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and then I had to tell her

Dim 24 Déc 2017 - 21:30

Depuis qu’Andrea était venue le bousculer dans l’infirmerie, il avait pris conscience que son silence était un abandon, qu’il punissait les autres pour quelque chose dont ils n’étaient pas vraiment responsables. Ils avaient mis de l’huile sur le feu ; Sarah, Juliet, Isaac. Mais ils ne voulaient pas la mort d’Alma. Personne ne voulait la mort d’Alma. Il n’avait pas le droit d’abandonner et de les rendre responsable, ils n’avaient pressé la détente. Une autre s’en était chargée. Une autre qu’il avait tenu entre ses mains et qu’il n’avait pas réussi à abattre. Il essayait… de se souvenir du pourquoi. Mais toute cette haine envers cette femme brouillait ses souvenirs. Il refoulait encore le mal qu’il lui avait infligé. Oh, elle le méritait, clairement. Elle méritait bien pire. Mais entre imaginer le mal que l’on peut faire à quelqu’un et se souvenir de ses propres actes, de l’assumer et de l’accepter, c’était une autre histoire. Il avait voulu lui faire peur. Déchirer par le chagrin, il s’était mis en tête de la hanter à jamais. Il y était parvenu, il le savait. Il l’avait lu dans ses yeux. Elle n’oublierait pas. Lui non plus, il en serait incapable. Elle était responsable de ce trou béant dans sa poitrine. Cela ne méritait pas une mort rapide, non, mais quelque chose de plus lent, de plus insidieux. Mais une chose à la fois. Un pas devant l’autre. Cette vengeance, cette peine était une histoire de famille et il était temps que lui-même renoue avec cette famille.

C’était pour ça qu’il avait fait appeler Juliet. N’osant pas sortir pour venir la chercher lui-même, il en avait parlé à Ruben, demandant gentiment au neveu d’Andrea s’il voulait bien aller chercher la blonde et l’envoyer à l’infirmerie. Il avait parlé au garçon comme il avait parlé à sa tante, en lui confiant qu’il voulait renouer, parler et pardonner. Il ne savait pas encore comment il allait faire, si Juliet allait accepter même son invitation alors que depuis leur retour, il se comportait avec elle de façon dure et froide. Il savait qu’elle avait essayé de lui parler, de lui renvoyer son comportement de merde à la figure. Mais il n’avait même pas écouté. Il n’avait pas vraiment entendu. Juliet avait un caractère fort, prononcé. Elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Elle n’avait pas laissé Lisandro faire. Un jour, il la traitait comme un moucheron qu’on écrase à l’envie. L’autre, elle avait claqué la porte et l’avait envoyé se faire foutre. Entre temps, elle avait probablement crié, elle l’avait insulté et elle avait probablement essayé de le blesser. Juliet ne faisait jamais dans la dentelle. Mais il n’avait pas entendu, fermer à toutes les remarques, tous les reproches. Au lieu d’hurler avec elle, il l’avait ignoré. Alors elle l’avait envoyé se faire foutre et il ne pouvait pas lui en vouloir. Pas pour ça. Il lui en voulait toujours, mais il devait passer au-dessus. Ils étaient une famille, et même si par moment ils ne se supportaient pas, la mort d’Alma les affectait tous, pas seulement lui et Eli.

Dans l’infirmerie, il tournait en rond. Il n’y avait plus rien à ranger, plus rien à trier, plus rien à faire. Il n’avait plus rien à faire dans cette infirmerie, mais il ne savait pas en sortir pour autant. Ce que lui avait dit Andrea l’avait remué, il devait faire quelque chose. Il devait reprendre contact avec Eli, mais pas encore prêt à franchir ce pas, il avait préféré demander à Juliet de le rejoindre ici. Avec elle aussi, il avait du chemin à faire, il ne savait même pas comment il allait faire quand elle serait face à lui. Juliet leur en voulait d’avoir vendu la prison pour Alma. Même prise en otage, elle avait encore eu le culot de les menacer alors qu’elle avait une arme sur la tempe. Ce jour-là, Lisandro s’était à peine retourner sur Juliet aux prises avec l’un d’eux. Seule Alma comptait. Il ne s’était pas excusé pour ça. Il ne s’était pas excusé de ne pas avoir tiqué alors qu’elle était aussi en danger, de ne pas s’être juste retourné sur elle. Comme Eli, il s’était presque mis à genoux pour libérer Alma. Pas pour Juliet. Si ça avait juste été elle … Il ne préférait même pas savoir ce qu’il aurait fait s’il n’y avait que la vie de Juliet en jeu. Il avait honte à cette pensée, celle qui lui soufflait que si seule Juliet avait été prise en otage, Lisandro et Eli auraient à peine tiqué, qu’ils n’auraient pas vendu la prison pour elle. Pour Alma, ils auraient vendu père et mère. Et ils étaient passés outre le fait que la mexicaine n’avait pas été la seule ce jour-là. Et pour tout ça, Lisandro devait s’excuser. Il attendit, patiemment, jusqu’à ce qu’elle franchisse le seuil de l’infirmerie. Il prit le temps avant de se retourner vers elle, parce qu’il devait faire attention aux émotions qui le submergeraient quand il la verrait. Quand il posa les yeux sur elle, il savait qu’il la tenait toujours pour responsable. Alors très vite, il détourna le regard pour ne pas qu’elle lise cette colère qui ne lui appartenait pas. « Je t’ai fait venir parce que je te dois des excuses. » Et cette fois-ci, sa colère, ses reproches et ses insultes, il les écouterait.
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Re: and then I had to tell her

Jeu 11 Jan 2018 - 16:06

Lorsque Ruben se présenta à elle, lui expliquant que sa présence était requise, Juliet s'arma de méfiance. Il formula d'abord la demande de Lisandro, puis y ajouta ses mots pour la convaincre. Elle hocha simplement la tête tout en remerciant le garçon. Elle s'était promis de réserver sa colère pour celui qui la méritait. Ce sont ses promesses qui l'empêchèrent d'être agressive envers le jeune homme. Elle s'amusa à penser qu'il devait être surprit de la voir si calme, puis se mit en route.

Sa fureur enflait sur le trajet. Il l'avait convoquée, comme on convoque un valet. Incapable de se déplacer pour lui cracher directement son venin au visage. Elle se mordit la lèvre, souffla quelques grandes expirations de lassitude sans bien s'en rendre compte. Lisandro s'était replié sur lui-même et avait été injuste envers elle. Il s'était positionné en unique victime de la situation alors que chacun en avait souffert. Son comportement avait blessé Juliet. Elle s'était sentie trahie. Autrefois il avait été son mentor et son partenaire de travail, ils partageaient avec légèreté des moments simples. Et tout cela avait simplement disparu. Il flottait de temps en temps cette impression que rien n'avait existé, que jamais elle n'avait été proche du médecin. Elle s'était vite acclimatée à ses nouvelles habitudes. Ironiquement, Juliet était devenue étonnement silencieuse. Après les cris et les essais raisonnements, elle s'était elle aussi refermée. Plus taciturne, elle évitait le contact humain et préférait de loin la solitude ou les chevaux. Elle s'infligeait seule déjà un poids énorme, mais les accusations de Lis mêlaient en elle un sentiment de honte et d'injustice. Quelque chose au gout âpre, plus écœurant que la plupart des dégouts d'elle-même qu'elle s'était imposée.

De l'appréhension l'envahit sur le pas de la porte. Elle faillit faire demi-tour. Tu as fais l'effort de venir, aller, c'est bientôt finit. Elle regretta immédiatement son geste en entrant, faisant face au dos du chilien. Il se retourna et formula des excuses.

Ah.
Elle fut incapable d'ajouter quoi que ce soit à cette déclaration. Elle n'avait pas imaginé la probabilité de cette situation, elle se trouvait maintenant complètement désarmée. Toutefois toujours vulnérable et blessée, elle préféra se protéger. Elle laissa d'abord un silence s'installer avant que le monstre formé par ses sentiments ne se réveille. Elle adopta un ton calme pourtant à l'effet dévastateur sur sa figure neutre. Ce calme apparent ne lui ressemblait pas, il en devenait inquiétant.

Tu veux dire t'excuser d'avoir oublié que j'existais ? Elle haussa un sourcil. Ou bien d'avoir omis que tout le monde était touché par le chagrin ? Peut être t'excuser d'avoir été insultant ? Elle lui sourit, presque polie. Gardes tes excuses.

Un rire triste lui échappa.

Saches que tes excuses ridicules sont plus insultantes que tout ce que tu pouvais prononcer. Elle monta d'un ton. Tu n'y crois même pas ! Mais il faut faire pour le mieux. On n'aura bien besoin d'une manière ou d'une autre de la p'tite Juliet. Va te faire foutre Lis.

Tout devint soudainement flou, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle pleurait. Elle détestât immédiatement les perles salées qui dévalaient son visage, témoignage évident de sa faiblesse. Elle essuya rageusement celle-ci et afficha un regard dur, comme si ces larmes ne lui avaient pas échappées. Elle croisa les bras, renforçant sa détermination.

N'imagine pas un instant que je suis seulement capable de te croire. Tu me prends pour une idiote en fait. C'est une manière de m'humilier ? Tu aurais dû prévoir le coup à l'heure du repas, cela aurait été sen-sa-tio-nnel.
Elle insista avec ironie sur les syllabes. Un peu de drame dans cette vie trop tranquille.

Sur ces paroles, elle se détourna de lui, incapable d'en entendre plus.
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Re: and then I had to tell her

Dim 14 Jan 2018 - 22:11

De la voir en face de lui, il se sentait vraiment pathétique. Et il n’avait encore rien vu. C’était difficile parce que dans le fond, il savait qu’elle n’avait pas mérité toute cette rancune, toute cette colère. C’était illégitime. Car peu importe ce qu’elle avait pu dire pour attiser la colère des autres, elle n’avait pas appuyé sur la détente, elle n’était pas allée les provoquer. Elle s’était défendue, avait refusé de se laisser abattre, là où Eli et lui-même s’étaient mis à genoux pour sauver Alma. Alma, pas elle. Il avait honte. Elle aussi avait eu un flingue braquée sur sa tempe. Il s’attendait à la voir exploser, dire quelque chose. Juliet était volcanique… d’habitude. Aussi fut-il surpris par ce calme apparent. Et les mots qui suivirent son moment de surprise le figèrent. C’était allé bien plus loin qu’il n’aurait pu l’imaginer. Aveuglé par son propre chagrin, il n’avait pas vu celui des autres, les blessures qu’ils avaient dû soigner par eux-mêmes, les blessures qu’il avait causées également. Il baissa le museau au sol alors qu’elle jetait ses excuses à la poubelle.

Il n’ose intervenir, se sentant soudain minuscule face à cette colère qui elle, était totalement justifiée. Juliet était pourtant minuscule, avec des allures fragiles et maladroites, mais en cet instant, elle était bien plus présente, plein plus ancrée au sol qu’il ne l’était. Le chilien avait perdu pied, il buvait la tasse, et avait entrainé les siens dans sa chute. Il releva les yeux vers elle, alors qu’elle l’envoyait se faire foutre, le visage ravagé par les larmes. Il l’avait heurté avec son indifférence, ce chagrin qu’il avait fait payer à tout le monde. Il le voyait maintenant. Mais il n’était pas d’accord avec elle, pas avec tout. Et puis surtout ; il était sincère. Aussi, quand elle se détourna de lui, Lisandro ne la laissa pas lui glisser entre les mains, il s’avança lui attrapa le poignet pour la forcer à se retourner. « Hé ! » Lui aussi, malgré sa honte, pouvait être ferme et sans appel. « A aucun moment j’ai cherché à t’humilier. Jamais ! Et puis tu vas m’écouter parce que Oui je te dois des excuses, parce que tu n’méritais pas ça ! » Il n’osait pas la lâcher, il avait bien trop peur qu’elle le plante là, sans un mot. Alors il enchaina : « J’ai sombré, j’ai été égoïste et je vous ai mis la mort d’Alma sur le dos, à tous ! A toi compris. Encore maintenant j’ai cette colère complètement injustifiée contre toi ! Contre Isaac aussi ! » Et ça n’a aucun sens, vraiment. Il en était parfaitement conscient.

« Je ne me sers pas de toi, je ne te rappelle pas parce que j’ai besoin de toi ! Tu veux savoir pourquoi j’ai demandé à Ruben d’aller te chercher ?! » Il ancra son regard dans le sien. « Parce que je suis toujours pas foutu de sortir de cette infirmerie, ne serait-ce que pour prendre l’air. J’dors ici depuis qu’elle n’est plus là parce qu’elle est partout dans ma chambre. J’sors plus parce que dehors, y’a Eli avec ses grands yeux tristes. Ces yeux qui sont exactement les mêmes que ceux d’Alma. Je peux plus le regarder en face parce que je ne sais pas quoi lui dire quand il me demande pourquoi j’n’ai pas tué cette puta quand j’en ai eu l’occasion. J’ai envoyé Ruben parce que j’arrive pas à m’sortir de là, mais que je le dois ! » Il s’énervait lui, aussi. Elle avait raison, entièrement raison. « Alors t’as raison, complètement raison ! Je suis qu’un putain d’égoïste, un putain de lâche aussi ! Et j’avais pas le droit de te faire subir tout ça. Je suis en colère contre toi, parce que je me demande tous les jours ‘Et si elle avait fermé sa gueule, peut-être qu’Isaac n’aurait pas frappé cet enfoiré, peut-être qu’Alma serait toujours en vie ?’ C’EST COMPLETEMENT CON, JE SAIS ! » Sa poigne s’était un peu resserré sur son poignet, sous l’émotion. Il s’en rendit compte et il s’apaisa presqu’immédiatement. Il la lâcha, laissa tomber ses mains le long de son corps, impuissant. « Je t’ai laissé tomber. » C'était dit. Il en était profondément malheureux, d’autant plus en voyant les ravages que cela avait causés. « Tu ne le méritais pas, je suis vraiment désolé Juliet. » Qu’elle le croit ou non, il était sincère. Et bien plus encore.
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Re: and then I had to tell her

Jeu 8 Fév 2018 - 0:28


Et soudainement, Lisandro était de marbre. Pétrifié par les paroles de Juliet qui paraissaient s'enrouler comme de vicieux serpents autour de sa gorge. Les regards fiers ou déchirés qu'il lui avait lancé quelques semaines auparavant s'étaient métamorphosés. Les yeux au sol et l'échine basse, il avait l'allure d'un animal blessé. Comme si, pour la première fois, il lui dédiait une attention toute entière. Pas de prunelles vides, pas de mots injustes ; seulement ces lèvres scellées et ce regard emplit de chagrin. Mais Juliet ne pouvait plus supporter ces yeux. Son ego froissé ne lui permettait pas de faire le premier pas. Et même si l'idée avait commencée à germer silencieusement, elle ne pouvait se permettre de lui donner le moindre signe. Lorsqu'il agrippa sa main comme on s'accrochait aux derniers espoirs, elle eut envie de lui tordre les doigts. Elle se préparait à briser l'étreinte de leurs mains alors que la première tirade du médecin lui échappa. Face à lui, sa taille et son regard, elle eut un instant peur. Quelque chose de profondément primitif et irrationnel, toutefois sommeillant au fond de ses prunelles.

Les mots eurent leur poids et elle en oublia son poignet emprisonné. Il venait d'avouer, là qu'il était coupable ,ici que cette haine le titillait toujours. Un aveux décevant. Juliet ne voulait plus de tout ces sentiments inconfortables et elle n'allait plus porter ceux de Lisandro. C'était louable de vouloir s'excuser mais elle avait l'impression de porter tout de même ce fardeau sans que le poids n'ai changé. Ses yeux cherchèrent ceux de Juliet avant de définitivement s'immiscer dans son regard. Elle trouvait ce contact visuel gênant, peur d'être dévoilée elle et sa tristesse. Elle voulait rompre cet autre contact, mais cela aurait été un aveux de faiblesse intolérable. Il enlevait une à une toutes ses barrière dûment dressées. Elle ne se sentait pas en sécurité, si proche d'imploser. Et personne n'avait le droit de la voir dans un tel état.

Raviver la présence d'Alma rendit les choses plus tendues. Mais pour une fois, elle n'était ni un argument ni une quelconque justification. Juste son souvenir purifié de toute intention. Alma était partout, dans chaque objet qu'elle avait manipulé et dans chaque parcelle de terrain ou elle avait fait retentir son rire. Et Eli, tel un fantôme, arpentait les couloir accompagné de son regard ardent. Mieux valait éviter de le croiser.

Le médecin endossa peu à peu les torts sans jamais cacher ses propres ressentis. Son honnêteté donnait du poids à ses confessions. Il criait maintenant, son regard, sa main et sa voix déchirante c'en était trop. Il la lâcha subitement, elle eut le réflexe de penser "fuis". Mais c'était horriblement lâche et les derniers mots que le médecin prononça la retinrent "Je t’ai laissé tomber".

Elle hocha la tête. Son partenaire de confiance et son professeur l'avait abandonné. Dans un moment ou la solitude vous frappait comme une traitresse. Ça avait été le coup de grâce dans le decrescendo de son retour. Alors que le poids des événements avaient piétiné chaque membre du groupe ; pour Lisandro rien n'avait plus eu d'importance excepté sa douleur à lui.

Elle apposa rageusement son poing sur la poitrine du chilien. Elle était en colère, furieuse même, mais il venait de marquer un point. Il était un simple humain ravagé par le chagrin. Incapable de pardonner. Mais repentant.

T'es juste humain Lis. Mais putain goûte l'amertume des regrets. Tu sais très bien que ces mur ne t'ont jamais protégés. Ni tes mots. Elle était la personne idéale pour tenir de tels propos. La parole était sa meilleure arme. Elle l'utilisait sans cesse sans pour autant se préserver complètement des dangers internes et externes à ce monde chamboulé.

Elle agrippa sa manche et le tira dans son sillage. Versant quelques larmes discrètes alors qu'elle le conduisait au dehors. Ils émergèrent du bâtiment et la température glaciale les enveloppa. Le froid picotait les sillons humides laissés par ses larmes.

Ça fait un mal de chien de vivre. Sa voix était quelque peu épuisée par les événement, légèrement déraillée. Et je sais que quelque part tu avais trouvé un sens à tout ça. Elle engloba les monde de ses petites mains. Mais t'es toujours là et le film tourne sans toi là. On va pas t'attendre, on a pas ce luxe. Va falloir te foutre un sacré coup de fouet. Elle se tourna vers lui
Excuses semi-acceptées. Je sais que tu m'en veux donc je ne peux ni me pardonner ni te pardonner complètement. Et puis c'est quel genre d'excuse de glisser "oui je t'en veux mais bon désolé". Elle soupira, comme tentant de chasser l'irritation qui l'habitait.
Bon tu peux checker le premier point de ta liste pourrie, on est dehors. Elle mima du bout de son indexe un petit "V" dans l'air. C'est quoi le prochain point dans ta to do list pour devenir un homme meilleur ? Je vais t'aider, histoire que ça prenne pas quarante ans.

Elle était toujours furieuse, toujours triste et toujours fatiguée. Certains mots avaient tout de même apporté un baume à son âme meurtrie. Pour cet effort gigantesque en comparaison du comportement habituel du médecin, elle accepta implicitement cette trêve. Rien n'était vraiment pardonné, il faudrait que les actes parlent d'eux-mêmes et que le temps use de sa magie pour doucement recouvrir les reproches mutuels.
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Re: and then I had to tell her

Mer 28 Fév 2018 - 22:27

C’était… tellement injuste la façon dont il s’était comporté avec elle. Elle ne le méritait pas. Peu à peu, le chilien émergeait et se rendait compte des dégâts occasionnés autour de lui. Andrea lui avait fait comprendre qu’il perdait toutes personnes attachées à lui d’une quelconque manière. Il avait été difficile d’apprivoiser Juliet et son tempérament particulier. Il avait tout piétiné. Renfermé sur lui-même, il avait cru que se couper des autres les épargnerait. C’était tout le contraire, en réalité. Il voyait les dégâts dans le regard de Juliet. Il l’avait déçu, et il comprenait. Il avait fauté après tout, il pouvait l’assumer, comme il assumait encore le ressentiment qui habitait son cœur à son égard.

La réaction de la blonde ne se fit pas attendre. Il s’attendait à bien pire que ça. Mais au lieu de la colère et des reproches, c’est une leçon qu’il se prit en pleine face. Il courba légèrement l’échine. Elle avait raison, bien sûr que ces murs ne la protégeaient pas. Mais c’était ce qu’il avait de mieux pour le moment. Un pas à la fois comme on disait. Mais Juliet ne l’entendait pas de cette oreille. L’attrapant par la manche, elle l’entraina à sa suite, jusqu’à sortir de l’infirmerie. Dehors, le froid lui mordit les joues, lui faisant l’effet d’une bonne gifle. Il aurait pu faire stop, s’arrêter et se dégager. Il aurait pu. Mais il avait suivi Juliet, docilement. Le cœur battant, il observait le dehors avec une certaine inquiétude. Il n’aimait pas être dehors. Il ne s’y sentait pas… en sécurité. Non pas des morts dehors, ni des autres qui lui avaient arraché celle qu’il aimait, il avait peur de ces souvenirs qu’il croisait à chaque détours de couloirs. Ça fait un mal de chien de vivre. C’était on ne peut plus vrai. Mais il évitait son regard.

C’était une leçon de morale qu’elle lui servait. De toute autre personne, il s’en serait probablement irrité, mais l’attitude de Juliet le laissait pantois. Impuissant. Il finit par la regarder, différemment. Juliet et Lisandro n’avaient pas ce genre de relation-là. Ils s’écoutaient, bien sûr. Ils se soutenaient. Mais ne se dévoilaient pas l’un à l’autre. Ce n’était pas ça qu’ils partageaient. Leur relation se bornait à ce lien entre professeur et élève, Lisandro avait pris goût à ce rôle de mentor. Juliet était une jeune femme exceptionnelle. Il croisa ses bras sous son torse, dans une attitude complètement fermée. Il résistait à l’envie de partir à reculons, retrouver la chaleur de l’infirmerie, et sa fausse sécurité. « Je… Je suis vraiment désolé Juliet. Mais… Merci. » Il était un peu perdu, un peu déstabilisé aussi. Il eut un petit rictus quand elle lui proposa de l’aider dans sa to do list. « As-tu fini de te moquer de moi ? » Hasarda-t-il avec un semblant d’humour. Il avisa la porte de l’infirmerie, tenté. Mais il revint à elle. « On devrait retourner au chaud, attraper la crève n’est pas dans ma liste. » Ajouta-t-il.

Il sembla chercher quelque chose du regard, avant de l’inviter à le suivre jusque dans la pièce commune. Il voulait bien faire le premier pas, faire un effort. Ne pas retourner dans l’infirmerie pour cette fois. Mais il n’irait pas plus loin. Elle le suivit jusqu’à l’intérieur et il referma la porte derrière elle. « Je n’irai pas plus loin… » Plus loin, il y avait les chambres et c’était hors de sa portée pour le moment. Ils étaient seuls pour le moment, Lisandro alla s’assoir, une tension visible tendait son dos. Il faisait un pas pour elle, parce qu’elle ne méritait pas qu’il s’enferme à nouveau. Il avisa le couloir vers les chambres avant de se concentrer à nouveau sur Juliet. « Si mes excuses sont à moitié-acceptées… tu accepterais quand même de revenir à l’infirmerie ? Tu pourras me pousser dehors quand t’en auras envie … » Il se faisait réellement tout petit face à elle, il n’avait pas la ligne de conduite à suivre. Il ne savait pas comment il devait agir. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il était dehors et qu’il n’aimait pas ça. En témoignait sa jambe qui tressautait nerveusement sous la table.


And I know this is the truth, 'cause I've been staring at my death so many times. These scary monsters roaming in the halls, I wish I could just block the doors and stay in bed until the clock will chime. I felt like I won, but I wasn't done. The nightmare repeats itself every time
❝If I had to lose you, I’d probably lose myself.❞


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Re: and then I had to tell her

Dim 11 Mar 2018 - 0:44

Elle venait de gagner sa première victoire. Il avait presque sourit et emprunt ses mots d'humour. Il s'était défendu. Il avait accepté la confrontation avec elle. Elle en était arrivé à un point ou leurs boutades lui manquaient. Ils enrobaient toujours leur relation de travail d'humour et de bonne humeur.

Il répondit avec ironie à nombreuses de ses remarques, réaction qu'elle essayait de provoquer depuis bien trop longtemps. Son visage avait délaissé pendant quelques fractions de secondes les signes de stress qui le plissaient habituellement. Mais bientôt, tel un être découvrant le monde pour la première fois, il avait craintivement regardé aux alentours.  

Il devait avoir peur de croiser les autres. Elle ne pouvait que trop bien imaginer sa hantise à l'idée de voir Eli. Il ne revint pas directement dans l'infirmerie. Lorsqu'il s'était détourné, Juliet avait cru qu'il retournerait finir leur conversation dans son cocon douillet. Elle l'avait certes trainé jusqu'ici, mais il avait fait sa part du travail en acceptant de suivre sa main vigoureusement tirée vers l'extérieur. Il lui fit une requête, qu'elle revienne auprès de son professeur. Même si elle s'était habituée à l'endroit qu'elle parvenait même à trouver confortable ; elle ne se sentait pas prête à revenir. Leur entente était encore trop récente et comment s'assurer que les intentions de Lisandro ne vireraient pas brusquement de cap du jour au lendemain ?  Elle avait envie de retourner et d'apprendre le reste de ce qu'il pouvait lui apporter. Malheureusement, cela lui paraissait être un effort trop grand et trop dangereux. Elle ne voulait pas se mettre en danger et risquer d'être blessée à nouveau. La confiance ça se mérite.Elle évita son regard, ne pouvant s'empêcher d'avoir un léger mouvement de recul devant la demande. Son corps précédant les mots.  

Je sais pas, elle laissa un silence poindre le bout de son nez, tu n'as pas besoin de moi. Elle lui glissa un regard coupable, l'aide n'était jamais de trop. Son excuse était minable. Je serai la s'il y une urgence.

Elle n'était pas assez égoïste pour mettre sa querelle ridicule avant le bien être d'un patient. Toutefois, il est vrai qu'elle lui avait laissé le soin de Sarah et des derniers blessés lors de leur retour au sein du camp.  Elle se promit intérieurement de faire le nécessaire si son aide était requise à l'avenir.

Elle avait automatiquement intériorisé le motif de son refus. Mais pour cette fois singulière où ils avaient établit un dialogue, elle avait envie d'être la plus claire possible. Quitte à être rude. Il devait savoir jusqu'à la dernière miette, ses hésitations, ses peurs et sa colère.  Peut être qu'il ne méritait pas autant d'honnêteté, mais c'étaient des mots qui pouvaient aussi le blesser. De manière égoïste, Juliet accepta l'ambivalence de cet acte et de l'impact que pourraient avoir ses paroles.

Je  n'ai aucun moyen de savoir si tu ne vas pas changer d'avis demain. J'ai besoin de certitude et tout ce que je vois pour l'instant c'est quelques regrets et de belles paroles. Ce n'est pas que j'y crois pas. Juste qu'il va me falloir plus pour être convaincue. Et puis je peux pas te pousser dehors, je vais faire crever tout le monde avec le peu de connaissance que j'ai.

Elle ne voulait pas le froisser alors qu'il étaient si proche de la réconciliation. Mais il n'y avait aucun demi ton possible, c'était toute la vérité ou rien du tout. Comme elle le sentait tout fébrile dans cette pièce vide, terrifié à l'idée de voir quelqu'un, elle décida de rentrer à l'infirmerie.

Viens on rentre dans ton habitat naturel. J'ai vu que tu était capable de rester trois minutes dans une autre pièce que l'infirmerie, je te crois.

Ce qui paraissait être un parcours du combattant pour son professeur, elle le respectait. Et il y avait peu de choses qu'elle abordait avec respect en ce bas monde. Elle ne voulait pas rompre ici sa réconciliation avec lui même. Car, là dessus, Juliet était certaine qu'il lui présentait des excuses également à l'égard de lui même. Il est de ces moments ou survivre avec ses paroles rudes et ses actes froid devient si blessant, que cela nous entaille nous même au plus profond de notre chair. Et Lisandro avait ce regard qu'on les hommes meurtris par la vie. La jeune fille avait accepté de se réconcilier avec lui également par respect pour elle-même. Elle ne supportait plus ces silences éloquents et ces regards accusateurs. Confinée dans sa chambre, le silence la rendait malade.

Et soudain elle avait la furieuse envie de s'embarquer dans une danse sur des notes folles. Aucun appareil ne pouvait même crachoter une singulière note. Mais elle aurait emmené Lisandro au cœur d'une valse rythmée par le silence, de notes imaginaires. Elle avait envie de rappeler à ses compagnons qu'ils étaient vivants et que cette même vie qui leur paraissait si amère au quotidien restait un beau cadeau.

Cette idée de danse était horriblement ridicule, pourtant elle lui trottait dans la tête. Elle ne savait pas valser, c'était une des choses bourgeoises que ses parents lui avaient épargnés. Peut être n'avaient ils seulement pas eu le temps de parfaire cette éducation des plus guindée. Elle leurs aurait été reconnaissante d'au moins lui apprendre à ne pas piétiner son partenaire. Cela l'aurait tellement amusée de conjurer la tristesse par le ridicule, quitte à rire de soi même. Elle se retourna vers le médecin, les yeux embués de larmes. Il était difficile de lui expliquer cette sorte de nostalgie qui se mêlait à un sentiment d'impuissance au creux de sa poitrine. Elle avait elle même du mal à suivre le fil de ses pensées qui sautillaient joyeusement entre les souvenirs, les regrets et les désirs ridicules. Elle ne savait pas bien si elle voulait lui demander une danse ou bien seulement se noyer dans son étreinte réconfortante.
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Re: and then I had to tell her

Sam 7 Avr 2018 - 14:41

Il était nerveux. C’était peut-être lui l’adulte dans en théorie, mais en cet instant, elle avait bien plus de pouvoir que lui autour de cette table. Il avait envie qu’elle revienne, parce que leurs échanges lui manquaient. Parce qu’elle avait raison, et qu’Andrea aussi. Il avait abandonné tout le monde, petit à petit, et il était temps maintenant de recoller les morceaux et de se prendre en main. Arrêter de se cacher, et recommencer à vivre. Et à retrouver ce qui faisait son quotidien à la prison. Il avait eu peur, les premiers jours, quand il était arrivé à la prison. Eli qui le présentait comme un médecin, puis Selene qui lui donnait la responsabilité de mentor, en même temps. Il n’était pas sûr de pouvoir se gérer lui-même à cette époque, et il s’était retrouvé avec une gosse à éduquer à la médecine. C’était un pari risqué, Juliet le savait alors. Mais ils s’étaient tous les deux montrés à la hauteur des espérances de l’autre. Nullement impressionné par le caractère de la petite blonde, ils s’étaient acclimatés rapidement l’un à l’autre. Juliet lui manquait à l’infirmerie. Il s’en rendait compte à présent. Il avait aussi besoin d’elle pour remonter la pente. En vérité, elle avait besoin de tout le monde ici, à la prison.

La réponse le laissa pantelant. Je ne sais pas. Naïvement, il avait espéré qu’elle accepte. Mais il pouvait comprendre. Il avait envie de lui dire qu’elle se trompait, mais au lieu de ça, il baissa la tête, regardant ses mains. « D’accord, c’est … Je comprends » Dit-il doucement. Puis elle continua, elle doutait de lui et de ses bonnes intentions. Blessé au cœur, il constatait une fois de plus qu’il l’avait profondément blessée en la rejetant de la sorte. Il avait, en quelque sorte, perdu sa confiance. Le caractère de Juliet était délicat, laisser entrer quelqu’un dans sa vie était compliqué, de ce qu’il avait pu en juger. Il ne pouvait pas lui en vouloir de se préserver de lui, et de son chagrin profondément égoïste. Qui était-il pour la juger et lui en vouloir ? Elle avait raison. Lisandro restait fragile, malgré toute la force que les autres autour de lui, lui donnaient.

Puis elle l’invita à réintégrer l’infirmerie et il se leva à sa suite, un peu silencieux. La gorge un peu nouée, il se sentait mal. Il n’avait pas réalisé la peine causée. Il la mesurait à présent, se prenant le revers en pleine tête. Il était soulagé de retrouver les murs de l’infirmerie, mais il sentait la peine peser sur ses épaules. C’était moins un refuge qu’une prison, maintenant qu’il avait mis le pied dehors. Il se sentait véritablement las, et un peu perdu. Il referma la porte de l’infirmerie, avant de tomber sur le visage chargé de détresse de Juliet qui levait vers lui, son regard embué. « Oh… Juliet… » Murmura-t-il, attristé lui aussi. Il hésita un peu, avant de franchir les deux pas qui la séparaient de lui. Il lui ouvrit les bras pour qu’elle puisse se blottir contre lui alors qu’il refermait les siens dans une étreinte qui se voulait réconfortante. Ses bras enceignant ses épaules, une main caressant ses cheveux dans un geste apaisant. « Je suis tellement désolé… Mais ça va aller maintenant, je vais revenir. » Il ne lui promettait plus de changement radical, ça ne prenait pas avec elle. Il voulait juste qu’elle sache qu’il ferait ce qu’il faudrait pour mériter à nouveau sa confiance. Il vint embrasser le sommet de son crâne, avant de la bercer doucement dans ses bras. « Je suis désolé. » Dit-il encore, avec chaleur et sincérité.


And I know this is the truth, 'cause I've been staring at my death so many times. These scary monsters roaming in the halls, I wish I could just block the doors and stay in bed until the clock will chime. I felt like I won, but I wasn't done. The nightmare repeats itself every time
❝If I had to lose you, I’d probably lose myself.❞


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Re: and then I had to tell her

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