Le vide était toujours présent et se faisait même de plus en sentir. Hope lui manquait cruellement, mais il s'interdisait de broyer du noir pour elle et pour Ashley. Il avait lui-même promis de tirer une force de cette douloureuse épreuve, ce qui était contre sa nature pourtant, mais Jon faisait au mieux pour s'y tenir. Ce n'était pas toujours évident, surtout lorsqu'il se retrouvait seul, dans ces moments-là, résister à la tentation de se laisser aller se faisait violente. Par moment, il craquait et malgré tout, ça lui faisait du bien. A l'inverse, en présence de la jeune femme, il tenait mieux, ne voulant pas être le boulet de service qui s'effondrait en permanence. S'il y parvenait c'était grâce en elle en réalité car une force incroyable émanait d'elle, une envie de tenir bon et de la suivre où qu'elle aille.

La veille au soir, le jeune couple discuta comme à son habitude, toujours bien décidé à trouver leur enfant ou en tout cas quelque chose les aiguillant sur la bonne voie. Au petit matin donc, ils préparèrent leurs affaires pour cette sortie. Évidemment, ils en profiteraient également pour ramener tout ce qui serait utile pour le camp et aussi, voire surtout, pour ces connards détenant Hope. Les habitants du ranch se voyaient contraints et forcés de fournir une quantité importante de vivres, mais si par chance Ash' et Jon trouvaient même qu'un infime indice à propos de leur fille, ils ne s'en priveraient pas.

Comme d'habitude, inutile de se surcharger car à part apporter de la fatigue inutilement, ça n'amenait rien de bon. Et puis, si les sacs sont remplis, comment rapporter leurs éventuelles trouvailles ? Déjà que Jonathan avait l'impression de ressembler à un bibendum avec la couche de vêtements enfilée, alors s'il devait en plus s'encombrer dès le départ pour rien, ça n'aiderait pas dans leur mission. Pourquoi se vêtir ainsi ? A cause du froid et de la faim présents de manière quasi permanente. Oh, il s'en accommodait avec le temps, surtout de la seconde, car à l'inverse, il avait le sentiment d'être davantage handicapé par le froid, surtout au niveau des mains, alors les gants étaient devenus ses meilleures amis étant donné qu'ils apportaient un minimum de chaleur tout en lui permettant de garder une certaine dextérité.

Quoi qu'il en soit, il était temps de partir. « C'est bon pour toi ? » demanda-t-il à Ashley en mettant son sac sur ses épaules avant de lui embrayer le pas. Saluant d'un mouvement de tête les habitants croisés, l'ancien livreur regarda autour d'eux une fois à sortis du ranch. « On va... par là ? » aucune réelle idée sur la direction, il pointa simplement au hasard en face d'eux.

Quelque soit la direction choisie, ils iraient de toute manière à un moment ou à un autre vers celle-ci. Trouver des vivres restait essentiel, mais ça permettait aussi au couple d'avoir une excuse ou un alibi pour sortir dans leur quête de trouver des indices concernant leur fille. « Ça me va, allons... Là-bas. ». Avait-il déjà réellement oublié le nom de la ville ? Oui, car cela n'avait pas de réelle importance. E besoin de s'éloigner un peu du ranch était bien réel en revanche, en y restant trop longtemps, les idées sombres se faisaient de plus en plus présentes et fortes. Oh, même à l'extérieur il n'oubliait pas Hope, c'était impossible. Il se demandait toujours ce qu'elle faisait, si elle allait bien ou même si elle était encore de ce monde, cette dernière pensée reflétant à merveille l'effet néfaste de l'enfermement du ranch.

Marcher, encore et toujours. Tout le monde s'y était fait étant donné qu'il n'y avait guère le choix, mais durant ces minutes qui s'écoulèrent, Jonathan se mit à penser à avant. Ce n'était pas forcément recommandé de se laisser aller ainsi avec ces moments de semi-absences d'un point de vue sécuritaire, pourtant, c'était précisément durant ce genre d'occasion qu'il était plus aisé pour lui de laisser son esprit vagabonder. Comme ce jour-ci, la plus part du temps, il comparait les deux vies. Passée et présente. A chaque fois, il tentait tant bien que mal de réfléchir aux choses sans prendre en compte tout ce qui pouvait faire pencher la balance imaginaire d'un côté ou de l'autre.

Typiquement, lorsqu'il songeait à la marche, il se disait simplement qu'il avait bien plus utilisé ses jambes en trois années que durant les vingt-cinq premières de sa vie et, qu'au moins, maintenant il ne se souciait pas de la circulation. Il prenait en compte les éléments de manière brute. Les vêtements ? Ça ne le tracassait déjà pas avant, aimant s'habiller sobrement sans passer des heures à se demander quoi porter, il prenait ce qui venait, point. De ce côté, aucun changement. Laissant ainsi son esprit traînasser, il n'en demeurait pas moins un tant soit peu alerte, vérifiant autour d'eux. Ils se savaient surveillés en plus des habituels dangers, ce qui ajoutait une pointe non-négligeable de stress. Peut-être était-ce une raison faisant que son cerveau optait pour l'avalanche de pensée un brin simpliste afin de ne pas être submergé par tant de négativité.

Resserrant fermement ses doigts autour du manche de son hachoir, Jon alla dans le sens de sa compagne. « Puisqu'on est là, autant tout vérifier... Enfin, peut-être pas à chaque fois... Quoi que, on a rien à perdre en fait. » répondit-il en haussant les épaules. Ce n'était pas comme s'ils avaient une véritable destination à atteindre, ils avançaient, fouiller, trouver des choses mais pas forcément ce qu'ils espéraient, puis la boucle se répétait. Les trois maisons étaient proches, mais pas collées, ce qui représentait un point positif, il en fallait bien en trouver.

Ils progressèrent lentement et se trouvaient sur le côté de l'habitation. Regardant Ashley, l'ancien livreur lui indiqua qu'il allait vers l'entrée tout en gardant la même distance de sécurité. Lorsqu'il aperçut enfin le porche, il remarqua aussitôt l'absence quasi-totale de porte. A dire vrai, soit celle-ci était grande ouverte, soit en bonne partie cassée car il ne la distinguait pas suffisamment, mais dans tous les cas, il n'aimait pas ça. Revenant d'un pas plus rapide auprès de sa belle, il s'empressa de le lui annoncer. « Ça a l'air calme et open bar, mais tu me connais, ça me rassure pas forcément... Il nous faudrait vraiment des jumelles... » objet lui permettant ainsi d'observer les différentes ouvertures sans avoir à être trop proche en plus du fait de parvenir à voir les étages et les alentours de manière très large.

« Mais bon, quand faut y aller... » Après tout, le couple n'allait pas passer cent-sept ans à vérifier encore et encore les accès et fenêtres avant de se lancer, sans quoi, ils auraient à peine le temps de vérifier les trois maisons avant de rentrer. Ils contrôleraient en avançant, et puis, le silence total en pleine journée pour des survivants était impossible, quant aux rôdeurs, à moins de se faire surprendre en étant entourés d'eux, ça irait... En tout cas, c'était ce qu'il se disait pour se motiver et ne pas ralentir Ash' inutilement.