The Walking Dead RPG

J'attends que la nausée passe avant de me redresser et je n'ose plus regarder personne. Ni Daemon ni les autres filles, honteuse de mon coup de folie. Dégoûtée aussi, maintenant que je suis barbouillée du sang d'un des monstres, et rien que d'y penser, la nausée revient et je lutte pour la maîtriser tout en tenant mes mains rougies le long de mon corps. La tête toujours baissée, je me crispe un peu quand Daemon intervient, inquiète à l'idée de voir l'ambiance s'aggraver davantage.

Il essaie à son tour de convaincre les autres de notre envie, non du besoin de les aider à sortir de là, mais j'écoute à peine, trop surprise de n'entendre aucun reproche de sa part. Sans même m'en rendre compte, je me suis mise à trembler en l'entendant évoquer ce qu'on a vécu là-bas et pendant un souffle, j'ai l'impression d'y être encore. Peut-être que tout ça n'est qu'un rêve et qu'au réveil, je verrais bien qu'il n'y a aucun moyen de s'échapper, jamais.
Je sursaute en entendant le corps du Sinner tomber au sol, et tâte ma tête par réflexe. J'ai encore perdu la notion du temps et je me demande à quel point je dois m'en inquiéter. Que dirais maman face à une telle situation ?

Un sac se pose à mes pieds et je regarde Daemon en coin, mais il ne fait toujours aucune remarque sur mon inutilité. Comprenant sa demande implicite, j'attends qu'il se soit un peu éloigné avant de récupérer son sac et de l'ouvrir, récupérant le contenu cité. Je remonte dans le camion, en faisant attention à ne pas marcher dans la traînée de sang laissée sur le sol du véhicule. J'ai bien conscience de la stupidité de mon geste, puisque je me suis moi-même recouverte de son sang, mais mes nerfs ne tiennent plus qu'à un fil. La voix légèrement rauque, irritée par les remontées de bile, je donne de brèves instructions aux autres, à mi-voix.
Faites passer la bouteille, et ne buvez qu'une petite gorgée. Il en faut pour tout le monde.

Je tire sur les chaînes de mon côté pour aider les prisonnières à se libérer plus vite, puis sépare la nourriture en petits morceaux, pour que chacun ait un bout.
Mâchez lentement pour ne pas vous étouffer.
Je donne des conseils basiques, réflexe acquis à force de seconder ma mère dans son travail. Le contenu de la trousse est bien vite épuisé, même si les blessures physiques semblent plutôt mineures dans l'ensemble. Au moment où je relève la tête, mon regard croise celui de Daemon et je me tends à nouveau. J'acquiesce cependant, je sais très bien qu'il faut que je tienne bon encore un peu.

Je dois refermer la porte pour que vous ne tombiez pas...je promets de vous ouvrir dès que vous serez à l'abri.
J'adresse un dernier regard aux filles, essayant de transmettre le peu de courage qu'il me reste. Le temps de descendre de l'arrière du véhicule, de refermer la porte et de faire le tour pour remonter en me tassant au maximum contre la porte, le visage de Daemon a changé. Cette fois, je suis sûre qu'il va parler de ce que j'ai fait, me punir et...non, c'est autre chose. Ce que je vois sur son visage, je mets un moment avant de le comprendre. La même angoisse que sur le visages des filles, et je ne comprends pas. Il a réussi à démarrer le camion sans les clés, preuve que c'est bien le super-héros dont parlait Matéo, alors qu'est-ce qui peut bien l'inquiéter ?

Je déglutis avec difficulté et fouille le hangar des yeux à travers le pare-brise. Rien, les monstres n'ont pas débarqués, alors...quoi ? Mon coeur manque un battement en pensant à l'essence. Est-ce que le réservoir est à sec ? Je serre les poings pour oser me rapprocher un peu de lui, et je tends le cou pour essayer de voir la jauge.
Qu'est-ce qui se passe ?
Ma voix n'est qu'un murmure et j'aurais voulu pouvoir réfléchir avant de les laisser sortir. Je ne suis pas certaine de vouloir savoir. Je ne pense pas pouvoir supporter encore longtemps cet ascenseur émotionnel qui joue avec mes tripes depuis si longtemps.

Spoiler:

Le moteur du véhicule avait vrombi sans grande difficulté entre les doigts experts de Daemon. Ce dernier fit rapidement le tour pour récupérer son sac, soulagé de constater que l'adolescente s'était bel et bien servi du kit de premiers secours, de la bouteille d'eau et des rations sans toucher au reste. Il peint à ne pas jeter un coup d'œil à l'intérieur de la camionnette pour s'assurer que tous les enfants s'étaient bien détachés, hydratés et nourris. Il s'installa derrière le volant, prêt à partir après avoir ouvert la porte du garage.

Marissa ne tarda pas à le rejoindre et le maçon s'en voulait presque de lui infliger sa présence à la voir ainsi collée contre la portière. Mais il n'avait pas le choix. Elle avait besoin de lui. Elles avaient toutes besoin de lui.

Très vite, cette culpabilité s'envola pour laisser place à une autre. Tout son corps se figea alors qu'il l'entendit. Au loin, c'était un cri déchirement, hurlant un prénom qu'il ne connaissait que trop bien. Cette voix, c'était celle de sa femme. Alex criait à s'en casser la voix, transpirant toute l'inquiétude et le désespoir du monde. Pire encore, elle hurlait le prénom de Mateo.

Ses doigts se resserèrent autour du volant et, l'espace d'un instant, Daemon oublia qu'il n'était pas seul. Il oublia qu'avec lui, des enfants en grand danger et épuisés attendaient. Il allait démarrer en trombe, partir vers là où son cœur le menait toujours. Vers sa femme. Mais la voix de Marissa le ramena à la triste réalité. Sa triste réalité. Il sortit le véhicule du garage, ignorant dans un premier temps la question de l'adolescente et, à ce moment là, il aperçut au loin de la fumée et deux véhicules renversés. Il se mordit la lèvre inférieure, si fort qu'un goût métallique se répandit dans sa bouche.

- C'est...

Il ignorait s'il devait se confier à Marissa ou non mais il lui était impossible de l'ignorer plus longtemps.

- C'est ma femme, Alex, que j'ai entendu hurler là-bas. Elle criait le prénom de son frère...

Mateo était-il mort ? Enlevé sous les yeux de sa sœur ? Transformé ? Toutes les suppositions passèrent dans son esprit mais, en jetant un coup d'œil dans le rétroviseur, il aperçut les dix enfants à l'arrière. Il devait garder la tête froide.

- Je dois vous mettre à l'abri avant toute chose. Je... je vais toutes vous déposées au moins de ralliement qu'on a défini avec mon groupe, c'est ma mission et je... je vous laisserai des armes et je retournerai chercher mes amis dit-il, visiblement très inquiet

perception ok dada entend alex hurler à la mort le prénom de Mateo
Perception ok dada voit la fumée et les deux voitures au loin
Pragma RC dada arrive à garder la tête froide et ne pas courir vers Alex, pour mettre les enfants à l'abri

Le camion démarre et sort du hangar et même si j'ai un pincement au coeur en sachant quelles étaient les conditions de voyage à l'arrière, je me sens plus que soulagée de m'éloigner de cet endroit précis. Celui où on laisse deux cadavres, morts qui ne resteront pas impunies, je le sais très bien. J'espère juste que tous les autres arriveront à se mettre en sécurité, loin d'ici, avant de subir la colère des Sinners. Peut-être que si je me rendais, si j'avouais, les autres ne seraient pas recherchés ?

Je pensais que Daemon allait juste m'ignorer, et je tressaille en l'entendant enfin me répondre. Réponse qui, comme je le redoutais, ne me rassure absolument pas et fait monter une nouvelle bouffée d'angoisse. Les yeux fixés sur le visage de l'adulte, je ne vois pas ce qui se trame plus loin. Je ne vois que son inquiétude, je la ressens tellement elle est forte, presque palpable et pas une seule seconde, je ne remets en doute la véracité de ses paroles. Il semble tellement soucieux, que la suite de ses propos me laisse perplexe.
Tu nous as aidés, tu les as libérées...je...on va se débrouiller pour le reste. Elles sont détachées, et on peut s'enfuir.

Son engagement était de m'aider à libérer les autres. Puisqu'elles ne sont plus enchaînées, il a tenu parole et rempli sa part du contrat. Il a fait plus même, en leur permettant de boire un peu et de manger un morceau, de me permettre de gérer les bobos les plus urgents.
Elle...a sûrement besoin de ton aide...Va l'aider.
Malgré ma formulation, le ton que j'emploie, presque murmuré, ne peut pas sonner comme un ordre, ni être pris comme tel. Mais son inquiétude m'angoisse et s'il devait arriver quelque chose à sa femme, je m'en voudrais de l'avoir retenu ici.
Elles vont s'en sortir, maintenant. Je vais les aider à fuir, tu n'as pas à t'inquiéter.
J'ai tenté de prendre une posture ferme et assurée, et de laisser transparaître une certitude dans mes mots que je suis loin de ressentir. Mais une urgence en enchaîne une autre et maintenant que Matéo a retrouvé les siens, que les filles sont détachées et ont une chance de s'en sortir, l'urgence visible est que Daemon rejoigne sa femme, qui semble en difficulté. Je dois le convaincre que je peux me débrouiller avec les autres, et que le plus important est qu'il rejoigne celle qu'il aime. J'attrape son sac à dos, posé à mes pieds et le tends entre nous.
Allez, il reste deux bandages dans ta trousse de secours, elle a peut-être besoin d'être soignée.
Une urgence après l'autre. Les Sinners n'étaient pas proximité visible de notre position et la végétation sauvage pourrait nous permettre de fuir en restant cachées. La chance était réelle pour les prisonnières et au pire, je ferais diversion pour leur donner une chance de plus. Une urgence après l'autre...

L'inquiétude se répandait dans toutes ses veines et malgré toute la volonté du monde, Daemon ne parvenait pas à le dissimuler. Tant et si bien que l'adolescente ne tarda pas à remarquer à quel point il n'était pas bien. Elle s'efforça de le rassurer, lui affirmant que sa mission était finalement accomplie et qu'elles pourraient toutes s'en sortir, même sans lui à présent.

Le maçon continua de se mordre la lèvre inférieure avec rage, demeurant silencieux alors que Marissa continuait de lui parler, de le convaincre. Son regard clair commençait à s'humidifier, tant par la douleur ressentie sur sa lèvre que pour l'indécision qui le gagnait. Son coeur lui hurlait de rejoindre sa femme mais une petite voix ne cessait de lui dire que son travail n'était pas fini ici. Il tourna finalement son visage vers Marissa, croisant son regard. Puis ses yeux regardèrent une fois de plus les enfants à l'arrière.

- Je... peux pas dit-il en secouant la tête de gauche à droite

Non, il ne pouvait pas les abandonner comme ça. Son pied pressa la pédale d'accélération.

- Elles sont encore trop faibles et toi... toi tu as déjà assez fait, tu es extenuée.

La vitesse le fît s'éloigner rapidement d'ici.

- On ne sait pas combien de Sinners trainent encore dans le coin, ni même ces enfoirés d'acheteurs

Ils s'éloignèrent, bien trop vite et bien trop loin au goût de Daemon.

- Je peux faire les deux si je suis assez rapide et puis... Alex n'est pas toute seule et... c'est la femme la plus forte que je connaisse dit-il à voix basse, comme s'il essayait de se convaincre lui-même plus qu'autre chose

Les sourcils froncés pour se concentrer sur la route, le camion filait à vive allure. Jusqu'à ce qu'il n'aperçoive la LM derrière.

- Je vais freiner, attention derrière! lâcha-t-il à l'attention des enfants

La camionnette dérapa légèrement et se retrouva à l'arrêt. Daemon sauta du véhicule. À la va-vite, il partit ouvrir la porte de derrière, s'éloignant bien rapidement des enfants terrorisés.

- Vous pouvez descendre, vous êtes libres. Je ne vais pas vous forcer à rester ici et m'attendre mais sachez que si certaines d'entre vous décide de rester cachées ici, je vous aiderai à mon retour. Je dois d'abord allé aider ma femme mais je vous promet de revenir. Et de vous aider répéta-t-il

Puis, sans un autre regard, Daemon se précipita derrière le volant à nouveau pour repartir. Il ne fît même pas attention, dans un premier temps, si Marissa avait décidé de rester avec lui ou non