The Walking Dead RPG

Tu veux dire : depuis quand tu es aussi faible ? Parce qu'avec la grossesse et la naissance de Sun-Hi, disons que Neela n'a pas vraiment eu le temps de recommencer à pousser à la salle pour le plaisir de soulever des tonnes à bout de bras. Oh, bien sûr, quelques miliciens ont eu l'occasion de voir à qui ils se frottaient, mais on ne peut pas vraiment dire que ça contribue à la former pour de bon, de son côté. Parce que je n'ai pas vraiment eu l'occasion de frapper beaucoup de personnes pour m'entrainer ces derniers temps, admet-elle.

Quoi qu'elle en a rêvé, très fort. Il sera sans doute mieux placé que beaucoup pour la séance de rattrapage : j'admets moi-même ne pas avoir pu tout suivre ces derniers temps, souffle-t-elle à propos d'Armand, et de ce qu'il a pris la peine d'expliquer à Mason. Il y a beaucoup à faire désormais pour reconstruire le campement, et ça n'est pas de la petite besogne. Pour l'instant, l'indienne essaie aussi de se faire oublier, surtout tant que les responsables de l'explosion du bidonville sont encore recherchés par d'autres.

On ne sait pas, Colville est resté pendant longtemps un mystère, il n'y avait que des rumeurs sur cet endroit à dire vrai, admet-elle en pinçant les lèvres : Tu es celui qui l'a vu, de tes yeux, mais elle ne peut pas dire mieux que ça malheureusement. Elle le scrute, saisit d'ailleurs son appréhension en plein vol : Qu'est-ce que tu veux faire ? Questionne-t-elle. Et surtout : que veut-il qu'elle y fasse ? Elle ne risque pas de lui filer dix kilos soudainement pour le remplumer, c'est impossible. Je n'ai pas de solutions magiques pour toi, Mason, je suis désolée, ajoute-t-elle.

Il n'y a pas de raisons qu'ils ne te reconnaissent pas, tu n'as pas disparu dix ans non plus... même si, oui, il a changé. Son regard n'est plus le même, les vêtements qu'il porte ont l'air trop grands, il est fatigué, usé, marqué. Elle relève les yeux un temps : Sun-Hi est vivante, elle dort à l'étage, explique-t-elle d'un ton ferme : Elle va... Incroyablement bien compte tenu des circonstances de sa naissance, compliqué. Un soupir lui échappe et la mention de son mari la fige un temps : Il faudrait... le prévenir. Mais laisse-moi préparer le terrain avant, tu sais comment il est... difficile. Je n'ai toujours pas le manuel pour le redémarrer quand il plante, ce qui risque d'arriver.

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ANAPHORE

J’ai une grimace en réponse, soufflant, avant même de réfléchir assez longtemps pour me retenir. « Depuis que j’ai perdu 20 kilos de muscles en moins de six mois. » Je me souviens encore du moment où j’ai vu le chiffre sur la balance de l’infirmerie à Spokane. J’ai mis de longues minutes avant de l’assimiler et je ne suis toujours pas sûr de l’avoir réellement fait. J’ai un temps d’arrêt, fronçant les sourcils. « Je… hum. Bref. Passons. » Un soupir silencieux, alors que je me baisse les yeux, laissant filer un silence. « C’est parce que je n’étais pas là. » Pour toutes les séances d’entrainement que nous avons pu faire tous les deux avant qu’elle soit enceinte. Mais ma maigre tentative d’humour tombe à plat, à mes yeux en tout cas. Probablement à cause du ton que je prends ou juste de ma posture.

J’essaie de prendre une grande inspiration, me focalisant sur le reste. « Je verrais avec lui oui. » Dans l’immédiat, ce n’est pas vraiment ma priorité pour être parfaitement honnête. Je dois déjà retrouver les miens et juste… réapprendre à vivre. Rien de bien compliqué. Et je ne sais pas vraiment si je suis soulagé ou non du fait qu’ils ne sachent rien ou presque à propos de Colville. Parce que ça ne va pas durer, même si nous ne sommes que peu de survivants. Et que ça veut aussi dire qu’il faudra que je leur en parle, à un moment ou à un autre. Mais, paradoxalement, le fait d’avoir un peu de répit à propos de tout ça me rassurer. Je pourrais peut-être arriver à me remettre les idées en place pour en parler sans céder à la panique. Ou en donnant l’illusion que je ne suis pas profondément traumatisé par les évènements. « Oui, je l’ai vu. » Soufflé dans un murmure. « Le camp n’existe plus. »

Et j’ai un soupir à sa remarque. « Je sais. Il n’y a aucune formule magique pour arranger les choses. » Il faudra du temps, de la patience, surtout de leur part. Et je suis persuadé de ne pas le mériter. Autant dire que l’exercice promet d’être ardu. « Je… je verrais bien. » Pas comme si j’avais vraiment d’autres options de toute façon. J’arrive tout de même à esquisser un sourire à l’évocation de sa fille. « C’est un joli prénom. » Et je lui lance un regard interrogateur quand elle parle de son accouchement. « Tu veux en parler ? » Difficile de le savoir, j’ai beaucoup de mal à deviner mes propres émotions, mes propres réactions, alors celles des autres, ça risque d’être encore plus compliqué. Je me frotte la nuque à sa réponse concernant Min-Oh, laissant filer un silence. « J’étais supposé l’avoir. Mais je… » Une nouvelle grimace m’échappe. « Seigneur, il va vouloir que je passe tous les examens médicaux qui existent sur terre hein. » Ce n’est même pas vraiment une question. Et cette pensée, sans que je sache pourquoi, me fait rire, même si j’ai les larmes aux yeux. J’ai l’impression que mes émotions jouent aux montagnes russes et de devenir complètement dingue. Le pire ? C’est que ça ne va pas aller en s’arrangeant. « Il ne faut pas trop tarder non plus. Il y a les autres rescapés de Colville qui vont être hospitalisés si ce n’est pas déjà fait. Et il va voir leur état… » Qui n’a guère à envier au mien.

Sans doute oui, ça joue, soupire-t-elle en scrutant toujours Mason. Sa blague ne l'a pas fait rire, sa remarque sur son poids non plus, elle ne s'amuse pas du traitement qu'il a subi pendant de nombreux mois, pour une erreur de parcours qui aura coûté bien cher à tout le monde, et surtout à leur famille. Elle pince les lèvres en le fixant : Tant mieux, vu les rumeurs qui existaient sur cet endroit, il ne vaut mieux pas que ça puisse rester une réalité, cet endroit devait s'effondrer, si ça n'était pas avant, Neela sait qu'elle se serait chargée d'aller le raser en bonne et due forme, qu'il n'en reste rien que des cendres.

Elle hoche la tête. Sun-Hi. Oui, c'est un beau prénom. Et objectivement, sa fille est mignonne quand elle ne chouine pas à longueur de journée pour absolument aucune raison. Mais c'est un autre détail pour le coup : Tu connais Christian Stone ? Demande-t-elle. Loin de cacher les raisons de son accident, Neela a toujours été du genre à en parler pour exorciser le mal : Il a essayé de... J'imagine de m'enfermer dans une cave pour me violer et me tabasser, et la tuer sans doute. Elle en cause avec détachement, comme s'il s'agissait d'une banalité.

Il m'a frappé si fort que ça a déclenché l'accouchement, je serais morte sans le concours de Kerwan pour me sauver, ajoute-t-elle pour la précision. Il a tué Christian en se battant avec lui alors, il n'y a plus vraiment de quoi s'inquiéter pour ça, c'est sans doute pour ça aussi qu'elle arrive à en parler. Sun-Hi est venue au monde ensuite, en bonne santé, totalement perturbée aussi mais bon, elle a des circonstances atténuantes. Quant au reste, que dire ? Elle sourit doucement.

Et quand il va voir tes vingt kilos en moins, tu vas les reprendre en un rien de temps, quitte à ce qu'il te cuisine son plâtre lui-même pour t'engraisser, enfin, son plâtre... Ou son riz, elle n'est pas bien sûre de la différence, honnêtement. Je préparerais le terrain quand il rentrera, attend-toi à le voir débarquer rapidement ensuite, ajoute-t-elle. Connaissant Min-Oh en tout cas. Tu le connais... Elle soupire. Avec la mort de Ray, il voudra sans doute encore plus te ménager, et prendre soin de lui.

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ANAPHORE

Je vois bien à la façon dont me fixer que ma piètre tentative d’exorciser mon état physique tombe à l’eau. Pour autant, je n’arrive pas encore à savoir comment gérer ça. En plus du reste. Et je finis par reprendre, me faisant cette fois plus sérieux. « Je n’ai rien de plus grave que ça. » A ma grande surprise, autant être parfaitement honnête. Des cicatrices, physiques et mentales, mais rien d’handicapant techniquement parlant. « Il faudra juste que je… réapprenne à manger. » Quelque chose du genre. Et j’ai un bref hochement de tête au reste. « Tout a brûlé. Et c’est la meilleure chose qui pouvait arriver. » Heureusement, Riley a réussi, je ne sais par quel miracle, a récupérer la petite boite dans laquelle Line et moi stockions les carnets avec les identités des morts. Et les quelques babioles que nous avions pu ramasser sur eux. Je ne sais pas encore ce que nous pourrons en faire. Chaque chose en son temps j’imagine, mais il faudra qu’on puisse honorer les morts d’une façon ou d’une autre.

Je me rends compte que j’ai, pendant un instant, perdu le fil. Et je serre le poing, sentant mes ongles s’enfoncer dans ma chair quand elle commence à me parler de la naissance de Sun-Hi. « Je… je le connaissais un peu oui. » Il ne m’avait pas laissé une bonne impression quand il avait voulu fouiner dans mes dossiers alors qu’il n’était que patrouilleur. Mais pas à ce point-là. « Seigneur… » Soufflé dans un murmure avant que je ne finisse par déglutir. « Heureusement que Kerwan était là. » Et j’ajoute, après l’avoir longuement regardée dans les yeux. « Comment tu te sens toi ? »

J’arrive à esquisser un sourire quand elle me parle du plâtre cuisiné par mon meilleur ami. « J’ose espérer qu’Anja se chargera plutôt de m’engraisser. Sans offense pour la cuisine de ton époux hein. » Mais je me fige quand elle continue. « … Ray est mort ? de… mais qu’est-ce qui lui est arrivé ? » J’avoue que je ne m’y attendais pas du tout. Et je me rends compte qu’il y a beaucoup de choses que je suis loin de soupçonner, tellement nous avons été coupés de tout et de tout le monde ces derniers mois. D’un coup, j’ai l’impression d’être face à une montagne infranchissable. Et je sens une fois de plus mon regard s’embuer, dans un mélange de fatigue et d’émotions que je n’arrive pas vraiment à canaliser cette fois. Alors je ferme les yeux quelques secondes, marmonnant ma litanie habituelle sans même m’en rendre compte, juste pour éviter de perdre pied.

Comme d'habitude avec un poids en moins et des douleurs en plus, souffle-t-elle en réponse. C'est sans doute un peu restreint comme retour d'impression, d'autant qu'elle le dit avec un détachement assumé. La peur s'est insinuée en elle face à une situation de mort imminente, mais avec le recul, Neela est incapable d'en faire des cauchemars. Elle ne ressent plus cette terreur, elle n'a plus l'impression d'être en danger. Elle ne craint pas le noir, les bruits, les impressions d'être observée. Elle s'en agace peut-être mais c'est bien tout pour l'instant.

Je suis contente d'être vivante, surtout, souffle-t-elle en haussant les épaules : Je sais que j'aurais pu avoir beaucoup moins de chance avec tout ça, je suis heureuse d'avoir pu compter sur lui, et qu'il m'ait sauvé, elle lui doit beaucoup, à Kerwan. Elle lui doit la vie. Et peut-être aussi ce qu'il lui reste de dignité à priori, parce que Christian ne l'avait pas prise pour seulement la tabasser dans un sous-sol obscur, Neela n'est pas naïve à ce point, à priori. Un soupir lui échappe, elle a même un rire ensuite à la remarque de Mason : Oh non, il n'y a aucune offense, enfin pas pour elle : Tu dis la vérité, alors je ne vois pas ce qui peut être vexant là-dedans, ajoute-t-elle.

Mais son ami s'étonne de la mort de Ray, et elle peut voir son regard s'embuer : Oui, il l'est. Elle ne peut pas le ramener à la vie. Elle ne l'a pas vu non plus après : Lors du coup d'état de Phillips, le bidonville a bougé également, des disgraciés se sont révoltés et ont posé des bombes sur la barricade qui les séparent de l'intérieur du campement, explique-t-elle. Il est mort des suites de ses blessures dans l'explosion, c'est malheureux mais c'est comme ça, a-t-elle envie de lui dire avec une certaine fatalité. D'autres ont perdu la vie, d'autres ont été blessé aussi. Devant la fragilité de Mason, elle se garde de parler de son implication. Dieu sait ce qu'il pourrait lâcher malgré lui. Il doit se reconstruire avant pour ne plus jamais flancher.

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ANAPHORE

J’ai un bref hochement de tête à sa réponse, incapable de masquer l’inquiétude que j’ai pour elle. Elle a de la chance d’être en vie, ça relève presque du miracle au vu des quelques informations qu’elle me donne sur ce qui s’est passé. Mais je prends de plein fouet l’horreur de ce qui aurait pu arriver. De ce qui m’a le plus effrayé en revenant ici, à savoir de les perdre eux aussi. Je sais que cette peur ne disparaitra pas de sitôt, si tant est qu’elle le fasse un jour. J’arrive tout de même à lui rendre un vague sourire quand elle me dit être contente d’être vivante. « C’est… c’est bien. »

J’ai même un rire qui m’échappe quand nous parlons de la cuisine de mon meilleur ami, même si mon regard reste brouillé par l’émotion. Un trop plein que je ne suis absolument pas capable de gérer. Probablement parce que j’attendais ce moment depuis trop longtemps sans trop savoir ce qui se passerait réellement. Difficile à dire. Et je savais que rien ne se passerait facilement. Sauf que je ne m’attendais pas à entendre parler de la mort de Ray. Il me faut de longues secondes pour arriver à me reconnecter à la réalité, alors que mon esprit par dans tous les sens. Et la voix de Neela, quand elle reprend la parole, me permet d’y arriver, sans que j’en aie entièrement conscience.

Je finis par souffler, plus pour moi-même qu’autre chose. « Il aurait mérité de pouvoir partir d’ici. » D’être lui-même. Pas de finir comme ça. Je laisse filer un silence, fixant le vide et incapable de dire quoi que ce soit pendant un moment. Murmurant peut-être aussi, sans m’en rendre compte, une prière à l’attention du kiné qui aura payé, jusqu’au bout, une différence qui n’aurait pas dû lui coûter la vie. « Armand m’a parlé des explosions. Rapidement. » Entre autres sujets beaucoup trop nombreux sur ce qui a pu se passer ces derniers mois. Si j’ai dit ça, c’est plus pour reprendre la parole qu’autre chose, parce que sinon, c’est un coup à ce que je perde réellement pied. « … il y a eu beaucoup de morts ? » Je ne sais pas si j’ai envie d’entendre la réponse, mais je sais qu’elle est nécessaire, au moins pour m’ancrer dans la réalité. « Il ne faut plus jamais que ça arrive Neela. Jamais. » Les morts, à cause de ce système. Les traumatisés. Ceux qui se pensent au-dessus de tout.

Il aurait mérité de pouvoir être lui, oui, et puis d'obtenir Justice pour tout ce qu'on lui a fait subir, souffle-t-elle en réponse avec un soupir de circonstances. Elle n'a que des regrets vis-à-vis de Ray, elle aurait aimé pouvoir le protéger de lui-même et l'empêcher de tomber dans les abysses de Walla Walla. Il n'avait suffi que d'une très mauvaise rencontre pour lui : un amant qui n'avait pas envie de rester discret. Entendable évidemment, elle ne peut pas lui en vouloir de ne pas avoir réussi à cacher son vrai lui. Cependant, il n'a pas manqué d'entrainer dans sa chute quelques personnes.

Il s'est sacrifié pour quelque chose qui lui semblait plus important que sa propre vie, j'imagine, soupire-t-elle alors en esquissant un maigre sourire. Peut-être était-ce une forme de suicide, ou alors la représentation d'une conviction profonde et finalement accompli. En tout cas, un point définitif après toutes ces souffrances, et la certitude qu'il n'y en aurait pas d'autres : Je sais que c'est difficile à accepter, mais après tout ce qu'il avait subi, peut-être que c'était simplement trop pour lui, et là encore, elle ne peut pas lui en tenir rigueur. Ray a suffisamment souffert.

Elle pince les lèvres à sa question : Beaucoup oui, beaucoup trop à son goût. Mais toujours moins de victimes que ce que ce régime en a fait, précise-t-elle vite. Nous sommes d'accord, appuie-t-elle finalement à sa remarque, ne pouvant que le rejoindre à ce sujet : A nous de veiller que ça ne se réapplique jamais, parce qu'elle n'y survivra sans doute pas cette fois. C'est justement le moment de ne surtout pas baisser les bras en pensant la bataille achevée, elle sait que dans ces temps troublés, pire peut s'éveiller et prendre la place d'un régime déjà mortifère. Pas deux fois. Tout au contraire, on doit impérativement continuer à se battre et à réclamer ce qui nous est dû...

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