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messenger from beyond the grave

Jeu 28 Mai 2020 - 18:46


Tic Tac. Nerveusement, la grecque se fit craquer les phalanges, une à une, alors que ses semelles foulaient sans discontinuer le bitume sombre. Elle tournait en rond, comme un lion en cage lassé d’attendre, son visage se relevait avec une rigueur quasi millimétrée, ses orbes balayaient avec une attention maladive l’entrepôt, guettant les prémices d’une arrivée particulièrement attendue. Sa source, qu’elle estimait fiable, lui avait assuré que les affaires de la forgeronne l’amèneraient au No Man’s Land ce matin-là et elle s’était hâtée de rejoindre le lieu au moins une heure en avance pour ne pas la manquer. Jack était un homme réputé ici et ses informations rarement décevantes. En dépit du caractère bourru de l’ancien détective reconverti en chasseur de primes, Elena lui trouvait de vraies qualités qui la poussait à venir trouver de l’aide régulièrement auprès de lui ; il était devenu son repère incontournable ici.

Tic Tac. Le calme avant la tempête inévitable qui se profilait à l’horizon, comme le pavillon funeste de la flotte ennemie qui claquait l’air, menaçant. Sous sa prison charnelle, son coeur battait à tout rompre l’appréhension grondante qui enflait à mesure que le temps s’égrenait. L’impression alors qu’une éternité s’était jouée depuis son départ sans retour du ranch lui vint à l’esprit. Presque sept mois qu’elle avait sobrement salué ses compagnons pour ne plus les revoir. Sept mois qu’elle avait laissé derrière elle ses souvenirs, ses colocataires et amis, le quotidien qui avait été le sien durant trois longues années mouvementées et difficiles. Ponctuées de pertes, de chagrins, de souffrances. À chaque nouveau détour un défi plus insurmontable que le précédent. À chaque nouveau jour un lourd tribu à payer pour avoir le droit de respirer encore. Ces années avaient été riches en émotions, en rencontres bouleversantes et en amitiés sincères, mais elles avaient aussi profondément marqué la brune dans ses chaires d’affres indélébiles que rien, pas même le temps ne saurait apaiser.

Là. Ses prunelles ambrées accrochèrent sa crinière dorée sans plus jamais la lâcher. Le prédateur avait repéré sa proie et ses pas cessèrent leur infernal manège pour s’acheminer vers l’objet de leur présence. Kara était en compagnie d’autres survivants en pleine discussion, aussi Elena resta-t-elle pudiquement en retrait, les bras croisés contre sa poitrine, patientant tant bien que mal à bonne distance de la tempétueuse blonde ; assez pour ne pas la déranger dans ses activités, pas suffisamment pour risquer de la perdre de vue. Elle ne manquerait pas cette occasion. Pas encore. Aujourd’hui était le jour où l’alignement des astres lui prodiguerait ses faveurs, dut-elle le provoquer elle-même. L’échange entre la maîtresse du troc et ses collaborateurs dura plusieurs longues minutes qui consumèrent définitivement ce qui restait de patience à la jeune femme. Elle s’était de nouveau mise à faire les cent pas quand finalement, sa cible se mit en mouvement.

Aussitôt, Elena s’élança prestement à sa suite, avant da la héler d’un large geste du bras pour arrimer son attention : « Kara ! » Elle laissa retomber son bras le long du corps et hasarda un sourire discret. Elle avait déjà rencontré la femme. Après le crash la première fois, elle l’avait aperçue. Puis quand le reste du conseil et elle avaient décidé de se lancer dans le troc. Elle en gardait le souvenir d’une personne digne de confiance et d’intérêt. Aucun hasard à ce qu’elle l’ait choisie pour ça. « Elena, tu te souviens ? » Elle regarda instinctivement à sa droite, puis à sa gauche avant de lui demander sur un ton qui revêtait la gravité du sujet qui l’amenait là devant elle : « On peut discuter toutes les deux dans un endroit plus… discret ? » Elle inspira doucement. « J’ai un service à te demander et des renseignements qui pourraient t’intéresser. » Ses iris sombres s’ancrèrent dans celles de l’américaine.
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Re: messenger from beyond the grave

Mar 2 Juin 2020 - 13:37

Aujourd'hui est un autre grand jour pour le No Man's Land. Ce matin, l’entrepôt est plus agité que la moyenne, c'est le départ du premier gros convoi de troc pour l'église de Renton, l'avant-poste du groupe de Selene et Andrea. Les passeurs de confiance sont en place depuis un entrepôt voisin où les stocks ont été amassés, triés et préparés pour la route. Ils n'attendent que le feu vert de la coutelière pour se mettre en chemin. Coutelière qui quitte le motel précipitamment à l'aube après avoir avalé en vitesse son café. Sac de sport bien gonflé sous le bras qui tinte à chaque pas, jeans en toile sur les fesses, débardeur noir sur le dos, rangers aux pieds et machette qui pend à sa taille. Sa démarche est rapide, le motel n'étant guère éloigné du No Man's Land, elle ne met pas longtemps à se retrouver à son seuil.

À peine les grandes portes passées qu'une petite foule s'amasse autour d'elle, l'un d'eux, un talkie en main attend patiemment son tour, un autre, le plus rapide à l'alpaguer lui tend une liste conséquente transcrire sur une feuille volante, de quoi remplir toute la page A4 d'un énorme tableau. La blonde à tresses et dreadlocks la dévisage en diagonale, c'est l'inventaire de la marchandise à envoyer, tout à l'air d'y être et il ne semble pas y avoir d'erreurs. Cela fait déjà plus d'une semaine qu'elle travaille quotidiennement sur ce premier gros convoi, l'on peut dire qu'à ce stade, elle connait presque par cœur la liste des biens à envoyer et ceux à récupérer en retour. Elle remercie d'un hochement de tête l'apprenti comptable en gardant précieusement la feuille en main et se tourne vers le troisième luron, la sentinelle juste derrière. Il a les traits tirés, la nuit a - semble t-il - été longue pour cette fine gâchette. "La route est dégagée ?" Le travail du concerné et de ces paires pour la nuit. "Oui, plus un rôdeur sur ce passage..." Il n'est pas très enchanté, à juste titre, ce n'est pas son rôle premier de faire le ménage. Il n'en fait cependant pas la moindre remarque, il en a déjà parlé de ce sujet avec Kara qui compte bien faire quelque chose pour monter une troupe de nettoyeurs dans un futur proche. Un autre projet, encore un, ils sont nombreux aujourd'hui et vont de paire avec l'arrivée de ses cheveux blancs naissant et qui ne cessent de se présenter semaine après semaine.

C'est le tour du dernier luron d'accaparer son attention, celui-ci lui tend le talkie-walkie qu'elle attrape bien rapidement. Tout est en ordre, le terrain dégagé, la liste correcte, les passeurs peuvent partir avec le convoi. Elle approche l'appareil déjà réglé sur la bonne fréquence à ses lèvres et y marmonne rapidement l'ultime directive et feu vert. "Tout est ok, vous pouvez partir. Faites attention à vous. Prévenez-moi quand vous êtes arrivés et quand vous repartez." Voilà qui est fait. Et les trois survivants se dispersent à la suite pour retourner à leurs affaires quotidienne. Kara coince le talkie à sa ceinture et clopine rapidement vers Idriss, l'intimidante armoire à glace qui avait pour mission de garder son stand et sa grande tente personnelle pour la nuit. Elle a tout juste le temps de le saluer quand une main s'agite vers elle et que son prénom résonne à nouveau. Le géant noir s'écarte immédiatement de plusieurs mètres quand la femme arrive à sa hauteur et reprend son rôle de piquet non loin de là.

Kara a toujours été physionomiste, capacité qui n'a eu de cesse de se développer depuis que le monde est ce qu'il est. Aussi, elle sait immédiatement qu'elle a déjà croisé ses deux pupilles ténébreuses et ne doute pas une seule seconde de l’identité d'Elena. Celle-ci lie rapidement ce visage au carré séduisant avec les inquiétudes qu'Andrea lui a formulé au sujet des disparitions de son groupe. La forgeronne et leader du troc avait pour but d'essayer d'obtenir des informations sur les disparus et voilà qu'elles le lui étaient livrées sur un plateau d'argent. C'est bon pour les affaires ça, bon pour le lien entre elle et ces plus gros clients du coin.

Avant toute réponse, elle promène lentement ses iris azur de haut en bas sur la revenante, rien de sarcastique là dedans, ce n'est qu'une observation indispensable pour mieux évaluer la situation. Le tableau s'y dessine rapidement, pas de blessures à l'horizon, une dégaine qui n'a rien de celle fraîchement sortie d'un grand camp et une attitude générale soulevant une certaine austérité. "Bien sûr. J'adore les histoire de fantômes." Elle annonce la couleur sur un ton de plus neutre : elle sait. La grecque a donc toute son attention et l'américaine l'invite à la suivre d'un geste du menton alors qu'elle reprend sa marche vers son petit coin à elle. Un stand qui s'étend sur deux grandes tables recouvertes de peaux de vache et surmontées par deux grosses vitrines contenant son râtelier d'armes en vente. Derrière celles-ci, une énorme tente privée dont l'intimité est préservée par une grande bâche qu'elle soulève et garde relevé le temps que la brune la rejoigne. Avant de s'y engouffrer à son tour, elle fait signe à Idriss de surveiller les environs pour que personne n'approche de trop près la tente géante qui sert de bureau à la forgeronne rendue femme d'affaire.

L'intérieur est sommaire, plus porté sur l'efficace que sur le confort. Au centre, un touret en bois, autrefois utilisé comme bobine pour les câbles électrique des chantiers est aujourd'hui reconverti en table basse. Trois poufs en guise de siège, une pack de six bouteilles d'eau dans un coin, un mini générateur posé au sol et branché à une bouilloire qui repose sur la petite commode juste à côté. Quelques caisses traînent avec de la ferrailles et fusils à aiguiser, ainsi qu'un espace couchage avec un vieux tapis de yoga, quelques couvertures et un oreiller, le tour de la tente est vite fait. "Un service contre des informations sur New Eden, ça s'annonce intéressant." Souffle t-elle en rabaissant derrière elles la grande bâche qui sert de porte. Et oui, ça aussi, elle sait, ou tout du moins, elle en presque certaine. Son sac de sport rejoint le sol et elle en extirpe un énorme cahier, sa chère bible  du troc d'où elle y glisse la précieuse feuille A4 tendue plutôt. Le gros volume retourne aussitôt dans son sac, elle est prête. "Installe toi." Pour sa part, elle s'avance vers son générateur qu'elle allume et lance sa bouilloire en marche avant d'en sortir deux petits gobelets en plastique et un paquet de café soluble qu'elle dépose sur sa table basse. On ne déconne pas avec le café, c'est sacré, surtout à cette heure-là.
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Re: messenger from beyond the grave

Dim 14 Juin 2020 - 16:06


Elena eut un instant de flottement avant que ses lèvres ne s’étirent dans un sourire motivé par l’évidence. Elle hocha doucement la tête ; bien sûr que la maîtresse du troc savait. Comment aurait-elle pu l’ignorer quand The Haven en était venu à dépêcher le groupe de chasseurs de prime de Valérian ? Andrea avait probablement remué ciel et terre pour obtenir des réponses aux questions suscitées par leur mystérieuse disparition. La métisse avait par souvent démontré son fort tempérament et renoncer sans chercher à se battre pour la vérité était contraire à sa nature. Ainsi il serait plus simple d’aborder le sujet qui la conduisait ici. Elena suivit sans hésitation la forgeronne qui l’invita à trouver leurs aises et un semblant d’intimité sous une tente de fortune. Dessous, la grecque balaya brièvement l’endroit des yeux, et s’installa sur un des poufs disposés au centre. Elle fit glisser son sac à dos le long de ses bras fins, le déposa entre ses jambes par réflexe et sourit de nouveau au commentaire de la blonde. Rien sans rien, naturellement. Elle n’était pas à l’initiative du commerce entre survivants par hasard. Et la grecque était du genre honnête, elle savait que tout service demandé pouvait potentiellement vous assujettir à une dette qu’elle préférait d’ores et déjà régler, selon ses conditions.

« Il apparaît que tu es déjà au courant de mes mésaventures avec New Eden. » introduit-elle alors que ses orbes cuivrées s’attardaient sur la bouilloire sifflante. Egarés entre deux. Deux mondes ; celui-ci de leur réalité et l’obscur terrain de ses réminiscences. Deux temps. « J’ai besoin de ton réseau et toi pour faire passer un message à The Haven. On m’a informé qu’ils avaient repris le troc depuis peu et je suppose que nul n’est mieux placé que toi pour prendre contact avec eux. » Le Conseil passait forcément par Kara pour la gestion de leurs échanges. Probablement qu’avec les derniers sombres événements, était-elle devenue leur dernière et unique interlocutrice. La méfiance des siens ne lui était pas inconnue. Et la sienne, était la raison qui la poussait à se tenir éloignée de son ancien camp. « Tu te doutes de son contenu, j’imagine ? » Elle sortit une lettre pliée sur elle-même de son sac, rédigée à la main. Elle la fit glisser sur le tabouret. Elle ne contenait rien d’important, servait seulement à faire gage de son authenticité. « J’aimerais que tu leur signales mon retour, et j’aimerais rencontrer l’un des membres du Conseil pour m’expliquer face à face. C’est tout. » Tout simplement. D’un geste machinal, son index cueillit une mèche de cheveux pour la ranger derrière son oreille.

« Tu as su faire quelque chose de grand ici. » commenta la grecque en désignant de la main tout ce qui les entouraient derrière ces bâches occultantes. Le No Man’s Land avait semblait-il retrouvé sa sérénité. Le troc donnait l’air de prospérait malgré l’attaque de Novembre. Et les possibilités « d’emplois » étaient nombreuses et variées pour quiconque souhaitait s’investir dans le coin. Elena avait été frappée par l’étonnante « discipline » qui régnait. Hormis le saccage de la Taverne dont lui avait parlé Vaughn et pour lequel, Blake et elle allaient proposer un plan d’action, le reste semblait fonctionner naturellement. « Comme quoi, inutile d’appartenir à de grandes communautés pour que ça fonctionne. » Elle esquissa un sourire sous-entendu. Kara était présente le jour où Armand et les siens leur avaient présenté leur camp providentiel. La grecque n’avait pas manqué de faire le rapprochement avec June. Ces soient-disants garants de la survie de l’humanité. « Je ne sais pas comment se sont conclus vos échanges avec New Eden, ni quel est ton opinion à leur sujet, mais ce que je peux te dire c’est qu’ils sont effectivement aussi grands qu’ils le prétendent. » Et ça, ce n’était pas pour la rassurer.
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Re: messenger from beyond the grave

Jeu 2 Juil 2020 - 12:44

Elle cligne des yeux quand le couperet tombe une première fois, la confirmation lui arrache un début de sourire mais qui ne s'étend pas plus, il préfère s'évaporer aussitôt. New Eden et mésaventure côte-à-côte, ce n'est pas le meilleur des mélanges et cela vient malheureusement soulever des craintes déjà bien présentes comme de nouvelles questions.

Elle a besoin de pouvoir évaluer tous les risques d'un rapprochement ou d'une exclusion avec ce grand groupe. Pour ça, il lui faut des faits, faits qui se trouvent possiblement dans le contenu de cette lettre qui termine sur son tabouret. Elle n'en sait rien, se lève vers sa bouilloire et enchaîne sans détour tout en l'observant du coin de l’œil, à la recherche d'un indice supplémentaire. "Non, je n'ai aucune idée de son contenu." Et elle ne souhaite pas l'ouvrir, c'est mauvais pour les affaires que de mettre son nez où son client ne le désire possiblement pas. L'eau a terminé de bouillonner et un fond de café soluble barbote au fond des gobelets désormais gorgés d'eau brûlante. "Ce sera fait. La nouvelle émissaire du groupe étant Selene, je pense que tu auras à faire à elle." Andrea a été claire à ce sujet, mais la blonde préfère ne rien affirmer, dans le doute. "Tu repasseras demain en fin de journée, je serai en mesure de te donner une date et un lieu à ce moment là." Le temps qu'un passeur ou une sentinelle de confiance remonte à l'avant poste pour transmettre cette demande et obtenir réponse, rien de plus et elle s'accorde même quelques heures supplémentaires en cas de problème.

Retrouvant sa place sur son tabouret, elle allume une bougie rouge entre elles et suit du regard le geste de la main de son interlocutrice. Vrai qu'elle a su faire quelque chose de grand, une évolution qui va de paire avec la découverte de nombreux cheveux blancs. "En effet.... le désir d'indépendance et la volonté de survivre de chacun nous a mené ici. Moi, je n'ai fais que chapeauter le tout." Il fallait rendre à César ce qui était à César. Seule, elle n'en serait pas là, la magie du collectif où tout le monde est traité avec égalité à su charmer et faire son oeuvre. Le compliment est tout de même salué d'un signe de tête, on va pas le nier, il est tout de même de bienvenu.

Le sujet de New Eden revenant par la suite sur le tapis, la blonde à tresses s'attaque à son café - sans vraiment se soucier de la chaleur de celui-ci - avant toute réponse. Ce n'est pas un sujet à prendre à la légère. "Ça, je n'en doutais pas vraiment, ils ont pris une de mes armes en photo dans leur camp pour nous prouver la véracités de l'ensemble de leurs clichés." Et là dessus, aucun vagabond n'a trouvé quelque chose à redire. "Ce que je ne sais pas...  c'est ce qu'il vous ont fait et surtout... le pourquoi." Selene et Andrea lui ont volontairement cachées des choses à ce sujet et ce que la forgeronne ignore encore c'est bien ce qui a motivé ces femmes à la tenir à l'écart. Pourtant, en réalité, c'est uniquement pour la protéger qu'elles en ont dit le minimum et Kara ne possède pas de boule de cristal pour en venir à cette conclusion, aussi, elle creuse donc où elle peut et ce avec une plus grande détermination. "J'ai besoin de savoir sur quel pied danser avec eux, c'est important, Elena." Le ton est grave et à juste titre, la situation est réellement inquiétante pour elle et les siens. En attendant une réponse, elle dépose la lettre devant elle et récupère la bougie qu'elle vient renverser au dessus de celle-ci afin d'y glisser un peu de cire pour y sceller son contenu. Elle n'a pas de sceau digne de ce nom pour embellir la chose et se contente d'y écraser une de ses bagues dont la forme saura être inimitable. Ainsi, elle peut garantir à la brune que ni le passeur et ni elle ne mettront le nez dans ses affaire, qu'importe ce que contient la lettre, ce n'est que gage de bonne foi et ça aussi c'est bon pour les affaires.
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Re: messenger from beyond the grave

Dim 30 Aoû 2020 - 12:50

Elena hocha la tête en enregistrant les informations délivrées par la forgeronne. Selene, donc. La confrontation promettait d’être chargée en émotions. Le tempérament volcanique de la pianiste et ses réactions impulsives seraient soumis à rude épreuve avec les révélations de la grecque. Mais elles étaient essentielles. Savoir que tout n’était pas perdu ni pour Caroline, ni pour Eli pourrait insuffler un vent d’espoir à leur communauté qui avait tant souffert, tant été meurtri par les deuils. Elena sentit un vague soulagement se diffuser sous sa poitrine alors qu’elle entrevoyait enfin cet instant qu’elle avait attendu pendant des semaines. Bien sûr qu’elle aurait des comptes à rendre, sans doute aussi même recevrait-elle une juste condamnation pour ses actes, mais là aussi, n’y était-elle pas préparée depuis longtemps ? Ne serait-ce pas là l’unique issue à son calvaire ? À ses nuits rythmées d’horreurs sans fin ? Il lui semblait enfin caresser du doigt l’espoir d’en finir avec tout ça, d’être libérée de ses obligations, de ses fardeaux trop lourds désormais, de cette infernal instinct de survie qui la maintenait coûte que coûte, l’attachait à ce monde impitoyable.

« Disons qu’ils n’ont pas apprécié que mes amis et moi les suivons. » fit-elle sans rougir toutefois de ses intentions. Son groupe avait suffisamment souffert par le passé pour justifier d’une méfiance quasi paranoïaque à l’encontre de soit-disants bienfaiteurs aux prodigieuses ressources, propriétaires du dernier Eden sur terre. « Je peux comprendre bien sûr qu’ils aient réagi… avec virulence. » précisa-t-elle à la blonde avec toute la franchise qui était la sienne. Elle avait été une leader elle aussi, responsable de vies sans jamais vraiment avoir voulu l’être. Mais les circonstances l’avaient propulsée à ce rôle, l’avaient forcée à agir en conséquence, à prendre des décisions bonnes et mauvaises parfois, à réagir sans tarder pour le bien de tous. Comment aurait-elle réagi à leur place ? Sans doute de la même manière. Elle le savait, elle se l’était avouée sans peine dans le huit-clos de sa cellule.

« Ils ont rapidement ouvert le feu pour nous forcer à nous rendre. On a essayé de leur échapper mais comme tu t’en doutes, ils ont fini par nous coincer. » Un sourire amer ourla ses lèvres. Les regrets coulaient abondamment ces derniers temps. Elle avait échoué si souvent qu’elle peinait à garder le compte. « Bref, ils nous ont maîtrisé, bandé les yeux, séparé, et conduit dans un avant-poste. Je ne peux pas parler au nom des autres que je n’ai pas revu, mais en ce qui me concerne, je n’ai pas été maltraitée à cela près que j’étais enfermée en attendant qu’on me transfère ailleurs. » Elle jugeait important de n’omettre aucun détail, de laisser chacun à sa libre interprétation même si son intuition lui murmurait au creux de l’oreille de sombres présages. « Ils ont essayé de me soigner, j’ai été nourrie convenablement, sans doute mieux que beaucoup de survivants ici. Ils ont toutes les ressources dont ils parlent. Des élevages, des champs… Ils sont ce qu’ils avancent. » confirma la grecque.

Elle avait encore du mal à s’enlever de la tête ces infrastructures développées, cette mini société parfaitement organisée qui vivait une vie quasi normale au milieu des ruines de leur civilisation. Et ce n’était qu’un avant-poste, un aperçu infime de leur puissance, de leur réussite face à la destruction du monde tel qu’ils le connaissaient tous. Elena était prête à parier que leur camp regorgeait de richesses qu’ils s’étaient tous interdits d’imaginer désormais. Elle imaginait Effy, Nicolas, Liam et tous ces autres enfants grandir là-bas, évoluer presque normalement dans un cadre sécurisant. Si seulement l’ombre au tableau ne lui donnait pas des sueurs froides…

« Ils peuvent beaucoup nous apporter, c’est certain. Mais je ne crois plus aux contes de fées depuis longtemps. Je sais qu’on ne se connait pas, toi et moi, que tu n’as aucune raison de croire en moi, mais quelque chose n’allait pas. » assura la grecque. « Ils parlaient de ne pas abîmer les femmes avant de les déplacer comme ils auraient parlé de ne pas abîmer du bétail, de la marchandise. » Elle eut du mal à cacher sa frustration de ne pas avoir pu glaner quelques informations supplémentaires. De ne pas avoir de preuve plus concrète à offrir. « Ce n’est pas tout. Je ne me suis pas échappée toute seule, quelqu’un m’a libérée. Sans un mot, la veille de mon transfert. » Elle haussa les épaules, les sourcils froncés par la question qui brûlait en elle. Qui ? Mais surtout… « Pourquoi ? Pourquoi prendre le risque de me libérer s’ils n’avaient rien à cacher ? » Elle se pinça les lèvres, secoua la tête pour signifier qu’elle non plus n’avait pas la réponse. Peut-être ne l’aurait-elle jamais. Peut-être se trompait-elle. Mais au moins distillait-elle le doute dans l'esprit de la blonde à son tour. « Je te laisse peser ces informations, te faire ton avis sur le sujet. Si mon opinion a son pesant d’importance, sache que je me méfierais à ta place s’ils réapparaissaient dans le coin. »


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Re: messenger from beyond the grave

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