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Gary Warren - Lone Wolf

Sam 31 Oct 2015 - 15:02


GARY WARREN
39 yo • AMERICAIN • MEMBRE D'UN GANG • TRAVELERS

i've got a war in my mind

Warren n'a jamais été un type très plaisant à fréquenter. C'est un juste tout chez lui qui use la patience et la conscience. C'est un type qui t'pompe l'âme jusqu'à n'en laisser qu'une coquille vide. C'est pas qu'il le veut. Il y peut rien, en fait. C'est juste son aigreur qui s'transmet à l'autre, qui s'transforme. Tous les gens qu'ont voulu le sauver de lui-même ont fini par simplement jeter l'éponge. A quoi ça sert d'vouloir réparer c'qui a jamais vraiment marché, hein ? L'a jamais rien demandé, juste qu'on laisse se foutre en l'air en paix... Gary a toujours eu ça pour lui et c'est p't'être c'qu'il le rend différent : savoir aller au bout des choses, même des pires. C'qu'il fallait user jusqu'à la moelle, ça le gênait pas d'le faire. S'il le fallait. C'est un type à la face placide et aux mains sales, qui malgré les regards qu'on a pu lui jeter, n'en a jamais eu rien à foutre. C'est ça qui lui permet d'avancer : D'en avoir rien à foutre de toutes ces conneries. De savoir que le passé appartient au passé et qu'il peut pas le changer. C'est pas un fataliste, encore moins un putain d'rêveur. C'est juste un type qui se sait comme il est, froid et impénétrable, muni d'une armure forgée d'amertume, parce que la Réalité dans son plus simple appareil lui colle à la peau d'puis un sacré bout de temps.

Il s'y est fait. 

Pas l'choix, qu'il vous dirait sans esquisser un sourire. Gary l'Placide qu'on le surnomme au bled, sûrement parce qu'on sait pas ce que « Placide » veut dire. Dans son groupe de bons copains, à Phoenix, on l'surnommait « le Briseur de Crânes ». « Le gars-poings d'acier ». « Beigne dans ta gueule et tu baignes dans ton sang »... Au bilan, celui qu'avait de la crasse jusqu'aux coudes à force de mettre les mains dedans mais qu'a jamais rechigné à l'idée de le faire. Alors, c'est certes pas un bon garçon, pas un type que tu présentes à papa et maman pour leur annoncer que tu vas l'épouser, mais Gary, c'est pas une rosse non plus. C'est un gars que t'achète pas quand il est déjà d'un bord. C'est un type droit dans ses bottes qu'assume ses méfaits sans s'en sentir coupable. Dans sa tête, si tout tourne pas rond, ça l'dérange pas. Il le sait. S'il se paume parfois, c'pas grave, il finira bien par retrouver sa route. C'est ça l'deal. Y'a toujours un moment ou t'es perdu et faut que t'attendes d'retrouver le bon chemin. Ça prend juste le temps, Gary est un gars patient. Il fait juste autre chose dans sa tête. 

Sa tête. C'est un endroit où t'aimerais pas être.

C'est un type qui connaît les Hommes. Ceux avec le grand H. Il les connait parce qu'il a fréquenté les bas-fonds avec eux. Les connards, il les voit venir à des kilomètres. Les salauds sont de la même trempe que lui. Les opportunistes ont foulé la même terre que ses bottes crasseuses. Et les putains... Parlons pas des putains. Mais ça lui a permis d'apprendre à connaître ces gens, à les voir venir. Tout est dans le faciès, qu'il dit souvent. C'est un petit trait, une mimique, un sourire, qui t'donne la personne entière sur un plateau d'argent et qui lui permet de comprendre à qui, ou à quoi, il a à faire... C'qui fait qu'ses yeux et son instinct sont ses meilleurs alliés dans c'monde... Ils se sont affûtes avec le temps, encore plus d'puis l'Apocalypse... Il a aussi le passif qui va avec sa gueule patibulaire, sa mine morne, ses airs antipathiques qui t'donnent pas envie d'lui proposer le gite ou le couvert. Sûr, il inspire pas confiance, pourtant, à partir du moment où on lui accorde ça, c'est bien la toute dernière chose qu'il abandonnera. C'précieux, qu'il croit. Il sait pas c'que ça vaut, mais il y tient... 

C'est un peu tout c'qui permet au Monde d'pas totalement s'effondrer...
C'est c'qui lui permet d'pas perdre pied.


and blood on my hands

Gary a pas de style propre, pas de choses à lui. Son physique s'résume à ce qu'il est. Un type, grand, p't'être même trop, sous des airs patibulaires, une mine sombre. Des yeux bleus glaçant qu'certaines ont eu la chance de trouver beau, d'autres moins, mais qui transmettent un grand vide, comme celui qu'il a à l'intérieur. C'pas comme si y'avait énormément à dire sur le lot, pas comme si c'était une gravure de mode. Y'a bien eu Rose pour tenter d'en faire quelque chose, mais Gary se sent lui que dans ses bottes de moto avec sa veste en cuir, des jeans usés, mais pratique, des T-shirt ou des pulls simples. L'a jamais eu besoin de plus pour se sentir lui, ni de moins pour se sentir nu. La silhouette élancée, les muscles secs sur sa carrure voûtée, Gary n'a pas la tête d'un type qu'on veut approcher et étrangement, ça l'arrange bien.

a storm is coming

Y'a des jours comme ça, où l'Karma te fixe et t'dit : Toi, mon gars... Tu vas galérer dans la vie.

Du coup, j'suis né au Nebraska, à Hastings. Et j'crois que naître dans un coin aussi pourrie sur terre, ça forge la destinée. Tu pars tout de suite avec un sacré boulet aux chevilles... Pour te résumer brièvement l'idée, Hastings, c'est un ville de bouseux fanatiques des armes, qui au lieu de se comparer directement la bite pour avoir du concret s'balade avec un équipement digne de l'armée pour faire bon. L'genre d'endroit où si tu touches les seins de la mauvaise fille à papa, t'es pas sûr d'en réchapper entier. Là-bas, même les mamies portent des flingues dans leur collant... Hastings, c'est un coin du monde où on a rassemblé tous les cons pour qu'ils procréaient et se multiplient. Le problème, c'est qu'ils le font vite. Hastings, c'est surtout une ville où on se fait mortellement chié. Là-dessus, j'imagine que c'est parce que y'a rien à faire que les gens ont commencé à se jeter sur toutes les armes qu'ils croisaient. Et y'a rien d'autres à dire sur Hastings.

Ma mère a assez vite compris qu'Hastings était une sorte de voix de garage où on range les vieilles caisses qu'on touchera plus. Mon père, lui, était trop porté sur la boisson pour s'en rendre compte. C'qui fait que quand ma mère s'est barrée sans me mettre dans ses bagages parce que j'étais probablement encombrant, mon père a mis trois jours à réaliser qu'elle était plus là... Et d'elle, il me restait qu'une photo sur une commode qu'a trop pris la poussière et le soleil et un vague souvenir amer. Surtout, les mots d'mon père à son propos et les cent milles lettres d'amour qu'il a pu lui écrire. On pouvait lui reconnaître ça : L'était p't'être con, mais il l'aimait. Son départ l'a rendu plus con encore et il en est tombé plus profondément dans l'alcool. P't'être qu'il avait juste besoin d'un prétexte.
J'me souviens d'une rébellion et d'une sacrée correction. J'me souviens qu'une fois, j'ai osé la traité de putain, qu'elle était qu'une lâche pas foutue d'assumer ses responsabilités. Mon père m'a collé une dérouillée. J'avais peut-être quinze ans, mais lui en avait le triple et ses bras faisaient la taille de mes cuisses. L'aurait pu m'envoyer à l’Hôpital juste pour me faire comprendre une chose : On insulte jamais les mamans. Y'a quelque chose de probablement sacré dans l'histoire que j'ai pas tout à fait compris, mais soit : Les mamans, on y touche pas.

J'te raconte ça, et tout de suite, ça met les deux pieds dans le plat. J'te précise quand même la chose : Mon père a jamais été méchant. Mais il a laissé ses marques et m'a fait comme j'suis aujourd'hui. D'une certaine manière, il a surtout fait en sorte que j'me tire vite d'Hastings avant de devenir comme lui.

J'me suis barrée loin. J'avais besoin de mettre de la distance entre Hastings et moi, pour laisser derrière ce début d'vie. J'avais besoin d'être personne et de devenir quelqu'un ailleurs. J'ai terminé à Phoenix, dans l'état du Mississippi, et j'ai écumé les bars en essayant d'me trouver un boulot. J'ai fini derrière le comptoir à servir le client, en m'passant un petit verre aussi, au passage. C'était pas glorieux, mais j'm'en contentais. J'étais un putain d'indépendant, un type qu'avait de compte à rendre à personne. 
Le boulot, c'était dans un pub de motards. Autant au début, j'avais pas trop ma place et on m'a mainte fois maltraité. Mais a force, je me suis fait des potes, des amis, qu'ont fini par me respecter et m'accepter. Hastings et mon père étaient loin, et on m'proposait une sorte de famille. J'savais pas trop dans quoi j'me lançais à l'époque, j'en avais pas grand chose à foutre, c'était juste faire partie d'un tout qui importait. C'comme ça que je me suis retrouvée dans ce gang de motards. J'ai eu ma première veste en cuir, mon premier tatouage, ma première moto. Puis j'ai fini par toucher à mes premières doses de drogues. 

C'était le genre d'endroit ou tu prenais facilement des engagements et des responsabilités. Au début, on te demande rien, puis on te demande de vendre, puis on te demande de faire plus, et toujours plus. Tu l'as dans l'os très rapidement, parce que sans comprendre, t'es pris dans ce cercle.

Bizarrement, ça m'allait ; j'étais pris, certes, dans ce cercle infernal, dans une sorte de descente aux enfers qu'allaient forcément m'envoyer toucher le fond, mais ça m'allait... Joey était avec moi. 

Joey, c'était mon pote. Un type qui jouait les gros bras mais qu'était sympa. Il dealait pour la thune, pour le pouvoir. Qu'abusait des substances aussi. Mais on faisait partie de l'équipe, avec le grand patron, Graam, qu'était tordu à souhait mais qui tenait son équipe d'une main de fer. M'a souvent demandé des services que j'ai toujours accepté de rendre, par volonté d'être accepté... Avec Joey, on faisait la paire... J'vous raconte pas combien de fois j'ai dut aller le chercher en taule pour le sortir de là. J'vous raconte pas combien de fois il m'a amené dans ses emmerdes avec lui. Y'a toujours « une fois » de trop dans ce genre d'histoire, et j'l'ai compris en me prenant une balle au milieu d'une altercation à la con. J'ai failli y passer, mais finalement non et les choses ont changé.
D'une part, Graam a compris que je lui étais utile, que j'donnais bien les coups. D'une certaine manière, il avait fini par me considérer comme un fils. J'ai passé près de dix ans à ses côtés, à lui obéir docilement, jusqu'à ce que je manque de canner et qu'il me donne d'autres responsabilités...

Des problèmes avec les flics, j'en ai eu. On a déjà essayé d'me faire tomber. Sans jamais complètement y parvenir. Mais à Phoenix, j'étais désormais le loup blanc.

Je me suis même marié, une fois. J'dis ça, comme si c'était vraiment du passé, alors que non. On l'est toujours, sans l'être. Avec une chouette nana, qui s'appelait Rose. Une fille que j'ai bousculé un soir dans un bar, lors d'un road trip que j'avais entamé avec Joey. Nos premiers mots ? Des insultes. Les suivants ? Après un coup de main pour l'empêcher de se faire kidnapper par un ex copain un peu trop con, des mots doux sur son matelas après une folle partie de jambe en l'air. Ç'aurait dut s'arrêter là. Comme pour toutes les autres nanas qui se couchent pour un coup d'un soir, c'est au petit matin que tout se finit. Mais pas avec Rose. Sans doute parce qu'à l'époque, c'était un type d'échange très nouveau pour elle, et j'étais un type sûrement pas comme les autres non plus.
Fallait dire qu'elle... Elle était pas comme toutes ces nénettes que j'ai pu rencontrer. Elle avait ce petit caractère, cette capacité à me tenir tête sans craindre pour sa vie. Et c'était beau. Elle était interne en chirurgie à l'époque, mais elle était pas là pour m'soigner. Pas comme toutes ces femmes qui s'veulent infirmière et qui cherchent un homme à réparer. Nan. Rose, elle m'prenait comme j'étais. Au début, c'était pas simple, parce qu'on vivait loin, l'un de l'autre. Mais un soir, elle m'passa un coup de fil en exigeant de me voir. Le lendemain j'étais devant chez elle, et j'apprenais qu'elle était en cloque.

Les choses s'sont accélérées. Elle a pas avorté, on en a pas vraiment discuté. Disons qu'ça s'est fait naturellement, comme si c'était comme ça qu'ça devait se passer et pas autrement. Elle a pris ses affaires, elle est venue à Phoenix. Elle connaissait rien de l'endroit, mais ça lui faisait pas peur. J'étais là.

Mais j'étais con surtout. Et j'ai pas changé pour deux sous, même si je l'aimais. J'l'aurais pas épousé sinon.
J'aurais pas aimé comme un dingue cette femme qui m'a donné un fils. Norman. J'pouvais en parler pendant des heures, avec Graam, de mon môme. Même défoncé, lui me parlait de son gamin, Max, qui grandissait trop vite, et moi j'lui disais à quel point mon fils était chouette, et ma femme parfaite. On se demandait souvent pourquoi elle restait avec moi. Pourquoi j'étais avec elle. C'est une question que j'me pose encore.

Y'avait un revers à cette médaille.

La drogue, l'alcool, puis finalement ma réputation, ont fini d'me rendre connu auprès des gens, même des nouveaux. J'avais la gueule usée par les substances et les traits patibulaires, et on savait que je cognais fort. Encore plus quand Graam me le demandait. J'avais mes méthodes qui se passaient d'mots, on m'savait direct et pragmatique. J'sais pas combien d'gosses paumés j'ai fait chialer juste par ma présence en leur disant qu'j'espérai pas avoir à revenir, qu'y'aurait pas de deuxième chance pour eux. Quand fallait un exemple, j'rechignai pas à en donner un. C'était dommage, mais fatalement inévitable. 
Cinq ans de plus dans ce merdier jusqu'à ce que Rose pète un câble pour prendre ses clics et ses clacs et se tirer de là avec mon gamin. Elle en pouvait plus, de mon comportement, de mon boulot si on pouvait appeler ça comme ça, de mes amis, de ma famille. Elle en pouvait plus de cette vie et des disputes. Elle m'a foutu dehors, elle s'est tirée, avec Norman, et elle m'a laissé au fond du trou avec comme ordre d'me reprendre ou j'le reverrais plus.

J'l'ai haï. Fort. J'ai eu envie de la cogner aussi, plusieurs fois quand j'étais au fond du trou, comme au fond de la bouteille. Mais j'ai jamais franchi le pas. Après six ans d'amour, elle me foutait dehors comme un chien, et démerde toi pour survivre à tout ça. Fallait que je me reprenne en main qu'elle disait...

Puis un coup de fil.

Mon père était en train de crever dans son trou à rat. Il lui restait pas longtemps et il voulait que j'l'enterre, j'lui devais ça. Graam a compris, m'a laissé me barrer. Retour au Nebraska, retour à cette grognasse d'Hastings. Rose est venue me tenir la main, avec Norman, pour passer ce moment.

C'est la bouteille qu'était en train d'embarquer mon père. Cancer du foie, cirrhose, ou une connerie de ce genre. J'ai passé ses derniers jours à ses côtés, à l'écouter baver l'amour qu'il avait pour Maman jusqu'à son dernier souffle.

Du vieux, c'en était fini. 

J'y ai laissé une partie de moi, là-bas. A voir mon père finir comme ça, à pleurer une femme qui voulait plus de lui depuis des années, j'ai pas eu envie de terminer comme ça. J'ai fait ce qu'il fallait, j'ai pris du temps pour faire des efforts. Baisser ma consommation d'alcool. Essuyer des crises de manque. Me sevrer de la drogue. J'étais ruiné à l'intérieur, mais j'pouvais encore faire un truc de cette carcasse défraîchie. J'pouvais récupérer ce que j'avais perdu,

J'suis rentré. Et j'ai passé les semaines suivantes A m'sevrer de la drogue progressivement. J'ai passé des soirées horribles à m'cogner contre les murs tellement le manque me faisait mal, j'avais l'impression qu'on me brûlait de l'intérieur ou qu'un diable essayait de sortir de mon corps... J'ai remplacé la drogue par deux fois plus d'alcool, pour compenser... J'savais pas pourquoi je faisais tout ça, mais y'avait un truc qui m'y obligeait. La folie, tu m'diras. Sûrement. Tout ce que je voyais, c'était que c'était pour Norman. Et pour Rose aussi.

Et pour moi surtout.
Graam m'a aidé. Il l'a fait comme un père devrait l'faire pour son môme. Comme un frère pour la chair de sa chair. Joey a fait la même.

A Phoenix, j'me suis fait de nouveau oublier. J'voulais redevenir personne.
Jusqu'à trouver qui je suis vraiment.
on the highway to hell

Puis je sais pas trop ce qu'il s'est passé.

C'comme si tout s'était soudainement péter sauvagement la gueule sans que ça soit compréhensible. Au début du mois de septembre, les infos se sont mises à cracher des conneries, à les débiter à la pelle sans que ça ait de sens pour nous. Faut dire que je me sentais plus concerné par ma relation avec Rose et l'absence de Norman pour vraiment prêter attention à tout ça... Puis tout est parti à vau-l'eau.
Vraiment.

Les médias se sont mis qu'à parler de ça, en continue, jusqu'à ce que les membres du club commencent à s'inquiéter. Graam se disait que c'était une bonne idée de rester grouper, ensemble, de pas trop s'éparpiller, de rester calme. Au fond, il était pas trop questions de faire confiance à la police ou aux autorités, tout ça parce qu'on avait jamais eu vraiment de très bonnes relations. Sur le coup, ça se tenait. Je passais mes soirées au téléphone avec Rose pour avoir de ses nouvelles, pour l'écouter, pour savoir si Norman allait bien. Elle répondait toujours...

Puis les lignes ont fini par saturer, et la dernière information que j'ai eu d'elle, c'était qu'elle était transportée au stade Century Field par les militaires avec Norman, pour être à l'abri. J'saurais pas dire si sur le coup j'ai trouvé que c'était une bonne idée ou pas. Tout ce que je me disais, c'était qu'au moins ils étaient ensemble, et qu'il fallait que je les retrouve.
J'étais prêt à en informer Graam, à me barrer convenablement pour le coup, à lui dire qu'il fallait qu'on bouge. Le soir-même, je me rendais chez lui dans le but de lui parler, pour le retrouver avec Max, son fils, dans sa cuisine, autour de la table. Des mines abattues, du genre à pas comprendre ce qu'il se tramait. Sa femme était morte quelques heures plus tôt. Elle avait attrapé le virus, qu'il avait dit. Il comprenait pas pourquoi, ni comment. Il était détruit. Elle était tombée malade et quand on était venu pour évacuer le quartier en urgence, les militaires avaient refusé de l'amener. Ils étaient restés, tous les deux, en famille, avec cette femme qui mourrait à petit feu.

Il s'était refusé à l'abandonner.

J'ai pas cherché à plus loin, au fond je comprenais vraiment. Et j'prenais surtout conscience que ce virus était une sacrée crasse. Pire encore... Quand la femme censée être morte de Graam s'est pointée dans le salon en grognant, le regard vide, avant de se jeter sur son mari veuf pour le dévorer, j'ai pigé que c'était encore plus grand que ce que j'imaginais. Ce que disaient les infos, sur ces virus qui rendait les gens agressifs, sur les conséquences...
Le sang a commencé à gicler, à mesure que mon ami se faisait dévorer. Max savait plus quoi faire, il était prêt à se ruer pour que sa mère lâche son père. Mais je l'ai choppé par la taille, et j'ai décampé de là en vitesse en lui hurlant de se taire. J'l'ai jeté sur le siège passager de mon pick up, et j'ai taillé la route en enfonçant le champignon.

On pouvait pas rester. On pouvait pas continuer comme ça. Le temps de faire un crochet chez Joey pour le récupérer, de prendre quelques unes de nos armes en complément, on a tracé pour quitter Phoenix en vitesse, direction Seattle.

time to meet the devil

Oy

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