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Re: Felix Felicis

Ven 23 Juin 2017 - 11:36

Et pourquoi ça craint ? Est-ce que c’est par rapport à ton ex, ou… ?

Cheyenne se fige et lève les yeux vers son comparse, le toisant froidement. D'où mentionnait-il Lawrence, celui-là ? Et surtout comment était-il au courant ? Ce n'était clairement pas une information que la garagiste laissait filtré aisément.. Quelqu'un avait forcément baver l'info. Elle plisse les yeux avec méfiance, qu'est-ce qui la gêne le plus , que Rowen sache pour son ex-compagnon bouffer par les rôdeurs ou bien qu'il s'intéresse à son cas ? Réelle compassion où curiosité mal placé ? Cheyenne ne saurait dire ce qui lui déplaît le plus, car elle la pitié, elle lui chie allègrement dessus.

« T'as l'air vachement bien informé dis-donc. »

…Ou autre chose que je ne sais pas

Se contente t-elle de grincer avec subtilité. Pourtant l'indienne ne s'offusque pas outre mesure, sans doute à cause de ces grands yeux bleus de chiot énamouré qui la fixe avec une gêne toute particulière. Il ferait presque de  l'ombre à Viandox, avec cette mignonnitude. Et dire que ce truc allait être papa... merde alors. Le monde tournait vraiment pas rond. 

« Au début ouais, ça coinçait avec mon... deuil. Maintenant c'est plus le cas... le soucis est ailleurs, je crois que je me fais pas à l'idée de kiffer les filles. Déjà c'est pas une question que je me poser durant ma vie, tu vois ? Merde, j'ai presque quarante piges Rowen... Je sais pas, l'idée me plaît pas. »

La sombre femme soupir, arrachant la cigarette à ses lèvres pour cracher un épais nuage de fumée. Lentement elle secoue la tête, fixant les voitures qui s'étalent devant leur yeux, les couinements de Viandox en fond sonore qui cherche encore l'attention de Rowen.

« Et toi alors ? Papa, hein ? Moi qui te croyais couille-molle... Je me dis que tu dois avoir des boules en acier pour avoir le culot de procréer dans un monde bouffé par la mort. »


Le tacle verbale est à peine dissimulé alors que l'indienne glisse vers Rowen un regard en biais. Au moins le bon côté des choses avec Roza, c'est qu'il y avait aucun risque de finir avec un chiard sur les bras. Non, la russe serait plus tenter de lui ramener un rôdeur comme chien de compagnie, mais certainement pas un gamin. Pas de verge, pas de marmot. Finalement, y avait un bon côté à préférer lécher des vulves.

« M'enfin, j vais pas non plus te faire la moral, c'est ta vie, c'est toi qui vois... Et c'est pas comme si c'était facile de mettre la main sur des contraceptifs. »

Non sans un sourire taquin au coin des lèvres, Cheyenne met un coup de coude à Rowen, penchant la tête sur le côté avant de ricaner bêtement, lâchant une blague de mauvais goût.

« Allez tire pas la gueule, au pire ton chiard il servira d’appât contre les rampants ! Y a une utilité à tout dans ce monde de merde. »

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Re: Felix Felicis

Sam 24 Juin 2017 - 1:30

Cillant à peine, il soutint son regard froid. Pas par défi, mais parce qu’il s’était promis de dénouer quelques-uns de ses nœuds et c’était exactement ce qu’il allait faire. Elle lui avait signalé plus tôt, qu’elle « n’était pas un monstre » alors effectivement, Rowen allait arrêter de la craindre comme tel. L’indienne était une personne, comme lui, et il ne risquait pas grand-chose de plus qu’une droite bien placée à priori. Ce serait peu cher payé pour avoir tenté d’éclaircir les ombres qui l’étouffaient. Ça avait l’air de fonctionner : en tout cas, Cheyenne se confiait un peu. L’idée d’aimer les filles ne lui plaisait pas. L’illustrateur comprenait là où elle voulait en venir, en toute objectivité, mais ne risqua pas à plus qu’un « hum-hum » pour l’instant.

Il chassa négligemment le nuage de fumée tandis que son interlocutrice sautait sur l’occasion pour changer de sujet. Lui. Aucune subtilité dans sa qualification de « couille molle » et d’ailleurs : l’artiste commençait à réaliser que si on associait la garagiste à une chimère colérique, nombreux étaient ceux qui le prenait pour un incapable. Chacun son étiquette. Il ne s’en offusquait pas, car il était loin de penser que la valeur d’une personne se jugeait sur sa capacité à cogner sur les autres, même à une époque comme celle qu’ils traversaient. Rowen n’avait rien à prouver : il avait survécu un an dehors pendant que la plupart des gens du lycée n’avaient jamais connu que la sécurité – relative – des quatre murs. Il n’allait pas s’en vanter pour autant, il n’y avait aucune fierté à tirer de ce qu’il avait fait, seulement une reconnaissance éternelle adressée aux Dieux.

- Papa, oui, confirma-t-il simplement avec un léger sourire.

Ce n’était évidemment pas facile de perpétuer l’utilisation des contraceptifs, mais est-ce que c’était vraiment la raison ? Est-ce qu’il n’y avait pas toujours pensé au fond ? Du moins, depuis que lui et Rosaleen étaient ensemble ; qu’il accepterait cette éventualité si elle se présentait. Bousculé par le coup de coude de Cheyenne, l’illustrateur se frotta machinalement le bras sans oser rire à sa mauvaise plaisanterie. Ses lèvres s’étirèrent simplement, par réflexe, avant qu’il ne réponde :

- Tout le monde peut servir d’appât pour les possédés ; mais les enfants, ils nous rappellent que notre Vie n’est pas fini.

Car les divinités n’insufflaient pas de leur essence dans des miracles voués à l’échec. L’espèce humaine avait sa chance, elle n’était pas destinée à s’éteindre. Si seulement plus de gens voyaient les choses comme Rowen, ils comprendraient que voir les grossesses comme des menaces et les bébés comme des fardeaux était une énorme erreur. Quand bien même une femme mourrait en couche, est-ce que ce n’était pas une plus belle fin qu’une maladie ou qu’une morsure ? Certes, la bonne réponse était que l’idéal restait que personne ne meurt. Il ne le démentirait pas et ne souhaitait en aucun cas le décès de la galloise au nom de la reproduction. Néanmoins aujourd’hui, le risquait était partout. Dissimilé dans chaque seconde.

- Mais ce n’est pas moi le sujet, replaça l’artiste, on devait parler de ce qui te tracasse. Roza, précisa-t-il pour reprendre le sujet, tu dis que tu n’es pas faite à l’idée d’aimer les femmes. Est-ce que tu as déjà décortiqué pourquoi ? C’était souvent le problème : les réponses vraies aux « pourquois » intérieurs, est-ce que c’est lié à ton éducation ? Est-ce que c’est parce que tu redoutes le regard des autres ? Je veux dire… factuellement, il cherchait les yeux de Cheyenne pour s’y connecter, il n’y a rien de concret qui t’empêcher d’aimer Roza. Alors… « pourquoi » ? Tu dis que tu ne sais pas mais en fait… c’est le genre de chose que l’on sait mais qu’on a juste du mal à admettre.

Sa voix restait calme, égale, douce. Son but n’était pas de la moraliser et pourtant, il craignait déjà de se heurter à un mur de glace. C’était pourtant la vérité. Très souvent, on s’inventait nos propres problèmes - ou on les nourrissait -, car on se voyait tel qu’on voudrait être et pas tel qu’on était réellement. L’indienne était en conflit avec sa conscience parce qu’elle se voudrait strictement hétérosexuelle. Mais en vrai, ce n’était qu’une illusion. Son âge n’était pas une excuse. Se faire à l’idée c’était pas une excuse. Le fait de ne jamais s’être posé la question n’était pas une excuse. Ôter les voiles factices et chercher les réponses sincères, c’était le premier pas pour s’émanciper de ce qui nous rongeait de l’intérieur.
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Re: Felix Felicis

Lun 26 Juin 2017 - 13:37

Tout le monde peut servir d’appât pour les possédés ; mais les enfants, ils nous rappellent que notre Vie n’est pas fini.

« Si on peut appeler ça une vie. »

Rétorque Cheyenne froidement et surtout avec agacement. Sans doute trop pessimiste, elle avait du mal à croire que cette vie à présent, pouvait combler qui que ce soit, peu importe la manière. Elle chier littéralement sur les bottes de ces crétins qui croyaient en la paix, qui vénéraient le soleil et qui se satisfaisaient du chant des oiseaux.

Mais ce n’est pas moi le sujet, on devait parler de ce qui te tracasse. Roza, tu dis que tu n’es pas faite à l’idée d’aimer les femmes. Est-ce que tu as déjà décortiqué pourquoi ?

Cheyenne se fige, avale sa salive avec difficulté. Rowen venait de la surprendre et pas qu'un peu. Elle pince les lèvres dans une moue d'anxiété avant de secouer sa crinière brune et souffler.

« Pour être honnête ? Je me suis pas poser cette question non plus. »

Au moins, elle l'admet. L'Indienne ne s'était pas focalisé sur le pourquoi du comment et bien qu'elle pouvait se montrer pragmatique dans certains de ses choix, de ses actes et de ses pensées, la psychologie n'était clairement pas son fort. Alors, pourquoi ? En voilà une bonne raison. Plaquant ses mains sur le véhicule, elle pousse d'un coup, soulève son corps pour pouvoir s’asseoir sur le capot sur lequel elle prend ses aises, observant toujours plus l'horizon face à eux. Pourquoi... ? Pourquoi....

Est-ce que c’est lié à ton éducation ? Est-ce que c’est parce que tu redoutes le regard des autres ? Je veux dire… factuellement il n’y a rien de concret qui t’empêcher d’aimer Roza. Alors… « pourquoi » ? Tu dis que tu ne sais pas mais en fait… c’est le genre de chose que l’on sait mais qu’on a juste du mal à admettre.

Dans une nouvelle inspiration, la cigarette rougit, se réduit et libère sa cendre au gré du vent. Cheyenne se retourne le cerveau, se remet en question et finalement, le pourquoi finit par venir de lui-même. Dans un souffle, la voix presque éteinte, elle murmure en fixant le ciel avec un regard vide.

« Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais été très accro au sexe... Je n'ai eu que quelques amants oui mais jamais rien concret. Et la première et unique fois où je suis tombée amoureuse c'était en pleine apocalypse. »
Elle hausse les épaules. « Je me suis jamais posé la question parce qu'en réalité ce n'était pas un truc qui m'attirait foncièrement. Je vois pas ça comme un sujet tabou, c'est juste que... ça me semble secondaire, tu vois ? Perso ma mère m'a conçu à l'arrière d'une fourgonnette avec un inconnu alors qu'elle était ivre morte et défoncée à la marijuana... »

Cheyenne lâche un rire amusé. Elle secoue doucement la tête, écartant les cuisses pour venir chasser de sa main libre, les cendres tombées sur le capot du véhicule. Elle semblait s'adoucir au fur et à mesure de ses mots, c'était la première fois qu'elle discutait ainsi, aussi librement.

« En fait je crois pas que ce soit le fait d'aimer les filles qui me gêne... je crois que c'est le fait d'aimer tout court. C'est un peu con mais... Fille ou garçon je crois que ça m'importe peu au final... Et le fait que je sois si difficile c'est parce que m'identifie pas spécialement à l'identité sexuelle des autres... Je crois que ce que j'aime chez Roza c'est... Qui elle est. C'est son esprit, c'est son cœur... J'aimais Lawrence pour les mêmes raisons. C'était un homme profond, intelligent et bon. C'est comme Roza, tous les deux arrivent à voir bien plus loin que cette carcasse qui me sert de gueule, ils voient au-delà de ma dégaine, écoutent au-delà de mes mots. Je suis une connasse, on ne va pas se mentir, hein... Mais malgré tout ils sont resté. Lawrence s'est sacrifié pour moi, Roza continue de me sourire. Et son sourire, merde, ça vaut de l'or dans un monde aussi froid et morne, tu sais... »

Un frêle sourire vient furtivement ourler les lèvres de l'Indienne. Elle pose un regard en biais sur Rowen, lui assénant un doux coup de coude qui se veut amical, fraternel et murmure en se penchant vers lui.

« Tu sais que tu n'es pas mauvais comme confident ? Et j'suis pas d'accord avec toi, y a pas de raison qu'on parle que de moi. J'suis pas le centre de l'univers... Si tu as besoin de causer, fais-le. Faut bien que je serve à quelque chose aussi, non ?»
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Re: Felix Felicis

Lun 26 Juin 2017 - 14:17

Enfin, elle parlait. Rowen la regardait, sans un mot, captivé par ce que l’indienne réussissait à sortir. C’était la première fois qu’il la voyait se livrer ainsi, offrir autre chose que son masque dur et ses répliques acerbes. Le jeu en valait la chandelle, sans aucun doute, parce qu’il y avait quelque chose de vraiment beau dans ce tableau. L’envers de la pièce. Plus fragile, plus humain. Les nœuds se faisaient si facilement, parce qu’on était comme programmés pour ça. S’agripper aux émotions, aux souvenirs, aux faits, aux interrogations, jusqu’à se rendre malade. L’illustrateur était persuadé qu’il y avait une porte de sortie à ce cercle vicieux, encore faudrait-il qu’il puisse faire Cheyenne l’emprunter.

Il n’avait pas ri à propos de l’histoire de sa mère. Au contraire, une petite moue désolée avait emprunté son visage alors qu’il détournait pudiquement ses yeux bleus. Le chien leva immédiatement la tête vers lui, espérant que ce soit pour recommencer à le caresser. Pas cette fois. L’artiste était trop occupé à écouter, à sentir résonner dans sa poitrine ce qui émanait de son aînée. La voir sourire était déjà une extraordinaire récompense. Ses lèvres se tendirent à leur tour alors qu’il encaissait le nouveau coup de coude. Amical. Fraternel.

- Je te remercie, j’avoue que je préfère quand même ça à me faire frapper. Et bien sûr, acquiesça-t-il, je le ferai. Justement…, Rowen marqua une pause pour chercher ses mots, je comprends vraiment ce que tu veux dire. Sincèrement. Hum… alors, ce n’est pas exactement pareil, mais tu vois : avant, Rosaleen était ma meilleure amie. J’étais amoureux d’elle depuis le début mais ça m’allait bien comme ça parce que… je me sentais un peu en décalage avec ce qui est sexuel ou romantique. Ce n’était pas une question de tabou non plus et les croyances de ma famille ne condamnent pas les relations charnelles, au contraire. C’était juste… j’avais l’impression que c'était pas mon meilleur côté, je risquerai de tout rater, de ne mas m’identifier à ce qu’elle attendait. C’était plus simple de rester son ami, il laissa filer un blanc pour étirer son dos, mais en fin de compte… pourquoi aimer quelqu’un devrait forcément comporter des risques ? Je veux dire… ces prétendus « risques », ce sont des illusions. On les imagine et c’est parce qu’on les imagine qu’ils existent et qu’ils nous font du mal. C’est encore plus flagrant dans ton cas, un mince sourire revint tirer un coin de ses lèvres, pourquoi être amoureuse devrait te faire te sentir mal ? Tu m’as expliqué pourquoi, ajouta l’illustrateur avant qu’elle ne se répète, mais cette image que tu as de toi, elle n’existe que pour toi, tu vois ? Si tu arrives à la dépasser, tu percevras les choses différemment.

Il fronça légèrement les sourcils, pas certain qu’elle le suive encore. C’était une notion à mi-chemin entre philosophie et psychologie, pourtant, elle fonctionnait. L’artiste en était convaincu en tout cas. Si Cheyenne n’arrivait pas à s’identifier à l’identité sexuelle des autres, c’était parce qu’elle se sentait différente ; et pourquoi se sentait-elle différente ? Parce qu’elle cherchait en elle le reflet des autres. Mais on n’est pas les autres. On est soi-même. Cette frustration était l’un des paradoxes les plus profonds de l’humain : vouloir être à la fois semblable et unique. Rowen aurait eu tellement de chose à dire sur le sujet pour faire comprendre son mode de penser à la garagiste, mais ce n’était qu’une première confidence, il devait prendre son temps.

- C’est beau, la manière avec laquelle tu parles de Roza. Tu devrais te concentrer là-dessus et laisser ce sentiment-là te guider. Il n’y a pas de limite de temps ni d’obligation. L’Amour sait toujours quoi faire.

C’était… fort, et un peu kitch, comme image ; néanmoins, c’était la plus simple des vérités. L’amour – le vrai – n’était jamais mauvais, ni nuisible, ni corrosif. La tatoueuse était forte mais dans un monde comme celui qu’avait décrit l’indienne, elle aura bien besoin qu’une personne admire à ce point son sourire. Car si elle n’avait plus personne à qui sourire, à quoi bon ? Le temps ferait le reste. Dans un sens et dans l’autre.
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Re: Felix Felicis

Dim 9 Juil 2017 - 17:30

La relation décrite par Rowen avait quelque chose de pure. Comme lui, comme ce qui émanait de son être et de son cœur. Si la naïveté et la bonté excessive avaient de quoi lui donner la nausée, chez Rowen cette sensation avait quelque chose... d'apaisant. Cheyenne garde le silence, continue d'observer son comparse et écoute son histoire. N'avait-elle pas promis de l'écouter à son tour ? Elle avait toujours vu le jeune homme comme quelqu'un de faible par sa gentillesse mais finalement, il avait une sacrée force en lui : celle d'accepter ses sentiments, de vivre avec pleinement. Ce qui n'était clairement pas le cas de l'Indienne, c'était une certitude.

« Je connais pas Rosaleen mais... je crois sincèrement qu'elle a de la chance de t'avoir. »


Un compliment ? C'était rare dans la bouche de Cheyenne. Et c'était d'autant plus rare que le compliment était sincère. Lentement elle porte sa cigarette à sa bouche, inspire longuement dessus te pivote le visage pour cracher sa fumée loin de Rowen.

« Je crois que mon problème ce n'est pas tant l'image que j'ai de moi... C'est plutôt l'inquiétude de l'avenir. Quand j'ai vu Lawrence se faire déchiqueter par les rampants, ça a été la pire journée de ma vie... J'adore Roza, trop même... Mais mon réel problème c'est qu'elle se fout en danger. Chaque fois que je la vois, y a un truc qui va pas... Elle sort trop, elle cogne trop, se fait trop cogner en retour. Elle va finir par y laisser sa couenne. »


Cheyenne lâche un grognement mécontent alors que son regard se baisse et qu'elle tapote son tube de nicotine pour laisser tomber sa cendre sur le goudron. Est-ce qu'au moins Roza voyait le mal qu'elle se faisait ? Ou celui qu'elle faisait à son entourage en se mettant ainsi en danger, Cheyenne aussi était tête brûlée mais toujours avec une forme de recul. Elle n'avait pas survécu grâce à la chance mais bien parce qu'elle est resté prudente. Et sans doute aussi parce qu'elle avait le réflexe de cogner avant de se faire cogner. Alors quand Rowen complimente ses mots pour Roza, l'Indienne lâche un rire bref, nerveux. Elle n'avait jamais été doué avec les mots, avec les gens. Le romantisme n'était pas son truc, les belles paroles et les poèmes elle leur pissait dessus sans leur essayer de faire qu'il pleut.

« Faut croire qu'y a un début à tout... Je dis juste les choses comme je le pense. Roza est unique. Comme tous ces pécores qui traînent, en fait. » Son regard se perd à l'horizon dans un froncement de sourcil. « Je sais que je suis froide, que je suis détaché mais... ça veut pas dire que je vois pas ce qui se passe sous mon nez. Je n'ai rien contre les gens... C'est juste que j'arrive pas à nous imaginer un avenir dans un monde détruit. Alors l'amour ? C'est beau un moment, jusqu'à ce qu'un coup de chicot de rampant vienne tout foutre en l'air. »

La garagiste soupir et jette sa cigarette au sol avant de se laisser glisser du capot et d'écraser son mégot du bout de sa botte avec nonchalance. Elle se penche, offrant une caresse à son chien qui se presse contre ses jambes puis lâche à nouveau, le ton morne.

« On vit dans un monde de merde Rowen... On finira tous par y laisser notre peau. La seule chose qui nous différencie c'est combien de temps on mettra à crever. Roza est coriace c'est vrai, mais à continuer de jouer les kamikaze, je donne pas cher de sa peau. Et rien que pour ça tu vois... ça me donne encore moins envie de me jeter dans ses bras. »

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Re: Felix Felicis

Lun 10 Juil 2017 - 12:18

Le cœur du problème, ils y arrivaient peu à peu. La peur de perdre l’autre, de voir que Roza ne revenait pas. C’était vrai qu’elle avait tendance à se mettre en danger, il l’avait compris dès qu’Eli lui avait raconté leur rencontre avec les nazis. La jeune femme était du genre à jouer les héros, à prendre les coups pour les autres. C’était louable, c’était un jeu à double-tranchant aussi. Rowen comprenait ce que ressentait Cheyenne et en même temps… il n’arrivait toujours pas à y adhérer. Une fois encore, tout n’était qu’une question de perspective et puisqu’il avait réussi à engager une conversation à double sens, il osa rétorquer avec douceur :

- C’est vrai, on va tous mourir, mais… en quoi c’est différent d’avant ? Ce qui a changé, c’est notre longévité, oui. Mais en quoi ça devrait rendre le reste moins beau ? Je veux dire… partant de ton point de vue, tu préfères rester à ne rien faire que ce soit ton heure ? Est-ce que ce serait pas mieux de profiter de tout ce que la vie peut encore t’offrir ?

Parce que oui, ils étaient en vie. Le reste : exister dans la morosité ou essayer de s’épanouir, c’était un choix. Il pouvait patienter dans l’antichambre de la mort en se refusant quelques plaisirs, mais ça revenait alors à s’éteindre avant que son cœur ne s’arrête. L’illustrateur avait avoué ses sentiments à Rosaleen pour cette raison, parce qu’ils ne savaient pas s’il leur restait deux heures, deux jours ou deux ans. Et quelle que soit la réponse, il préférait passer ce temps-là libéré de son secret plutôt que de l’emporter avec lui.

- Peut-être qu’elle partira en premier, peut-être que ce sera toi. Et même si c’était elle… ne crois pas que sa mort te fera moins mal. Ce ne sera pas facile, et tu te diras sans doute que « si tu avais su… ».

Il savait qu’il n’allait pas la convaincre en quelques minutes. Ce n’était pas le but d’ailleurs, simplement de lui montrer que le monde n’était pas tout noir – tout comme il n’était pas tout blanc. En fait, il était décoloré. C’était notre regard qui le peignait et les teintes qu’on voyait étaient celles qu’on avait envie de voir. A son tour, il caressa le crâne du chien ravi qu’on lui porte à nouveau de l’attention. Rowen se décala légèrement du capot sur lequel il s’appuyait, l’air de dire qu’il était prêt à partir si son aînée souhaitait mettre fin à cette conversation.

- Au final… on choisit de mourir amer et malheureux ou de mourir avec le sourire… à chacun de nous de voir ce qu’il préfère. Mais je n'insisterai pas, assura-t-il avec un sourire, je n'ai pas été mandaté par Roza pour te pousser dans ses bras, je te rassure.
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