Tu connais le rituel, Port Angeles nous voit un peu trop squatter ces derniers temps, pour le meilleur et pour le pire. Et Tony ? Même chose, il doit plus supporter de me voir je pense, mais c'est un peu le passage obligé. Alors qu'il est encore allongé sur sa couchette et qu'il a la flemme de tout et même de vivre, je lui fais signe de relever son pull : Tu supportes ma gueule d'amour pendant dix minutes et j'te fous la paix, que je lui assure. Pas besoin de plus.
Je soupire, gonflé de déjà le voir s'en griller une. Je lui saisis sa cigarette et viens en écraser le bout rapidement dans un cendrier : T'es pas en état d'chopper un cancer alors tu ralentis la dose, que j'lui somme froidement : Montre le carnage, sa plaie quoi. Histoire de. Et t'as pas intérêt à avoir fait sauter tes points en jouant les jolis coeurs avec Salem ou c'est moi qui te poignarde, tête de con, ouais je suis de bonne humeur, y'a quoi ?
Pff, c'est vraiment chiant d'être cloué au lit. Sérieux. Enfin, au moins j'suis pas mort. J'imagine que c'est toujours ça. Le plus important c'est que Salem soit en vie. Le reste, j'ai envie de dire hein... C'est plus du détail qu'autre chose quoi. Et Ruby va bien aussi. C'est cool quand même.
Grimaçant un peu en tendant le bras pour attraper le briquet qui a l'air vachement loin par rapport à là où j'pensais l'avoir posé, j'arrive malgré tout à le récupérer et m'allume une clope au moment où j'vois Lennox entrer. Oh la barbe, il vient pour mes soins. Eh, que j'dis avant de soupirer quand il me pique ma clope et l'écrase dans le cendrier. Fait chier, sérieux. J'ai rien d'autre à foutre de mes journées, il veut que j'fasse quoi moi ?
J'soupire encore une fois et m'tortille un peu pour remonter mon haut et montrer l'état de ma plaie. C'est pas vraiment beau, y'a quelques fils qui ont sauté mais... C'est pas pour ce qu'il croit. Le chien m'a sauté dessus, que j'dis simplement en guise d'explication. En plus c'est vrai. Il était content de m'revoir, j'y peux rien moi.
T'es pas obligé, hein, que j'dis malgré tout en remarquant bien que ça le fait chier. Au moins on est deux. Sauf que lui, y'a rien qui le force à venir. Moi, j'ai pas le choix vu que j'peux pas me déplacer.
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J'ai un soupir qui m'échappe quand je vois que le pansement a absorbé encore un peu de sang. Tony précise rapidement pourquoi et je secoue la tête : Ouais ? Putain de chien, c'est vraiment un rustre le sien. Déjà parce que Tony l'a pas vraiment dressé, et qu'il est sans doute pas mécontent de le laisser faire tout et n'importe quoi. Le truc, c'est que je suis pas jouasse a l'idée de laisser un clébard tout crado et pas soigneux pour deux sous à côté de lui pendant sa convalescence.
Eh beh ton chien va rester avec moi quelques temps, parce que j'en ai marre de refaire le taff, que j'ajoute. Hors de question au passage d'devoir gérer une infection, c'est déjà suffisant comme ça. Un soupir m'échappe, je ressors le matos pour changer ses points. Le temps de remettre des gants après m'être lavé les mains. File et aiguille ça va être du travail grossier mais Tony devra se contenter de ça, très franchement. Je le suis un peu, le temps que Kaycee revienne, que j'ajoute. Obligé. Tu connais la chanson : serre les dents, ça va piquer, que je lui souffle.
Ah non, j'me fais déjà assez chier comme ça, que j'dis en soupirant à l'idée qu'il puisse m'séparer de mon chien. Ça va, j'fais chier personne avec Paco. J'suis obligé d'être alité, alors autant qu'on me laisse mon clebs avec moi un peu non ? Franchement. C'est soûlant. Il a pas fait exprès, que j'rajoute pour la forme. Eh, en vrai, j'suis sympa, j'fais vachement d'efforts pour parler j'trouve.
J'souffle un coup et hoche la tête quand il me dit que ça va piquer et que j'dois prendre sur moi pendant qu'il s'affaire à remettre les points qui ont sauté. J'serre les dents, même si j'avoue avoir un peu l'habitude maintenant. Et j'me dis que bon. Si déjà, autant meubler un peu vu que j'fais des efforts pour parler. T'étais pas obligé de m'sauver, j'veux dire. Je t'avais demandé d'aller t'occuper de Salem. Bon, au final elle va bien mais... Si ça avait pas été le cas, j'peux dire que je serais pas là en train de tranquillement me laisser faire.
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Tu te feras chier moins longtemps si j'ai pas à refaire tes points tout le temps, que je lui souffle fermement en secouant la tête. C'est le minimum, le plus logique. Il pense lui-même sa stratégie, je suis pas sa mère de toute façon et je le laisse se démerder avec ses propres réflexions. Encore heureux, que j'ajoute en haussant les épaules avec un soupir de circonstances. Je reprends les points calmement, essayant de faire le moins mal possible.
Mais quand Tony parle, reprend la parole, je relève les yeux vers lui et stoppe mes gestes pour essayer de pas lui faire mal sur un malentendu. Alors que bon, c'est pas l'envie qui me manque quand je l'entends raconter des conneries plus grosse que lui : Et tu voulais que je fasse quoi ? Que je lui demande en l'interrogeant du regard, l'air de le questionner sur le but de la manoeuvre : Elle était entre de bonnes mains, elle s'en sort mieux que toi, il te faut quoi de plus ? Qu'il meurt sans doute. Je vois pas sinon.
Hm. Pas faux, que j'dis un peu à contrecœur en m'rendant compte qu'il a pas tort le con. Bah ouais, plus vite j'guéris plus vite j'peux sortir de ce plumard et faire autre chose de mes journées. J'avais pas vu ça comme ça. Enfin, même si Paco m'saute pas dessus j'suis pas certain que ça change grand chose à ma vitesse de cicatrisation. A ce qui paraît, fumer c'est pas une bonne idée. Mais j'suis déjà pas d'humeur comme ça, alors si en plus on m'prive de clope ça va pas le faire. J'vais être insupportable.
J'grogne un peu de douleur quand Lennox arrête subitement sa couture, parce qu'au final ça fait plus mal que quand il le faisait. Bizarrement. J'soupire à sa remarque, haussant les épaules avant de détourner le regard. J'voulais juste pas qu'elle meure. Sans elle... Enfin, bref. J'vois pas pourquoi il en aurait quelque chose à foutre. J'dis pas que ça m'fait chier d'être en vie. Juste que j'peux me démerder si t'as pas envie de le faire quoi.
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C'est dingue ce genre de justifications. J'crois que ça frise vraiment avec l'égoïsme des suicidaires, l'genre qui vend clairement pas du rêve. S'il croit qu'ça le rend romantique d'une quelconque manière, moi j'ai plus l'impression qu'c'est tout l'inverse. Ouais sans elle tu saurais pas quoi foutre, mais tu crois que c'est quoi pour elle ? Que si je t'avais laissé crever, elle aurait voulu quoi ? Sans doute pas rester vivante sans lui d'toute façon. C'est con, mais on commence à assez bien les connaitre tous les deux.
Ils se sont trouvés, c'est super cool pour eux. En attendant, ça implique faire l'effort d'continuer à vivre pour l'autre, aussi. A croire que t'es con, ou que tu le fais exprès, ou les deux, que j'ajoute en soupirant avant d'reprendre ma couture comme j'l'entends, sans attendre forcément après la bonne humeur légendaire de Tony : Tu sais déjà pas te débrouiller pour pas te plomber tout seul, que je grogne de plus belle : Tu m'expliques le niveau de conneries qu'il faut pour partir là-bas sans gilet ?
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