Oh, ça avait pas vraiment été compliqué de voir la façon dont ce jeune traînait autour de Nascha, le fait qu'ils soient arrivés ensemble, tout ça tout ça. Alors ouais, je sais que je suis pas le père de la brune ou quoi, mais... Bah j'ai fini un peu par prendre ce rôle à cœur malgré moi. Alors forcément, la moindre des choses est d'essayer de faire les choses bien.
A un moment, au détour d'une gorgée, j'ai fini par me dire qu'il serait peut-être bon de faire ce que j'ai à faire maintenant. Avant que ce fameux Ruben ne prenne la poudre d'escampette et ne décide de s'en aller ailleurs voir s'il y est. Peut-être que je suis pas dans le meilleur état pour avoir cette conversation. Mais je pense que j'ai pas trop le choix.
Alors j'ai chopé l'afro-américain par le bras, annonçant aux autres que je l'emprunte pendant quelques temps, avant de l'emmener avec moi dans l'un des conteneurs, le faisant s'asseoir sur une chaise en face de moi. Je plonge mon regard dans le sien, avec mon air de papa ours au visage. Et si on discutait un peu toi et moi ? Entre hommes. Nascha, t'es pas juste son ami hein ? Qu'il me la fasse pas, j'ai été jeune avant lui.
La soirée se déroule et si j'ai un peu bu, c'est pas encore suffisant pour me faire perdre du bon sens. Je reste autant que je peux avec Sasha quand soudainement, Liam demande à me parler, à sa manière je crois, en m'entrainant à sa suite jusqu'à un container où il me force à m'asseoir sur une chaise. J'ai plutôt l'impression qu'il va me découper quand il entame le "dialogue" et que je le regarde avec un temps, un mouvement de recul et les yeux ronds.
Euh, oui, ok, j'avise surtout de la taille de ses bras, ou du fait que s'il décide de m'en coller une, ma tête aura l'occasion de faire trois fois le tour avant de revenir en place. En fait, je- Euh, comment je peux dire ça ? Il s'inquiète pour Nash, je comprends. Il faut que je le rassure, forcément. C'est lui sa famille, avec les autres ! Je suis amoureux de Nash, que je lui annonce de but en blanc, avec assurance. On est... On est ensemble quoi, voilà tout.
Wow. Il vient de me scotcher le salaud. Au moins on peut pas dire qu'il tourne cent ans autour du pot. J'arrive pas à savoir si je prends ça pour de l'assurance mal placée ou bien pour du courage. Non parce que même si j'ai aucun lien de sang avec Nascha et si je suis techniquement pas vraiment assez vieux pour être réellement son père, c'est plus fort que moi. Et donc, sur un malentendu, je pourrais assez facilement arracher la mâchoire de ce jeune homme « sans faire exprès ».
Je continue de le fixer, le visage fermé et l'air d'être prêt à le réduire en pulpe au moindre faux pas, pendant quelques instants avant de briser le silence. Hm. Et ça dure depuis quand ? T'as quel âge ? T'as déjà eu des copines avant ? J'espère que tu l'as pas forcée à faire quoi que ce soit pour lequel elle serait pas prête... Sinon... ça va très mal aller pour son matricule.
On... On s'est déclarés tous les deux en... En octobre je crois ? Putain je suis en train de subir un interrogatoire ! Un vrai ! Le truc que les darrons font passer pour leurs filles ! Et puis euh... J'ai vingt et un an, je me sens obligé de répondre à tout, connement, sans réfléchir, à croire que ça peut changer la donne : Oui, j'en ai eu... des copines. Je lui fais pas la mention de Freya, j'ai pas à coeur de lui en parler.
Le reste ? Je bondis sur ma chaise, comme un sursaut horrifié : Mais comment ça ? Ça va pas ? Je veux pas lui faire du mal hein ! Non, hors de question de la forcer : C'est... C'est elle qui choisit, on prend notre temps, je sais très bien qu'elle a jamais eu de copains avant et que c'est important pour elle tout ça ! Puis j'aime pas l'allusion, genre je pourrais faire ça à une fille alors que je sais très bien ce que ça fait comme dégâts : Je veux juste qu'elle soit... Bah qu'elle soit bien ! Voilà : Tu es son père ou un truc du genre ?
En fait, je découvre à l'instant l'effet que je peux avoir sur le jeune homme en face de moi, la façon qu'il a de stresser face à mes questions et... j'aime bien ça. Malheureusement pour lui, à partir du moment où je considère quelqu'un comme faisant partie de ma famille, avant de les atteindre il faut d'abord passer par moi. Et s'il pense pouvoir faire du mal à l'une de mes filles sans que je lève le petit doigt, il se trompe sur toute la ligne.
En tout cas, je l'écoute attentivement, sans détourner le regard du sien. Je le fixe dans les yeux comme si on faisait une bataille de regard. Et j'étais super doué pour ce jeu à une époque. A sa réaction quand j'insinue – enfin que je dis plutôt directement – qu'il pourrait avoir essayé de forcer Nascha, je suis rassuré. Il a l'air outré, choqué que je puisse imaginer une telle chose. Alors soit c'est un bon acteur, soit il est sincère. J'ai envie de lui laisser le bénéfice du doute et choisir la deuxième option. Un truc du genre, ouais, que je me contente de dire avec cet air toujours aussi menaçant.
Puis je me lève de ma chaise, m'approchant silencieusement de Ruben pour le toiser avant de lui tendre la main finalement. Si jamais j'apprends que tu lui as fait du mal, d'une quelconque manière, je te réduirai en pulpe. Mais en attendant... Mon visage se radoucit subitement, affichant même un petit sourire étrangement rassurant et radicalement opposé à mon air précédent. T'as intérêt à prendre bien soin d'elle et à la rendre heureuse. Je surveillerai, attention!
L'avertissement passe, Liam s'approche et... Me tend finalement la main. Wow, c'est fini ? En fait, c'était juste pour me faire flipper, c'est ça ? Je le scrute avec les yeux ronds, un peu surpris mais bon, j'imagine que c'est normal. J'attrape sa main, me remets sur mes jambes en soupirant. Ok, donc... J'ai passé le test là ? Ou ça va recommencer à un autre moment, les interrogatoires ? Au final ça va, il a pas demandé trop de trucs bizarres, je suis un peu rassuré je crois. Ou alors c'est un piège ? Est-ce qu'il faut que je reste sur mes gardes ?
Je préfère te rassurer, que je lui souffle néanmoins en le fixant, avant de pincer les lèvres : Je lui ferais jamais rien de mauvais volontairement, jamais, c'est comme une promesse. Si je la blesse, ça sera sans doute parce que j'aurais pas le choix, ou que j'aurais pas vu, mais jamais parce que j'en aurais la volonté. Je peux pas comprendre comment on peut faire un truc pareil de toute façon : Je tiens trop à elle, que j'ajoute en détournant les yeux, en sentant aussi mes joues chauffer.
Pas que, non. Si tu lui fais du mal, je te brise chaque os un par un. Et j'étais pompier, je connais les os du corps humain, que je réponds à Ruben avec un sourire amical qui finalement doit bien faire froid dans le dos depuis son point de vue. Je reste debout devant le brun pendant qu'il m'assure que jamais il ne ferait volontairement de mal à Nascha. C'est pas mal comme promesse. Mais je peux lui en faire une aussi.
Sans me défaire de mon sourire et venant donner une tape – peut-être un peu forte – dans le dos du petit-ami de la native, je l'accompagne en même temps vers la sortie du conteneur pour éviter qu'on ne disparaisse trop longtemps et que des questions inutiles ne commencent à être posées. T'inquiète pas, volontaire ou pas, si elle souffre par ta faute, je te retrouverai. Mais eh, haut les cœurs, pour l'instant t'as l'air de la rendre heureuse alors t'en fais pas. Il a juste à tout faire pour que ça change pas, et tout ira bien pour lui.
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