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Re: Winter wound

Mer 4 Avr 2018 - 2:27

Lorsque la blonde évoqua le destin de sa famille, l'ancienne instructrice baissa un instant les yeux. C'était là toute la pudeur qu'elle était capable de déployer. Ce n'était pas dans son habitude d'évoquer ce genre de sujet. Elle ne savait donc pas trop comment réagir. L'histoire qu'April lui avait racontée, son histoire de famille, la brune s'en souvenait très bien. Elles étaient incapables d'oublier. Ou du moins de faire semblant.

Heather tenta de plaisanter là-dessus en partant du principe qu'il valait mieux rire que pleurer. Elle déclara tout en finissant de poser un pansement :

"Cela fait de toi quelqu'un de bien . Et dans mon cas, on peut dire que c'est une déformation professionnelle."

Elle termina de nettoyer et de panser les plaies de la blessée puis l'aida à se relever. Elle fut pour le moins surprise lorsque la mère lui rappela ses propos inspirés par Moby Dick. Dans le genre métaphore alambiquée, ça se posait bien là. Et maintenant on lui déclarait sans déconner qu'elle était juste et qu'il était possible de s'y reconnaître ? Ça c'était la meilleure. Dommage que ce soit aussi tragique. Autant pour elle-même que pour sa camarade, l'Italienne déclara :

"Faut avouer quand même que se trouver une bouée, c'est quand même une vrai galère. Et parfois, on n'arrive pas non plus à en lâcher une qui coule. Putain ce que je hais cette métaphore."

Heather s'appuya lourdement sur un mur avant d'ajouter :

"Après plus de deux années de réflexion, je suis arrivé au constat qu'il est possible de flotter seul. C'est juste épuisant. J'imagine que le faire en groupe rend la chose plus supportable. Mais tout ça, je n'en suis pas encore sûre, je l'avoue."

Elle envoya une tape amicale sur l'épaule de la blonde avant de porter son attention sur leurs environs immédiats. Elle dégaina poignard et pistolet et se mit en position devant la porte conduisant à l'extérieur.

Ce qu'elle venait de dire était tout de même un peu simpliste. Même pour elle. Mais il ne fallait pas en attendre plus d'une personne n'ayant jamais fait d'études supérieures. Elle compléta quand même sans la regarder :

"Reste que cet enfer sans toi et les autres, ça serait bien pire. Si ta croix est trop lourde, n'hésite pas à demander un coup de main. Je ne dis pas que ça le fera disparaître, mais au moins ça nous semblera moins lourd..."
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Re: Winter wound

Mer 4 Avr 2018 - 9:54

April n’était pas certaine que ça fasse d’elle quelqu’un de bien, alors elle se garda de répondre. Ça faisait surtout d’elle quelqu’un qui avait échoué dans l’essence même de son existence. Bien sûr, elle n’était pas la seule, elle ne devrait pas se blâmer autant, mais… c’était comme ça. De la même façon que sa cadette n’arrivait pas à tourner la page, pour d’autres raisons. Le pansement posé, Heather l’aida à se redresser. Elle chancela sur un pas avant de réussir à tenir sur ses pieds. Le froid revint la mordre jusqu’à l’os, pour lui rappeler qu’elle n’était pas encore tirée d’affaire et que si elle regagnerait certainement la maison de retraite vivante, elle risquait un bon rhume. Si ce n’était pire.

En poursuivant sa métaphore, les paroles de l’italienne trouvaient écho en elle. Finalement, elles n’étaient pas si différente l’une de l’autre. Pas autant que la quadragénaire avait voulu le croire. Au sujet de la survie en groupe qui permettrait de flotter plus facilement, les yeux bleus ternes de la veuve se levèrent sur son interlocutrice. Elle n’en était pas encore sûre… normal. Parfois, April avait la sensation que la communauté était une bonne chose et parfois… elle se sentait comme une naufragée, qui regardait ceux qui avaient réussi à grimper sur un canot de sauvetage. Ils l’appelaient, lui faisaient des signes, l’encourageaient, mais ne parvenaient pas à simplement faire demi-tour pour définitivement l’aider à ne plus se noyer.

La blonde eut une grimace qui devait à la base ressembler à une moue reconnaissante. Entendre Heather confier que son quotidien était plus supportable grâce aux habitants de leur refuge – doyenne inclue – c’était quelque chose ! Péniblement, ses gestes ralentis par des tremblements incontrôlés, elle écarta de son regard quelques mèches de cheveux teintées de sang. Le sien. Même si elle en avait envie, elle ne se sentait même pas la force de couvrir son acolyte dans sa sortie armée.

- J’y penserai… c’est pas tellement mon truc de… parler de moi.

April était bien plus partisane de tout garder caché, scellé à double-tour derrière son caractère acéré. Elle avait appris ça depuis très jeune et finalement, ça l’avait guidée tout au long de sa vie. Dehors, comme si ça ne suffisait pas, la pluie s’était intensifiée. Glacée, elle drapait les environs désincarnés d’un rideau de verre déformant. Le retour à pieds n’allait pas être envisageable, pas dans son état. Raccrochant le wagon du présent et de la nécessité de la situation, la veuve demanda :

- La voiture de Kerwan… elle est très abîmée ? Elle n’avait honnêtement aucune idée du choc qu’elle avait causé, si elle démarre, il faut rentrer avec… il y a des vivres dans le coffres.

Un maigre butin, seule consolation de son périple soldé par une rencontre désagréable. Ils ne pouvaient pas se permettre de le laisser dehors : ils avaient trop besoin de ces ressources, les derniers mois ne leur avait fait aucun cadeau.
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Re: Winter wound

Sam 7 Avr 2018 - 10:28

Heather ouvrit lentement la porte et jeta un coup d'œil à l'extérieur. La météo était toujours aussi mauvaise, mais au moins, ça dissuaderait peut-être les vivants de sortir. Vu qu'elle devait accompagner une blessé, l'Italienne n'avait pas trop envie de devoir faire face à autre chose que des rôdeurs. Fort heureusement, ceux-ci semblaient également se faire discrets. Bien qu'attentive à ce qui se passait dehors, elle adressa un bref sourire reconnaissant à la "presque journaliste" lorsque celle-ci évoqua l'idée qu'elle "penserai" à partager son fardeau si celui-ci se montrait trop lourd. Ce qu'elle ajouta ensuite lui rappela étrangement quelqu'un. Elle avait bien envie de lui dire que parler n'était pas nécessaire. Surtout qu'en prime, ce n'était pas un domaine où elle excellait. Mais que si la blonde avait besoin de quelque chose, il suffirait de demander.

April maintenant pansée donnait quand même l'air de pouvoir s'écrouler d'un instant à l'autre. Ce n'était clairement pas bon signe. L'instructrice la dévisagea un instant, perplexe. Elle risquait de devoir encore la porter. La veuve allait sans doute rentrer avec au mieux de la fièvre grâce à cette fichue météo. Il n'y avait pas 36 solutions à ce problème. Heather retira son coupe-vent et le posa sur les épaules de sa camarade d'infortune. Sur un ton moqueur, histoire de piquer la fierté de la blonde et de la garder éveillée un peu, elle déclara :

"Me claque pas entre les doigts l'ancêtre ! Sinon Emi va me tuer !" Elle continua à observer la rue attentivement et ajouta après un assez long silence : "Pour la voiture, y a pas mal de taules froissées. J'en connais un qui va tirer la gueule. Surtout qu'en plus t'as fait sauter tous les airbags ! Si j'étais toi, je me démerderais pour trouver de quoi faire un bon café une fois rentrée et remise sur pieds !"

Heather referma la porte. Le début d'averse qui venait de s'abattre sur le quartier venait de changer tout son plan. Elle grimaça un instant avant de se diriger vers la porte de l'appartement de ce qui devait être le ou les concierges. Elle tenta de pousser la porte. Des fois que la chance soit un peu avec eux. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Elle envoya donc un coup de chaussure de randonnée droit sur la serrure afin d'ouvrir le local et eut la satisfaction de voir le mécanisme céder au premier coup. L'Italienne fit signe à "Happy" de l'attendre et s'engouffra dans un studio assez vieillot. Le précédent locataire avait vidé la plupart de ses placards avant de partir. Sûre que le lieu était sans danger, l'ancienne mercenaire appela April.

"On attend la fin de la pluie avant d'y retourner. Y a plus rien à manger là-dedans, mais y a des couvertures. Va te reposer au chaud, je monte la garde et je te réveille dès que ça se calme. Ça vaut pas le coup de te sortir dans cet état !"
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Re: Winter wound

Dim 8 Avr 2018 - 18:33

Si ce n’était qu’une question de tôle froissée et d’airbag, alors ça allait. Tant que le véhicule roulait, c’était l’essentiel. Non pas parce qu’April redoutait d’avoir abîmé la voiture de son petit-ami mais surtout parce que c’était un moyen de transport précieux et très – trop – rare désormais. Le coupe-vent de sa cadette sur le dos, laissant passer sa petite pique sur son âge, la quadragénaire attendait que l’ancienne instructrice lui fasse signe pour rendre dans l’appartement dont elle venait d’enfoncer la porte. Ça sentait le renfermé et la poussière, d’ailleurs elle eut une bonne quinte de toux dès la première inspiration, mais pas la charogne.

- Hum, fit-elle en réponse aux consignes.

Elle n’avait pas nécessairement envie de se reposer au chaud pendant qu’Heather montait la garde, mais la blonde n’avait visiblement pas d’autre choix que de se faire chouchouter. Juste pour cette fois. Trouvant son chemin jusqu’à la salle de bain – où elle vérifia machinalement l’armorie à pharmacie déjà vidée de son contenue –, April put constater les dégâts. Ses traits tirés, les cernes, le pansement, les traces de sang qui avait échappé au nettoyage de son infirmière improvisée, l’état de ses cheveux. Recueillant un peu d’eau de pluie au creux de ses mains par la fenêtre, elle se rinça plus soigneusement le visage avant de quitter la pièce.

Revenant dans la pièce à vivre, elle prit alors le temps d’enlever le coupe-vent et ses vêtements mouillés enfin de s’enrouler dans les couvertures désignées par sa complice. Après s’être reposée – en espérant avoir les idées bien en place – elle regarderait dans l’unique commode s’il restait des choses mettables. Rien que pour être au sec. Elle grelottait déjà, donc se coucher trempée ou remettre ses fringues humides ne servirait à rien d’autre qu’à lui faire attraper la grève. Si ce n’était pas déjà le cas.

En sous-vêtement sous le tissu rêche, la quarantenaire fixait le plafond. Elle repensait à « Bruce » et à Roxanne surtout. Comment ils avaient pu en arriver là, comme elle n’avait pas su les convaincre de la laisser les aider. Elle poussa un soupir et ferma les paupières. Ce n’était pas sa faute mais ça la frappait pourtant en plein cœur. Elle avait de la peine pour eux et se sentait énervée en même temps ; énervée contre ces parents qui, à en croire l’adolescent, n’avaient pas tenu leur rôle. Pas étonnant qu’il ait autant la haine.

April n’avait même pas remarqué qu’elle s’était endormie. Assommée par la fatigue encore. Le choc à la tête et la faim n’arrangeait rien. Elle ne sut pas vraiment d’ailleurs si ce qui l’avait réveillée, ce fut les gargouillis de son estomac, la voix d’Heather ou bien le silence qui régnait depuis que l’averse s’était arrêtée. En se redressant, elle ne se sentait plus désorientée ; juste faible. Longues journées de jeûne obligeaint.

- Il ne pleut plus ? Demanda-t-elle le visage encore plissé et les cheveux en bataille.
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Re: Winter wound

Mar 10 Avr 2018 - 14:38

La blonde sembla s'endormir rapidement. Heather en profita pour vérifier les autres portes du rez de chaussée et eut la chance de trouver deux portes ouvertes. Elle fit rapidement le tour des lieux et ramena des vêtements secs dans le studio où sa camarade se reposait. Elle posa sur l'unique table du local deux t-shirts, un sweat à capuche, une écharpe et un pantalon de jogging. Ça n'allait pas lui donner un air distingué, mais c'était sans doute mieux que de remettre des affaires trempées. La loge des concierges avait été soigneusement vidée. À l'exception du linge de lit, sans doute trop encombrant, il ne restait que du mobilier et quelques ustensiles inutiles. Les locataires avaient même embarqué radio et téléviseur. Des fois qu'il y ait du courant dans leur prochain "chez eux".

Heather s'assit sur une chaise face à la porte et à la fenêtre qui donnait sur la rue et attendit patiemment la fin de l'averse. Fin qui se fit attendre, et pas qu'un peu. Il fallait voir le bon coté des choses : le son de la pluie frappant le quartier avait quelque chose d'agréable. Pour peu, il eut été possible de croire que l'apocalypse n'avait jamais eu lieu et que les gens étaient juste resté chez eux en raison de la météo.

Deux heures s'étaient bien écoulées lorsqu'April sembla reprendre conscience. À la première question que lui adressa la blessée, l'ancienne mercenaire répondit sur un ton amusé : "Debout les campeurs et ô les cœurs, n'oublier pas vos bottes parce que ça caille aujourd'hui. Ça caille tous les jours par ici, on n'est pas à Miami. On en est même loin et il faut s'attendre à quelques problèmes de circulation se soir avec ce comment déjà.. oui ce blizzard." Face à la moue que lui fit la blonde, Heather ajouta : "Un jour sans fin ? Avec Bill Murray ? ... Ouais, il pleut toujours. Mais ça s'est calmé. Maintenant s'est redevenu une sorte de brouillard pluvieux. T'es pas drôle...

Elle adorait ce film. Elle l'avait vu des dizaines de fois avec son père. L'Italienne leva les yeux au plafond pour éviter ce qu'elle pensait être un regard blasé en provenance de la blonde et laissa un léger sourire nostalgique se dessiner sur le coin de son visage. Elle se leva et se dirigea vers le couloir pour permettre à la bonde de se changer.
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Re: Winter wound

Mer 11 Avr 2018 - 19:52

April plissa les yeux. Ok. Elle n’avait plus la tête qui tournait mais ne s’attendait pas à être assommée au réveil par le timbre étonnement enjouée de sa partenaire. C’était toujours mieux ça plutôt qu’elle tire la tronche, mais le regard que lui jeta la quadragénaire lui fit remarquer qu’elle était encore trop dans le gaz pour les retranscriptions de film. Elle l’avait vu d’ailleurs, mais depuis suffisamment longtemps pour que son cerveau choisisse d’en effacer le passage que venait de lui citer l’italienne.

- Oui, mes enfants disaient ça aussi, souffla-t-elle à sa comparse qui lui reprochait de ne pas être amusante.

Non, décidément, l’humour n’était pas un trait de caractère qu’on pouvait lui affubler. Ça n’avait jamais été le cas et partie comme elle l’était, ça ne le serait jamais. De nouveau seule, la blonde constata que sa cadette lui avait préparé de quoi se changer. Rien de très classieux mais elle n’était pas là pour faire la fine bouche ou pour épater son mari au restaurant. Avec des gestes tout engourdis de fébrilité, elle enfila le pantalon de jogging, un t-shirt, le sweat, et remit ses chaussures. Tout ça était un peu trop grand ; assez pour qu’elle ait à retrousser ses manches et serrer l’élastique du pantalon. Forcée par l’habitude : elle plia soigneusement ses fringues humides pour pouvoir les glisser dans son sac à dos. Ce dernier était vide désormais, il y avait largement la place.

Ce fut à ce moment que le message laissé dans sa poche par Roxanne tomba à ses pieds. Intriguée, elle se pencha pour le ramasser, le lire, et… immédiatement le dissimuler avec le reste de ses vêtements. D’un coup d’œil, elle s’assura que sa complice n’avait rien vu de son manège – et fut soulagée que non. Les lèvres pincées un instant, April avait déjà pris sa décision au fond, même si c’était inconscient, au mieux, voire irresponsable, au pire. Recouvrant son expression neutre habituel, elle quitta la pièce qui lui avait servit de salle de repos temporaire.

- C’est bon, s’annonça-t-elle en rejoignant Heather dans le couloir, on peut y aller.

La capuche rabattue sur sa tête, les deux cordons pendaient sur son torse qui disparaissait sous l’épaisseur du sweat. Non sans une grimace, elle passa les anses de son chargement sur ses épaules et suivit l’instructrice à l’extérieur. La douleur s’était endormie à l’arrière de son crâne mais la plaie pensée sur sa tempe tiraillait toujours. Vivement qu’elles soient rentrées, Emerson l'ausculter plus attentivement.

- Tu as encore un peu d’eau ? Demanda-t-elle innocemment, la gorge desséchée par l’appréhension que causait sa récente découverte.
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Re: Winter wound

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