Un cri de terreur l'invita à tourner les traits. L'entrée recevait les convives. Elle se fichait de son sort, cet enfoiré l'avait largement mérité. Néanmoins, un sourire glauque migra au coin des lèvres de la brunette qui, sans attendre, continua son chemin. Swann avait besoin de soins au plus vite, certes il ne s'agissait que de son épaule, mais il perdait du sang et ses mouvements n'arrangeaient rien. De temps à autres, elle observait son profil. Il était blême mais prenait sur lui autant qu'il le pouvait. Jusqu'ici Joe ne l'avait pas cru aussi courageux, un autre, tel que Kenny, aurait sans doute hurlé à la mort en recevant la bastos, se serait plaint, et n'aurait pas objecté si le pécore lui avait proposé de le porter. Blackmore était tenace, elle appréciait ce trait de caractère plus qu'à son tour, mais ce n'était pas le moment de se prendre d'une nouvelle affection pour le gamin.

Reprenant donc ses esprits, focalisée sur la suite de l'opération, Cain avança un peu plus avec lui tandis que Stan et Merl cherchaient une issu. Parfois un coup de feu résonnait, et bien qu'elle aurait pu s'inquiéter concernant les tirs, elle ne s'y attarda pas. Stan était entraîné, elle avait pleinement confiance en lui et savait qu'il buterait deux fois un type avant que celui-ci réagisse, quant à Rogers, bien qu'elle ne lui portait aucune sorte d'estime, l'escort avait parfaitement conscience qu'il était un fin tireur puis, s'il crevait ma foi... Elle n'en serait guère attristée, ça l'emmerderait de devoir faire face à un frère désemparé mais, mise à part ça, elle n'irait certainement pas pleurer sur la dépouille de Smallville.

De nouveau face à quelques portes close, Joann laissa Swann s'appuyer contre une paroi et tourna les prunelles vers la horde qui se dispatchait pour atteindre le plat de résistance. L'enfoiré hurlait déjà, tentant de se traîner dans la salle de laquelle elle l'avait délogé plus tôt. Rongé par la peur, il eut au moins le mérite de lui arracher un rictus.

- Soit on trouve le dessert, soit faut se magner. Lâcha-t-elle en reprenant son souffle avant de fixer le gosse en un sourire rassurant.

Ses yeux se baladèrent sur le sang coagulé de son vêtement, à cette blessure qui lui arracha un plissement d'yeux. Ça pissait le sang, peut-être pouvait elle faire quelque chose. Attendant les autres, elle fouilla rapidement dans le sac de matos, posé au sol, puis en extirpa quelques gazes. Pas le temps pour un bandage, mais ça ferait l'affaire histoire de compresser la plaie et de lui éviter de perdre trop d'hémoglobine. Se redressant donc, Joe l'observa dans les yeux, ça lui ferait peut-être mal, mais pas le choix, s'occuper des connards encore présents dans l'hosto était bien, mais s'attarder sur les leurs n'était pas en option.

- Elle est ressortie ? Interrogea-t-elle, à peine eut-elle posé la compresse, en capturant sa légère grimace. Appuies là dessus, j'te tiens... ça va aller, on va plus tarder à trouver une sortie. Reprit-elle en redressant le nez vers Stan, puis Rogers, dans l'espoir d'obtenir une bonne nouvelle.

Les connards étaient partout et malheureusement, la chance n’était définitivement pas de notre côté. Ils approchaient toujours un peu plus et on perdait en distance. L’état de Swann était en train d’empirer de minute en minute et trouver une sortie devenait une nécessité. Je n’avais donc pas le choix, il fallait que je continue à avancer. Il fallait que je trouve une sortie pour cette équipe. Ils étaient déjà suffisamment nombreux pour s’occuper du blessé, il n’était pas foncièrement nécessaire que je me rajoute en plus. Une nouvelle porte apparue alors sur ma droite et la question de l’ouvrir ou non ne se posèrent même pas.

Je posais une main sur la poignée avant de l’ouvrir en grand. Je remarquais une femme rouler en boule dans un coin de la pièce. Est-ce qu’elle était là contre son grès ? Est-ce qu’elle avait peur ? Il y avait tant de questions qui se posait dans ma tête, mais l’ordre de Stan avait été clair, de toute façon, il nous avait attaqués en premier, maintenant, il fallait assumer. Je ne l’attrapais pas le bras. Lui posant mon couteau sous la gorge et je l’entrainais vers l’extérieur avant de l’égorger et de laisser son corps inerte tomber sur le sol. Une mare de sang se répandait de la blessure. Le spectacle était sans doute triste, mais je n’étais pourtant pas touché par ce spectacle. Silencieusement, j’avais prononçais une prière pour son âme. Je savais que les connards allaient la dévorer et qu’elle ne deviendrait donc jamais comme eux.

- Tu voulais le dessert Joann, je crois que je viens de leur apporter.

C’était sans doute un peu méchant, un peu craignos même, mais j’étais content, ça me faisait même bouffer de rire. Il faut dire que je n’avais jamais été un mec vraiment sociable. Je finis par réaliser que je n’avais pas regardé par la fenêtre de la salle pour voir ce qu’il en était. En bas la situation était toujours tendue, peut-être moins que la première pièce que j’avais faite, mais ce n’était pas encore ça. Peut-être la prochaine…

Ce n'était pas le tout de foncer tête baissée et déglinguer tous les survivants qu'ils croisaient, il fallait un plan. Merl proposa une idée qui n'était pas si conne, même si elle était peu réaliste. Stanley se fit une seconde agripper au câble de la cage d'ascenseur, les pieds dans le vide et cela fit émerger un semblant de solution dans sa tête alors qu'il jeta un regard par l'ouverture de la pièce suivante. La plupart de ces pièces étaient d'anciennes chambres. Les lits avaient parfois disparu mais pas toujours, et qui disait lits : disait draps !

Il ne dit rien sur l'instant, car les fenêtres qu'ils ouvraient ne leur offraient aucune débouchée satisfaisante. Il arracha tout de même un premier drap sur un lit, comme ça et le prit sous son bras. Puis un second. Jusqu'à ce qu'ils donnent enfin sur un versant intéressant du bâtiment. C'était dans la dernière pièce que le cowboy ouvrit. Ils ne pourraient pas s'échapper par ici, mais il devinait de cet angle la barricade qu'ils avaient franchie précédemment. L'agglutinement de rôdeurs contre elle n'était plus. Ces derniers avaient commencé à se disperser ! C'était leur solution !

Faisant fi du sadisme croissant de ses compagnons - s'il n'avait jamais cillé lui-même pour prendre la vie de quelqu'un sur ordre, il n'en avait jamais non plus pris de plaisir particulier - il leur fit part de la suite des opérations, avec empressement. C'était qu'il y avait urgence !

- Les rôdeurs près d'la barricade ne sont plus aussi présents. Il faut rejoindre l'extérieur par la zone devant les urgences. Par là-bas. Il montra l'extrémité du couloir. La prochaine fenêtre qu'ils ouvriraient seraient la bonne; il le fallait ! Il entraina d'ailleurs ses compagnons à sa suite. On va repasser la barricade, comme à l'aller et on rejoindra la voiture. Il lui tardait de poser ses fesses sur leur bateau pneumatique. Au milieu des eaux, enfin, ils seraient apaisés. On récupère un max de draps. Tout ce qu'on trouve ! On fera des nœuds comme à la télé, pour en faire une corde et on descendra comme ça. Ce serait sportif, mais quelle autre option avaient-ils ? Il haussa les sourcils en regardant les autres. Tu te sentiras ? Il s'était retourné vers Swann qui appuyé contre Joann perdait de plus en plus de couleur. Sinon un d'nous te fera descendre avec lui. Ses yeux se posèrent sur Merl et ils échangèrent un regard entendu.

On n’avait pas encore trouvé notre sortie que déjà l’autre était en train de faire des plans sur la comète, c’est vrai que ça aurait pu être une solution intelligente, mais je savais que c’était de la connerie. Pourquoi ? Simplement parce que j’avais une bien meilleure solution dans mon sac. Je n’allais pas me taire, il fallait que je prouve une fois de plus que j’avais tout de même servi à quelques choses dans ce groupe. Même si je repartais sans corde, après être repartie sans hache, mais bon, ce n’était pas quelque chose d’introuvable, il faudrait simplement que je cherche au bon endroit pour les remplacer.

- J’ai une corde dans mon sac se sera sans doute plus simple que de se faire chier avec les draps.

Je lui confirmais cette affirmation d’un geste de la tête. J’avais déjà proposé de porter Swann ce qui ne changerait pas grand-chose. Il faudrait sans doute que je trouve un moyen de le maintenir sur mon dos, mais je savais qu’on trouverait une solution ensemble sans trop de problèmes. Je continuais de m’avançais prenant la tête du groupe l’espace d’un instant et ouvrant une nouvelle porte. Cette dernière donnée sur une pièce vide avec une fenêtre suffisamment grande. On avait enfin trouvé ce qu’on cherchait depuis bien trop longtemps. C’est avec fierté que je fis marche arrière avant d’annoncer ce qu’ils voulaient tous entendre depuis un moment.

- C’est bon, j’ai trouvé notre porte de sortie… enfin notre fenêtre pour le coup...

Une fois tout le monde dedans, j’avais évidement décidé de refermer la porte pour avoir en semblant de sécurité. Il faudrait qu’on s’organise assez vite pour savoir comment on descendait du coin, mais je savais qu’on n’allait pas non plus y passer la soirée, nous voulions tous rentrer et le plus vite serait le mieux c’était tout certain.

Observant une dernière fois le teint blafard de Swann, Joe redressa le nez lorsque Merl et Stanley revinrent vers eux. Il fallait donc récupérer des draps pour fabriquer une corde de fortune. Soit, elle allait s'y atteler, cependant, Rogers ne fut guère long à réagir en évoquant la véritable corde qu'il possédait. C'était leur chance, plus simple on ne pouvait pas, ça tombait pile poil car les créatures s'agglutinaient dans le corridor et Blackmore ne tiendrait pas ainsi indéfiniment. Il avait eu idée, une bonne idée d'ailleurs, cependant elle n'irait pas le lui crier ou clamer ses louanges, non.

Sans attendre, Cain soutint le gosse et suivit les autres, s'éloignant de l'ascenseur désigné par Stan plus tôt afin de rejoindre le rebord d'une fenêtre que le pécore venait d'ouvrir. Personne à l'horizon, bien, il fallait simplement attacher solidement le lien qui leur permettrait de descendre. Merl porterait donc Swann, du moins elle le comprit en voyant le regard que Rogers échangeait avec le mentor. Qui descendrait le premier ? Concernant ce point, Joann n'avait pas l'intention de tergiverser des heures, elle le ferait ainsi le reste suivrait, une fois en bas elle prendrait garde aux alentours afin de protéger leurs arrières, le dernier restant à l'étage lui, en ferait de même de toute évidence. Une fois le cordage solidement noué à ce qu'il y avait de plus lourd dans la pièce, un truc qui ne pourrait guère faire le grand saut par l'ouverture, la brune replaça correctement le sac sur son dos.

- Je descends la première, je garde le rez de chaussé propre le temps que vous m'rejoignez. Déclara-t-elle en enjambant d'ores et déjà l'appuie. Merl, une fois que j'serai en bas, tu m'balanceras ton sac, ça sera moins lourd pour toi avec Swann sur le dos.

Une fois stable, Cain saisit la corde et plaça ses semelles contre le mur pour descendre en rappel. Il fallait faire vite, ne pas trop songer, mais aussi garder un œil à l'endroit où elle allait atterrir pour ne pas se retrouver nez à nez avec un cadavre qu'ils n'auraient pas vu. Chose faite, Joe amorça sa descente, usant de ses bras et de l'appuie pour ne pas faire d'impair. Bientôt, elle parvint sur la terre ferme et recula légèrement, arme au poing pour prévenir le moindre danger, afin de redresser la main à l'intention des autres. Prévenir en silence leur serait utile si, toutefois, des macchabées trouvaient judicieux de les accueillir. Swann et Merl seraient sans doute les prochains, elle espérait simplement que le cordage ne céderait pas sous leurs poids, elle était prête à recevoir le paquetage du cow-boy.

Je sortais rapidement la corde de mon sac avant d’en donner une des extrémités à Stan et de balancer l’autre bout par la fenêtre. Le plus dur était derrière nous. J’essayais de me répéter que tout irait bien, mais je n’étais qu’à moitié convaincu… Enfin, tout le monde avait compris que je trainerais Swann sur mes épaules. Ce ne serait pas facile, mais largement faisable. J’avais déjà fait des trucs plus difficiles que ça. Il fallait voir le côté positif de tout ça. C’était le plus important, ne pas se laisser abattre par le reste. Je soupirais un instant alors que je regardais la brune descendre. Forcement Stan fermerait la marche de toute façon.

- Pas de souci…

Dans le fond, j’aurais balancé mon sac quoiqu’il arrive étant donné que je savais très bien qu’il m’encombrerait quoiqu’il arrive. Par contre, il y avait un autre objet dont je devais me débarrasser pendant cette descente si je ne voulais pas qu’il lui arrive pire que ça. Je retirais donc mon chapeau pour l’attacher à mon sac par la lanière de cuir qui pendait de chaque côté de l’objet. J’avais presque mal au cœur de me débarrasser de l’objet, mais je n’avais pas vraiment le choix si je ne voulais pas qu’il lui arrive de plus grands malheurs que le sang d’Alec…

Sans ménagement, j’envoyais le sac en bas avant de m’approcher de Stan. Je l’aidais à monter sur mon dos. L’aidant à croiser ses jambes autour de ma taille et accrochant une de mes mains à ma ceinture derrière mon dos pour qu’il soit calé le mieux possible. Descendre à la corde avec une seule de mes mains serait douloureux, mais absolument pas soignable en faisant attention. Je savais parfaitement comment me débrouiller avec une main blessée donc ce n’était pas si grave. Je passais par la fenêtre me cramponnant au rebord avant d’enrouler la corde autour de ma jambe droite et de la maintenir en la coinçant avec mon deuxième pied.

L’entreprise fut compliquée. Il m’a fallu puiser dans mes réserves d’énergie et de calme pour me concentrer un maximum, il ne fallait pas que je chute, il ne fallait pas qu’ils nous arrivent quelques choses. Le brun ne serait de toute façon pas en état de gérer ça. Je n’avais cependant pas prévu que la corde cède. Je ne l’avais pas vraiment surveillé trop occupé à gérer Swann et la distance qu’il me restait à parcourir. Je n’avais cependant pas prévu que la corde cèderait avant que je ne touche le sol. Il ne fut cependant pas compliqué pour moi d’atterrir sans encombre, il faut dire que des chutes, j’en avais fait. Je m’inquiétais bien plus pour mon compagnon qui avait chuté un peu plus loin…

- Est-ce que ça va ?

Je m’approchais de lui, mais surtout, j’entendais déjà des grognements pas très loin. Mon regard se porta sur Joann alors que je sortais mon couteau. Le plus important était sans doute d’écarter la menace. Je récupèrerais mon sac après, pour le moment, il était bien par terre. Je n’avais rien pour le moment si ce n’est une main un peu bruler par la corde en tout cas, j’étais parfaitement en état de me défendre…