L’assaut avait été plus rapide que Jenna ne l’aurait pensé. La première attaque qu’elle avait donnée au corps à corps avait déchainé un déluge de violence contre les assaillants et les attaques de ses coéquipiers avaient presque fait mouche à chaque fois. Elle était toujours à cheval sur un des cadavres et alors qu’elle récupérait sa lame dans le corps sous elle tout en rengainant son 9mm à la ceinture elle entreprenait la fouille afin de voir si ça valait vraiment la peine que Jason et Clayton aient pris une balle.

Elle palpait le corps sans vie sous elle avec une décontraction déconcertante, comme si elle ne ressentait rien et finissait par trouver l’arme de celui-ci, un 9mm également, identique au sien et bien qu’il semblait à court de munition cela pourrait toujours servir en temps voulu. Elle le fourrait dans son sac à dos rapidement avant de se relever et d’avancer plus loin histoire de voir ce que protégeaient ces gars-là.

Quelle ne fut pas la surprise en tombant nez à nez avec une famille, enfin ce qu’il en restait vu qu’apparemment les hommes venaient tous de périr au combat. L’espace d’un instant Jenna eu un doute sur ce qu’il fallait faire. Tous les tuer ? Après tout ils ne valaient pas mieux que des bêtes à bouffer des personnes vivantes et en soit elle arriverait sûrement à dormir avec cette idée-là. Mais après les remontrances pour avoir boxer la pauvre chose Jenna devait se contenir un minimum.

« Faites pas les cons ! Sérieux faites pas les cons ! »

D’un geste rapide Jenna changeait d’arme pour s’équiper de son 9mm chargé, mettant en joue la famille.

« Guys !! Y’a du monde ici ! On fait quoi ? »

Une fois assurée que la vie de Clayton n'était pas en danger la blonde se fit docile et s'attela à s'occuper des hommes à terre qu'elle acheva par pur précaution d'un coup de couteau en plein crâne. Un des survivants était encore conscient mais dans un bien sale état, il baignait littéralement dans son sang. L'achever ne fut alors pas aussi facile qu'elle l'aurait espéré, mais avait-elle d'autre choix ? Il n'avait aucun médecin dans leur équipe et sa blessure n'étant pas des moindres, ses heures étaient comptées, peut être même ses minutes. Couvrant alors sa bouche du plat de la main pour taire ses plaintes la blonde marmonna un :  "Je suis désolée..." à son attention avant de passer à l'acte.

Flageolante d'émotions, elle tituba à la suite à hauteur d'un de leur assaillant pour entreprendre une fouille jusqu'à trouver une clé où une inscription était visible. Réserve-1, cela avait le mérite d'en dire long et avec un peu de chance cette soi-disant réserve regorgeait de nourriture autre que des morceaux de chair humaine. "J'ai une clé de réserve les gars." Souligna t-elle pour le groupe avant de ranger la précieuse clé dans la poche de son manteau.

Se redressant mollement, elle rangea son pistolet à la ceinture de son pantalon et prit son fusil d'assaut en main. "On y retourne quand vous êtes chaud, j'ouvre la marche." Elle avait besoin de se rattraper après son échec précédent et avec une arme pareille et plus aucun gêneur à l'horizon, il n'y avait aucune raison pour qu'elle loupe ses tirs.

Avançant alors aux côtés de Jenna la flippante, le groupe ne mit pas bien longtemps pour pousser une nouvelle porte et se retrouver face à une toute nouvelle troupe de cannibales. Le constat fut rapide, ils semblaient bien portant et étant aucunement enfermés il fut aisé d'en conclure qu'ils étaient des ennemis. Celle-ci ne remarqua pas l'enfant qui s'était faufilé vers la sortie, son attention restait toute tournée vers leurs armes blanches. Le canon de son fusil d'assaut se hissa alors face au groupe. "J'fais quoi ? Je dégomme ces putains de fils de putes ?" Avec le ton donné l'on pouvait aisément en conclure qu'elle était prête à réaliser un massacre tant la haine était présente à l'égard de ces tortionnaires. Un simple "Oui" de la part de ses compagnons ou encore un geste brusque de la part de la bande et la blonde ira tirer dans le tas la seconde d'après.

Le routier qui avait ouvert le feu sur la dernière menace ennemie avait également agit dans la précipitation. Et c’était sans doute pour cela qu’il n’avait, jusqu’à présent, ressentit aucune douleur ? Mais, maintenant qu’il était debout et en appui sur ses jambes, il prenait réellement conscience que cette blessure n’était pas si anodine que cela. En fait, la souffrance se faisait ressentir petit à petit et maintenant,  il devait faire face à la vérité : il allait devoir boiter jusqu’à ce qu’il reçoive des soins médicaux.

Quoiqu’il en soit, le brun remercia tout d’abord Joy d’être venue à son secours. Et puis, il annonça aussitôt au cowboy qu’il allait bien tout en prenant à son tour des nouvelles de Jason. C’est donc en traînant la jambe que le brun s’approcha d’un des cadavres afin de lui fouiller les poches. Clay palpa attentivement le corps de cet homme. Il fouilla donc chaque poche de sa veste et de son pantalon, jusqu’à trouver finalement une boîte de préservatifs. Ravi de cette découverte, Clay attira l’attention de Joy et lui déclara haut et fort : - « Hé, Joy ! Regarde ce que j’ai trouvé ! » Il montra la boîte de capotes à sa compagne et puis, il continua avec un sourire qui voulait en dire long : - « Va falloir penser à les tester ! La date est encore valide ! » Et puis, il rangea précautionneusement son butin dans sa poche avec une envie furieuse de les essayer.

Une fois tous les macchabées fouillés, les filles, suivis des garçons, empruntèrent un nouvel escalier qui les firent descendrent encore un peu plus profondément sous terre. Et ce n’est qu’un peu plus loin qu’ils aperçurent le restant des cannibales. A la question des deux femmes, Clayton fusil en main, répondit immédiatement : - « On a qu’à tous les descendre un par un ! » Il s’arrêta un instant et continua : - «  Mettez vous genoux à terre et mains sur la tête ! Quand à toi ! » Il pointa la femme qui avait dit à l’enfant de s’enfuir avec son index. - « Qu’as tu dis à l’enfant ? »

Lorsque j’avais fini de m’occuper de mon frère, tout le monde semblait s’affairer à fouiller les cadavres des trois morts. Je me demandais bien ce qu’il y avait d’intéressant sur eux. En tout cas en me redressant, j’étais partagé sur ce que je devais faire. J’avais mon frère d’un côté, j’entendais toujours la femme un peu plus loin, ses potes étaient tous partis, mais visiblement elle était encore là. Elle devait être dans un sale état et relativement inquiète. Je me tournais vers mon frère qui semblait de nouveau sur pied.

- C’est bon tu gères toi ? Je pense qu’il faut que j’aille voir comment elle va avant de rejoindre les autres.

Je faisais un geste de tête en direction de l’endroit où la femme était recroquevillée. Mon frère passait avant comme toujours, mais j’avais définitivement envie d’y aller, avant de faire quoi que ce soit, il me fallait son accord. Je ne pouvais pas le laisser seul s’il me disait qu’il ne gérait pas. Je regardais vers l’endroit d’où les hommes étaient apparus et où les membres du groupe s’étaient déjà engouffrés.

- Je n’entends pas de coup de feu, je pense qu’ils vont bien enfin, relativement.

Je me penchais devant le cadavre du mec qui s’était pris mon coup de fusil à pompe. Il avait une belle tronche de merde maintenant. Il avait une carrure presque similaire à la mienne. En temps normal, je respectais les cadavres, mais celui-ci s’en était pris à mon frère alors je n’en avais rien à foutre. Je me tournais vers ce dernier pour ajouter bêtement.

- Tu crois que je peux lui piquer ses fringues ? Ce sera toujours mieux que puer la mort. Enfin, si y a des gens en bas, y a peut-être de quoi me foutre sur le cul.

Oui, il était tous à penser à plein de trucs et moi je pensais juste à l’état de mon frère, l’état d’une sauvageonne et éventuellement à me mettre d’autre fringue sur le cul. Chacun à son sens des priorités…

Jason resta un peu à la traîne alors que le reste du groupe s'engouffrait dans la suite du bunker. Sans trop de surprise, son frère resta en retrait pour rester auprès de lui. Sa blessure sommairement traitée, le blond se fit violence pour se remettre sur ses pieds. Cela lui faisait terriblement mal, mais il surmonterait cette épreuve. Il était habitué à passer outre la douleur. Merl lui avait annoncé qu'il verrait un médecin une fois de retour au camp, et c'était bien suffisant. Passant près de la femme recroquevillée, il s'approcha des cadavres qui avaient déjà été fouillés, et qui intéressaient son frère également. Par acquis de conscience, il se pencha pour fouiller à son tour l'un des hommes. Son aîné lui demanda s'il pensait qu'il pouvait se servir des vêtements du mort pour ne plus sentir la charogne à trois kilomètres. En y pensant, c'était sans doute une belle ironie. Le jeune homme haussa les épaules avec une grimace quand son flanc le lança.

« Bah j'suis pas sûr que ça lui serve encore à grand-chose... Mais bon ça c'est si t'aimes avoir les fringues d'un mort sur le dos.

Pour sa part, il n'avait pas très envie de dévêtir ces cadavres, parfum aux viscères ou non. Sa fouille du corps lui permit de trouver un paquet de cigarettes et un briquet, ce qui ne lui était d'aucune utilité. Il les enfourna néanmoins pour pouvoir les échanger une fois au camp contre quelque chose de plus utile. Il savait que certains seraient prêts à payer cher pour ça. Se redressant avec précautions, il descendit rejoindre le reste du groupe en compagnie de son frère et de leur protégée. Et ce qu'ils trouvèrent, ce fut ce qui restait des cannibales, ainsi que les leurs qui s'enflammaient quant au sort à leur réserver.

- Hé, fais pas le con. Ils ont p'têt des informations pour nous. »

Jason avait voulu tempérer Clayton, parce qu'il gardait en tête que des choses utiles pouvaient leur échapper. Dans le fond, il avait bien envie de procéder à un interrogatoire musclé de ces timbrés. Peut-être qu'ils lui diraient comment on finissait par bouffer d'autres gens. L'un dans l'autre, ils ne pouvaient pas les laisser en vie, et ils ne le méritaient pas. Mais autant tirer tout ce qu'ils pouvaient de cette situation.

La remarque de Jason me fis hausser les épaules. Il était évident que j avais pas envie d'en foutre un à poil mais si c'était le seul choix possible pour ne pas rentrer avec la fenêtre ouvert et mourir de froid. Je le regardais une dernière fois. Fouillant le corps pour trouver sa taille. Ce serait sans doute un peu grand, mais tant pis.

- On verra en repassant si je trouve rien d’autre à me foutre sur le cul.

Avant de descendre et d’aller voir la pauvre victime de canibal, je m’assurais que tout les corps qui était au sol avait bel et bien était tué d’une blessure à la tête, se serait dommage d’avoir à gérer des connards debout quand on aurait fini de nettoyer cette endroit. Pour une fois je réfléchissais à comment éliminer le danger avant qu’il n’arrive. Après avoir fini tout ça, je partais en direction de la femme qui semblait toujours aussi flipper ce qui pouvait se comprendre.

- Le danger est parti pour le moment. Vu que tu es encore la seul à être là, ça implique que tu m’aime bien? Je te garde avec moi, aller viens, ça va aller.

Je lui offrais un sourire avant de la relever et de la porter. Je n’étais pas rassuré de la laisser derrière nous. J’avais d’une certaine façon confiance, mais d’une autre je savais que ça restait une créature sauvage. Elle avait enfilé correctement mon manteau donc elle semblait un peu plus épaisse et réchauffé que la derniere fois que je l’avais prise entre mes bras mes tout de même. Arrivé en bas, ça me paraissait être bien louche cette histoire.

- Un gosse? J'en vois pas ici…

Oui le gamin était pas grand, mais il était évident qu'il était plus vieux que celui que j'avais tué lors de la prise du lycée. J'avais pas peur de lui foutre un taquet s'il devenait relou, même si pour le moment, j'avais l'inconnue dans les bras ce qui m'empêchait de frapper ou tirer sur qui que ce soit.