The Walking Dead RPG

Les minutes deviennent des heures et le temps passe. C’est à la fois trop rapide et trop lent. L’attente est interminable, de ne pas savoir ce qui nous attend nous pèse tous. J’ai fait ce que j’ai pu pour aider Tasya, mais les autres aussi. Je tiens difficilement en place. J’ai à peine mangé. J’ai l’estomac noué même s’il cri famine. Je m’en voudrais trop de gaspiller en vomissant de nervosité, alors j’ai préféré laisser le plus de lapin aux autres.

C’est Elohim qui entend les moteurs le premier. Sans m’en rendre compte, je retiens mon souffle. Tous, nous observons la porte avec intensité. Là tient tout notre avenir en quelque sorte. Pourvu que ce soit Mason, pourvu que tout aille bien. Même si on doit partir vers cette ville, Olympia, tant qu’il est avec nous.

La porte s’ouvre accompagnée d’une voix familière. Mes yeux s’emplissent de larmes immédiatement en voyant qu’il s’agit bien de Mason. Je ne suis qu’à demi soulagée cependant, lorsque j’aperçois des soldats. Sommes-nous sauvés ou allons-nous être arrêtés ? À voir la réaction de l’homme se jeter dans les bras d’Elohim, mon cœur palpite d’espoir, puis la nouvelle tombe.

J’ai presque envie de me pincer. Je rêve. Oui, c’est un rêve.

Rentrer à la maison ? Aussi simplement que ça ? Armand ?

J’ose à peine bouger, à peine respirer, alors que j’ai seulement envie de me jeter dans les bras de Mason, si soulagée de le revoir. J’essuie mes larmes et me pose par terre. J’ai des vertiges. L’émotion, la fatigue et tout un autre tas de choses, je suppose.

Qu’est-ce qui nous attend ? Je n’arrive simplement pas à le savoir, mais tant que je suis avec eux, ça m’ira.

Freedom

IN MY HEAD

A SOUL ON FIRE AND A WILL TO LIVE

Lorsque Mason passe la porte, le soulagement est immense mais de courte durée. Son regard papillonne un instant vers Elohim qui semble retrouver une personne chère à son cœur avant de se diriger vers les soldats, présents devant la porte. Elle serre un peu plus Alba contre elle, pour la protéger, pour qu'ils ne puissent pas les séparer. Ses yeux scrutent les visages des hommes, insensible a ce qu'il se passe autour d'elle. La mexicaine a peur de le voir lui. Alec. Et heureusement, il n'est pas là.

Dans un second temps, les mots de Mason atteignent enfin son esprit. Adonaï renversé. Armand au pouvoir. Rentrer à la maison. Cela lui semble tellement surréaliste.  « C'est vrai ? » souffle-t-elle d'une petite voix. Est-ce que leur calvaire est fini ? Ils vont vraiment pouvoir partir d'ici et rentrer ? Elle n'ose y croire, elle s'est trop bercée d'illusions pour envisager que ça y est, c'est la fin. Elle croise le regard d'Elliot qui s'effondre et elle sent son cœur se serrer à son tour. « On va vraiment rentrer ? » murmure-t-elle.

Lorsque Mason se penche vers le bébé et lui parle, Alba arrête de pleurer, comme si elle reconnaissait sa voix. « Alors, on a réussi ? » souffle la mexicaine sans trop y croire. Ils l'ont fait ? Ils l'ont vraiment fait ? Ils ont survécu ?

Tant de questions se pressent à son esprit : que va-t-il se passer ? Vont-ils rentrer de suite ? Est-ce qu'ils n'auront plus aucune charge contre eux ? Mais pour le moment, elle veut juste profiter alors elle refoule toutes ses interrogations au plus profond d'elle. Chaque chose en son temps et pour le moment, elle a déjà connu bien trop d'ascenseurs émotionnels pour toute une vie. Elle est à deux doigts de s'effondrer. Tout son corps tremble.

Je pose ma main sur la joue d’Alba, lui rendant un sourire fatigué en voyant qu’elle s’arrête de pleurer. Et je finis par hocher la tête à la question de Tasya. « On a réussi oui. On ne va pas rentrer demain, il faut qu’on reste quelques jours à Spokane, mais on va rentrer, je vous le promets. » Deux ans que j’ai une confiance aveugle en Armand, pas de raisons que ça change aujourd’hui.

J’entends Elohim et David se parler rapidement sans que je n’arrive à comprendre quoi que ce soit. Line et Anna me regardent, la mine effarée, sans être bien sûre de comprendre ce qui se passe. « Ils vont à Colville. Pour essayer de sauver ce qui peut l’être. » Si tant est qu’il reste quelque chose à sauver. Les photos n’augurent rien de bon et, à cette pensée, à imaginer ceux qu’on a abandonnés, mon cœur se serre. Mais je vois aussi l’état de Tasya et d’Elliot. Alors je me contente d’une profonde inspiration, me relevant pour aller poser mes deux mains sur les épaules de la plus jeune, soufflant à son intention, d’une voix aussi douce que possible, après l'avoir embrassée sur le sommet du crâne. « Tu te sens de marcher ? Sinon, je t’aide. » Finalement, Elohim tourne la tête vers nous, son regard embué de larmes. « Je m’occupe de porter Tasya. On s’en occupe avec mon frère. » Un bref hochement de tête à son attention alors que, finalement, on finit par quitter cet endroit tant bien que mal.

Et le retour à Spokane a quelque chose de surréaliste. Je sens les regards des soldats peser sur nous, incrédules. Fixer le bébé, comme s’ils n’étaient pas bien sûrs de ce qu’ils avaient sous les yeux. L’un d’eux vient spontanément poser sa veste sur les épaules d’Elliot, l’autre vient donner sa gourde à Line. C’est à peine s’ils osent nous regarder dans les yeux, encore moins nous toucher. Peut-être qu’ils ont peur de nous briser. Mais j’ai presque envie de leur dire que, si Colville n’a pas réussi, rien ne le fera.

***

Finalement, c’est dans un dortoir qu’on finit tous par se retrouver. Chacun a bien évidemment du passer par la case infirmerie et décrassage et la nuit est tombée depuis longtemps quand tout le monde est enfin regroupé dans la pièce. Pour ma part, je fixe mon repas sans trop savoir quoi en faire. Ils nous ont préparé une espèce de ragoût, avec du pain. Mais c’est trop. « Comment vous vous sentez ? » Lancé à mesure qu’ils viennent tous s’assoir autour de la table.

J’écoute ce qui se dit. Ça me semble tellement surréaliste, je crois que je suis simplement sous le choc. Sous le choc que le calvaire soit visiblement terminé. Je n’arrive pas à croire que… ça le soit. Mason vient vers moi et pose un baiser sur le haut de ma tête, ses mains trouvant doucement mes épaules. Les larmes coulent toujours sur mes joues. L’épuisement y est pour beaucoup je crois.

- Je… euh… oui. Je crois. Je tente doucement de me relever, tremblant comme une feuille. C’est bien malgré moi que je viens trouver appui en m’accrochant au bras de mon ami.

Je crois que j’ai besoin de réconfort, de comprendre que je ne rêve pas. Enfin, juste un tantinet plus que parce que je me sens très faible également.

Le chemin n’est pas très long et nous sommes escortés dans la base de Spokane. L’on pose une veste sur mes épaules et… si d’ordinaire ma fierté aurait été un peu écorchée par cette pitié, c’est un geste humain qui me réchauffe le cœur en cet instant. Un geste presque anodin, mais qui montre que je suis considérée comme un être humain de nouveau…

***

Je ne veux pas gaspiller l’assiette qui est devant moi, mais… la portion me semble tellement énorme ! Je fais de mon mieux, petite bouchée par petite bouchée. Je somnole presque d’ailleurs au-dessus de mon assiette. Entre la visite à l’infirmerie, la douche chaude, le trajet et le repas, je combats l’épuisement.

- Dans un rêve… Ce n’est pas dit avec une joie particulière, mais mon ton signifie que je ne réalise pas encore la situation. Je ne sais pas comment je me sens réellement en fait. Tout est mieux que Colville, donc… bien. Voilà, je suis reconnaissance et ça c’est vrai.

Freedom

IN MY HEAD

A SOUL ON FIRE AND A WILL TO LIVE

Tasya fixe Mason sans trop savoir comment réagir. Elle a l'impression d'être ailleurs, de comprendre sans comprendre. Ils vont rentrer à Spokane puis dans quelques jours à Walla Walla. Les Trônes présents vont aller à Colville voir ce qu'ils vont pouvoir sauver là-bas. Ses yeux se ferment brièvement, prise d'un vertige. Elle se sent tellement épuisée.

Le frère d'Elohim se rapproche et lui murmure quelques paroles rassurantes avant de lui demander s'il peut la porter. Elle hoche la tête. De toute manière, elle est bien trop faible pour sortir sur ses deux jambes. La mexicaine serre Alba et David la soulève pour la poser dans un des camions. Elle cherche du regard Mason et Elliot.

A Spokane, elle ouvre de grands yeux, apeurée. Elle peine à croire que tous ces soldats ne vont pas à nouveau les arrêter. Elle n'arrive pas à soutenir les regards curieux qui se posent sur eux. Tasya ne quitte pas un seul instant Alba. Elle aurait aimé rester avec Mason et Elliot mais ils sont séparés. La suite est un calvaire, autant pour la visite médicale que le bref interrogatoire. Elle ne peut s'arrêter de trembler, peine à articuler plusieurs mots à la suite. Elle est dépassée par la situation. Alba est examinée par un médecin dans ses bras et le soulagement de la savoir en bonne santé est immense. La mexicaine a finalement sombré dans le lit de l'infirmerie, Alba contre elle bien entendu et elle a dormi 3 bonnes heures.

***

Sa cuillère trempe dans le ragoût. Si l'odeur est alléchante, elle ne parvient pas à manger pour autant. Avec le drap de son lit, Tasya a confectionné un semblant d'écharpe de portage. Alba est installée confortablement, contre elle et dort. Hors de question de laisser son bébé, même pour aller manger. « Je.. Je ne sais pas... » répond-elle à Mason. Tasya devrait être heureuse, alors pourquoi n'y parvient-elle pas ? Ses yeux se posent sur le soldat qui garde l'entrée. La mexicaine est d'accord : ici, c'est bien mieux que Colville mais sont-ils en sécurité pour autant ? « C'est un peu effrayant » souffle-t-elle. Vont-ils comprendre ce qu'elle veut dire ?

« Franchement ? J’attends le moment où on va se faire secouer pour être réveillés en trombe au milieu de la nuit parce qu’un connard aura paumé ses chaussettes et veut flinguer la moitié du dortoir à cause de ça. » Elohim a une grimace alors qu’il prend place, soufflant une prière avant de remplir son assiette d’un ragoût que, comme chacun de nous, il finit par fixer, méfiant. « Ca a l’air bon. » J’ai fini par souffler ça, à mi-voix. « Ils ont pris la peine de nous cuisiner quelque chose, il faudra quand même qu’on les… remercie. Quelque chose du genre. »

Le garde semble sentir le regard de Tasya et souffle, d’une voix un penaude. « Je… j’suis là si vous avez besoin de quoi que ce soit. Mais vous pouvez sortir si vous voulez hein… » Il ne semble pas trop quoi savoir faire de lui et Elohim lève un pouce dans sa direction, comme pour le rassurer. Comme quoi, je ne pensais pas voir ce genre de scène un jour.

Line hausse les épaules, enroulée dans une couverture et à moitié endormie. Et Anna semble sous le coup de notre folle échappée. Comme nous tous je suppose. « Je crois que c’est la journée la plus longue de ma vie. » Et, sans savoir trop pourquoi, je commence à rire à la remarque de la brune, plus nerveusement qu’autre chose, alors qu’il me faut bien quelques instants avant de pouvoir reprendre, pensif. « C’est surréaliste. Mais… on a survécu. Un jour de plus. » C’est tout ce que j’ai envie de retenir dans l’immédiat. On est toujours ensemble et … ça va.

Mon regard se pose à regarder la petite Alba endormie contre sa mère. « On va s’en sortir. » Plus qu’un acte de Foi, c’est une certitude. Après cet enfer, je nous pense capable de survivre à tout maintenant.