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Breaking point

Sam 1 Oct 2016 - 1:46

Septembre 2015


Jamais encore, elle n'aurait pensé se retrouver dans cette situation. Quand Elisabeth était venu la sortir du bloc pour une urgence familiale, elle avait manqué de hurler sur son ex mari, persuadée qu'il était ivre mort et trouvait encore un prétexte fumeux pour lui pourrir la vie. Sauf que, pour une fois, ce n'était pas exactement ça.
Alors, maintenant qu'elle se retrouvait devant la tombe fraîchement creusée de son beau père, elle devait bien admettre qu'elle se sentait comme la pire des garces.
Silencieuse, elle avait attendu la mise en terre pour venir timidement glisser sa main dans celle de son ex mari, resserrant doucement son étreinte pour lui signifier qu'elle sa présence. Norman malgré son jeune âge avait assisté à la cérémonie, et Rose après avoir laissé le père et le fils ensemble, avait observer toutes les personnes présentes discuter avec l'endeuillé pendant qu'elle déposait l'enfant à l'aéroport. Sa tante le garderait comme convenu, le temps qu'elle revienne à l'appartement. Lara avait prétexté une séance shooting de dernière minute, c'était donc seule avec pour seule arme ses Louboutins et sa jupe crayon noire que Rose se retrouvait désormais à affronter du regard une bande de tête de con qui fût un temps, avaient fumé sur son canapé en refaisant le monde.

C'était fou comme revenir à Phoenix l'avait mise mal à l'aise. De toute la cérémonie, elle avait eu l'impression que Graam et le reste de la bande la fusillaient du regard, mais qu'importait. Elle avait promis de venir pour cette foutue cérémonie funèbre, et il restait moins de 3 heures avant qu'elle ne puisse rentrer à Seattle. Sauf que, il avait fallût qu'elle culpabilise, bien évidemment.
Joey avait bien tenté de lui déconseiller d'approcher Gary, dès l'instant ou l'autre père noël alcoolique serait en train de lui parler, mais qu'importait. Sans même essayer d'entamer la discussion avec Graam, elle s'était contentée de l'ignorer royalement pour attraper son ex mari par le bras et le traîner loin de toute cette bande de dégénérés.

Norman est rentré. Lui fit-elle savoir alors que l'hôpital l'appelait et qu'elle rangeait le smartphone dans sa pochette, essayant de conserver un maximum d'attention à son ex. Tu tiens le coup ?

Pour une fois, elle était compatissante et sincère, alors qu'elle refermait les boutons de son tailleur dans l'espoir d'avoir un peu plus chaud. Il ne manquait plus que la pluie pour que l'ambiance soit morte à faire jouir un nécrophile. Observant un instant le sol, l'espagnole chercha ses mots, avant de rajouter avec hésitations.

J'ai... Posé des congés, à l'hôpital, pour pouvoir venir. Je devais reprendre la route ce soir, mais je me suis dis que tu avais peut-être besoin d'aide pour la paperasse...

Personne ne l'avait aidé à l'enterrement de son propre père. Et si Dean Thompson avait toujours été un homme qui réglait sa vie au millimètre près, et que ses obsèques étaient prêtes à le mettre en terre pas moins d'une minute après l'heure officiellle de son décès, il n'empêchait que Rose avait manqué de se jeter par la fenêtre après les nombreux rendez vous chez le notaire et les crises d'hystérie de sa belle-mère.

Je sais qu'on est plus vraiment en bon terme, et que ton patron complètement barré me traite comme la dernière des catins, mais je tiens à être là pour toi. Je sais que ce n'est pas facile, ce genre de moments.


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Re: Breaking point

Sam 1 Oct 2016 - 2:18

Le vieux était mort. Et ça, Gary s'y était pas vraiment attendu. Parce que dans sa tête, il se traînait sa merde au foie depuis si longtemps qu'il pouvait bien mourir dans trente ans encore que ça serait pas si déconnant au fond. Et il y avait cru, un peu connement, sans se demander une seule fois ce que la mort de son père pourrait lui faire. Parce qu'il avait encore du mal à y croire. Quand on lui avait annoncé la nouvelle, quand il avait du aller l'identifier à la morgue, quand on lui avait parlé pendant des heures de comment aller se passer l'enterrement, de si son père avait une dernière volonté ou pas....

Gary s'était retrouvé complètement comme un con à se demander c'était quoi que ces bêtises. Et si Joey et Graam avaient tout fait pour qu'il réalise, il avait eu un mal fou à mettre tout ça au clair. Son père venait de mourir, et il avait pas lâché une foutue larme depuis. C'était son si tout s'était bloqué à l'intérieur. Et pourtant, dieu comme il avait chialé au départ de Rose. Quand il avait du dire aurevoir à son fils, sans savoir quand il le verrait à nouveau. Comme il avait pu se foutre en colère plusieurs fois à en pleurer comme un gamin sans que ça change quoique ce soit.

Et là, son père était mort. Devant ce trou qui se remplissait de terre, l'homme s'était senti encore plus terriblement bête. Et bien que son ex-femme le tirait à l'écart pour lui dire que Norman venait de rentrer et pour savoir s'il tenait le coup. « Euh, ouais, ouais. » fut bien la seule réponse qu'il était capable d'articuler sur le moment. Il était juste incroyablement paumé sur le moment, incapable de faire grand chose de particulier. Alors bon, elle continuait à lui parler, et lui à l'écouter, mais ses paroles sonnaient comme vides et il était pas foutu de s'expliquer pourquoi.

Gardant le silence il remercia sincèrement Rose de vouloir être là pour lui à ce moment. Il n'eut même pas un regard pour Graam qui lui, de son côté, ne pouvait s'empêcher de regarder dans leur direction. Il se passa une main dans la barbe, en essayant de remettre les pieds sur terre. Il avait tout l'air d'un môme perdu en plein centre commercial, incapable de retrouver sa mère dans une foule de monde. Que pouvait-il dire ? Faire ? Penser ? Il soupira doucement en relevant les yeux.

Il réalisait pas vraiment ce que ça voulait dire. En fait... Du fait qu'il n'ait jamais connu sa mère, et qu'il n'ait toujours eu que son père, ça voulait dire qu'il était aujourd'hui orphelin. Comme Rose, qui disait comprendre ce que ça faisait, tout ça. Il était orphelin, et peut-être qu'au fond ça faisait pas grand chose de différent pour lui. Dans sa tête... ça avait été toujours un peu le cas. Les relations conflictuelles avec son père avaient toujours été difficile, et.... Là, il sentit comme un poids lui tomber sur le cœur. Il pourrait plus jamais parler à ce vieux con.

« Euh Rose... » Souffla-t-il doucement sans être capable de la regarder. Il savait même pas ce qu'il pouvait lui demander. Elle voulait être là pour lui, mais jusqu'où serait-il capable de la supporter sans avoir envie de chialer juste parce qu'elle était là et qu'elle lui manquait et que son fils, Norman, était absent, plutôt que pour la mort de son paternel ? Il se racla la gorge pour se l'éclaircir et demanda : « On doit rester combien de temps normalement, pour... tout ça, là ? »

Oh, il avait pas réussi à cacher la petite faiblesse dans sa voix. Il serra les dents un maximum pour éviter de se montrer plus misérable encore. Parce qu'il avait sacrément l'impression d'être une merde. On pleurait sa famille, non ? On devait la pleurer en tout cas. Et lui en était incapable pour l'instant. Il y arrivait pas, malgré tous les efforts du monde pour ça... « Tu penses qu'on peut partir maintenant ? » Demanda-t-il avec une mine de chiot maltraitée en relevant ses yeux bleus vers elle.


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Re: Breaking point

Sam 1 Oct 2016 - 11:08


Elle s'était attendue à ce qu'il réagisse à peine à ses propos. Elle se serait surtout inquiétée qu'il agisse comme si de rien n'était d'ailleurs. Alors, quand il reprit la parole en demandant combien de temps il devait rester ici encore, la brune ne sut quoi dire, observant le reste de l'attroupement. Le corps était en terre, les derniers adieux avaient été faits... Et elle doutait fortement que Gary ait prévu une soirée chez lui pour un dernier café histoire de remercier les gens venus pour les osbèques.

Je... Je ne sais pas, c'est à toi de décider en fait.

Partir maintenant ? Elle ne put s'empêcher de se mordre la lèvre. Il devait vraiment être mal à l'aise pour demander ça. Oui, on peut partir maintenant. Je te laisse juste prévenir Graam, histoire qu'il ne lance pas tout ses chiens de garde à ma poursuite. Fit-elle remarquer en levant les yeux au ciel, se détournant de lui le temps de répondre à son téléphone qui ne cessait de sonner. Non, elle ne prenait pas de rendez-vous, oui, elle était au courant de maladie cardiovasculaire du patient, et se devait de leur trouver un autre chirurgien, après avoir expliqué l'absence dû à l'enterrement. Au moins, ses patients lui foutèrent la paix alors qu'elle coupait pour de bon l'objet de malheur, allumant une cigarette en attendant que Gary ne revienne vers elle.
Que faisait-on, dans ce genre de circonstances ? Qu'avait-elle fait après l'enterrement de son père ? Elle se rappelait vaguement d'être partie en Espagne pour souffler un peu, mais avait dû rentrer en catastrophe après un appel de sa supérieure. Mais elle avait peut-être une idée.

Viens.

Sans vraiment lui laisser le choix, elle l'avait fait monter dans le premier taxi venu direction le centre ville, pour s'arrêter devant le bar ou elle venait souvent se détendre à la fin de son service à l'hopital. Un petit bar tout simple, d'assez bon goût, tenu par un originaire de Barcelone de ce qu'elle se rappelait. Un petit coin méditerranéen, qui la faisait voyager malgré elle quand elle entendait les discussions espagnoles des immigrés qui connaissaient le bouge. Elle ne s'attendait même pas à ce que le serveur se rappelle d'elle, et pourtant, il était bien là. Avec un grand sourire, il lui avait souhaité un bon retour avant de saluer Gary, pour les installer à l'ancienne table favorite de la chirurgienne. Planquée derrière le bar, cachée de la vue des autres. Parfait.

On va prendre... Un martini, et un whisky sec. Demanda t-elle au jeune afro américain, avant de relever enfin le regard vers son ex mari. On va boire un verre ici, dîner si tu as faim, et demain quand tu aura l'esprit plus clair, on s'occupera du reste, d'accord ? Avec compassion, elle avait posé sa main sur celle de son ex mari, lui offrant un petit sourire avant de sortir une cigarette qu'elle lui tendit, allumant la sienne d'un coup de briquet. Tant pis pour tous ces mois d'insultes en tout genre, et crises aléatoires. Elle n'était pas un monstre, pour le laisser planté là comme un gosse perdu en plein milieu d'une foule d'inconnu. Et puis, il fût un temps ou ils avaient été sincèrement amoureux l'un de l'autre. Ca valait bien une soirée ou elle effacerait toute les disputes qu'ils avaient pu avoir.

Je venais souvent ici après le service, avec le reste des internes. Expliqua t-ellle avec un sourire mélancolique à Gary en buvant une gorgée de son verre. On peut fumer, personne ne vient te chercher de noises. Et si tu veux parler... Personne en viendra commérer ce que tu as à dire.

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Re: Breaking point

Sam 1 Oct 2016 - 12:13

Quand Rose l'avait foutu dans ce taxi, Gary avait senti comme un soulagement. Il avait vaguement prévenu Graam qu'il avait besoin de prendre l'air, qu'ils auraient qu'à se revoir demain, mais là il était pas fichu de vraiment tout comprendre. Graam avait du mal avec tout ça, du mal à voir son protéger en train de lui faire une déprime. Quoiqu'on puisse en dire, son groupe était sa famille et il n'appréciait pas que ses pièces rapportées se cassent la gueule, d'une façon ou d'une autre. Alors oui, il en voulait à Rose, il en voulait au père de Gary, de le faire souffrir de la sorte.

Puis, tout avait été si dur ces derniers temps pour lui. Passé la drogue, l'alcool, tout ça. Le départ de Rose, et maintenant la mort de son père, c'était comme un coup de grâce qu'il était pas capable de soutenir tout de suite. Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était de pas être foutu d'exprimer ses émotions comme il le fallait. Arrivant jusqu'au café que Rose lui conseillait, ils passèrent à côté du barman et elle commanda pour lui. « Nan, pas d'alcool. » Fit-il avec une grimace avant que Rose ne le regarde avec de gros yeux. « J'peux pas. Un grand café. » Demanda-t-il fermement.

Soupirant, il s'installa avec elle, tirant sur le nœud de sa cravate qui l'empêchait de respirer. Parler sans que personne ne vienne commérer. Comme s'il avait l'habitude de ça. Dans son groupe, y'avait la loi du silence alors.... Ouais ; Rose évoluait pas dans le même monde que lui. Dans le sien, les gens parlaient probablement sur le cul des autres et estimer que leurs avis valaient sans doute beaucoup. Et là, Gary fut bien incapable de parler d'une quelconque manière.

Tirant encore sur sa cravate, il tenta de la défaire nerveusement, jusqu'à ce que Rose vienne à son secours pour l'aider à la retirer. Il était en colère ouais. Contre lui surtout. Quand son café arriva, il grogna un remerciement en fixant sa tasse comme si elle allait lui dire quelque chose. Il était même pas sûr d'avoir envie d'être là. Il aurait voulu être chez lui, se foutre dans son canapé ou son jardin, et ne plus entendre parler de toutes ces conneries. Ça lui permettrait de plus se poser de question sur lui-même et ce qui tournait pas rond dans sa tête.

« C'est normal d'pas être foutu de pleurer ? » Demanda-t-il finalement à son ex-femme, comme pour lui demander de faire un miracle. Il avait besoin qu'elle le rassure sur sa capacité à être un petit peu humain. Parce qu'il avait vraiment pas l'impression d'en être un. C'était son père quand même. Son géniteur, qui l'avait engendré, et éduqué pas forcément de la meilleure des manières mais quand même... « J'y arrive pas, Rose. Je devrais, devant Norman, pour lui dire qu'un père, ça compte mais j'y arrive pas. Je comprends pas en fait, vraiment pas... »

C'était dingue, mais il avait la sensation que s'il donnait pas le bon exemple aujourd'hui, c'était ce qui l'attendrait quand il serait mort. Si Norman ne le pleurait pas, qui le ferait ? Ses amis du gang ? C'était même pas le plus important pour lui, mais ça comptait. Son fils, ça comptait plus encore. Alors coincé dans un paradoxe fou, celui de se montrer fort pour lui, et d'être capable de faiblesse pour qu'il sache que c'était pas grave d'être faible, Gary se pinça l'arête du nez en s'agaçant d'être un abruti :

« J'ai l'impression qu'il va m'appeler pour me casser les couilles dans l'heure parce que sa caisse fait le bruit d'un cochon. » confia-t-il avec un sourire con, en relevant les yeux vers Rose. Son portable dans sa poche. Elle allait cinquante milliards de messages quand elle le rallumerait... « Tu devrais rentrer Rose. T'as des gens qui t'attendent. Et Norman a besoin de toi. »


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Re: Breaking point

Sam 1 Oct 2016 - 12:40


Un café.

Il avait fallût attendre une séparation houleuse, pour qu'il se mette au régime sec. Elle n'en fit cependant rien, préférant le laisser faire tandis qu'elle buvait une gorgée de son verre, écoutant ses questions.
Non, ce n'était pas bizarre, de ne pas pleurer. Son père n'avait pas pleuré à la mort de sa mère après tout. Il était resté droit et digne, et avait noyé son chagrin au FBI en se jetant sur toutes les affaires possibles et imaginables qui l'avait fait voyager à travers tout l'Etat.
Il ne comprenait pas. Une main en coupe sous son menton, la brune l'écouta douter de lui même un instant avant de confesser.

J'ai eu un fou rire à l'enterrement de mon père. Le prêtre s'était trompé dans le nom de famille de ma mère, et j'ai dû faire passer ça pour une grosse crise de sanglots au risque de passer pour une folle dangereuse. Pourtant, j'étais triste. Et j'avais un fou rire aux larmes. C'était nerveux, évidemment. Mais chacun vivaient le deuil à sa manière, et Gary ne faisait pas exception à la règle. Tu n'es pas un monstre pour autant. C'est juste ta façon de faire face, c'est humain...

D'autant qu'il entrait déjà dans la phase mélancolique, en ayant l'impression qu'il allait l'appeler. Rose sourit avec douceur, hochant la tête en comprenant la sensation. Elle avait eu le réflexe d'appeler son père chaque matin pendant un bon mois, avant de se faire réellement à l'idée.
Quand il lui avait parlé de l'idée de rentrer, elle l'avait observé sans mot dire. Norman avait besoin de lui. Elle secoua la tête, négative.

Norman n'a pas besoin de moi. Toi, oui. Elle ne put s'empêcher de rire nerveusement en tirant à nouveau sur sa cigarette. L'hôpital sait que je suis injoignable, même si certains internes n'ont pas l'air de saisir le terme "injoignable". Norman est avec sa tante. Toi ici...

Tu as une bande de crétin aux veines bourrés de drogue. Non, ce n'était peut-être pas la réponse à donner. Soupirant, elle rajouta encore. Ce n'est pas parce qu'on est plus ensemble, que je ne peux pas être à tes côtés quand tu as besoin. Tu aurais fais la même chose pour moi, non ?
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Re: Breaking point

Sam 1 Oct 2016 - 13:19

Ouais, Rose était comme ça. Quand elle maîtrisait pas quelque chose, elle se tapait des barres. Mais ressentir des choses et toutes les exprimer en même temps, c'était déjà quelque chose. Gary pour sa part ressentait surtout un grand vide presque oppressant qui faisait qu'il avait pas une foutue idée de comment il devait fonctionner. Les gens étaient triste quand ils perdaient quelqu'un, tout du moins c'était ce qu'on lui avait appris toute sa foutue vie. Et lui, là, il était pas foutu de lâcher une putain de larmes et bordel ce que ça pouvait le foutre en rogne.

Elle disait qu'il était pas un monstre pour autant, il avait juste une façon différente de faire face. Mais il se sentait vraiment merdeux, un peu comme un gamin en fin de compte. Il osa pas toucher à son café, comme s'il le méritait pas. Vide. Vide de toute chose. D'envie. De faim. De soif. Il avait la gorge sèche pourtant, et il avait rien mangé depuis la veille et il était fatigué aussi parce qu'il avait été incapable de fermer l'oeil. Le temps qu'il avait pu passer à tenir la main de sa famille l'avait à peine rendu plus serein.

Alors bon. D'un côté il se disait que Rose faisait tout ça surtout pour Norman et qu'elle devrait pas être là pour lui. D'un autre, il était vraiment content qu'elle reste parce que y'avait qu'elle sur terre pour lui dire comment être normal. Elle était son pied dans la réalité, il savait que loin d'elle, il était juste complètement naze. Ça faisait un an de toute façon qu'ils étaient séparés, un an qu'il se sentait amputé d'un bras. Mais là... C'était juste pire que tout, et c'était sans doute une bonne raison pour pleurer non ?

« J'en sais rien. » Déclara-t-il simplement sans regarder Rose. Aurait-il vraiment fait la même chose pour elle au fond ? Si elle avait refusé de le voir alors il se serait sans doute fait tout petit. Et quand on mesurait deux mètres, c'était pas des plus simples. La vraie question, c'était plutôt : « Tu voudrais que ton abruti d'ex-mari soit là ? »

Il en était pas sûr. Si la situation avait été inversé, elle aurait sûrement souffert en silence, et elle l'aurait peut-être même repoussé s'il avait tenté de venir la réconforter. Lui était juste amorphe, incapable de trop réfléchir à tout ça. « Merci, Rose. » lui fit-il sans la regarder, repoussant sa tasse de café doucement, du bout du doigt, sans avoir trempé les lèvres devant. Il attendit juste que sa femme termine son martini. Son ex-femme. Merde. Il attendit qu'elle termine et puis il lui demanda :

« On peut juste rentrer ? » Il ne releva pas pour autant le regard vers elle. « J'ai pas envie d'être là ou de discuter ici. J'veux pas grand chose, j'vais pas être d'une compagnie éclatante. » s'excusa-t-il ensuite en ayant un petit rire nerveux. Ça changeait pas de d'habitude. « Tu pourras prendre la chambre si tu restes, j'irai dormir dans celle de Norman, hein. Et désolé, c'est un peu le bordel là-bas mais, enfin... J'ai pas eu le temps de trop gérer le rangement avec tout ça, et... »

Gary se prit le visage entre les mains, soufflant à l'intérieur de ses paumes pour essayer de se donner un peu de contenance. Il en était incapable. Il laissa l'argent qu'ils devaient sur le bar avant de se lever dans donner le change à Rose. Il en oublia même sa cravate sur le comptoir, sortant de là avec l'envie de prendre une grande bouffée d'air. Chaud, l'air, évidemment. La saison faisait qu'ils crevaient tous, surtout à Phoenix. Mais il s'en foutait, même s'il étouffait comme un con, il avait besoin d'être dehors, et sans attendre son ex-femme, il partit à pied. Non, pas de taxi. S'il fallait rentrer comme ça chez lui, il aurait été foutu de le faire.


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Re: Breaking point

Sam 1 Oct 2016 - 13:39


Est-ce qu'elle aurait eu envie que son abruti d'ex mari soit là ? Ca faisait un moment qu'ils ne s'étaient plus lancé de piques tiens. Au moins... Deux jours. Depuis l'annonce du décès de Warren senior, en somme. Rose soupira longtemps, avant de finalement répliquer du ton le plus doux possible.

Si tu te comporte en ex mari, et pas en abruti ? Oui. C'est jamais facile de gérer un enterrement seule, tu sais... Et j'en ai eu trois. Mon père, et mes grands parents.

Parler de ses grands parents lui serrait vraiment le coeur. Ils avaient été jusqu'au bout à ses côtés, et ne s'était jamais vraiment remise de leur perte, malgré leur âge avancé. Elle fit un signe que ce n'était rien, alors qu'il la remerciait avant de demander à rentrer. Rose opina, alors qu'il parlait de dormir dans la chambre de Norman. Non, t'inquiètes. Tu as besoin de repos, et j'ai une chambre à l'hôtel Rexford. Garde ton lit, je me contenterai de rentrer quand tu commencera à t'endormir. Promit-elle alors qu'ils se levaient, et que Gary, complètement déboussolé n'attendait même pas qu'elle récupère ses effets personnels en commençant déjà à marcher.
Alors là, non. Fallait pas déconner non plus.

Espera !

Elle avait l'impression de gérer un patient sous morphine qui essayait de s'enfuir de la salle de réveil tiens. Attrapant fermement son ex mari par le bras en faisant signe à un taxi qui s'arrêta, elle laissa l'homme s'engouffrer en premier alors qu'elle donnait l'adresse et le paiement, sentant une légère pointe d'appréhension quand elle se retrouva sur le perron de son ancienne maison en moins de 15 minutes d'un silence presque apaisant dans le taxi.
Alors oui, il l'avait prévenu, qu'il n'avait pas fait le ménage. Mais elle s'état attendu à quelque chose d'à peine dérangé, comme à l'époque. Là.... Elle ne put s'empêcher de tourner la tête vers lui, un air interloqué sur le visage.

Quand tu dis que t'as pas eu le temps... C'est depuis les obsèques, ou depuis 10 ans ?

Parce que là... Entre les cadavres de bouteilles de soirée entre amis, le cendrier plein à ras bord et le nombre d'affaires jetés pêle même sur les dossiers de ses chaises aux allures design, il y avait de quoi convulser pour une maniaque comme elle.
Soupirant doucement, Rose retira sa veste de tailleur qu'elle accrocha au porte manteau, un objet prévu à cet effet, retroussant les manches de sa blouse.

Bien... Tu vas aller t'asseoir sur le canapé, et je vais gérer tout ça. Tu vas péter les plombs avec un bordel ambulant autour de toi. Si ce n'est pas déjà fait... Avait-elle murmuré en se détournant, commençant à attraper les piles de linge qu'elle jeta dans le bac prévu à cet effet après avoir ouvert en grand les volets et fenêtres, laissant l'air estival entrer dans les pièces.
Par chance, eut le bonheur de ne trouver aucun vêtement féminin qui l'aurait immédiatement amené à l'infarctus en imaginant une scène d'horreur sur sa splendide table de salon en marbre, bien que Gary puisse faire ce qu'il voulait de sa vie de célibataire désormais. Mais tout de même, on ne plaisantait pas avec ces choses là.

Il lui fallût pas moins d'une demi heure pour rendre la pièce à vivre à peu près habitable et dégagée de tout objet qui n'avait rien à y foutre, avant de réaliser qu'elle se mouvait ici avec une facilité déconcertante, après ne plus y avoir mis un pied en un an. A croire que tout était resté figé, jusqu'à ce qu'elle ne revienne tiens. Elle était finalement revenue dans le salon en tendant un verre de jus de fruit à l'endeuillé alors qu'elle buvait une gorgée du sien, se laissant tomber sur le canapé face à lui, épuisée.

C'est bizarre de revenir, après tout ce temps... Un sourire mélancolique avait fleurit sur ses lèvres en observant les alentours, croisant une jambe sur l'autre alors qu'elle sortait une nouvelle cigarette. Tu veux qu'on fasse livrer quelque chose ? Il doit me rester un peu de liquide, et il faut que tu manges absolument. Et que tu dormes. T'as une tête de déterré.


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