The Walking Dead RPG

J'ai du mal à marcher, c'est certain. Heureusement, alors que je m'attendais pas vraiment à ce que ça arrive vu ce qu'il s'est passé, j'ai pu bénéficier de soins. Et cette fois, sans qu'on ne tente de me faire perdre la mémoire. C'est presque déroutant, à force. En fait, surtout parce que je commence à me souvenir de plus en plus de choses. Sur moi, sur mon passé. Même si certaines choses restent dans un flou beaucoup trop trouble pour que j'arrive vraiment à m'y retrouver.

Avançant avec une lenteur agaçante dans la rue adjacente à celle où se trouve mon appartement, parfois mon regard se perd sur les vestiges de ce qu'il s'est passé au bidonville. Cet endroit qui n'est plus que ruines maintenant. Enfin, je ne suis pas là pour ça. Je dois aller à l'hôpital pour qu'ils vérifient l'avancée du rétablissement de mon genoux. Et peu de temps après être arrivée, attendant de base mon tour, je reconnais les traits de quelqu'un allongé sur l'un des lits plus loin, dans une chambre. Des traits que je reconnais assez rapidement, bien que je ne les ai pas vus depuis longtemps. Tasya?

Je me lève, claudique jusqu'à l'entrée de la pièce et toque à la porte. Je suis sûre que c'est elle. Une petite douleur irradie dans mon visage quand un petit sourire étire mes lèvres, rouvrant partiellement les plaies sur celles-ci. C'est sûr que ça se voit que j'ai pris cher, que ce soit pendant les combats ou avec l'explosion. Heureusement, la seconde cache bien les détails de la première raison. Je suis contente de te voir, dis-je simplement, en toute sincérité. J'avais peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. J'entre dès qu'elle m'en donne l'autorisation et m'installe près d'elle. Est-ce que ça va?

N'attendant pas vraiment d'autorisation de la part de la brune, je décide d'entrer pour la rejoindre, essayant de ne pas trop attirer l'attention sur ma jambe abîmée qui me fait marcher comme un véritable rescapé de guerre. En un sens, ce n'est pas tout à fait faux quand on y pense. Mais si j'avais le sourire aux lèvres dans un premier temps en voyant Tasya, je remarque bien vite que la joie de se revoir n'est pas tout à fait partagée. Ou en tout cas, quelque chose semble la tracasser.

Je m'approche, tire une chaise sur laquelle je m'installe en grimaçant un peu quand je mobilise mon genou de la mauvaise manière, puis hausse les épaules à sa question. Ouais. J'ai été prise dans l'explosion qui a ravagé le Bidonville. Mais c'est rien de bien grave, t'en fais pas. Et toi? Puis je remarque surtout l'enfant qu'elle a dans les bras. C'est ta fille ? Comment elle s'appelle? J'essaie de détendre un peu l'atmosphère, parce que bon. Là, c'est une véritable chape de plomb qui nous est tombé dessus j'ai l'impression depuis qu'elle m'a vue.

Quand l'expression de Tasya s'assombrit à nouveau alors que ses yeux se posent sur sa fille, que ceux-ci s'emplissent de larmes, je fronce les sourcils sans comprendre. Et puis, vient ce nom. Alba. Il résonne dans mon esprit, me foudroyant presque sur place alors que les images défilent dans mon esprit. Cette femme que j'ai vu si souvent. C'était elle. Alba. Ma compagne. Celle que j'aimais et pour qui j'aurais été prête à tout. Alba... Et me revient alors une conversation que j'ai eu avec Tasya, avant qu'elle ne parte du Bidonville. Où elle me demandait de la décrire. De lui dire ce que je savais d'elle, au cas où je ne m'en souviendrais plus. Au cas où elle la verrait.

Je n'ai pas réussi à la sauver. Je suis obligée de me tenir contre le premier truc que je trouve, d'une main, alors que l'autre se pose sur mon visage. Alba. Le motel. Oxana. Je me souviens de ça. Je me souviens... de tout. Ça me frappe comme une évidence. Mais surtout, j'ai l'impression que je vais m'effondrer. Comment est-ce que j'ai pu l'oublier..? Heureusement que je suis assise. J'ai envie de me frapper putain de merde. Ces fils de pute d'enfoirés à la con m'ont pété le cerveau au point de me faire oublier Alba. Et pire encore. Ils ont fini par la tuer. Relevant mon iris sur Tasya, le regard empli d'une colère noire et embué de larmes, je serre les poings. Dis-moi ce qu'ils lui ont fait... Et je les tuerai tous un par un en leur faisant bouffer leur putain de couilles à la paille. Ouais... Je suis de retour. Et ils vont payer cher.

Difficile de pas me rendre compte du mouvement de recul qu'a Tasya, de sa façon de prendre sa fille contre elle en me regardant comme si elle avait un monstre en face d'elle. Ah ouais. On en revient là alors ? Ceux de l'extérieur sont des monstres et faut en avoir peur ? C'est ça le truc ? Wow. Putain c'est décevant. T'as pas besoin d'avoir peur, j'ai pas l'intention de te faire du mal. Ni à toi, ni à ta fille. C'est pas parce que je viens de dehors que je suis une putain de sauvage. Et quand je pense à tout ce qu'ils m'ont fait subir, tout ce qu'ils ont certainement fait subir à Alba... Bordel de merde, c'est vraiment ces fils de putes les véritables monstres.

Quand les explications sur ce qui est arrivé à ma moitié, je baisse le regard et serre les dents. Fait chier putain. Une maladie à la con. Alors c'est juste à cause de ça qu'ils auront fini par avoir raison d'elle ? En l'affaiblissant suffisamment pour avoir la conscience tranquille en accusant une épidémie de sa mort ? Bande de merdes. Est-ce... ils lui avaient fait oublier, à elle aussi? Difficile de pas entendre comme ma voix trahit ma peine et ma souffrance. Tant par ce que j'ai vécu que parce que je me rends compte que maintenant que je me souviens de tout, j'apprends aussi que je reverrai jamais la seule personne qu'il me restait dans ce putain de monde merdique à la con.

J'ai absolument plus rien... Ils m'ont vraiment tout pris... Le motel, mes sœurs, ma mère, ma moitié. A quoi bon?