The Walking Dead RPG

J'aurais jamais imaginé que les choses se passeraient comme ça. Bon, en même temps il aurait fallu que je me dise qu'un jour des fils de putes viennent trifouiller mon cerveau comme des enculés de merde qu'ils sont. Retrouver la mémoire a été douloureux. Mais le pire, ça a été de me retrouver ensuite seule dans cet appartement merdique qu'ils m'ont attribué en essayant de me faire croire à une vie qu'ils m'ont inventé de toute pièce. Je sais pas vraiment pourquoi, mais mon premier réflexe avait été d'aller toquer à la porte de Sienna pour lui demander de squatter chez elle. Parce qu'ici, elle est la seule personne ayant pas fait un séjour au Bidonville à qui je fais confiance.

Heureusement pour moi, elle a accepté. Franchement, je le lui ai toujours dit à cette idiote. Elle est beaucoup trop gentille et personne mérite quelqu'un comme elle. Surtout pas quelqu'un comme moi. Surtout pas un endroit comme celui-ci. Bordel de merde. Quoi qu'il en soit, je lui ai directement dit que j'aurais pas besoin de grand chose. Un petit coussin, une couverture, et dormir sur le sol m'irait très bien. C'est pas comme si je l'avais pas fait déjà des milliers de fois.

Sauf que la nuit a fini par tomber, et malgré mes heures à lutter contre le sommeil pour éviter de m'endormir et de risquer de rêver à tout ça, j'ai pas pu m'empêcher indéfiniment de sombrer. Et là, ça a été comme à chaque fois que j'ai pu fermer l’œil depuis que mes souvenirs sont revenus. S'enchaînent sans cesse les pires scènes de mon existence. Des images vécues, des imaginaires où je vois le corps sans vie de Alba. Les cauchemars se répètent, peut importe le nombre de fois où je tente de me réveiller. Et la panique me gagne.

Tant et si bien que je finis par même plus réfléchir. Je dégage la couverture que j'avais sur moi par-terre, tremblant malgré tout de froid tant à cause de la température encore fraîche de la saison que parce qu'avec la panique j'ai forcément eu un coup de chaud. Et sans que je sache vraiment pourquoi je fais un truc aussi con, je me retrouve à grimper dans le convertible où dort Sienna. Je me glisse derrière elle, venant la serrer contre moi en passant un bras autour d'elle. Je ferme les yeux, incapable de calmer mes sanglots, et pose mon front contre son dos entre ses omoplates. J'arriverai pas à tenir le coup, que je dis à voix basse d'une voix brisée sans même savoir si j'ai réveillé la brune ou pas. Putain, je déteste être comme ça. Mais là... je crois que j'en ai le droit bordel de couille.

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Lorsqu’une voix vient la tirer de son sommeil, Sienna met de longues secondes avant de comprendre qu’il s’agit d’Amalia et que cette dernière vient de se glisser derrière elle dans le confort tout relatif du canapé déplié dans lequel elle se trouve. En l’espace d’un battement de cœur, elle se retrouve plongée dans son enfance, lorsque ses frères et sœurs grimpaient en pleurant dans son lit au milieu de la nuit après avoir fait un cauchemar. La situation est aujourd’hui bien différente, mais les réflexes, même lointains, peinent à disparaître totalement. Sans même ouvrir les yeux, elle se tourne doucement en direction de la blonde sans se défaire de son étreinte, cherchant son visage à tâtons d’une main pour venir essuyer les larmes sur ses joues d’un tendre effleurement de son pouce. Avec un geste d’une douceur presque maternelle, ses doigts viennent se perdre en caresses dans la soie de ses cheveux dans une vaine tentative d’apaiser ses craintes et son chagrin. Encore à moitié endormie, la petite brune ouvre doucement les yeux. Les volets cassés laissent entrer la lumière de la lune dans la pièce, et ce qu’elle finit par voir lui serre le cœur. Parce qu’il n’y a rien qu’elle puisse faire pour aider Amalia, à part se montrer présente. Sans forcer, elle revient sur le dos et entraine son amie contre elle, amenant sa tête contre sa poitrine avant de la serrer entre ses bras, comme dans l’espoir de pouvoir recoller entre eux tous les éclats de son cœur brisé.

Elle ne sait pas quoi dire. Parce qu’aucun des mots qui sortira de sa bouche ne parviendra à chasser le chagrin que la blonde ressent en cet instant. Parce qu’il est normal, et même légitime qu’elle se mette dans un état pareil. Si Sienna imagine, elle ne prétend pas pouvoir ne serait-ce que commencer à comprendre l’épreuve que son amie est en train de traverser, et toutes les horreurs qui l’ont menées jusqu’ici. « Je suis là… » Maintenant. Demain. A chaque fois qu’elle en éprouvera le besoin. Les larmes aux yeux, elle chuchote ces quelques mots inutiles qui se parent des atours d’une promesse muette avant de déposer un baiser sur le sommet de son crâne tout en berçant doucement le corps secoué de sanglots de la blonde. Il n’y a rien à dire de plus, rien à faire non plus, à part attendre qu’elle commence à s’apaiser d’elle-même. Parce qu’il faut qu’elle évacue ce trop-plein d’émotions, et que les larmes sont encore le meilleur moyen d’y parvenir. Même si se montrer vulnérable devant une autre personne est un exercice auquel Amalia est probablement encore étrangère. Sienna a envie de lui dire que c’est normal de réagir de cette façon, et qu’elle peut bien se moucher dans son t-shirt jusqu’au bout de la nuit si c’est ce qu’il lui faut, mais les mots s’étranglent dans sa gorge. La peur de mal faire ou d’aggraver les choses l’empêche de verbaliser tous les mots d’encouragement et de soutien qui se bousculent dans son crâne.

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Je peste forcément intérieurement quand je me rends compte qu'avec ma putain de connerie j'ai réveillé Sienna. Putain la pauvre, elle a sûrement pas signé pour se coltiner une conne dans mon genre en acceptant que je crèche chez elle. Putain neuf chances sur dix qu'elle décide de m'éjecter dès que possible, et franchement je la comprendrai. Clairement. Mais malgré tout, faut dire que je me fais pas vraiment prier quand elle se tourne vers moi pour venir essuyer mes larmes. Sa main dans mes cheveux partait sûrement d'un bon sentiment, mais la dernière qui a fait ça... Bah, on sait bien qui c'est hein. Donc forcément, ça fait mal en fait. D'une main, je viens attraper le haut de la brune entre mes doigts et le serre, m'y accrochant comme si c'était le seul truc qui me permettait de pas sombrer, et évidemment je continue de chialer comme une merde.

Je la lâche pas d'une semelle quand elle se tourne et m'attire contre elle, nichant mon visage contre son épaule en me mordant les lèvres pour essayer de me calmer. Sauf que bah évidemment, ça marche pas comme ça. Putain de vannes de merde, pourquoi je les ai ouvertes en fait ? Jamais je vais réussir à les refermes ces putes. Je suis désolée, que je dis d'une voix brisée. Je sais même pas dans le fond si je le dis à Sienna ou bien à l'esprit de Alba qui hante mes souvenirs. En tout cas, je m'accroche encore davantage à la jeune femme, comme si elle allait s'envoler à son tour. Qu'on allait me l'arracher, elle aussi. J'ai l'impression de plus avoir aucune raison de vivre... Et putain de merde la dernière fois que j'étais dans cet état là, j'ai voulu me tirer une balle. Cette fois, qu'est-ce qui m'empêche de mettre fin à cette putain d'existence de merde ? Je veux dire, à quoi bon continuer de me battre en fait ? Pourquoi faire ? Juste continuer de vivre ? Je sais bien que Tasya a avancé l'argument que je devais vivre pour Alba, mais putain j'ai tout perdu en fait. Ces enfoirés de merde de New Eden m'ont brisée, m'ont tout pris, et m'ont laissée là à pourrir dans un coin. Bande de fils de pute. Je sais pas si je dois encore continuer de me battre pour survivre... A quoi bon.. ?

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Sans surprise, Amalia ne se calme pas. Parce qu’elle n’est pas qu’une enfant arrachée à son sommeil par un mauvais rêve, et qu’un simple câlin accompagné d’une chanson douce ne suffiront pas à apaiser sa souffrance. Le cauchemar ne disparaît lorsqu’elle ouvre les yeux ; il se révèle dans toute l’horreur de sa réalité et l’écrase de tout son poids jusqu’à la faire suffoquer sans jamais l’étouffer véritablement, dans une torture qui semble ne jamais finir. Pour l’avoir vécu elle aussi dans un contexte bien différent, Sienna sait qu’il n’y a rien à dire, rien à faire pour soulager sa peine, et que les meilleures intentions du monde ne feront jamais le poids face à toutes les horreurs qui peuvent vous tomber dessus sans crier gare. L’entendre s’excuser lui fend le cœur, et elle resserre son étreinte autour de son amie sans même s’en rendre compte, frustrée de ne rien pouvoir faire. « Ne t’excuse pas… » Une larme dévale le long de sa joue pour venir mourir dans ses cheveux noirs. Elle ne se rend même pas compte qu’elle est en train de pleurer elle aussi, ressentant la peine de la blonde aussi vivement que s’il s’agissait de la sienne.

Les mots qui sortent de la bouche d’Amalia la renvoient à ceux qu’elle a elle-même prononcé après la mort de son père et de ses frères et sœurs, sans aucune oreille attentive pour les entendre. Les yeux fixés sur le plafond lézardé, et après un long moment de silence, Sienna trouve le courage nécessaire pour essayer de lui répondre. « Alba mérite que tu continues de vivre pour elle, et pour tout ce qu’elle représentait. Si tu abandonnes maintenant, alors tout ça… Tout ça n’aura servi à rien. » Choisir la vie, c’est plus compliqué que ça en a l’air, et pour que cela fonctionne, il faut que la blonde en ait véritablement envie. Il faut qu’elle trouve seule les raisons qui lui donneront la force nécessaire pour se lever à nouveau le matin et affronter le reste du monde. « Quoi que tu décides de faire, je serai là. Tu n’es pas obligée d’affronter ça toute seule. » Elle n’a aucune idée de la manière dont elle peut se rendre utile pour une femme aussi forte et indépendante que celle qui se tient dans ses bras, mais elle ne ménagera pas ses efforts. Parce que c’est la moindre des choses qu’elle puisse faire.

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Ne pas m'excuser. Mais comment putain ? La pauvre a rien demandé, elle se retrouve déjà de base avec une connasse de squatteuse de merde dans son salon et voilà que maintenant je la réveille même en pleine nuit pour lui chouiner dans la gueule. Quelle merde vivante bordel à queue, j'ai honte. Putain de merde de fils de pute de salope de vie de merde. Voilà, j'ai que ça à dire.

Je viens essuyer mes joues et mes yeux encore pleins de larmes dans un mouvement rageur, pestant intérieurement et insultant tout ce que je peux et qui me passe par la tête. Mais soyons honnêtes : c'est surtout moi que j'insulte. Parce que tout est de ma putain de faute. Vouloir faire payer New Eden, rejoindre les Scarecrows, passer un deal pourri avec cette salope de pute de June à la con. C'est de ma faute si Alba est morte. Et encore avant, c'est de ma faute si le motel a été détruit. J'ai pas su les protéger, comme j'avais la responsabilité de le faire.

Je me blottis contre Sienna, ne trouvant rien de mieux à faire, et je ferme les yeux en me mordant les lèvres jusqu'au sang. Ce que je me déteste putain. Je serais sûrement mieux crevée dans un coin que là finalement. Sauf que ce que dit la brune, bah ça trouve un écho dans les mots que m'avait déjà dit Tasya quand elle m'a appris la mort de Alba. Et si j'étais pas assez forte ? Ouais, voilà, c'est dit. Le pire c'est que j'en viendrais presque à regretter d'avoir retrouvé la mémoire en fait. Si j'avais juste tout oublié, bah j'aurais continué comme si de rien était. Sauf que je crois que Alba aurait jamais eu le respect qu'elle méritait. Au moins maintenant, elle est à un endroit où elle souffre plus. Je crois pas à Dieu et à toutes ces saloperies de merde qu'on raconte. Mais si y'a une putain de vie après la mort, j'espère qu'elle a enfin tout ce qu'elle veut.

Pourquoi tu fais tout ça.. ? Je veux dire... Pourquoi tu fais ça pour moi.. ? T'as pas à subir tout ça, à te mettre dans les emmerdes que j'apporte... Tous ceux qui sont proches de moi finissent tous par mourir... Et elle mérite pas que ça lui arrive putain.

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La blonde s’essuie les yeux d’un geste rageur, et Sienna se retrouve incapable de décider quoi faire pour tenter de l’apaiser même juste un peu. Ses doigts perdus dans ses longs cheveux blonds se sont immobilisés, comme si elle avait inconsciemment compris que si l’intention était bonne, le geste n’en demeurait pas moins maladroit au regard des circonstances. Tandis qu’elle se demande si la serrer davantage contre elle pourrait être une bonne idée, Amalia lui coupe l’herbe sous le pied en se rapprochant par elle-même. Animé par une volonté propre, ses bras resserrent leur étreinte autour de son corps, comme si cela pouvait la protéger du monde extérieur et de toutes ses horreurs. Elle pèse ses mots avant de répondre à sa question, garde les yeux fixés sur le plafond lézardé comme si la réponse parfaite allait lui tomber du ciel. « Tu n’es pas obligée d’être forte tout le temps, Amalia. Je veux que tu saches que tu peux compter sur moi, même si je sais que ça ne représente pas grand-chose. » Elle ne peut rien offrir d’autre que sa présence, sa patience et sa bienveillance, et même si elle a cruellement conscience qu’elle est en train de poser un pansement sur une jambe cassée, elle n’a rien d’autre à offrir à son amie. Même si elle ne s’est jamais véritablement sentie utile dans sa vie, la sensation d’impuissance qui vient s’enrouler autour d’elle dans une étreinte possessive et suffocante lui laisse un goût amer au fond de la gorge.

Elle repense à leur toute première rencontre, et à l’aura de toute puissance qui se dégageait de la blonde à cette époque et qui l’avait attiré comme un papillon vers une flamme. Elle repense à leurs retrouvailles dans le cinquième district, et à cet air de confusion sur son visage abimé par la violence des Hommes. Elle se fait la réflexion étrange que c’est dans l’adversité qu’elle finit par enfin se révéler dans toute son humanité. La question qu’elle lui pose ensuite la prend au dépourvu. Elle n’est pas vraiment sûre de savoir ce qu’il la ramène constamment vers la blonde, comme des vagues qui viennent inlassablement se fracasser sur le sable. Ou peut-être qu’elle n’a pas envie de le savoir. Elle essaye de se persuader qu’elle aurait agi comme ça avec n’importe qui, par simple bonté d’âme, mais c’est un mensonge. « Parce que je tiens à toi, et… » Les mots meurent sur ses lèvres sans avoir eu le temps de les franchir. Et quoi ? Elle n’en a pas la moindre idée. Ses sentiments se bousculent, son affection et sa tristesse se confondent en un mélange suintant de confusion. Elle réalise ce qu’impliquent les derniers mots qu’Amalia a prononcé, et son cœur se serre à nouveau face à cette culpabilité qu’elle croit déceler chez elle. « Tu n’es pas responsable de ce qui s’est passé. » Elle n’a peut-être pas toujours fait les bons choix, et surement que certains l’ont amenée sur des routes difficiles à arpenter, mais elle n’est en aucun cas responsable du sort de sa compagne. Les seuls responsables, ce sont les gens qui se sont arrogé le droit de vie et de mort sur elle.

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Pas obligée d'être forte tout le temps hein ? Pff, alors ça c'est la meilleure putain. Si je suis pas forte, je suis là pour quoi faire en fait ? Parce que c'est ça qui fait que je suis moi. J'ai pas l'impression de l'être autrement. Sûrement parce qu'en fait ce putain de rôle d'être celle sur qui tout repose tout le temps me colle au cul depuis deux putain de décennies. C'est pas comme si ça datait d'hier ou du début de cette apocalypse de merde. Et le souci c'est que je sais pas faire autrement. Essayer d'être forte c'est tout ce que je sais faire... Parce que j'ai jamais eu d'autre choix.

Mais les mots et la présence de Sienna me touche. Bien plus qu'elle ne doit sûrement l'imaginer. Savoir qu'on est pas seule quand on pense avoir tout perdu... Bah ça fait du bien en fait. Alors je me serre contre elle, gardant les yeux fermés en nichant mon visage dans le creux de son épaule. J'en ai besoin, je crois. Et une part de moi en vient à imaginer que là, tout contre moi, Alba est là aussi. Est-ce que c'est vraiment ça que je dois faire ? Continuer de lutter, de survivre, pour que sa mémoire continue de vivre à travers moi ? Que j'honore la force qu'elle a su me donner pendant toutes ces années ? Ou bien est-ce que le meilleur truc serait de me plomber là tout de suite pour espérer la rejoindre dans la mort ? J'en sais rien putain. Ça me terrifie.

Si je relève le regard vers Sienna quand elle me dit qu'elle tient à moi, je penche légèrement la tête quand elle s'arrête et laisse sa phrase en suspens. Et quoi ? J'imagine que si elle avait voulu le dire elle l'aurait fait. De toute manière, je suis trop fatiguée pour vouloir lui tirer les vers du nez. Épuisée, physiquement et mentalement. Tu n'es pas responsable de ce qu'il s'est passé. Et pourtant, je ne peux pas m'empêcher de me dire que la culpabilité me revient de droit. J'ai fait des mauvais choix dans ma vie. Beaucoup trop certainement. Et pourtant, la brune contre qui je me blottis est là. Bien décidée à rester présente pour moi. Pourquoi ? J'en sais foutre rien. Je le mérite pas, c'est certain. Mais finalement, tout ce que je trouve à dire, c'est un mot simple mais lourd de sens.

Merci.

- FIN -

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Sujet: Re: Got me lookin in the mirror for ghosts