« On ne peut pas rester ici. » Mon ton est ferme et sans appel alors que je regarde longuement London dans les yeux pour lui faire comprendre que nous n’avons pas d’autre choix, quelque peu surpris de sa réaction tout de même. « Comme Emerson l’a dit, nous n’avons déjà utilisé presque toutes nos réserves et cet endroit ne peut être qu’un abri temporaire… » Je ne dis rien de plus, ma décision est déjà prise.

Laissant Emerson reprendre, elle évoque notre idée de quitter Seattle. Et si Ian semble relativement décidé à nous suivre, les autres ont l’air davantage réservés sur la question. London se préoccupe des autres survivants d’Emerald, se demandant si nous devons aller les aider ou non. Pouvoir les retrouver serait déjà incroyable Je prends un air désolé pour lui faire comprendre que nous n’avons pas le temps ; tandis que Jackson lui affirme franchement que Roza, Eli, April ne reviendront pas non plus. Puis l’homme continue, confirmant les dires d’Emy’ sur la nécessité de partir, de trouver un abri plus sûr. Mais il n’est pas franchement convaincu par l’idée de quitter Seattle…

« On ne peut pas attendre plus longtemps ici. Et il est hors de question que je me risque à parcourir Seattle à la recherche des autres. Pas avec ces types qui traînent dans les parages. Pas après tout ça. » C’est difficile de l’admettre… Et sûrement qu’avant j’aurais été le premier à me lancer au secours des autres, j’aurais sûrement tout fait pour les retrouver. Mais maintenant. Je ne peux plus. Avec Emerson nous avons besoin de laisser tout ça derrière nous… De reconstruire quelque chose, ailleurs…

« Avec Emerson on va partir vers l’est, et on ne s’arrêtera pas avant d’avoir trouvé un endroit qui convienne. » Peu importe la distance à parcourir, que ce soit près de Seattle ou non. Même si l’idée de devoir complètement tirer un trait sur la possibilité de retrouver Kaycee si nous devions nous éloigner un peu plus… Cela m’effraie, mais avons-nous vraiment le choix ? « On ne peut plus attendre… Discuter ne fera que nous retarder. Je pense qu’on va encore étudier la carte et nous partirons dès demain, ou après-demain grand maximum… »

C'était un sacré bordel là, les chevaliers de la table ronde version débiles mentaux t'sais. Un jour ça se papouille, le lendemain ça fait des plans sur la comète pour au final rien avoir de concret sur la dite comète et se tourner vers nous. On avait chier quinze ans pour tous arriver là, et Emerson suggérait de partir sans attendre d'avantage ? Il est où ton sens de la dévotion ? T'as pas prêtée serment de protéger la vie à tout prix toi ? Je voyais London fondre de colère et me fusiller du regard parce que je ne parlais pas, parce que je n'exprimais pas mon opinion. Pourquoi faire ? De toute façon, quelque soit l'idée, les gens d'aujourd'hui ne sont plus ceux unis hier au lycée, cette appartement c'est le début du chacun pour soit et chacun fera ce qu'il préfère, alors mon avis on s'en foutait pas mal. Mais ça me faisait chier de voir London folle de rage à l'idée de partir sans attendre le reste de la troupe... Attendre oui, mais combien de temps ? Au bout de combien de jours, de mois, London serait décidé à partir ? Ils pouvaient arrivé à la fin de sa phrase ou dans un an, ou même jamais, alors quoi ?

Pourtant Jackson avait l'air sûr de lui, ils ne reviendraient pas. Mais un regard à ma sœur avait suffit à me faire comprendre qu'elle avait espoir, et je n'avais certainement pas envie de lui enlever ça. C'est sûr qu'Emy avait raison dans ce qu'elle disait, un appartemment comme ça en plein milieu de la ville, c'était loin d'être le plus sécuritaire, et niveau provisions on pouvait pas tenir un siège. Et le gros qui venait s'en mêler aussi, c'est quoi ton but ? Réprimer l'optimisme de la seule personne qui en faisait preuve ?! Je n'aimais pas le ton qu'employait Barnett, cette espèce de fausse autorité divine me tapait sur le système et je me redressais avant même que Jackson n'eut le temps de finir sa phrase pour avoir mon opinion, laissant ma mitraillette sur le fauteuil, je pointais du doigt Emerson.

Eh yo il est où ton putain d'serment d’Hippocrate ? T'as pas juré d'sauver des vies à n'importe quel prix ?! Et toi monsieur le pompier chef de la sécurité, c'était pas ton job à la base de nous sauver au lycée ?!

Je fronçais les sourcils, assez énervé par leur façon de faire, j'avais décidé d'attendre parce que j'avais compris que c'est ce que voulais London, et j'avais confiance en sa foi. Alors me rapprochant de Kendale, je le fixais avec un air de défi dans les yeux.

Alors quoi ?! Ton projet c'est d'sauver ton cul et d'courir le plus vite possible loin de tout ça ?! C'est à ça qu't'en es réduit, fuir ?! T'attendrais pas quelques jours de plus si Kaycee pouvait toquer à la porte à n'importe quel moment ?!

Ayant un petit rire narquois et bien arrogant, je secouais la tête en souriant.

Remarque, ça doit être dans les gênes de fuir quand ça va mal... T'inquiète Johnny Blaze, on f'ra comme toi avec ta fille, on essaiera pas de te retrouver.

Je me rapprochais dangereusement de lui sur la dernière phrase, histoire de lui faire comprendre que son petit titre de chef de je sais quoi, c'était du passé. Le ton était donné, ils se cassaient, on restait encore un peu.

T'attends quoi ? Prends la carte et barre toi, pussy.

Ian écoutait avec attention ce qui était en train de se passer autour de lui. Pour le coup, chacun avait son mot à dire s’il voulait suivre Kendale et Emerson ou non. Il était content d’apprendre que Jackson était de leurs côtés. En même temps c’était l’option la plus sage à l’heure actuelle ça faisait déjà deux semaines que lui et son groupe attendaient. Si personne ne s’était montré encore, il n’y avait pas de raison que les choses changent. Ian finit tout de même par répondre à Jackson.

- Évitons tout de même d’être trop proches d’un cours d’eau, ce serait dommage de devoir subir les moustiques ou des inondations.

Il n’avait clairement pas envie de subir ça. Il savait que les moustiques ne seraient qu’un court désagrément, mais une inondation, il n’aurait rien pu faire, même avec la meilleure volonté du monde. Cependant, Trey n’avait certainement pas entendu ce qu’il avait à dire et était visiblement bien rangé dans son idée. Voilà qu’il s’en prenait à Kendale maintenant qui ne faisait que dire ce qu’il avait à faire. Oui, un médecin devait sauver le plus de monde qu’il le pouvait, mais il n’était pas question non plus de se suicider pour les autres. Ian n’aurait jamais pensé comme ça encore quelques mois auparavant, l’homme avait beaucoup changé.

- Trey personne ne t’impose de partir, tu peux très bien rester ici. Tu ne peux pas forcer Kendale à rester s’il ne le veut pas.

Il regardait son père qui venait de prendre la parole. Il était en train de tenter de calmer les choses, c’était tout à son honneur, mais dans le fond, l’urgentiste savait que c’était peine perdue. L’homme s’il avait décidé de faire le con, le ferait. Il était bien placé pour le savoir. C’est toujours avec un brin d’inquiétude sur le visage qu’il regardait Trey comme s’il s’inquiétait de savoir quelle serait sa prochaine victime et ne voulait pas que ce soit lui. Finalement, il eut le courage de prendre tout de même la parole pour ajouter une phrase qui selon lui était importante et pleine de bon sens.

- Partir maintenant n’est pas la meilleure idée, le faire demain sera bien plus logique.

La nuit tombait déjà plus vite que par le passé et il était déjà en début d’après-midi, le plus logique serait de partir demain matin. Il savait aussi que ce serait mieux pour les filles qu’ils avaient amenées avec eux. En tout cas, lui était prêt à se préparer à ça si c’était ce que la majorité dirait et dans le fond, il préférait largement suivre Kendale que de rester ici avec Trey.

Partir le plus tôt possible, c’est ce que nous avons de mieux à faire. Mais visiblement notre décision ne plaît pas à tout le monde. Et c’est là que Mr le connard se décide d’intervenir. D’où il ose pointer Emerson du doigt ? D’où il ose remettre en question son boulot et le mien ? « Je t’interdis de lui parler comme ça Trey. » Je fronce à mon tour les sourcils, faisant tout mon possible pour garder mon calme mais je sais pertinemment que je ne pourrais pas le rester éternellement. Cela fait plusieurs jours que ce pseudo rappeur me prend la tête, et si jusque-là nous avons réussi à éviter les coups, je doute que cela puisse être encore le cas cette fois-ci. Je n’ai plus la patience d’écouter ses conneries, plus la patience de supporter sa tête d’abruti…

Et voilà qu’il vient nous reparler de Kaycee. Nan mais il s’prend pour qui ? Je serre les poings, me contenant comme je peux. Mais le défi que je peux remarquer dans le regard de ce crétin m’appelle, et je sais que je ne tiendrai pas longtemps. Qu’il la ferme ! Qu’il se barre ! Avant que je me mette réellement en colère. « Me parle pas de Kaycee. Tu ne sais rien ! Elle est partie! » Je finis par hausser le ton, me retenant pour ne pas me mettre à hurler. Ses remarques viennent me piquer à vif, rouvrant des cicatrices qui ne guériront sans doute jamais.

Et voilà qu’il se met à rire avant de renchérir tout en s’avançant vers moi. Il joue à quoi au juste là ? « Ferme la. » Ma voix sonne comme un avertissement et j’entends à peine les remarques de Ian et de son paternel, m’avançant à mon tour vers Trey en lui lançant un regard noir. Encore un mot. Un putain de mot de sa part et il s’en prend une. Je bouillonne de rage, ça se voit sur mon visage. J’ai la mâchoire serrée, je laisse un long soupir se faire entendre alors que mes poings tremblent. La voix du rappeur s’élève alors une fois encore. Une fois de trop. C’est alors que le coup part. J’y mets toute ma force, toute ma colère, et mon poing vient s’écraser contre sa mâchoire. S’il veut jouer à ça…

T'es qui pour m'interdir quoi qu'ce soit ?!

Ce mec se prenait pour le roi et on était ses fidèles petits sujets ? T'es mal tombé grand, tu devrais l'avoir compris depuis le temps, j'suis ni ton pote, ni ton boy. Tu peux peut être ordonner et contrôler ta femme, ton petit Ian, mais t'arrive même pas à gérer ta fille et t’essaie de me gérer ? Comique. Il le dit en fronçant les sourcils, à croire que je l'ai énervé pépère, qu'il aille se faire enculé.

On s'rait tous parti avec un père comme toi ! Et t'as fait quoi pour la retrouvé, hein big guy ?!

Je m'étais rapproché, on avait pas vraiment de distance entre nous, d'un reniflement j'aurais pu sentir son haleine quand il parlait, mais j'avoue que ça me passait au dessus. T'as Bob Lennon qui prit la parole aussi, va savoir pour quoi, il avait pas vu que les Alphas étaient en train de parler là ? J'avais compris que son fils était une brelle, mais le père avait du mal à comprendre la vie aussi ? La génétique c'était quand même fascinant... D'un mouvement de main, je balayais les totos Lennon sans les regarder et utilisais quelques mots histoire d'être sûr qu'ils avaient compris, avec eux on sait jamais..

Personne t'as d'mandé ton avis le vieux.

Je ne quittais pas Barnett des yeux, Blazing Blaze allait prendre feu et son crâne allait perdre la peau d'une minute à l'autre. Ca faisait plusieurs jours qu'on se gueulait dessus mais on avait jamais utilisé nos poings, c'était le moment de se faire plaisir, j'en avais envie depuis trop longtemps. J'aurais peut être dû frapper le premier, mais je préférais les mots, je savais qu'il avait dû mal avec. Son petit « ferme la » était clair, il ne savait pas quoi dire et allait frappé. Serrant les dents, je pris le poing en pleine gueule et reculais le visage en me secouant, l'enculé. Je m'étais baissé un peu et revenais vers lui en frappant dans son ventre en remontant, si ça pouvait lui couper le souffle un moment. Ca me laissait le temps de lui mettre un coup de tête dans le nez. J'aurais pu prendre mon pistolet en main et lui coller entre les deux yeux, mais ce n'était pas aussi agréable que de lui exploser le nez avec le front. Crachant un peu de sang qui provenait surement de l'intérieur de ma joue, je m'essuyais la bouche et écartais les bras.

C'est tout ?!

J'étais prêt à esquiver la prochaine qui arriverait, j'étais presque sûr qu'elle ne serait pas contrôlé et viendrais plus par rage que par logique. Elle viendrait donc de la gauche, ce con étant droitier. Pd va.

La température était monté d'un cran, une forte tension, qui me rappelait mon passé, nous étions face à deux alphas qui avaient chacun quelque chose à prouver à l'autre, les fois où je m'étais retrouvé dans pareilles situations, alors les protagonistes étaient bien souvent saoule. Sauf que cette fois, la tension n'était pas due à l'alcool, aux bruits, a des mots déplacer... Non, il y avait la fatigue, la faim, les gens perdus, le stress, la peur aussi. Autant d’éléments qui rendaient cette future confrontation explosive. Kendale, de son ancien statut de leader semblait encore diriger, Trey, qui n'a jamais franchement été un suiveur ne voulait plus écouter, des mots, des mots... la colère, la haine presque, car même si les deux hommes ne semblaient pas se haïr avant tout ça, vivre dans un endroit aussi restreint ne leur réussissait pas et bien que chacun avait tenté tour à tour de mettre de l'eau dans son vin, de mesurer leurs paroles, le point de non-retour avait été franchi lorsque Trey avait directement défié kendale. L'attaquant non pas physiquement, mais l'attaquant sur ce qui lui ferait vraiment mal. sa femme, sa fille.

J'étais pour ma part assez éloigné de tout ça, Caly était collé à moi, dans un murmure alors que les voix s’élevaient, je lui ordonnais de ne pas intervenir, car la connaissant, elle aurait pu vouloir tenter d'apaiser les choses, mais n'importe quelle intervention extérieure ne ferait que compliquer les choses, parfois, il fallait laisser faire, car il n'y avait que quand la taille de la queue avait été mesurer, que les choses se calmaient. Qui aurait la plus grosse? Le père d'Ian en fit les frais, étant rapidement remis a sa place par Trey, faisant comprendre à tout le monde que maintenant c'était entre eux.

Alors qu'ils se faisaient face, je pris l'initiative d'approcher lentement, puis ce qui devait arriver, arriva. Le pompier porta le premier coup, encaisser de plein fouet par le rappeur, tous semblaient sous le choc, trop secouer par ce qui arrivait, puis Trey répondit avec la même rage, un uppercut au ventre, suivit d'un coup de tête assez traite, qui n'avait rien de fair play, mais dans ce type de combat, tous les coups son permit... Barnett fut secouer et c'est à ce moment que je compris qu'il fallait que j'intervienne, quand le contrôle se perd, car qu'importe qui prendrait le dessus maintenant, les prochaines attaques ne seraient plus portées pour faire mal, mais pour en finir.

Kendale fonçait droit sur Trey qui l'attendait sagement pour lui repondre, d'un mouvement rapide, sans retenu j’écartais de tout mon poid Trey qui ne m'avait pas vu arriver, n'aillant maintenant que Kendale dans son champ de vision, ma pousser avait été brutal, sans ménagement, fallait qu'il comprenne qu'il avait été trop loin et que c'était le moment de la fermer. J'pense pas qu'il m'en voudrait et honnêtement, c'était le cadet de mes soucis. J'avais pas fait gaff a la trajectoire de sa chute, mais j'étais sur qu'il irait bien. Moi je ne regardais que les yeux rouge de Kendale qui chargeait comme un buffle, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le pompier se retrouvait au plaqué sol, le poids de mon corps sur lui, mon regard plongé dans le sien, afin qu'il comprenne que je n'étais pas son ennemi, qu'il retrouve son calme. Cette situation, bien qu'assez fataliste, me rappelait mon passer de videur. "Bordel London, calme ton frère!" Il était pas le plus énerver dans cette pièce, mais c'était plutôt une manière de leurs faire comprendre qu'il était temps qu'il change d'air le temps que le pompier ce ressaisisse. "Et toi Kendale, soit moins con, putain, tombe dans dans son petit jeu." Emerson était réapparue afin qu'il puisse la voir, ce qui je l’espérais, aiderait a le calmer. J'étais sur que les choses s'apaiseraient par la suite, les deux ne seraient jamais copains, mais je doutais qu'ils ce recogne dessus...