Sujet: Re: Le jour d'après. Mer 3 Mai 2023 - 21:01
C'est peut-être la première fois que quelqu'un croit autant en moi pour m'le dire. J'sais pas trop ce que ça vaut et si c'est une bonne chose, c'juste que ça me prend à la gorge violemment et j'ai l'impression d'me fracasser au sol. C'est aussi douloureux qu'un putain d'soulagement, j'peux pas m'expliquer tellement cette sensation m'est soudaine et difficile. J'peux pas dire ce que je ressens, parce que j'aurais envie d'faire naitre toujours de l'admiration et d'la fierté chez elle, et en même temps, j'sais que dépendre d'ça, ça serait à vomir, à m'faire du mal. Repousser, c'toujours plus simple.
Je sais honnêtement pas si y'a de quoi être fière de quoi que ce soit, que j'lui souffle en la relâchant, lorgnant sur sa clope avant d'me reprendre comme je peux : Je suis pas aussi digne que t'as l'air d'le croire, Kait, c'est sans doute tout l'inverse. C'pour ça que j'ai jamais été du genre à ériger qui que ce soit en héros, pour des raisons évidentes d'mon côté, ça m'permet de pas voir c'monde autrement que comme l'immense tas d'merdes qu'il est. Je l'ai pas fait par générosité, tout ça, ça m'ressemble pas, et ça m'a jamais ressemble, autant l'établir d'emblée entre nous pour pas être déçues.
J'soupire, hausse les épaules : Et j'ai essayé d'foutre en l'air cette grossesse a ses débuts, d'me faire avorter, j'crois que ça a abimé sa santé maintenant, Sasha est pas au mieux d'sa forme. Elle est petite, fragile, Emilie s'inquiète pour elle, je pince les lèvres : A raison, parce que c'est d'ma faute si elle est pas "parfaite", et qu'elle pourra jamais l'être. J'l'ai saboté avant même sa naissance. J'me relève, pour autant. Si Kaitlyn arrive à voir du bien la dedans, alors, j'lui offre. On peut aller la voir, ouais... Sasha est dans la chambre, à dormir dans son couffin, j'crois. Kaitlyn peut s'assurer par elle-même qu'y'a mieux, comme y'a pire, pour un bébé.
Sujet: Re: Le jour d'après. Lun 15 Mai 2023 - 8:09
Je la laisse déblatérer son récital sans dire un mot. Derrière mes lunettes de soleil je la regarde, elle ne doit pas se douter des émotions qui me traverses, comme une joueuse de poker préparant son coup en évitant que quiconque puisse le prédire. Lorsqu'elle se lève enfin je l'imite en m'aidant de ma canne. Je serre les dents. Mes genoux protestent, ma hanche me lance un avertissement douloureux mais je les ignorent. Elle a la politesse de ne pas me porter secours, et je la remercie mentalement, que ce soit un oublie volontaire ou pas, je n'aime pas l'idée d'être devenue se poids pour la communauté et les gens que j'aime. Ensemble nous nous mettons à marcher vers la maison. Est-ce que mon intervention était préméditée ou pas, j'avais l'impression d'avoir attendu le meilleur moment pour frapper.
-"Il n'y a pas de héros. Les altruistes qui réussissent à sauver le monde par pure bonté d'âme c'est dans les films et les comics!" J'assénais ça comme introduction alors qu'on arrivait au parvis de la petite maison. Je tirais aussi partie de mon infirmité pour que nous nous arrêtions devant la volée de marches qui menait à la porte d'entrée. "Tu penses peut-être que j'idéalise ta personne parce que je suis naïve ou stupide? Tu crois que je suis se genre de fille qui croit toujours qu'il y a un avenir, un monde meilleur qui nous attends, des gens biens qui œuvrent pour rétablir l'ordre et la justice? Je ne crois pas en tout ça!" Depuis le bas de l'escalier je croisais son regard avec une certaine fermeté. Je retirais même mes lunettes que je calais sur mon front. Je voulais qu'elle voie avec quel conviction j'allais prononcer les mots qui arrivaient. "Tu n'es pas une super héroïne. Tu n'es pas un modèle de vertus, une sainte ou je ne sais quoi d'autre. Tu es comme nous, une femme, une humaine qui fait son possible pour survivre et prendre les meilleures décisions possibles malgré le chaos dans lequel on évolue. Tu es un femme dans un monde de cauchemar, et comme nous tous, tu sais que chacune de tes décisions va avoir des conséquences touts aussi imprévisible que dévastatrices." voilà comment je plantais le décors. Je savais que tenter l'ascension de ces trois marches de bois qui menaient au parvis couperait mon élan par des alarmes douloureuses dans mon corps, alors je restais plantée là, au risque de la voir fuir. Mais j'espérais que la sincérité et les mots que j'arrachais à mon cœur la ferait rester jusqu'au bout. "Si tu penses que je t'idéalise et que je suis assez conne pour me planter sur ton compte, alors tu n'a rien compris. Je te voie telle que tu es, je t'aime tel que tu es, je te respecte pour celle que tu es, je t'admire pour tout ça." Je lui avouer ça avec autant d'aplomb qu'un avocat faisant son réquisitoire devant un juré. "On es tous dans le même bateau, on fait des choix, parfois malheureux, et on supporte les conséquences parce qu'on a pas le choix de faire autrement. On survie, et souvent sa passe par des décisions égoïstes, des erreurs qu'on commet parce que, foutre de dieu, on était pas préparés à ce monde. Et tu es une personne magnifique! Je me moque de ton passé, de tes erreurs, de tes mauvais choix... On a en a tous fait, sans exception. Mais je te voie telle que tu es aujourd'hui, avec tes forces mais aussi tes craintes, tes travers, tes faiblesses. Et celle que je voie en face de moi est une femme exceptionnelle. Ça ne veux pas dire que tu ne feras pas des tas d'autres conneries, ni même que l'avenir ne te réserves pas d'autres choix cornéliens ou tu choisiras le pire plutôt que le meilleure, tu n'es pas surhumaine, mais tu es belle, et courageuse. Ne laisse pas la vie te faire croire le contraire! Tu m'entends? Ne t'oblige pas à penser que tu vaux moins que celle que j'admire."
Comme je la voie qui s’apprête à me répondre je la coupe en levant ma canne dans sa direction pour qu'elle se taise. Je ne veux pas qu'elle me réponde à chaud. J'utilise de toute façon toute mon attention pour grimper les marches en évitant toute douleur superflue, mes côtes, mes genoux, mes hanches me feraient payer chers tout mouvement superflue. J'évite de lui donner de l'attention avant d'être devant le bébé.
Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais. Un nourrisson rachitique, une chose mal formée, ou ce genre de créature squelettique comme si elle était née avec cinq mois d'avance, à la peau rouge et luisante et aux yeux globuleux et aveugles. Mais la petite n'était rien de tout ça. Elle était minuscule mais tellement belle. Toute la conviction que j'avais mis jusque là s'effacer devant le magnifique bébé qui tétait une sucette, engoncée dans un draps. Elle était paisible, innocente, magnifique. Mon cœur se gonflait à la vision de cet ange. Je ne pensais pas, un jour, éprouver de l'espoir à nouveau. Je faisais glisser le bout de mes doigts sur son front, et elle m'attrapait l'un d'eux, plus par réflexe que volontairement. Je sentais des larmes me monter aux yeux, alors je remettais mes lunettes de soleil. Elle était si belle.
-"Je suis désolée de te le dire, Reese, mais je crois qu'elle est encore plus belle que toi." j'avais envie de me mettre a genoux, de la prendre dans mes bras, de me gaver de cette lumière rayonnante qu'elle dégageait et du symbole qu'elle incarnait.
-"Elle est parfaite!" lui dis-je finalement en me tournant vers elle.
Sujet: Re: Le jour d'après. Mer 17 Mai 2023 - 13:50
Ok... Ok, le laïus de Kaitlyn me touche, probablement plus que c'que je voudrais en réalité. Un soupir m'échappe quand j'y pense, j'sais que je devrais faire un gros effort pour être moins... Moins comme moi. Moins sur la défensive, moins cassée, moins farouche. La jeune femme a pas démérité pour être à mes côtés, alors c'est pas juste d'être toujours dans la défiance vis-à-vis d'elle, surtout après tout ce qu'elle a fait et subi avec moi. Cette plateforme, j'ai l'impression qu'ça a créé des liens qu'on peut plus défaire, peu importe comment on peut s'y prendre. C'juste... C'est nous quoi.
Je soupire, détournant les yeux : J'imagine qu'il faut juste que je prenne le compliment pour ce qu'il est, et ouais j'la rejoins. On en a chié, mais ça fait pas d'nous des idéalistes. Loin d'là. Je pince les lèvres et hausse les épaules en essayant simplement d'me reprendre, et d'arrêter d'être à côté d'mes pompes. C'est difficile d'briller d'intelligence après un monologue pareil, j'ai l'impression que j'pourrais jamais avoir des mots aussi forts qu'les siens, peu importe comment j'peux m'y prendre : Merci Kaitlyn, que j'ajoute doucement, presque avec timidité, un truc qui m'ressemble pas.
Devant Sasha, la donne est à peine différente. J'fronce les sourcils d'vant ses excuses avant d'souffler un rire. J'comprendrais jamais les gens qui aiment les enfants, qui peuvent tomber amoureux d'eux, en voulant les protéger d'tout. C'est pas quelque chose qui s'est déclenché chez moi, pas même quand elle est née. J'ai été contente d'la rencontrer, d'la tenir dans mes bras. Mais j'ai aussi vite eu l'impression d'être face à un parasite qui m'a demandé du temps, tout mon temps. Tu peux la prendre dans tes bras, que j'ajoute alors doucement : Mais si tu la réveilles, c'est toi qui la rendors !