Assise seule dans ce canapé plein de poussières, sa main sale plongée dans cette boîte de conserve de cocktail de fruits sûrement périmée depuis quelques mois, voire plus, elle pensait, Alexa. Elle pensait à sa mère, à son ancienne école, à ses camarades de classe et à sa correspondante. Elle pensait à son ancienne vie et à toutes ces choses qui lui manquaient à présent mais que quelques années plus tôt, elle détestait plus que tout. Elle détestait sa vie actuelle, comme probablement tous ceux qui étaient encore vivants dans tout ce merdier. Ces monstres la répugnaient, ces humains qu’on pouvait maintenant appeler des monstres la terrifiaient. À ses yeux, le monde était pourri, détruit, complètement mort et ça, pour toujours. Certains pouvaient penser qu’un remède serait possible à trouver, que tout pourrait revenir comme avant mais elle n’y croyait guère. C’était tout simplement impossible et elle se devait d’essayer de vivre malgré tous ces obstacles qu’il y avait sur sa route.

Après avoir mangé le faible contenu de cette stupide boîte de conserves vieille d’un foutu siècle, elle l’a jetée dans un coin de la pièce avant de se lever et d’essuyer ses mains humides et collantes sur son jean bleu foncé. Ce jour-là, elle savait très exactement ce qu’elle allait faire comme tous les jours de ces derniers mois, elle allait chercher de la nourriture, des vivres qui lui rempliraient suffisamment le ventre pour l’empêcher de crever de faim. Une bonne partie de tous les quartiers de Seattle avaient déjà été fouillés, ces maisons-là étaient donc vides de toutes choses utiles. C’est pour ça qu’Alexa, ces derniers temps, s’était installée dans la partie Nord de la ville près de ces quelques maisons qui semblaient encore intactes. Toutes celles qu’elle avait fouillées jusqu’à présent dans cette zone avaient donné des résultats plutôt concluants, elle n’avait rien trouvé de vraiment fou à part quelques conserves, des aliments périmés et quelques petites bouteilles d’eau… Elle ne se plaignait pas, c’était toujours mieux que rien.

Son sac sur le dos, c’est aux alentours de deux heures de l’après-midi qu’elle a quitté ce logement qu’elle a occupé durant deux longues nuits pour aller chercher des vivres. Sur ses gardes, en train de marcher, elle surveillait toujours les alentours et se retournait très souvent pour regarder si personne ne la suivait, humains ou monstres. Les environs étaient plutôt calmes, on n’entendait rien à part les oiseaux qui chantaient. L’été était bien là !

Après être passée devant deux maisons dont elle s’était déjà occupée, Alexa est entrée dans une autre qu’elle n’avait pas encore eu le temps de fouiller. Son couteau dans la main, elle marchait silencieusement dans cette maison calme et bordélique, on pouvait encore trouver des fringues, des affaires que les anciens propriétaires avaient probablement fait tomber par panique lorsqu’ils ont fui. C’était silencieux, c’était calme, c’était vide… et c’est pour cette raison qu’elle a baissé ses gardes et qu’elle s’est mise à librement errer dans cette maison qui n’était pas la sienne, à la recherche de vivres, de vêtements, de choses qui pourraient lui être utiles.

30 Juillet 2017.

Les choses s'étaient calmées depuis un mois, mais tout restait fragile. Et surtout les réserves du groupe, certes ils les géraient au mieux, ils avaient réussit à avoir sous leur joug un autre petit groupe de survivants, mais cela n'empêchait le fait qu'ils devaient tous manger un peu.
Morgan était donc partie ce matin là, prévenant l'aîné et le groupe la veille. Ça faisait un moment qu'elle n'avait pas été faire un tour dans les quartiers nord de la ville. Peut-être qu'elle envisagerait de passer par Ballard et d'aller jeter un coup d'oeil dans l'ancienne maison de ses parents. Y repenser lui fit un drôle d'effet, elle se souvenait d'eux, elle avait une photo usée d'eux dans sa chambre du phare. Elle inspira, elle ne pouvait se permettre d'être nostalgique et encore moins mélancolique.

C'est donc ce matin qu'elle partie dès les premières lueurs du soleil, elle était prête, connaissait bien le milieu extérieur et parfois même se sentait plus habiles dans cet état sauvage que ceux avec qui elle vivait. D'ailleurs être la seule femme d'un groupe était à la fois plaisant, car la gente masculine apporte une part de sécurité mais d'un autre côté elle trouvait ça agaçant. Il est vrai que de base la jeune femme n'avait pas vraiment d'amis femmes mais là, cottoyer tous les jours et tout le temps les même personnes était pesant par moment. Alors elle profiterait pleinement de cette sortie pour souffler et se ressourcer. Etre seule faisait du bien, et voir les premiers rayons du soleil était encore plus plaisant. Parfois il lui arrivait d'avoir de nouveau espoir un avenir, mais bien souvent ça retombait vite. De plus dernièrement elle avait l'impression qu'il fallait se faire encore plus discret, elle avait l'étrange sensation que des choses avaient bougé dans le centre et Morgan devrait aussi refaire le deuil de son bar sûrement. Même si elle n'y était pas retournée depuis bon nombre de mois, il faisait partie d'elle, de ce qu'elle avait été.
Mais là n'était pas la question, aujourd'hui ils crevaient la dalle. Et le champ de patate ne donnait pas grand chose, Beverly leur poule ne pondait pas assez pour tout le monde. Et même si le latino et l'autre tapette à frisette comptaient la réserve, ça faisait toujours peine à voir. Bille en tête elle marchait et se stoppa vers Ballard pour aller jeter un coup d'oeil dans l'ancienne maison de famille.

Morgan avait fini par se faire une raison, elle n'en savait rien mais quelque chose, une sorte de pressentiment, le lui murmurait. Ses parents n'étaient plus. Et sa seule famille était celle du phare, elle avait eu de la chance de retrouver ses deux aînés.
Se retrouvant devant la maison de la famille Cole, elle inspira à fond avant de soupirer et prendre son courage pour aller pousser la porte. C'était poussiéreux, tout était encore plus ou moins bien rangé, il y avait un calme impressionnant. Elle sortie son couteau et fit le tour de la maison, avant de se stopper devant une photo de famille, sa gorge se serra et la demoiselle la prit et la fourra dans son sac avant de chercher des vivres... En vain, les placards étaient vides, alors elle alla vers le salon et chercha dans les recoins la clé du buffet et la trouva, elle se dirigea vers ce dernier, mais une fois de plus, le cadenas avait été forcé et il ne restait rien. Elle soupira, et déglutit pour ne pas laisser les émotions prendre le dessus. Rester aux aguets. Elle finit par aller au sous sol et dégota quelques conserve périmé mais on s'en foutait bien actuellement et puis ça ferait de quoi se mettre sous la dent : des raviolis en boîtes et... Oh de la pâté pour chien. Mh tant qu'à faire !

Rapidement, elle remonta et sortie par le jardin. Elle mettait de côté ses souvenirs, ses sentiments et s'en alla la gorge serrée et la respiration cependant lourde. Elle n'aurait pas du revenir. Ça avait été une mauvaise idée mais au moins dans son sac elle avait de quoi nourrir un peu le groupe. Elle continua sa marche allant où ses pieds la dirigeaient. Mais elle évitait le centre. Son instinct lui hurlait de ne pas y aller pour le moment, alors elle suivait son instinct.
Passant par les jardins, évitant les grandes artères, elle observait autour d'elle, tuant des Adams, si elle en croisait et chance elle n'en croisa qu'une petite poignet durant son trajet. Quatre maximum, les autres elles évitait. Parvenant dans le quartier de Northgate, elle eut un nouveau sentiment de mélancolie. Ça n'était pas vraiment agréable, elle se souvenait qu'un peu plus au Nord elle avait retrouvé Zack et que tous deux avaient échangé des coups avant de se rendre compte de qui était l'un et qui était l'autre. La meilleure chose qu'il lui soit arrivée depuis bien longtemps.

Marchant, escaladant elle finit par arriver dans un jardin et regarda autour d'elle, la maison paraissait e bon état et surtout inoccupée. Alors ni une ni deux la rousse se dépêcha de remonter et de venir forcer la porte de la cave, elle ferait du bruit, elle en était sûre. Le jardin était protégé donc ça irait, elle aurait juste à sortir la lampe torche, l'allumer et vérifier chaque pallier de la maison. Entrant en faisant hélas du bruit, elle balaya de lumière la pièce. Une cave, un atelier, des outils de jardinage, elle haussa les épaules et prit un sécateur. Ça peut toujours servir, puis elle avança, une odeur de moisi et de pourri émanait d'un endroit et la jeune femme le pénétra avant de découvrir un vieux congélateur entre ouvert. Ça puait, ça donnait la nausée. Elle recula et décida de monter au rez-de-chaussée. Elle ouvrit la porte et gardait dans une main la lampe et dans l'autre son couteau de cuisine japonais. Arrivant dans un couloir, elle marcha en silence, longeant l'un des murs.
Découvrant les lieux elle vit une ombre bouger, son palpitant frappa dans sa cage thoracique, et la femme serra les dents. Elle n'était pas seule, ça c'était la merde.
Elle avança à couvert vers l'ombre avant de darder rapidement sa lumière vers la silhouette pour l'éblouir et discerner de quoi il s'agissait. Petite forme maigrelette, c'était quoi ce délire ?!