Nous étions en... 2012 si je me souviens bien. J'étais adjointe du chef depuis quelques mois déjà après l'attentat de Seattle. Enfin, une prise d'otages qui a dégénéré et est devenu un attentat terroriste après que l'on ait compris les motivations de ces raclures. Des complices avaient été attrapés par la CIA et fidèles à leurs manières peu orthodoxes, j'avais dû faire un crochet par Guantánamo pour interroger ces hommes. Nous n'étions plus à l'époque du water-boarding utilisé à tour de bras par ces crétins de la CIA mais les conditions de détention étaient mauvaises. Personnellement, je trouvai que ces terroristes méritaient un sort très peu enviable mais tomber dans les mains de la CIA, il fallait être à la fois un bras cassé et très peu chanceux. Je ne prêtai que peu de confiance à ceux qu'on appelle avec humour et un brin de mépris "les stagiaires de Langley" dans le milieu du renseignement et du contre-terrorisme là où nous du FBI ou encore de la NSA, nous étions un peu plus sérieux.
Comme d'habitude, les gus de la CIA avaient essayé de nous allécher en se targuant que c'était l'une des opérations les plus brillantes et réussies à l'étranger depuis le raid contre Ben Laden orchestré par la T6, autre surnom, parfois utilisé comme nom de code pour désigner la SEAL Team Six. La capture de ces trois hommes au Moyen-Orient s'était faite avec l'aide de l'armée américaine, pas vraiment le genre d'opération ultra secrète comme la Neptune Spear. Et comme je m'y attendais, lorsque j'arrivai à la prison de Guantánamo en compagnie de Fischer et de Baird et que nous commencions à interroger les captifs, ce n'était que des sous-fifres employés par les terroristes pour faire de la basse besogne, c'était eux qui étaient en tête de liste pour faire exploser leur ceinture d'explosifs au marché de Bagdad. En revanche, ils en savaient suffisamment pour piquer notre curiosité. L'un d'entre eux, se faisant appeler simplement Abou-Abdelaziz nous avertit d'ailleurs de la possibilité voire de l'imminence d'un nouvel attentat sur le sol américain. En effet, notre ami était un second couteau mais plus gradé que les deux autres et il avait organisé le transfert d'un homme de la Syrie aux États-Unis via la Turquie. Il devait retrouver d'autres personnes radicalisées en mosquées pour préparer un attentat plus meurtrier que la prise d'otages. Seul hic, il ne savait pas où l'homme était parti et nous ne savions pas quand, où et comment cela allait arriver. L'imminence c'est un bien grand mot, surtout dit par un barbu.
Ce n'est qu'en revenant à Seattle que l'on apprit que l'homme que l'on recherchait était en cavale aux États-Unis. Il était venu clandestinement sous le nom de John Doe, venant comme un touriste en provenance de Turquie sans éveiller les soupçons. Ce n'est que lors d'un contrôle d'identité banal qu'il avait été arrêté pour un motif bénin et incarcéré en attendant son jugement mais ce fumier s'était fait la malle. Ce n'est qu'après en fouillant le logement qu'il occupait et ses objets de communication que le lien fut établi avec notre enquête via la NSA. L'ennui, c'était que maintenant, les marshalls étaient aussi sur le coup pour le rattraper car notre homme était en cavale. L'homme avait été signalé vu ici ou là à Seattle mais la plupart des signalements étaient simplement des hommes lui ressemblant. Cela signifiait donc qu'une collaboration s'imposait, au grand dam de quelques membres de mon bureau d'enquête, Stroud en tête. Arlington nous câblait qu'ils envoyaient un de leurs plus fins limiers, Denis J. Preacher sur le coup. Preacher n'était pas un inconnu pour moi, je l'avais déjà croisé en cour fédérale et sur une enquête concernant un gang sur la côte ouest.
Salutations, monsieur Preacher.
Furent mes mots pour l'accueillir dans mon bureau lors de son arrivée au siège de FBI Seattle, sous le regard de mes subalternes du bureau d'enquête. Il n'avait pas changé, il me rappelait vraiment cette vedette d'une série d'action qui se prenait pas de la merde et que je ne préférai pas regarder. Je me rappelai avec dédain que Francis en revanche en était friand.