Je persiste et signe : Arizona veut ma mort. Après cette séance d'entraînement, mon corps donne l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur alors qu'elle a l'air aussi fraîche qu'à mon arrivée. A se demander si elle ne se prépare pas à une deuxième session, un marathon ou même l'escalade du Kilimandjaro. Deux ans... Deux putains d'années à tenter de parer ses coups vicieux et, au final, je finis toujours le cul par terre, à manger la poussière. Le pire est qu'elle me laisse l'impression que je vais y arriver, et bah non ! Same player shoots again !

Bref ! Je regagne mes pénates pour un brin de toilette et un changement de tee-shirt avant de reprendre ma route. Une autre mission m'attend et elle est aussi risquée, si ce n'est plus, qu'un face à face avec Arizona. Mais bon... Je ne vais pas commencer à me soucier des desideratas des autres sachant que j'ai déjà du mal avec les miens. La légère brise qui accompagne le coucher de soleil est agréable et seul, le silence répond au bruit de mes pas. Mes pieds m'amènent jusqu'au sanctuaire, ou devrais-je dire, la prison de Lawrence car cela fait un bon bout de temps que je ne l'ai pas vu. J'ouvre la porte de manière civilisée et m'adresse à la personne qui se trouve dans ce qu'on pourrait appeler un accueil.

« Bonsoir, je souhaiterai voir Lawrence Davis, s'il vous plaît ».

Franchement, on ne dirait pas que l'on est en pleine apocalypse devant ce ton professionnel. En plus, avec mon joli minois, on me dit rarement « non ».

« C'est impossible. M. Davis ne veut pas être dérangé. »

Je regarde à deux fois, cet énergumène. De un, « c'est impossible » n'est pas un « non » et de deux, what the fuck ? Levant les yeux au ciel, je me détourne de ce figurant et commence à hurler :

« Lawrence ! Ramène ton boule ici si tu ne veux pas que j'essaye les nouvelles techniques de ninja d'Arizona sur tes assistants !  »

L'air offusqué du chien de garde ne m’atteins pas, surtout que je suis à peu près certaine de pouvoir l'étaler en moins de trente minutes. Je m'assois par terre telle une gamine commençant un sit-in et hurle à nouveau :

« Lawrence ! J'ai tout mon temps et je ne bougerai pas de là tant que j'aurai pas vu ta sale tronche de scientifique ! »

Le chien de garde me regarde d'un air désespéré et s'éclipse. J'espère qu'il n'est pas parti appeler du renfort pour m'expulser de cette entrée. Quoique je pense connaître la plupart des gardes de Fort Ward, donc avec un peu de chance, ça ne se passera pas si mal que ça. Toujours assise par terre, les bras croisés sur ma poitrine, j'attends patiemment le verdict de Cerbère.
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Re: Alea jacta est

Lun 20 Mai 2019 - 10:59


Près de trois semaines étaient passées depuis que Joann avait découvert la jumelle du virologue dans la cave de ce dernier, ou du moins l'infecté qu'elle était devenue. Autant de temps désormais que le corps d'Amanda était bel et bien enterré à l'endroit où il avait affirmé l'avoir mise peu après sa mort. Si le quarantenaire était bien conscient du fait que l'infecté portant les traits de sa moitié n'était plus elle, qu'il avait fait son deuil des mois plus tôt déjà, il peinait cependant à accepter ce qui était arrivé et la manière avec laquelle la Canadienne avait achevé ce qui représentait pour lui une réelle motivation de mener à bien ses recherches. Bien incapable de lui en vouloir, il n'était pour autant pas dénué de désapprobation. Tout comme il était incapable depuis ce jour de définir clairement ce qu'il ressentait vis-à-vis d'elle. Il l'appréciait, c'était un fait, mais ses difficultés à gérer et comprendre les relations humaines ne lui permettait pas de se rendre réellement à l'évidence qu'elle comptait plus que ce qu'il avait imaginé jusqu'alors, beaucoup plus. C'était là pourtant, Davis le sentait, mais mettre des mots sur cela était bien au delà de ses capacités.

Comme toujours quand il ne parvenait pas à gérer la tournure de sa vie et de ses propres ressentis, il se tuait à la tâche en passant le plus clair de son temps au laboratoire. Un mal pour un bien mais au moins était-il dans son élément, l'esprit suffisamment occupé pour ne pas avoir à essayer de démêler ce qu'il se jouait en lui lorsqu'il pensait à l'escort ou au cadavre de sa sœur enseveli sous la terre. La vérité était surtout qu'il appréhendait le moment où il devrait sortir de cela pour affronter toutes ces réalités mais ce fait de travailler pour ne pas y être confronté était tellement naturel que le quarantenaire n'était même pas certain de réellement prendre conscience de l'ampleur de tous ces événements.

Aujourd'hui encore il était au laboratoire, dans ce sous-sol dont peu avaient connaissance, plus rares encore étaient ceux qui y avaient accès, triés sur le volet par Davis lui-même. Il venait tout juste de finaliser un prélèvement sur l'un des cobayes, quittant la pièce dans laquelle ce dernier était gardé, quand Sanders arriva à sa hauteur. « Doc, il y a un souci à l’accueil. Dinah fait un scandale et ne bougera apparemment pas sans vous avoir vu... » Si les premiers mots lui firent froncer les sourcils, le reste lui arracha un soupir franchement las, presque agacé. Son humeur n'était déjà pas au beau fixe ces derniers temps, elle n'avait fait qu'empirer d'avantage. « Trouve quelqu'un pour se charger de ça, je veux le compte rendu demain matin sur mon bureau » répondit-il en refilant au bactériologue le prélèvement, ayant suffisamment confiance en lui pour savoir qu'il ne refourguerait pas cela aux mains de n'importe qui.

Quelques minutes plus tard le brun arrivait dans le hall au rez-de-chaussée, avisant Dinah, assise au sol. Un nouveau soupir fila entre ses lèvres. Fut un temps où tous deux partageaient des moments intimes mais, comme toute chose, Davis s'en était lassé, les circonstances de la mort de sa jumelle en automne passé accélérant sans doute le processus. Maintenant elle était une sorte d'amie à ses yeux, du moins de ce qu'il comprenait des relations humaines. « A quoi tu joues Dinah ? C'est pas l'endroit pour ça » intima-t-il, agacé, en arrivant à sa hauteur. Sûr que ses prunelles claires devaient paraître encore plus froides qu'à l'accoutumée mais la photographe le connaissait sans doute suffisamment pour ne pas s'en formaliser, notamment peut-être parce-qu'elle n'en faisait souvent qu'à sa tête. « Viens. » Sur ces mots le virologue pris la direction de son bureau. Inutile de poursuivre ce petit caprice en plein dans le hall, si elle avait quelque chose à lui dire autant qu'ils soient en calme. « J'espère que tu as une raison valable pour avoir rameuté la moitié du complexe » lança-t-il en ouvrant la porte de la pièce, laissant la brune y entrer.
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