- J'persiste à dire que c'est d'la dictature !

C'est à peu près de cette manière que Zelda s'est couchée, quelques heures plus tôt. Parce que c'est le moment qu'à choisi Yu' pour lui annoncer que sa corvée du lendemain serait un peu différente et que ce sera Sun qui se chargera d'appliquer sa punition. Parfaitement ! Une dictature ! Et pourtant ses protestations n'ont rien changé. Son chinois de tuteur est resté imperturbable. Comme à l'accoutumée. Et forcément, hein, ça n'a pas amélioré l'humeur d'une australienne qui a bien peiné à trouver le sommeil cette nuit-là.

Et qui ne savait même pas encore que son réveil allait être des plus désagréables !

Il y a eu ce moment où l'adolescente a d'abord pensé que son rêve partait un peu en couilles. Et puis l'instant d'après, songe et réalité ont finit par se mêler lorsqu'elle s'est rendue compte qu'une main lui secouait vraiment l'épaule. Sa réaction ? Un bond instinctif, une chute sur le côté du lit et une main qui tâtonne à la recherche du couteau oublié sous son oreiller au passage.

À défaut, c'est finalement sur le bouton de sa lampe de chevet qu'elle appuie pour découvrir une silhouette qui lui fait tout d'abord froncer les sourcils. Silhouette qui lui arrache un grognement d'irritation. Sun ! Putain mais qu'est-ce qu'elle fout déjà là ?! Bordel mais... ?! C'est quoi encore ce délire ? Un mauvais coup de Yu ? L'australienne se frotte les yeux et les plisse à nouveau lorsqu'elle peine à s'habituer à la luminosité. Sans parler du fait qu'elle dormait drôlement bien et qu'elle a toujours un pied dans le pays des rêves, là. T'es réelle, au moins ? La question mérite d'être posée. Elle obtient toutefois la réponse lorsqu'un courant d'air frais viens effleurer ses pieds et qu'un frisson remonte le long de son échine.

Bon et puis forcément, il lui faut encore quelques secondes pour comprendre qu'on n'est pas venue l'assassiner et comprendre pourquoi une japonaise se trouve dans sa chambre, en pleine nuit, sans y avoir été invitée. Vous attendez même plus qu'il fasse jour, maintenant, au pays du soleil levant ? lui reproche-t-elle. Sans trop savoir si ça se remarque est pertinente. Elle aime bien Sun, Zelda. C'est sûr que c'est pas la fille la plus marrante du monde mais au moins elle sait se battre, c'est pas une civile de merde. Mais elle est bien obligée de marquer le coup pour cette intrusion injustifiée. Et en plus, j'reçois que sur rendez-vous... Enfin à partir de maintenant, promis, c'est ce qu'elle fera. Ca, et insister davantage auprès de Yu' pour avoir enfin le droit d'avoir la clef de sa chambre !

J'ai une vague idée des raisons d'ta présence... finit-elle par soupirer. Elle espère qu'elle va bouger ses fesses en plein milieu de la nuit - il est quelle heure d'ailleurs ? - pour faire des japonaiseries. Sauter dans tous les sens, pousser des cris stridents, ce genre de trucs...Zelda avise son lit avec une envie renouvelée et se glisse à nouveau sous sa couette encore bien chaude. Le pied ! R'passe pendant les heures de bureau ! ordonne-t-elle avant de couvrir sa tête pour se protéger de la lumière. Et oublie pas d'fermer la porte en sortant, surtout ! Allez, là ! Vite ! Elle a un rêve à terminer !

- Voir l'soleil se lever ?!

Les yeux encore à moitiés collés, agressés par la luminosité malvenue, l'australienne répète d'abord bêtement la remarque de Sun. Et puis, gentiment, ça percute. Mais qu'est-ce j'en ai à foutre, moi, du soleil ?! Ce n'est qu'une pâle copie de celui qui règne sur son Australie natale, en plus. J'l'emmerde ! Surtout qu'au final elle peut l'observer se coucher. C'est à peu près la même chose mais bon... À l'envers, quoi !

J'ai un sommeil d'adolescente en pleine croissance, nuance ! rétorque-t-elle quand le mot princesse vient la faire tiquer. Le seul truc qu'elle ait en rapport avec l'une de ces filles-là, c'est le prénom. Et ça se limite à peu près à ça ! La suite est cependant encore moins drôle puisque Sun lui fait bien comprendre qu'elle n'a pas le choix. L'australienne soupire dans la foulée, à moitié résignée : T'es sûre qu'tu veux pas plutôt retourner t'coucher ? On n'aura qu'à dire à Yu qu'tu m'as emmerdée pendant quelques heures et voilà, tout le monde est content ? Ce n'est même pas un mensonge puisque le simple fait d'avoir été extirpée des bras de Morphée, ouais, ça lui a déjà bien fait chier.

Mais ce n'est pas de la pitié ou de la compassion qu'elle obtient, Zelda. Oh que non ! C'est dix foutues minutes pour se préparer et rejoindre la nippone. Sinon, selon ses mots, ça devenir moins agréable. T'sais qu'dans certains États j'aurais eu l'droit d'te flinguer juste parce que t'es entrée dans ma chambre sans que j't'aie invitée ? Surtout si c'est pour se faire menacer en prime, eh ! Mais bon, vu qu'il paraît qu'on est chez les démocrates... Enfin, si elle se rappelle bien des remarques d'Ao sur la politique d'autrefois. Ou sur ce que ses parents lui expliquaient sur son pays d'accueil, quelques années plus tôt. Autant dire une éternité.

Bref !

C'est bon, c'est bon... bougonne-t-elle avant de hocher la tête de dépit. Mais quand t'iras raconter à Yu' comment ça s'est passé - je sais qu'tu l'feras ! - tu pourras lui dire que c'est un putain d'nazi ! Ouais, parfaitement ! Et elle pèse à peu près ses mots malgré cette brume qu'elle peine à dissiper de ses pensées. Ca ne l'empêche pourtant pas de rejoindre Sun dans le séjour quelques instants plus tard. En traînant des pieds, un bonnet à l'envers avec une jolie étiquette au vent et sa gueule des mauvais jours. J'en sais rien... rétorque-t-elle d'une voix éteinte, brimée par ce froid ambiant qu'une australienne digne de ce nom peinera toujours à tolérer, lorsque la nippone lui demande ce qu'elle a bien pu faire. Enfin si, j'ai sûrement fait une connerie ! Mais après laquelle précisément, j'en sais rien... C'est un peu triste mais il y a trop de choses qu'on peut lui reprocher. Et tout autant de raisons pour Yu' de la punir. T'as pas demandé ? La question sonne comme un reproche. Donc on t'engage pour m'faire souffrir et tu veux même pas savoir pourquoi ?! Ah bah super, la pote ! Et après elle dira qu'elle suivait les ordres et qu'elle n'avait pas le choix, c'est ça, lorsqu'elle passera au tribunal pour crimes de guerre ?

Quoi qu'il en soit Zelda reconnaît bien vite la maison qui se trouve être leur destination. Et écarquille les yeux lorsque  Sun lui indique même qu'elle ne doit pas se gêner pour faire du bruit. C'est bien la première fois qu'on l'incite aussi ouvertement à faire une connerie, tiens. Pour de vrai ? s'étonne-t-elle. Genre... J'peux gueuler et tout ? Il où le piège ? Non parce que vu qu'elle est réveillée, Zelda, elle ne voit aucun inconvénient à tirer l'ensemble du camp de son lit. Sauf June, évidemment. La Boss a besoin de se reposer pour pouvoir les mener avec son génie habituel...

Aussi réveillée qu'une meuf qui a dormi deux heures, ouais ! Au taquet ! Elle tente de faire la maline mais lorsque Sun lui lance un bout de bois, elle le manque et doit carrément s'abaisser à le ramasser. Ce qu'elle fait sans grand enthousiasme avant de questionner sa camarade du regard. Camarade qui, en retour, évoque le Kendo et souhaite savoir si ça lui dit quelque chose. J'imagine qu'c'est l'art d'attraper les bouts d'bois ? Quelque chose du style ? ironise-t-elle. Avant de se rendre compte que se moquer des passions des gens, ça n'apporte jamais rien de bon. Zelda fait ainsi l'effort de réprimer son sourire goguenard pour retrouver un air à peu près sérieux : Un truc où faut sauter dans tous les sens en poussant des cris d'belette surexcitée ? Mouais... C'est pas dit qu'ce soit mieux, ça. Mais, eh, au moins elle essaie ! Et bon, vu qu'ça doit être japonais, j'suppose qu'y une question de discipline et de... d'âme qu'faut accorder avec son Ki, son Chi, ou son Rasengan ? Elle n'a pas eu le temps de tout visionner mais ouais, elle avait commencé Naruto. Elle connaît un peu les ninjas, Zelda !