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Si c'était hier

Ven 2 Avr 2021 - 21:33


1er mars 2021, No Man’s Land.

Il était rare de voir l’équipe scientifique sortir de leur laboratoire, pourtant, lorsqu’elle avait annoncé aux siens cette expédition à viser exploratrice, l’une d’entre eux s’était portée volontaire pour leur servir d’assistance médicale durant la quinzaine de jours qu’ils passeraient à Seattle. Amrani ne se souvenait de la dernière fois où elle avait vu Quinn Saint-Germain sortir de Fort-Ward – si tant est qu’elle soit déjà sortie. Mais étant donné le niveau de danger relativement peu élevé de leur séjour à Seattle, on lui avait accordé cette place au sein de cette équipe d’éclaireur. Leur présence en ville restait finalement officieuse, il leur fallait infiltrer les lieux, rencontrer les différents groupes qui les intéressaient, analyser l’offre et les faisabilités de ces futurs échanges. Ils n’étaient pas très nombreux à être partis, une demi-douzaine à peine, et Saint-Germain était restée la plupart du temps à l’avant-poste temporaire qu’ils s’étaient trouvé à leur arrivée. Ce matin pourtant, Amrani lui avait proposé de l’accompagner – toujours escortées, de Logan, au besoin – pour lui montrer le No man’s land et ses trésors. L’israélienne était-elle impressionnée par toute l’activité qui s’était installée dans le centre-ville depuis qu’ils avaient abandonné leur avant-poste à Renton. Cette ville leur avait finalement prouvé qu’ils n’étaient plus les seuls à pouvoir prospérer dans ce monde. Quoi qu’il arrive, la vie trouvait toujours son chemin et l’Homme s’y adaptait du mieux qu’il pouvait. C’était cette capacité d’adaptation qui poussait aujourd’hui, Fort Ward à s’intéresser à Seattle et tous ses nouveaux habitants.

Les deux femmes étaient amies, depuis des années déjà. Même si le deuil d’Ela avait été si fort que même l’épidémiologiste n’avait pu s’approcher – si peu l’avait pu, finalement. Ces derniers mois les avait pourtant timidement et humblement rapproché, de par les épreuves douloureuses que la scientifique avait vécu, si semblable à celles de l’architecte. Toutes deux avaient perdu une vie heureuse, un mari, un enfant… Il leur avait toutes les deux fallu du temps pour rouvrir leur cœur, tout ça pour que le coup du sort ne leur arrache ce nouveau bonheur, comme une fatalité. S’autoriser à être de nouveau heureuse devenait alors une épreuve. Devaient-elles s’y risquer encore ? Amrani n’avait toujours pas la réponse à cette question, même deux ans après la mort de Merl. Les deux femmes se voyaient aussi régulièrement que possible depuis quelques temps, pour passer des moments à se soutenir, à se souvenir aussi. Des moments plutôt cachés, parce que la peine qu’elles ressentaient n’appartenaient qu’à elles finalement, et que peu de monde cette communauté pouvait comprendre. Heureusement, Quinn possédait un soutien plus fort que le sien autrefois, peut-être même se remettrait-elle plus rapidement ? Qu’en était-il aujourd’hui, presqu’un an après la mort de Vaughn ? Ela ne lui avait pas encore posé la question, à cause du manque d’intimité de ces derniers jours. « Je suis contente que tu sois là. » Dit-elle, alors qu’elles s’apprêtaient à rentrer dans l’entrepôt. « Il aurait été dommage que tu manques ça avant que nous repartions. » Et puis, elles entrèrent.

L’entrepôt n’avait rien d’un endroit très glamour, désaffecté depuis longtemps, il avait été remis en état pour permettre une libre circulation à l’intérieur de ces murs. Ce qui était le plus étonnant, c’était l’organisation qui avait évolué au fil des mois. Là, une zone permettant aux voyageurs de se reposer en relative sécurité, et à côté tous des étales et nombre de solitaire – ou de faction – qui proposaient leurs services en échange de denrées importantes pour leur survie. Une véritable place de marché finalement, qui attirait bien plus de monde qu’il n’y paraissait. Une plaque tournante qui favorisait les échanges, le troc et les alliances. « Regarde… Il y a aussi une équipe médicale qui prodigue des soins aux solitaires. C’est devenu un lieu important avec le temps. Je pense qu’il était temps que notre communauté revienne à Seattle. Parmi ces gens, il y a peut-être quelques communautés qui pourront nous aider à faire face à ce qui se prépare. » Dit-elle, pensive. Il était encore bien trop tôt pour fonder leurs espoirs sur cette population, mais Ela se voulait optimiste. Ils tenaient là une chance de faire mieux pour eux, pour les autres aussi. Elle invite Quinn à marcher avec elle et se mélanger dans la foule. « Peut-être que bientôt nous pourrons troquer nos médicaments ici, si cela est bon pour nous, cela offrira la possibilité à ces gens de choisir une alternative à New Eden… » Pour cela encore fallait-il s’assurer d’une présence discrète. L’israélienne n’oubliait pas le danger qui rôdait parmi tous ces gens présents. New Eden était déjà là, depuis longtemps, il restait encore à déterminer à quel point ils avaient répandu leur poison sur ce territoire.
Nata Atoka
Nata Atoka
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Re: Si c'était hier

Sam 10 Avr 2021 - 18:31

Après plus de cinq années passées sur l’île, Quinn avait finalement estimé qu’il était temps pour elle de se confronter au monde extérieur. Ce besoin n’était pas apparu subitement. Il était à la fois le résultat d’un long processus, et celui d’une conjonction d’événements qui, depuis quelques semaines, l’empêchaient à nouveau de dormir. Le premier anniversaire de la mort de Vaughn approchait dangereusement et elle n’avait de cesse de repenser à cette nuit tragique où, impuissante à empêcher la catastrophe qui s’annonçait, elle avait tout perdu. Avec le recul, après ces longs mois écoulés, l’épidémiologiste avait fini par réalisé que malgré toute sa volonté, elle n’aurait pas pu changer les événements de la nuit de suivre leur cours. Accepter cela avait été plus difficile que prévu, mais elle y était parvenue. Et bientôt une année après, elle commençait enfin à voir le bout du tunnel. La fin de son périple.

Accompagner cette expédition devait être, lui avait-on dit, une promenade de santé. Et effectivement, il ne s’était rien passé d’extraordinaire. Cela convenait parfaitement à Quinn, qui restait en retrait et obéissait scrupuleusement aux ordres de leur escorte. Plus que jamais, elle reconnaissait sa propre faiblesse face aux problèmes qui avaient surgis en même temps que les infectés, quelques années auparavant. C’était une toute nouvelle société qui avait émergé des cendres de leur vieux monde, et elle n’avait pas faite pour les plus tendres. Jusqu’à maintenant, Quinn en avait été relativement préservée, à l’abri sur Bainbridge. Elle réalisait maintenant que son existence, ces dernières années, avait été privilégiée. En avançant aux côtés d’Ela dans l’entrepôt désaffecté et réinvesti par les survivants de l’extérieur, Quinn ne pouvait s’empêcher d’observer les visages et les corps, bien plus éprouvés par la vie que le sien. Les kilos que la dépression lui avaient arrachés, eux les avaient perdus par manque de nourriture. Les traits émaciés, les teints pâles et les yeux injectés trahissaient parfois une maladie ignorée ou sous-jacente, que Quinn ne pouvait s’empêcher de noter mentalement. Il y aurait tant à faire…

Ecoutant attentivement les indications d’Ela sur le lieu et l’activité fourmillante qui s’y déroule, Quinn veille à ne pas s’éloigner d’un pas. Elle est comme un enfant qui découvre la grande ville, fascinée par tout ce qu’elle aperçoit et en même temps terrifiée à l’idée de se perdre. Fronçant légèrement les sourcils en entendant l’architecte évoquer la possibilité de troquer leurs médicaments, Quinn allonge sa foulée pour se ramener à sa hauteur. « Il faudra sérieusement augmenter la cadence de fabrication pour envisager de concurrencer New Eden… et on n’est pas équipés pour. » Certes, elle ignore les effectifs précis et les moyens techniques du géant pour inonder ainsi Seattle de ses médicaments. Mais elle choisit, pour l’instant et dans ce contexte particulier, de les considérer comme un gros groupe pharmaceutique aux méthodes abjectes, face à leur micro-entreprise. Il est plus facile pour elle de réfléchir en ces termes, plutôt que d’imaginer toutes les horreurs qui doivent se dérouler sous leur autorité. Elle sait, sans l’ombre d’un doute, qu’ils pourraient les rayer de la carte d’un souffle, réduire toutes les femmes en âge de procréer en esclavage et aligner les hommes contre un mur avant de les fusiller. Vraisemblablement, ils ne l’ont pas encore fait car cela nuirait à leur réputation ici, à Seattle. Mais Quinn ne se fait pas trop d’illusion : Fort Ward n’est pas suffisamment apprécié pour que la disparition de leur groupe provoque un raz-de-marée d’indignation. Ils sont sur la corde raide, et bientôt, ils basculeront d’un côté, ou de l’autre.
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