The Walking Dead RPG

Comment sont-ils arrivés jusqu’à la maison d’Elijah ? Leur fuite suite à la destruction du bidonville est plutôt floue, dans l’esprit de ce dernier, mais une chose est certaine: lui et Harper y sont parvenus malgré leurs blessures respectives, sans trop d'encombres. Autre problème cependant, l’ex scarecrow n’est plus en état de marcher avec sa jambe blessée, courbée dans un sens bien peu naturel. Ils devraient aller à l’hôpital, ne serait-ce que pour recevoir des soins à temps… mais cela impliquerait de prendre d’énormes risques. A coup sûr les soupçons se dirigeraient sur eux vu leurs blessures, et la milice ne mettrait pas bien longtemps avant de venir les arrêter, surtout vu le passif de la jeune femme.

Je vais t’aider. Elijah n’attend pas vraiment sa réponse pour le faire, de toute façon, et la porte du mieux possible jusqu’au salon: là encore, les pas à faire pour y arriver sont difficiles et lents. Sa propre blessure ne le lui permet pas de marcher correctement, mais malgré tout il finit par rentrer dans la pièce, déposant ensuite Harper sur l’unique canapé de la pièce. Désolé… lui dit-il, conscient de la douleur que la jeune femme doit ressentir à ses expressions faciales. Le milicien sait qu’elle lui répond, mais il entend mal sa voix: la douleur fait encore vriller ses tympans, résonnant à travers son crâne, suffisamment pour parasiter son ouïe. C’est à peine s’il remarque que ses oreilles saignent, d’ailleurs…

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Quelques heures plus tard.

Madame ? Une main vient se poser sur l’épaule d’Harper, la secouant légèrement. Oh mon dieu… En voyant l’état de sa jambe, Mia a presque un haut-le-coeur: son regard s’en détourne, reprenant contenance autant que possible. Puis elle se tourne vers son père, qui n’est pas dans un meilleur état: une partie de son pantalon, au niveau de la jambe, est tâchée par ce qui semble être du sang. Mia… ? Elijah se redresse, dans le fauteuil sur lequel il est installé, pris d’un vertige. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Il ne l’entend pas vraiment, et l’adolescente se tourne aussitôt vers l’inconnue, en quête de réponses. Je… Je vais chercher de l’aide. Je fais… au plus vite. Aussitôt l'adolescente s’en va: pourvu qu’un médecin puisse se déplacer…

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Un jour après.

Tiens, j’ai préparé ça pour… Harper. Est-ce tu peux lui apporter, s'il te plait ? Mia tend un petit plateau à Elijah, sur lequel a été placé une assiette, remplie d’un repas tout juste préparé: ce dernier le récupère, et avant de repartir, se tourne de nouveau vers sa fille. Toujours pas de nouvelles d’Hoani ? L’adolescente a un long moment d’hésitation, une moue se dessinant sur son visage. Non, admet-elle finalement. C’est encore le chaos dehors… Puis elle a un sourire peiné. Je suis désolée, papa. Je… J’essaierai d’obtenir des informations. L’un comme l’autre s’inquiètent de l’absence de signe de vie de sa part, d’autant plus qu’actuellement ils ne peuvent pas faire grand chose, hormis espérer qu’elle soit toujours en vie.

S’engageant dans les escaliers, Elijah se dirige ensuite vers l’unique chambre vacante de la maison: Harper y a été installé la veille, après avoir reçu des soins d’urgence. Un endroit déjà bien plus confortable que son ancien abris de fortune au bidonville… Toquant à la porte, attend ensuite un instant avant de finalement entrer dans la pièce, refermant derrière lui. Aussitôt le plateau repas déposé sur le bureau, le milicien se tourne vers elle, tentant de jauger son état d’un regard. Comment vas-tu ? lui demande-t-il ensuite, comme s’il n’était pas lui même dans un mauvais état. Hors, qu’importe s’il fait comme si tout allait bien, cela se voit… Je t’ai apporté à manger.

Je n'arrive pas à marcher. Je n'arrive pas à marcher. Je n'arrive pas à marcher. La phrase résonne dans mon crâne encore et encore - comme une sentence funèbre, pire encore que celle prononcée à ce procès de malheur. L'angoisse me donne l'impression de me noyer, alors que je m'imagine le pire. Je n'ai pas le luxe de pouvoir visiter un hôpital, je vais faire quoi si je n'arrive pas à fuir le brasier? Je vais vraiment crever ici, cette fois. Je commence à ramper, désespérée, avant de lever les billes sur... Elijah. C'est à son tour de me porter, alors que j'ai à peine assez de force pour vraiment réaliser ce qui se passe. Je fais de mon mieux pour me faire toute légère, même si je me doute que c'est douloureux pour lui aussi. On arrive rapidement chez lui - enfin, j'imagine. La chute sur le canapé me fait hurler de douleur, tandis que ma jambe se déforme encore plus. Je tente de parler, de le remercier, mais j'ai soudainement une sensation vachement désagréable. Je flotte dans le vide, j'ai l'impression de tomber de tout mon poids sans que mon squelette ne puisse suivre. Je ne comprends pas - et je ne panique de plus belle, jusqu'à m'éteindre.

C'est une main à mon épaule qui me réveille, dans un brusque sursaut. Je ne sais pas qui regarde ma jambe de la sorte, mais je me doute que l'image n'est pas belle à voir. Elle demande des explications à Elijah en même temps que je tente de me retourner vers lui, sans trop de succès. J'ai la tête qui tourne. La demoiselle me regarde à nouveau, cherchant désespérément des réponses, de toute évidence. « Une explosion, je - » Merde, j'arrive à peine à m'exprimer. « Une balle dans sa jambe, il a perdu trop de sang - » Comment je peux être à bout de souffle après à peine quelques mots? J'espère qu'elle pourra comprendre que le temps presse, parce que je perd le nord à nouveau, dans une grimace de douleur.

Je crois que j'ai dormi, cette nuit. Dans un lit, et non pas sur un matelas de fortune. Certes, mon sommeil était agité, je n'en doute pas une seule seconde. Des images de la veille réveille la douleur à ma jambe, que je touche du bout des doigts en me demandant si elle est encore là. Je me revois me tortiller tandis qu'on tente de remettre ma jambe dans un axe normal, et qu'on m'annonce que je ne pourrai probablement pas marcher, pour un moment. Je n'accepte certainement pas cette réalité, mais en essayant de m'assoir sur le bord du lit, je réalise bien que je suis dans la merde. La douleur me fait grincer des dents, je baisse la tête en réprimant les larmes tandis que mes doigts viennent se crisper sur les draps. Je n'ai même pas entendu qu'on frappait à la porte tellement je suis dans ma bulle.  Je me retourne, n'empêche, pour voir Elijah avec une assiette dans les mains. Mon regard noisette ne peut que suivre la bouffe des yeux, avant de regarder l'homme à nouveau. Il demande comment je vais.

« Mieux, et toi? » Est-ce que je le dis seulement pour tenter de le convaincre? Sûrement. C'est la moindre des choses, après tout. Je lui dois la vie. J'observe sa jambe, comme si je cherchais la balle logée dans celle-ci, à peine quelques heures plus tôt. Mais ce sont plutôt ses traits qui sont inquiétants. « Merci, c'est - c'est gentil. » Je ne vais quand même pas cacher que la situation est étrange. Je n'en ai pas la force, de toute façon. Mais je ne sais pas vraiment comment me comporter, avec lui. Il semble si froid, tout le temps. Je pense qu'il me déteste, même s'il s'entête à me sauver la vie.

« Tu restes manger avec moi? » que je lui demande avec hâte. Je n'arrive pas à croire que je lui demande une telle chose - je me fais putain de pitié. Je baisse les yeux aussitôt, réalisant en fronçant les sourcils que je tremble légèrement. De peur, de mal, je ne sais plus. Je crois que j'ai peut-être voulu saisir l'assiette trop vite. Je suis affamée. « Où - où sont les autres? » que je demande ensuite, me doutant déjà - tristement - de la réponse à ma question.

And I roam again, I ain't got no home. On my own again, but I never felt so close to them. My only feeling. A lonely feeling. L o n e l y f e e l i n g s.

Mh. Tant que tu prends le temps de te reposer, c’est l’essentiel. Il faut bien lui accorder ça, de toute façon. Elijah n’ose imaginer la douleur qu’elle doit ressentir à sa jambe actuellement, seulement, il la comprend sans mal: lui-même, sans rien avoir aucun os de déformé, boitille encore de la jambe. La balle encore bien ancrée dans sa cuisse ne saurait être délogée sans conséquences, et il a été décidé de la laisser à sa place, sans que cela ne cause de dégâts irréversibles sur sa motricité. Le corps a bien des façons de s’adapter à un corps étranger, de toute manière. Sinon… on fait avec, disons.

Il n’a pas d’autres choix, alors qu’il subit un bourdonnement incessant dans son crâne. Si la journée ce bruit continue reste supportable, accompagné par ceux de la vie courante, il semble s’accentuer une fois la nuit venue, quand il essaie par tous les moyens de s’endormir. De quoi lui faire manquer de sommeil, et à cela s’ajoute d’autres désagréments, bien évidemment. Ce n’est rien. Un sourire, sincère, accompagne ses mots: un geste qui se fait bien rare en ce moment, inédit avec Harper. Cette haine partagée n’a plus autant d’importance à ses yeux, après tout ce qu’il s’est passé, et ça aussi c’est un changement inattendu chez lui. Il n’est pas du genre à tourner la page aisément, ou du moins, à se diriger vers une telle chose.

Bien sûr. Ca ne l’empêche pas d’être légèrement surpris par sa demande, quoiqu’il lui répond sans attendre. Un instant, je reviens. Parce qu’il n’avait aucun souhait de s’imposer auprès d’elle, et si elle lui demande désormais de plus ou moins rester… Une fois les escaliers descendus puis péniblement remonté, le revoilà avec une assiette dans ses mains, après avoir donné à Harper la sienne. Je… je ne sais pas où sont les autres. Ils n’avaient plus l’air d’être dans les parages avant les explosions, mais… je ne les ai pas vus. Il aimerait ne pas devoir lui annoncer les choses ainsi, mais difficile de faire autrement, en l’état. Leur repas continue ainsi, ponctué de quelques conversation: l’ancien milicien se surprend à passer un bon moment, dépassant ce cycle haineux qui a toujours été le leur.

Et une fois l’assiette de la jeune femme récupérée, tandis qu’elle s’apprête à de nouveau se reposer, Elijah s’approche d’elle. Il garde une certaine distance, la regardant somnoler avant de finalement se remettre à parler. Je suis désolé, Harper. Désolé pour ce qu’il lui a fait subir, inutilement, et de l’avoir menée aux portes de la mort. Il ne sait pas si elle l’a entendu ou non, mais là n’est pas l’importance: la nécessité de le verbaliser avait bien plus d’importance. Puis il s’éclipse, sans demander son reste. Il n’est pas pardonnable, il le sait. Pas en ayant fait une chose pareille.

Sans se douter que d’ici quelques semaines, ils se retrouveront sur les routes ensembles, partageant un bout de chemin ensembles avant qu’Elijah ne parte de son côté, bien loin des terres de Washington. Leur relation n’a pas toujours été simple -au contraire-, mais c’est sans regrets qu’il laisse la jeune femme, non sans être fier de constater son évolution. Qui sait s’ils se recroiseront un jour ou l’autre…


FIN.