Dès que le lit bouge, dès qu'un bruit lui semble trop horrifiant, Orion se réveille en sursaut. Il est épuisé, mais tente de toujours tenir la cadence malgré tout, Pour Joe, pour ne pas l'inquiéter plus encore, pour ne pas être la source de commérages des voix dans sa tête. Mais il ne va pas se mentir, son bras le lance encore, il a la sensation d'avoir perdu en force, ses doigts le lance régulièrement, et une douleur atroce persécute son coude si l'on effleure ou cogne à peine son bras. C'est horrible, parfois il a l'impression que sa peau tire tellement qu'elle pourrait se détacher, s'arracher.
Les images de sa chute se répètent en boucle, il se revoit mal gérer, foncer plus ou moins tête baissée dans ce parking, il entend encore les râles, ressent encore la douleur quand il cauchemarde de son empalement. Le jeune homme ne supporte plus non plus d'être enfermé dans une pièce, il doit y avoir une fenêtre, il ne supporte plus les bruits comme une détonation même lointaine, un placard qui claque trop fort. Les vibrations au sol quand il y en a. Tout un tas de détails qui commencent à l'épuiser de plus en plus. Mais il doit tenir, ne pas s'effondrer, Joe a besoin de lui. Il a besoin d'elle. Mais il ne veut pas non plus être le boulet de la bande.

S'il le devient alors il partira, ou du moins s'éloignera mais restera proche pour Johanna. Ca n'a pas de sens ce qu'il pense en cet instant, la fatigue, plutôt l'épuisement à ce stade là, avec en collaboration la douleur lancinante de son bras, mais il tient, il fait face. Il ne veut pas se retrouver face à Tariq, il ne veut l'entendre lui cracher encore son venin, il n'est même pas en capacité de lui répondre. Mais il ne veut pas non plus que l'homme ait à redire parce qu'il ne fait presque plus rien, parce qu'il reste coincé dans ses pensées, dans son monde de peur. Parce que quand il est seul tout se mélange, son passé avec Hanz, la mission bombe, et aujourd'hui. Le décor change, les gens aussi, mais ses craintes restent les mêmes.

Sortant de l'appartement dans lequel il vit avec sa compagne, il avance dans le couloir, prêt à fuir son environnement pour ne pas ressasser tout cela, se rendre utile, ne plus avoir toutes ces conneries en tête. S'éloigner aussi de la peur qui pourtant se rappelle sans cesse à lui quand la douleur de son bras le frappe. Il en a encore le teint pâle, des cernes violacées, mais Orion se doit d'oublier cela, de faire comme si rien ne s'était passé. Comme il a fait quand il a quitté le groupe de Hanz pour se retrouver seul : refouler ses sentiments, refouler la douleur.

Un pli soucieux me barre le front. Tout ce qu’il s’est passé depuis qu’on est à Tortuga… je me demande si j’ai pas encore pris une décision de merde pour ma famille. Je comprends toujours pas pourquoi ils veulent que je sois la responsable… Polly fait sa sieste et maman sera la pour s’en occuper à son réveil. J’en profite pour m’occuper du repas de ce soir pour tout le monde. Les récoltes n’ont pas été mauvaises du tout cette année, malgré notre petit retard. J’ai pu acheter de nouveaux animaux aussi, donc on aura plus besoin de chasser ou de pêcher autant. Ça évitera au max à tout le monde de devoir affronter le froid. Bon… on n’a toujours pas l’électricité et le confort d’avant à la maison, mais… on fait ce qu’on peut.

Devant ma grande marmite, j’ajoute les pommes de terre au ragoût que je suis en train de préparer. Il fait chaud dans la cuisine et le crépitement du feu est agréable. Je ne sais pas exactement oû est tout le monde, mais c’est assez calme au rez-de-chaussée pour une fois. Assez que j’entends quelqu’un qui marche dans le corridor.

Cuillère de bois en main, je vais voir de qui il s’agit pour le ou la saluer. J’ai croisé personne encore aujourd’hui hormis maman. Je passe la tête par la porte et c’est Orion que j’aperçois. Mon cœur se serre terriblement dans ma poitrine d’un coup. Il a pas du tout l’air bien. Il devrait rester au lit, mais il n’a pas l’air de tenir. Julian était comme ça, incapable de ne rien faire, incapable d’accepté de devoir se reposer.

- Coucou Orion. J’ai… j’ai besoin d’un coup de main si tu es libre. Je réfléchis pas trop… Ça sort plus vite qu’un plan se forme dans ma cervelle. Au fond, je veux juste éviter qu’il s’épuise à quelque chose.

Qu’il se sente inutile aussi, ça je refuse ! Je veux pas que personne se sente comme moi. Je lui fais signe de me rejoindre et j’attends patiemment qu’il arrive dans la cuisine. Mon ton est doux, mes gestes aussi. Je sais comment on peut se sentir dans cet état de douleur et de fatigue. Je lui tire une chaise avec un coussin confortable et lui fais signe de s’asseoir.

- Je me suis brulé la langue et je goûte plus rien. Gros mensonge, mais c’est pas si grave, non ? Tu veux bien m’aider pour le repas ? Je fais un ragoût au poulet. Je lui offre un petit sourire que je veux chaleureux.

Orion avance, il ne sait pas trop vers où, mais il y va. Fuir un peu l'appartement qu'il finit malgré tout par trouver étouffant. Il ne sait pas trop où est Johanna non plus, mais il ne veut pas qu'elle s'épuise de trop à cause de lui. Il se sent vraiment comme un boulet, une sorte de furoncle qu'on se tape pendant des mois avant qu'il ne s'en aille. En attendant il se sent bloqué, vraiment bloqué, partout, autant dans les lieux de vies communes, que chez eux, que dans sa tête, dans ses gestes... Il a la sensation d'être devenu un véritable incapable, et ça lui mine de plus en plus le moral, en plus de tout ce qui va avec : la claustrophobie naissante, la honte, la culpabilité d'avoir fait raté cette mission.

Mais tout en avançant dans les couloirs, il sent tout de même une bonne odeur émaner de la cuisine, il approche, d'un pas lourd, lent, comme s'il traînait les peines du monde entier sur son dos. La mine défaite, le teint peu coloré, il doit avoir l'air d'un grand rien du tout. Mais quand il voit Hazel, il ne tente même pas de se redresser de faire bonne figure, à quoi bon ? Elle sait bien qu'il a mis en danger tout le monde, elle doit lui en vouloir. Peut-être qu'elle en a discuté avec Tariq, qu'ils vont en effet le dégager de Tortuga, le bannir. Orion tergiverse, mouline encore et encore tout dans sa tête, c'est quasiment du non-stop, ce qui lui entraîne plus encore des insomnies. Il n'est pas à l'aise, encore moins qu'il ne l'a jamais été. Il le sait, il a des difficultés à créer des liens, malgré le temps qui passe, le ventre de Joe qui s'arrondi de jour en jour, il n'y parvient pas forcément. Faire simplement bonne figure, saluer, se montrer aidant, mais il ne partage plus autant les choses. Sauf peut-être avec Eden, mais à ses côtés il se forme un peu plus aux soins médicaux. La médecin le lui a proposé, et il a accepté, il fait cela sur leur temps libre, même si dernièrement c'est aux abonnés absents.

Hazel quant à elle le salue, et le cadet a bien du mal à lui sourire, mais il tente, avant d'entrer dans la cuisine, un peu comme un pantin. Elle a besoin d'un coup de main. Alors il doit y aller, sans rien dire, il ne sait même pas quoi dire. C'est bloqué, au fond de sa gorge, même se racler les cordes vocales il n'y arrive pas forcément. Inspirant, sentant néanmoins la bonne odeur qui émane de la marmite, il jette un regard lointain vers l'intérieur de cette dernière. Il hoche légèrement la tête en signe de remerciement quand elle lui tire une chaise. Est-ce qu'il fait si pitié que ça ? Sûrement. Le bras gauche, restant ballant, comme un poids mort, il s'installe et regarde la femme. "Faut boire de l'eau à température ambiante." Suggère Orion quand elle lui dit s'être brûlée la langue. Même si le ton est plutôt monocorde ce qui ne lui ressemble pas, il fait au mieux pour paraître neutre et un peu enjoué; cachant ses angoisses qui le brûlent de plus en plus et tambourine dans sa tête ne le laissant pas des plus tranquille. "Si... Si je sers à rien pour vous ici, je peux comprendre... Que je dois partir. " Murmure le jeune homme en venant pincer ses lèvres et les serrer sur ses piercings à la lèvre. Toujours, quand il est mal à l'aise, il a ce fameux tic, pincer ses lèvres, jouer avec ses piercing au labret droit.

Je vois facilement qu’il ne va pas bien du tout. Je me doute de ce qui lui fait du mal, je sais pas si j’ai raison, mais l’instinct me souffle des réponses que je connais un peu trop. Pour me sentir régulièrement comme de trop, inutile, parasite… J’aimerais vraiment me tromper, j’aimerais vraiment que ce soit d’autres maux qui font du mal à Orion, mais je pense pas que je me trompe. Pas après tout ce qu’il s’est passé.

Raison de plus pour le garder avec moi à la cuisine. Je veux être là pour lui, l’épauler et chasser ces pensées qui lui font du mal.

- Je note ! Je ne connaissais pas du tout, faut bien l’avouer.

Au final, je n’aurai même pas à lui tirer les vers du nez, puisqu’Orion parle de lui-même. Ça me fait mal au cœur qu’il puisse se sentir comme ça, qu’il soit prêt même à être jeté dehors.

- Non. Mon ton est toujours très doux, mais il y a bien une pointe de fermeté dedans. Je me rapproche et pose une main réconfortante contre son épaule, opposée à sa blessure. Orion… personne ici ne veut te voir partir. L’utilité, c’est pas un critère pour faire partie de notre famille. Puis, t’es loin d’être inutile de toute manière. Alors la question se pose même pas.

Mes yeux tentent de trouver les siens. Je sais que dans cet état, c’est difficile de croire ce qu’on se fait dire. On souffre trop. La fatigue n’aide en rien. C’est aussi ça qui me rassure en un sens, il ne partira pas en douce au milieu de la nuit.

- Tu es apprécié Orion, pour toi. Pas pour les services ou les talents que tu peux avoir. Être blessé, ça change rien. Je sais que t’as fait de ton mieux. Et c’est tout ce qui compte. On est juste humain.

Je retire finalement ma main, espérant de pas lui avoir fait mal ou l’avoir forcé à supporter ce contact, ce geste qui venait du cœur. Je ne m’éloigne pas pour autant cela dit.

- Je comprends que tu puisses ne pas me croire, mais faut combattre cette petite voix qui te souffle de mauvaises choses. Je suis contente que tu sois encore en vie et des nôtres. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là Orion. Pour papoter ou non. Je lui offre un sourire sincère en espérant qu’il comprendra, en espérant qu’il combattra ses idées noires.

Je sais que c’est pas facile, je sais aussi que même si mes mots viennent du cœur, c’est pas magique. Je suis pas narcissique au point de le croire heureusement.

Il aimerait revenir en arrière, être plus fort, moralement, être plus fort physiquement, avoir plus de caractère. Savoir mieux gérer les choses, les émotions, il aimerait ne pas avoir croiser Hanz, mais est-ce qu'il aurait rencontré Joe ? Non. Aby ? Non. Emilie, Kaitlyn ? Non. Les membres de ce groupe ? Sûrement pas. Il ne sait pas où il en serait aujourd'hui, peut-être mort parce qu'au final il n'a pas forcément un super instinct de survie. Peut-être qu'un jour on l'aurait retrouvé comme rôdeur au fond de sa vieille camionnette aménagée. Il n'en a vraiment aucune idée mais il sait une chose : Orion ne serait pas assit face à Hazel. Il n'est pas non plus aveugle, il voit bien la manière dont elle le regarde, avec compassion, douceur, mais est-ce qu'il fait vraiment pitié ? Ca doit être si pathétique, elle peut aussi bien se moquer de lui. Néanmoins il a un peu envie de croire en sa douceur et sa gentillesse.

Même si elle lui dit non concernant son départ il se force un peu à y croire, et pourtant il sait comment cela se passe quand un groupe n'a plus besoin de vous. Soit on le tue, soit on se fiche de lui jusqu'à ce qu'il s'en aille de lui-même. Comme avec Hanz. Il l'a bien servi, bien été utilisé, manipulé. Est-ce qu'ici ce sera la même chose ? Sûrement, après tout, bloqué comme il est dans sa tête il n'en sortira rien de bon. Et ça le ronge, ça le ronge parce qu'il a honte, il n'arrive pas à surmonter cela. Ca le ronge parce qu'il est pétrifié de trouille et qu'il n'ose même plus se "chamailler" avec Joe, la réconforter comme il se doit. Il a peur qu'elle lui échappe, qu'elle en vienne à complètement le rejeter. A force de tout tourner en boucle dans sa tête le cadet se dit qu'il a raison, qu'elle ne fait que supporter sa présence, qu'il n'est qu'un boulet.

La vois de la brune lui semble aussi proche que lointaine, elle lui parle il entend mais n'écoute pas forcément, ce bourdonnement de culpabilité le parasite sans arrêt. Elle ne veut pas qu'il parte, alors à quoi bon être là pour jouer les potiches ? Quelques mots, qui forment une phrase parviennent à se glisser enfin dans son cerveau, il les imprime, lentement. Pourtant il n'a pas pris de médicaments qui ralentissent le cerveau. Ouvrant un peu la bouche, il la referme aussi vite, cherchant ses mots un instant. Il sent sa main sur son épaule valide, mais ne parvient pas à la regarder dans les yeux. Il a bien trop peur, Hazel pourrait peut-être rire de lui, non ? "C'est... C'est ma faute, si j'étais pas tombé... On aurait pu aller voir ailleurs." Un nouveau murmure, un peu rauque. Il est humain, mais stupide, il aurait dû laissé cette porte close, mais il s'est dit que peut-être. Si l'on est pas trop stupide on met une bombe dans un bâtiment pouvant contenir des choses importantes, et on la met bien aux pieds pour le faire s'écrouler sur lui-même. C'est ça la logique. Puis il y a eut les rôdeurs, il se sent si honteux d'avoir perdu sa seule arme de combat et de défense de cette manière. Bien sûr il pourra en trouver une autre, en gagner une aussi peut-être. Mais actuellement il n'est pas apte à se lancer des défis, à se challenger.

Orion inspire, profondément, regarde enfin l'aînée pas dans les yeux, mais la regarde un instant après qu'elle ait ôté sa main réconfortante de son épaule. Il ne sait pas quoi dire, ça ne vient pas. D'habitude il parvient toujours à parler, dire un truc qui lui passe par la tête, la seule personne à laquelle il n'adresse pas forcément la parole et de son plein grès c'est Tariq. Il n'arrive pas à le supporter, c'est trop violent pour le jeune homme. Il ne peut pas. Mais il ne désire pas non plus se mettre tout le monde à dos. "Pourquoi t'es gentille avec moi ?" C'est quelque peu abrupte mais il n'a pas réussit à se mordre les lèvre sou tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Puis la question, lui semble essentiel, savoir si elle ne sera pas comme Hanz. Tout se mélange dans sa tête, il est mal, il veut oublier d'avoir mis ce groupe en danger; mais pour le moment il n'a pas plonger dans l'alcool ou la drogue. C'est sûrement mieux.

Je reconnais ce silence, cette façon d’éviter le regard des autres, ces gestes et micromouvements qui me sont si familiers. On se ressemble en fait et ça me tort un peu le cœur de le réalisé. J’espère pour Orion que ce n’est qu’une mauvaise phase, qu’il ne se sent par toujours comme ça, pas comme moi…

- Orion… on est pas dans un film. On est pas parfait. On fait des erreurs, on tombe, on se blesse, on peut blesser… Ce n’est pas ta faute. Et même si ça le serait, tu as pas fait ça avec de mauvaises intentions, parce que tu voulais que ça tourne mal. Alors le résultat est le même : on veut pas te voir partir, tu fais partie des nôtres. J’ai juste envie de le prendre dans mes bras, de prendre sa douleur et de la porter pour lui. Je sais comment on peut de sentir dans ces cas-là et je ne le souhaite sincèrement à personne. Si tu savais toutes les erreurs que j’ai faites dans ma vie, dans cette vie. Tariq aussi. Ma mère aussi. On est pas différents.

Et je lui répéterai tant qu’il faudra. Après, s’il veut vraiment partir, il faudra qu’on respecte sa décision. Bien sûr, je ne vais pas le garder prisonnier, mais je veux vraiment lui faire comprendre qu’on est pas un de ces groupes sauvages. On se débarrasse pas des gens parce qu’ils sont utiles ou non. Parce qu’ils nous apportent quelque chose ou non. On est une famille. Une communauté.

- Et pourquoi je serais pas gentille ? Tu as tué mon frère ? Tu nous as volés ? Tu as ouvert la porte aux Silent Snakes pour qu’ils nous attaquent en douce ? Ou tu t’es blessé en pensant faire ce qu’il y avait de mieux ?

Je sais sincèrement pas comment expliquer ça autrement…

- Je suis comme ça Orion, c’est pas… de la manipulation ou je sais pas quoi. Je me mords l’intérieur de la joue, un peu timide d’en parler comme ça. Je… Mon frère trouve que c’est une belle qualité, moi je trouve que ça me rend faible. Sans vous tous, je serais sans doute pas en vie à l’heure actuelle. J’ai aucun instinct de survie. Je souris doucement, pour plaisanter un peu, même si c’est réellement ce que je crois. Je… je parle juste avec mon cœur.

Orion l'observe, l'écoute, il ne sait jamais où est sa place, sa véritable place. Il est toujours très mal à l'aise dans un groupe, pour être franc envers lui-même, la maison de Lakshore lui manque. C'est peut-être le seul endroit avec sa camionnette qu'il a au final vraiment apprécié. Etre au sein d'un groupe le tend plus qu'autre chose. Et plus encore depuis qu'il se traîne cette culpabilité constante.
Il écoute, imprime plus ou moins les mots d'Hazel, pas dans un film, pas parfait. Il le sait, il est parfaitement conscient de ses imperfections. Et pourtant ça le frustre terriblement, il se demande si Johanna a fait le bon choix en le prenant lui comme compagnon de galère et de vie. C'est elle qui s'y connaît le mieux, qui fait la part social dont il est actuellement incapable de faire. Se murer dans le mal-être, il connaît cela, c'est comme une sorte de "safe place" toxique. En sortir est toujours difficile, il n'offre pas sa confiance à tout le monde. Mais Hazel lui parle avec vérité. Il n'avait pas de mauvaises intentions, ne savait même pas ce qu'il y aurait dans le parking, des voitures, une bombe. C'est ce qu'il espérait. Un espoir vain.

Tout en détournant à nouveau les yeux vers la table, il commence à prendre des épluchures de légumes et les couper en deux, machinalement, s'occupant pour ne pas... Ne pas quoi ? Fuir ? Sûrement. Ne pas être trop faible, même s'il doit être des plus pathétique. Pathétique de ne pas arriver à se relever, parce que ses souvenirs le bloquent, le coincent et qu'Orion ne sait pas qui il est. Ne le sait plus. Hazel le rassure, tente plutôt, il ne vont pas le mettre dehors. Hazel ne le mettra pas dehors, mais Tariq... Il en est sûr et certain, il n'hésitera pas. Leur entente n'est même pas cordiale; Orion ne fait d'ailleurs aucun effort à ce sujet. Mais ça c'est une autre histoire.

Tout en secouant négativement la tête, il répond de cette manière aux questions d'Hazel. Non, il n'a rien fait de tout cela, et il apprend au passage qu'elle a un frère. Des questions fusent dans sa tête, attise même un peu de curiosité. Il est vrai que le brun se montre très discret, il a tendance à raser les murs, ne pas trop mal se faire voir, aider et faire de son mieux. Mais là, il s'est vu clamser , emmuré et ça le fait flipper. Il n'apporte qu'inquiétude parce qu'il se dit qu'il va mourir bientôt, que son bras est un poids mort, qu'il ne sait plus comment réagir, agir. La menace qui pèse sur ce lieu où vivent des innocents, des enfants... S'il leur arrive quelque chose il va s'en sentir coupable. "J'ai pas d'instinct de survie non plus..." Admet le cadet, il se demande encore comment il a fait pour en arriver jusque là. "J'ai jamais eu de frère ou de sœur. C'est comment ?" La voix est faible, mais ses interrogations prennent le dessus. Il ne veut pas lui demander qui ou comment a été tué son frère, ça ne le regarde pas. C'est ce qui appartient à Hazel. Il s'humecte les lèvres, et continue de casser les épluchures de légumes en deux. Si on les lave, on peut les faire sécher et les manger ensuite. "Hazel, je sais que je fais pas grand chose ici, j'aide un peu partout. Tariq n'a aucune confiance en moi et c'est réciproque. Quand je vais aider dehors ça tourne au fiasco..." Il se souvient de la fois où il a aidé pour aller dans un laboratoire, il s'est pris des casiers en pleine figure en récupérant un truc en allant bloquer un accès. Lors de l'attaque de Tortuga il n'a pas été discret, se prenant les pieds dans des barres de fer, se trompant dans le noir en coupant le mauvais cordon conducteur du bateau à moteur des attaquants. Là, il se blesse gravement, fait peur à Joe, met en danger Tortuga. Quand il a cherché un ami de Johanna avec elle, et que leur petit navire à couler, qu'il a manqué de se noyer à cause de son pied, pris dans une corde d'amarrage. Encore lors de sa rencontre avec Isha, il a faillit se faire trouer le cuir par les New Eden... Alors oui, peut-être qu'Orion devrait rester dans un coin à aider sagement.