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Toma mi mano

Mar 11 Juin 2019 - 16:25

Toma mi mano


tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a woman my girl. but for now it’s time to run...


Ce n'était pas désagréable d'être ici, pour elle du moins. Pour sa fille qu'elle voyait s'accoutumer auprès d'autres enfants de son âge. Quant à elle, Cristina n'était sans doute pas des plus avenantes de cette communauté en pleine expansion, néanmoins elle faisait l'effort de paraître au moins aussi « normale » que les autres. Si elle avait dû exposer un peu son existence auprès de ceux qui géraient les intégrations, désormais son passé, ses choix, tout ce qui l'avait blessé dans ce monde comme dans le précédent, était à nouveau cadenassé dans le creux de son cœur. C'était plus simple, plus facile de ne pas parler de soi, ainsi personne ne pouvait juger, encore moins colporter quelques rumeurs à votre sujet. Tout ça était propre à l'Homme finalement, ça l'était avant, alors pourquoi tout serait différent désormais ?

Un simple gilet couvrant le débardeur informe qu'elle portait, elle se décida enfin à quitter les alentours de cette école/garderie, pour s'éloigner vers la léchée de sable. Ces gens y avaient monté une éolienne, elle ne savait pas comment, ni ce qui les poussait à espérer redorer le blason de la civilisation de cette manière, mais si cela profitait au confort de sa fille, alors soit, elle ne redirait rien aux choix de ceux qui dirigeaient ce campement. Pans du gilet tirés contre elle, la Cubaine ôta rapidement ses ballerines et continua son avancée dans les grains chauffés par le soleil matinal. C'était calme, peut-être trop, mais puisque d'autres veillaient à ce que ce silence apaisant persiste, autant en profiter. En six mois, elle avait reprit un peu des kilos perdus, les cernes sous son regard noisette s'étaient évaporés et, désormais, quand elle s'observait nue dans une glace, ses côtes ne saillaient plus temps. C'était comme une arche sur la terre ferme, et sans le type qu'elle avait cru mauvais, sans son aide, alors sans nul doute se serait-elle tuée pour n'avoir pu protéger Celia qu'elle n'aurait, sans lui, jamais pu retrouver.

A quelques pas de l'eau, elle redressa les yeux vers l'horizon avant de tremper les pieds dans l'eau en un bref sourire. C'était encore frais, néanmoins cette sensation lui rappelait le passé, quand Juan était encore auprès d'elle, quand la vie était moins cruelle. Perdue dans ses songes et sa contemplation inutile, la jeune femme ne redressa les cils qu'après une poignée de minutes, les tournant vers la tour de guet puis, plus loin.... Là bas, près d'une souche d'arbre couché témoignant des épreuves que cette communauté avait essuyées elle aussi. Ses paupières se plissèrent avant qu'elle puisse remettre l'homme qui se tenait là, à l’abri des regards dans doute. Précisément même étant donné ce qui l'accompagnait en cette heure pourtant bien matinale. Elle avait connu ça, longuement, ce vice lui avait ôté sa fille durant un an, lui avait arraché tant de moments agréables avec elle que de voir quelqu'un d'autre, même inconnu, imiter ce geste qu'elle avait répété des mois durant, chaque jour, quasiment chaque heure ensuite, la poussa à s'approcher un peu plus.

- Lucas ? Il lui semblait que c'était bien le nom de cet homme. Il était là depuis bien plus de temps qu'elle, elle en avait entendu parler. Plus précisément en Mars d'ailleurs quand, pauvre de lui, il avait dû subir ce que personne n'aurait dû endurer. Il avait perdu sa femme durant son accouchement. Dieu, dans son immense bonté, avait laissé vivre l'enfant en quémandant à sa mère de le rejoindre. Une vie pour le prix d'une autre en quelque sorte. Quand il redressa les yeux, qu'elle remarqua les quelques canettes près de lui, puis le goulot de celle qu'il ramenait à ses lèvres depuis une poignée de minutes, Diaz passa la langue contre ses propres pétales avant de les pincer. Il lui était toujours difficile de voir ça, de tenir, pour autant là, elle ancra fiévreusement les ongles dans les fibres de laine contre ses bras avant de reprendre. Cristina, je crois …. enfin je t'ai déjà vu amener ta niñaà la garderie.

Plusieurs fois oui, néanmoins elle n'imaginait pas qu'il fusse à ce point accroc à ce qu'elle même ne pouvait plus savourer, même en infime quantité, puisqu'il avait encore la joie d'avoir une enfant à élever.

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